Historique et méthodologie

Cette structure a été décrite pour la première fois par Bandyayera et Daoudene (2019) qui lui ont donné le nom de Zone de cisaillement de la Rivière Rupert (ZCRR). La ZCRR était constituée d’un segment orienté E-W (feuillet SNRC 32N06) et d’un autre orienté NE-SW (feuillet 32N07). Les observations de terrain de Pedreira et al. (2019), combinées aux images géophysiques, ont mené à distinguer ces deux zones de cisaillement. En effet, selon Pedreira et al. (2019), les fabriques associées au segment NE-SW sont reprises par celles du segment orienté E-W. Lors de la synthèse géologique de la Sous-province de Nemiscau, Bandyayera et al. (2022) ont désigné le segment E-W comme la Zone de cisaillement de Rupert (ZCrup) et le segment NE-SW comme la Zone de cisaillement de Nisk (ZCnsk). L’extension de la ZCnsk vers le NE correspond en grande partie à la limite nord de la Ceinture du Lac des Montagnes (Bandyayera et Daoudene 2018b; Bandyayera et Caron-Côté, 2019 et 2022). La zone de cisaillement est aussi décrite dans les travaux de Pedreira et al. (2018, 2019 et 2020) sous le nom de zone de cisaillement de Rupert ou de la rivière Rupert.

Ce domaine tire son nom du gîte nickélifère de Nisk localisé dans le coin NE du feuillet 32O12.
 

Limites et morphologie

Unités stratigraphiques concernées

Les unités stratigraphiques présentes dans la Zone de cisaillement de Rupert sont :

• le Complexe de Champion (Achp1);
• le Complexe de la Hutte (Ahue1, Ahue2);
• le Groupe du Lac des Montagnes (nAmo1, nAmo2, nAmo3, nAmo4);
• la Formation de Voirdye (nAvrd2, nAvrd2a; nAvrd2c; nAvrd3; nAvrd4);
• la Formation de Prosper (nAprp);
• la Formation de Natel (nAnt1);
• la Suite mafique-ultramafique de Caumont (nAcmn);
• la Suite de Senay (nAsny);
• le Pluton de Valiquette (nAvaq);
• l’Intrusion d’Arques (nArqs);
• la Suite de Kaupanaukau (nAkup);
• l’Essaim de dykes de Mistassini (nAmib);
• les Dykes de Senneterre (pPsen);
• les Dykes du Lac Esprit (pPesp);
• les Dykes de Matachewan (pPmaw).

Caractéristiques structurales

❯ Fabriques principales

Les unités lithostratigraphiques et lithodémiques affectées par la Zone de cisaillement de Nisk sont les complexes de Champion et de la Hutte, le Groupe du Lac des Montagnes, les formations de Voirdye, de Prosper et de Natel, la Suite mafique-ultramafique de Caumont et la Suite de Senay. Cela dit, il peut être hasardeux d’associer une unité stratigraphique aux roches dans cette zone de cisaillement, car elles présentent un tel niveau de déformation qu’il est parfois difficile d’identifier les protolites (Bandyayera et Daoudene, 2018b; Pedreira et al., 2019).

La fabrique S_n consiste généralement en une foliation tectonométamorphique (schistosité, rubanement ou gneissosité) fortement développée, voire mylonitique (Pedreira et al., 2019). Au sein des complexes de Champion et de la Hutte, les gneiss affectés par la ZCnsk montrent un rubanement droit fortement transposé dans la fabrique S_n. Ces roches montrent également une réduction notable de la taille des grains associée notamment à une désagrégation des minéraux clairs.

Dans les amphibolites dérivées de basalte du Groupe du Lac des Montagnes et de la Formation de Natel, la fabrique S_n est marquée par un rubanement millimétrique à centimétrique. Ce rubanement correspond à des variations de composition minéralogique entre des niveaux plus riches en hornblende et d’autres plus riches en plagioclase. Les minéraux montrent également des évidences d’un fort étirement associé à un alignement préférentiel bien défini.

Au sein des paragneiss de la Formation de Voirdye, la fabrique S_n est communément marquée par une schistosité fortement développée et un rubanement millimétrique à centimétrique. Le rubanement correspond à une alternance de niveaux plus ou moins riches en minéraux clairs ou en biotite. Les niveaux clairs montrent couramment des évidences de désagrégation, alors que les niveaux riches en biotite présentent une structure fortement schisteuse.

Les injections de granite pegmatitique de la Suite de Senay montrent aussi des évidences de déformation. La fabrique S_n correspond à une foliation modérément développée associée à une réduction de la taille des grains. Ces injections sont aussi couramment boudinées.

Une linéation d’étirement L_n est aussi reconnue. Elle correspond généralement à l’étirement des minéraux clairs et à l’alignement des micas et de la hornblende.

La projection stéréographique des pôles de 268 mesures de foliation montre que la fabrique S_n est généralement orientée NE-SW à ENE-WSW. Sa direction moyenne (243°) est cohérente avec l’orientation générale de la zone de cisaillement. La majorité des mesures présentent des pendages vers le NW, alors que quelques mesures ont plutôt un pendage vers le SE. Le pendage moyen de 79° vers le nord semble correspondre à celui de la zone de cisaillement.

La projection stéréographique de 74 mesures de linéation d’étirement montre que la fabrique L_n est principalement dirigée vers le SW, l’ouest et le NW. Elle montre un plongement généralement modéré, bien qu’on observe aussi des plongements faibles et abrupts. La linéation moyenne plonge à 45° vers le WSW (252°).

 

❯ Autres fabriques

Non observé.

❯ Plis

Non observé.

❯ Relations de recoupement

Non observé.

❯ Cinématique

Selon Pedreira et al. (2019), les principaux indicateurs cinématiques observés sont des structures C/S et des bandes de cisaillement (« shear bands ») qui suggèrent un mouvement inverse à composante de décrochement dextre.

Style de la déformation

Les observations de terrain montrent que les roches dans la Zone de cisaillement de Nisk sont plus déformées que celles des domaines structuraux voisins. Les roches présentent une forte fabrique mylonitique, indiquant qu’elles ont subi une intense déformation. Les intrusions pegmatitiques de la Suite de Senay sont aussi plus étirées et boudinées que dans les domaines adjacents.

Les indicateurs cinématiques observés sur le terrain montrent un mouvement apparent dextre combiné à une linéation moyenne plongeant de façon modérée vers le WSW sur un plan de foliation moyen de 243°/79°, ce qui semble indiquer un mouvement dextre-inverse le long de la zone de cisaillement. Ainsi, les roches plutono-gneissique de la Sous-province de La Grande auraient chevauché les roches supracrustales de la Ceinture du Lac des Montagnes, entraînant leur exhumation. Les observations de Pedreira et al. (2020) pointent également vers un mouvement à la fois vertical et décrochant qui aurait généré l’enfouissement des roches supracrustales de la Ceinture du Lac des Montagnes par rapport au socle de la Sous-province de La Grande. La remontée du Domaine structural de Boisrobert par rapport à celui de La Sicotière a également été proposée par Bandyayera et Daoudene (2018b).

Caractéristiques métamorphiques

À venir.

Altérations

Non observé.

Caractéristiques géophysiques

Les descriptions des textures magnétiques utilisent la nomenclature de Lavoie (2017) et du levé aéromagnétique régional (D’Amours, 2011).

La Zone de cisaillement de Nisk marque un changement de textures magnétiques entre les domaines structuraux qu’elle sépare. Au SE, le Domaine structural de La Sicotière présente une texture magnétique isotrope lisse. Au NW, les domaines structuraux de Boisrobert, des Plages et de Cramoisy montrent une texture magnétique isotrope chagrinée.
 

Repères chronologiques

La Zone de cisaillement de Nisk est coupée par les Dykes de Mistassini qui ne présentent aucune évidence de déformation. L’âge de mise en place de ces dykes (2515 à 2503 Ma; Hamilton, 2009; Davis et al., 2018) représente l’âge minimal de cette zone de cisaillement.

À partir de la carte aéromagnétique, Bandyayera et Caron-Côté (2019) ont interprété que l’Intrusion d’Arques coupait la ZCnsk. Si cette interprétation est correcte, la datation de cette intrusion permettrait de préciser l’âge minimal de la zone de cisaillement.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

Autres publications

Citation suggérée

Collaborateurs

Première publication

Emmanuel Caron-Côté, géo., M. Sc. emmanuel.caron-Cote@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Ghyslain Roy, géo. (coordination); Claude Dion, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML)