Domaine structural d’Amarurtuut
Étiquette structurale : DSama
 
 
Première publication :  
Dernière modification :
Auteur(s) Lafrance et al., 2023
Méthodologie Défini à partir d’un levé géologique
Subdivision(s) géologique(s) Orogène de l’Ungava / Domaine lithotectonique de Kovik
Mouvement principal Ne s’applique pas
Style de déformation Dômes et bassins
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) Amphibolites supérieur ou granulites

Historique et méthodologie

Cette fiche est issue de l’interprétation de cartes aéromagnétiques (Intissar et al., 2014) et d’informations recueillies à partir d’un levé géologique réalisé à l’été 2021 dans la région d’Amarurtuuq (Lafrance et al., 2023).

Limites et morphologie

Largeur (km) 32
Longueur (km) 60
Orientation WSW-ENE

Des observations directes et indirectes ont permis de définir l’étendue du Domaine d’Amarurtuut (DSama). Les mesures de foliation ainsi que le patron géophysique indiquent que le domaine est composé d’un amalgame de dômes et de bassins. La forme générale du domaine est une bande orientée dans un axe WSW-ENE. Le DSama est bordé au nord par la Zone de cisaillement de Sugluk (ZCsug). Les limites vers l’est et l’ouest restent encore à déterminer, puisque ces zones n’ont pas fait l’objet de travaux de cartographie récemment. Toutefois, le patron des crêtes du champ magnétique résiduel suggère que le domaine s’y poursuit. Vers le sud, le DSama s’étend jusqu’au Domaine lithotectonique du Domaine Nord, mais cette limite est définie sur une courte portion de ~17 km.

Unités stratigraphiques concernées

Le DSama s’étend à de nombreuses unités du Domaine lithotectonique de Kovik, celles-ci sont : le Complexe de Nanuk, la Suite de Jinikkut, la Suite de Crony, la Suite de Guichaud, la Suite d’Arviq, la Suite de Gastrin, la Suite d’Uvikkaq, la Suite de Derville et la Suite de Nunatak.

Caractéristiques structurales

❯ Fabriques principales

Sn = S2

La fabrique dominante dans le DSama est une foliation tectonométamorphique pénétrative qui est soulignée principalement par l’alignement de la biotite et de la hornblende dans les roches intrusives felsiques à intermédiaires ainsi que par des schlierens de biotite dans les roches métasédimentaires migmatitisées. La hornblende est le principal minéral supportant la foliation dans les roches mafiques. La foliation tectonométamorphique est localement accompagnée d’un certain degré de ségrégation minéralogique, d’un rubanement s’apparentant à une gneissosité ainsi que par des structures stromatiques locales. La foliation porte une linéation minérale ou d’étirement soulignée soit par l’alignement des minéraux ferromagnésiens, soit par l’étirement du quartz et du feldspath. La fabrique linéaire est localement plus développée que celle planaire, formant des tectonites en L>S.

Le DSama est subdivisé en quatre secteurs pour la présentation stéréographique des mesures structurales. Le secteur 1 correspond aux flancs nord et est, tandis que le secteur 2 est un bassin secondaire. Le secteur 3 est le cœur du dôme principal et le secteur 4 forme le flanc sud du dôme principal. L’attitude des fabriques principales varie selon les zones.

Les foliations sur le flanc nord et est (secteur 1) sont en moyenne orientées à 246°/28°. Les linéations sont dispersées le long du grand cercle de la foliation moyenne. La foliation principale de cette zone n’apparait pas nécessairement plissée d’après le stéréogramme.

Le secteur 2 correspond à un bassin secondaire, la foliation moyenne étant de 277°/40°. Les mesures de foliation sont moyennement dispersées et les variations d’attitude suivent la forme courbe des linéaments dans cette zone. Les linéations sont contenues dans le plan moyen de foliation, mais elles sont trop dispersées et leur nombre est insuffisant pour permettre de calculer une valeur moyenne.

Dans le cœur du dôme principal (secteur 3), les pôles de foliation sont dispersés le long d’un grand cercle dont le pôle correspond approximativement à la linéation moyenne. Les foliations de ce secteur sont donc plissées et portent une linéation contemporaine au plissement.

Le secteur 4 forme le flanc sud du dôme principal. Les foliations y sont peu dispersées et ont une attitude moyenne de 58°/25°. La linéation moyenne est près de la ligne de pente de la foliation moyenne à 140°/23°.

Fabrique principale Type de fabrique Direction (°) Pendage (°) Nombre de mesures Commentaires
Secteur 1 Foliation S2 Foliation tectonométamorphique 246 28 354  
Secteur 1 Linéation L2 Linéations d’étirement et minérale Variable Variable 53  
 Secteur2 Foliation S2 Foliation tectonométamorphique 277 40 79  
Secteur 2 Linéation L2 Linéations d’étirement et minérale Variable Variable 7  
Secteur 3 Foliation S2 Foliation tectonométamorphique Variable Variable 388  
Secteur 3 Linéation L2 Linéations d’étirement et minérale 276 35 102  
Secteur 4 Foliation S2 Foliation tectonométamorphique 58 25 88  
Secteur 4 Linéation L2 Linéations d’étirement et minérale 140 23 28  

 

❯ Autres fabriques

Non observé.

❯ Plis

Sur certains affleurements, la foliation principale (S2) est ondulante et affectée par des plis ouverts de longueur d’onde centimétrique à plurimétrique (<10 m). Des mesures de plans axiaux ont été effectuées dans les zones 1 et 3. Ces plans axiaux sont subverticaux et définissent deux orientations principales, l’une WNW-ESE et l’autre SSW-NNE.

Dans la zone 3, la dispersion des pôles de foliation le long d’un grand cercle corrobore la présence de plis régionaux dont l’axe est subhorizontal et orienté WNW-ESE. En carte, la direction des traces de foliation du Domaine d’Amarurtuut alterne entre le sud et le nord sur quelques kilomètres, impliquant une alternance de plis à l’échelle régionale ayant pour plan axial moyen une orientation ESE-WNW. Ces plis sont dénotés P2.

La phase de plissement P3 n’a pas été observée directement sur le terrain; elle apparait davantage sur les cartes aéromagnétiques et l’interprétation des linéaments. Cette phase de plissement correspond essentiellement à un pli antiforme droit générant la géométrie en dômes et bassins du DSama.

Paramètres géométriques des plis régionaux : 

Plis ou famille de plis Type (anticlinal, synclinal ou indéterminé) Forme (antiforme ou synforme) Attitude (déversé ou droit) Plan axial Axe de pli Position (certaine ou probable) Phase de déformation Commentaires
Direction Pendage Direction Plongement
Famille de plis WNW-ESE Inconnu En alternance Droit ~112° ~85°

~291°

~09°

Probable 2  
WSW-ENE Inconnu Antiforme Droit WSW-ENE Subvertical     Probable 3 Axes subhorizontaux à double plongée 

❯ Relations de recoupement

Aucune.

❯ Cinématique

Le DSama est un domaine structural complexe qui présente certains affleurements intensément déformés et indiquant la présence de cisaillement. À l’affleurement 2021-TG-4098, des indicateurs cinématiques de type sigma indiquent un mouvement normal dextre. Ce cisaillement pourrait être associé au cisaillement normal qui délimite le Domaine lithotectonique de Kovik, au sud.

Style de la déformation

L’intensité de la déformation dans le DSama est modérée et les foliations peuvent généralement être corrélées d’un affleurement à l’autre. Ainsi, il est possible de tracer le patron des traces de foliation. Ce dernier décrit des formes subarrondies, dont certaines se referment partiellement, formant une géométrie d’ellipse incomplète. Ces formes indiquent que le DSama est un amalgame de dômes et de bassins. Il est possible qu’il s’agisse d’un dôme métamorphique extensif ayant favorisé l’exhumation des roches localisées au cœur. Il s’agit principalement des roches du Complexe de Nanuk et de la Suite de Jinikkut, qui forment le socle archéen. La géométrie en dômes et bassins pourrait aussi avoir été causée par l’interférence entre les plis P2 et P3.

Les linéations minérales et d’étirement ainsi que les axes de plis régionaux en direction WNW (P2) sont subparallèles entre eux. Cette relation pourrait s’expliquer par la rotation d’une fabrique préexistante ou par la formation d’une linéation d’étirement le long des axes de plis lors d’un épisode de raccourcissement (Sullivan, 2013; Fossen, 2016) dans l’axe N-S. Des auteurs ont récemment proposé l’affinité du Domaine lithotectonique de Kovik à celle d’un complexe à noyau métamorphique (Bleeker et Kamo, 2020). Ceci serait compatible avec le fait que la Zone de cisaillement de Malherbe, localisée entre les domaines de Kovik et Nord, représente un détachement. Les linéations d’étirement parallèles à subparallèles aux axes de plis ainsi qu’au sens de cisaillement extensionnel sont des paramètres communs de terranes continentaux affectés par de l’extension le long de détachements à faible angle (Sullivan, 2013). Ces interprétations sont supportées par la présence d’affleurements montrant une linéation mieux développée que la foliation (L>S) dans le DSama.

Caractéristiques métamorphiques

La foliation tectonométamorphique S2 du DSama est soulignée par un assemblage à biotite-hornblende dans les roches felsiques à intermédiaires, par la hornblende dans les roches mafiques ainsi que par la biotite dans les paragneiss. Un rubanement stromatique est localement présent. Ce rubanement est parallèle à la foliation tectonométamorphique et est localement boudiné, soutenant que la fusion partielle est antérieure ou synchrone la déformation principale. Ces assemblages respectifs suggèrent une foliation S2 acquise durant des conditions métamorphiques du faciès des amphibolites supérieur ou des granulites, permettant ainsi la fusion partielle.

Altérations

Localement, les roches du DSama présentent des zones d’altération en hématite-épidote ± feldspath potassique associées à des roches felsiques ainsi qu’à un niveau mylonitique dans une roche métasédimentaire. Un affleurement d’amphibolite à grenat présente des niveaux silicifiés renfermant une minéralisation en pyrrhotite, chalcopyrite, sphalérite, bornite et arsénopyrite (Giovenazzo et al., 1991). Les quelques zones d’altération sont dispersées à l’échelle du domaine et ne sont pas localisées le long d’une structure majeure cartographiée. 

Caractéristiques géophysiques

La carte du champ magnétique résiduel (Intissar et al., 2014) montre l’alternance de crêtes aéromagnétiques positives discontinues avec des crêtes négatives. Ensemble, ces crêtes définissent un patron d’ellipses incomplètes. En son centre, le DSama est caractérisé par des crêtes aéromagnétiques positives d’orientation E-W, lesquelles sont plutôt orientées SW-NE en bordure du contact avec le Domaine lithotectonique de Kovik. L’omniprésence de crêtes magnétiques positives et négatives dans le DSama lui confère une structure aéromagnétique rubanée.

Repères chronologiques

Un affleurement de gabbro et de pyroxénite affecté par un pli à plan axial ESE-WNW est coupé par un granite pegmatitique massif.  Il n’y a présentement pas d’âge datant la déformation principale du DSama. La meilleure approximation d’un âge minimal de déformation pour le plissement à plan axial ESE-WNW correspond à la mise en place du plus jeune dyke granitique massif dans le Domaine de Kovik, daté à 1742 ±1 Ma (Dunphy et Ludden, 1995), puisque ceux-ci coupent la foliation et ne sont pas plissés.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

GIOVENAZZO, D., PICARD, C., TREMBLAY, C., LEFEBVRE, C., 1991. Gîtologie de la partie occidentale de la Fosse de l’Ungava: régions des lacs Chukotat, Vanasse, Hubert et Lessard. I R E M; MB 91-23, 103 pages, 3 plans.

INTISSAR, R., BENAHMED, S., D’AMOURS, I., 2014. Levé magnétique et spectrométrique aéroporté de la partie nord de l’Orogène de l’Ungava, Province de Churchill. MRN; DP 2014-03, 10 pages, 410 plans.

LAFRANCE, I., VANIER, M.-A., GÉLINAS, T.-K., 2023. Géologie de la région d’Amarurtuuq, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MERN. BG 2023-08, 1 plan.

Autres publications

BLEEKER, W., KAMO, S., 2020. Structural-stratigraphic setting and U-Pb geochronology of Ni-Cu-Co-PGE ore environments in the central Cape Smith Belt, Circum-Superior Belt. Targeted Geoscience Initiative, volume 5, pages 65-98.

DUNPHY, J.M., LUDDEN, J.N., 1995. Stitching together the Ungava Orogen, northern Quebec: geochronological (TIMS and ICP–MS) and geochemical constraints on late magmatic events. Canadian journal of Earth Sciences, volume 32, numéro 12, pages 2115 à 2127.

FOSSEN, H., 2016. Structural geology. Cambridge university press, 509 pages

SULLIVAN, W.A., 2013. L tectonites. Journal of Structural Geology, volume 50, pages 161 à 175.

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Domaine structural d’Amarurtuut. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/domaine-structural-damarurtuut [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Marc-Antoine Vanier, ing., M. Sc. marc-antoine.vanier@mern.gouv.qc.ca; Thierry-Karl Gélinas, candidat à la profession d’ingénieur (rédaction)

Ghyslain Roy, géo. (coordination); Hanafi Hammouche, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique).

 

 

16 juin 2023