Les roches sédimentaires terrigènes du Groupe de Timiskaming, principalement du conglomérat et du grauwacke interstratifié, sont d’abord incluses dans une vaste bande sédimentaire archéenne située au sud des roches volcaniques de la partie SW de la Sous-province de l’Abitibi (Cooke et al., 1931; Hawley, 1932, 1934; James et al., 1935; CGC, 1936). Lors de la cartographie plus détaillée des cantons de Fournière, Malartic, Cadillac, Bousquet, Joannès, Rouyn, Beauchastel et Dasserat (moitié nord des feuillets SNRC 32D01 à 32D04), les roches correspondant au Groupe de Timiskaming sont délimitées en carte, mais non différenciées des roches du Groupe de Cadillac, au nord, et du Groupe de Pontiac, au sud (Ingham, 1950, 1953; Robinson, 1952a-h; Dugas et Gilbert, 1953a-b; Dugas et al., 1956; Dugas et al., 1961; Ingham et Latulippe, 1962; Dugas, 1964). Ces roches sont alors simplement définies comme des roches sédimentaires de type témiscamien.

Dimroth et al. (1974) différencient et nomment officiellement le Groupe de Timiskaming dans la région de Rouyn-Noranda (feuillet SQRC 32D03-200-0202), en référence au district de Timiskaming situé en Ontario, à la frontière avec le Québec (entre autres dans le feuillet 32D04 et se poursuivant vers le SW). Le groupe est alors constitué de grès fin à grossier avec quelques interstratifications de conglomérat polygénique. Un peu à l’est (feuillet 32D02-200-0201), Goulet (1978) distingue dans le Groupe de Timiskaming des unités de conglomérat à galets de porphyre feldspathique (T3A) interstratifié de grauwacke (T3B), de grauwacke (T2A) comprenant des lentilles de conglomérat (T2B) ainsi que de grauwacke et grès (M2). Il distingue également les unités situées au nord de la Zone tectonique de Cadillac (« Faille de Cadillac-Larder Lake ») et les assigne au groupe de Granada. Par la suite, Rocheleau (1980) subdivise le Groupe de Timiskaming en différentes unités lithostratigraphiques formelles, dont les formations de Granada et de La Bruère. Dans la même région, Gauthier et Genest (1984) et Gauthier (1986a-b) définissent simplement le Groupe de Timiskaming comme une unité de conglomérat polygénique (à fuchsite) et de grauwacke/grès.

Quelques occurrences isolées du Groupe de Timiskaming sont localisées plus à l’ouest, jusqu’à la frontière avec l’Ontario (feuillets 32D03-200-0201 et 32D04-200-0202). Dans ce secteur, des unités de conglomérat et de conglomérat polygénique ainsi que de grès fin laminé, de grauwacke grossier et de siltstone lité, localement schisteux, sont distinguées en carte (Leduc et Forest, 1984; Leduc, 1986).

​La Formation de Duparquet, située une trentaine de kilomètres au nord (feuillets 32D06-200-0202, 32D07-200-0201, 32D10-200-0101, 32D11-200-0101 et 32D11-200-0102) et constituée de conglomérat polygénique et de grès (wacke) lithique, est affiliée au Groupe de Timiskaming (« Groupe de Témiscamingue ») dans les travaux synthèses du Ministère (MER, 1983). Plus tard, la Brèche de Davangus, une brèche polygénique, est également incluse dans le Groupe de Timiskaming en raison de plusieurs similitudes observées avec la base de la Formation de Duparquet (Goutier, 1997).

Dans la région de Malartic (feuillet 32D01-200-0202), les conglomérat et grauwacke correspondant au Groupe de Timiskaming ont pendant longtemps été historiquement assimilés au Groupe de Pontiac (Imreh, 1976) ou, plus communément au Groupe de Cadillac (Imreh, 1984; Imreh et Trudel, 1989; Desrochers et al., 1991, 1993, 1996; Grant et al., 2005; Pilote, 2013). Deux âges récemment obtenus dans ce faciès de conglomérat-grauwacke dans les secteurs de Rivière-Héva et de Malartic (<2678 Ma et <2676 Ma) correspondent à l’âge du Groupe de Timiskaming, plus jeune que le Groupe de Cadillac (2690 à 2680 Ma) (Pilote et al., 2014) et ont permis d’assigner ces lithologies au Groupe de Timiskaming.

Dans les travaux de compilation du Ministère dans le secteur de Rouyn-Noranda, la portion SW du Groupe de Timiskaming inclut les formations de Granada et de La Bruère, mais comprend également des roches qui lui sont directement rattachées (Beausoleil et al., 2003; Goutier, 2003; Goutier et al., 2003; Beausoleil et Goutier, 2005a-b; Grant et al., 2005; Lafrance et al., 2005; Pilote, 2013). Ces roches ne sont pas divisées en unités distinctes, mais différentes lithologies sont tracées en carte (voir le tableau ci-dessous). La subdivision actuelle du Groupe de Timiskaming en trois unités informelles a été définie dans le cadre de la rédaction de cette fiche stratigraphique.

Enfin, selon P. Pilote (communication personnelle, 12 décembre 2022), la Formation de Fiedmont pourrait également être rattachée à ce groupe.

Le Groupe de Timiskaming est caractérisé par l’abondance de conglomérat polygénique, de grès grossier, de grès argileux et de quelques niveaux de pélite et de roches volcanoclastiques (Rocheleau, 1980). Il inclut les formations de Duparquet, de La Bruère, de Granada et la Brèche de Davangus, ainsi que trois unités informelles non nommées constituées principalement de conglomérat polygénique interstratifié de wacke et grès feldspathiques (nAti1), de wacke (nAti2) et, en proportion moindre, de tuf à lapillis et à blocs (nAti3).

De nombreuses minéralisations aurifères, dont les anciennes mines Astoria, Granada, O’Neill-Thompson, Heva et Hosco, sont associées à la bande méridionale principale du Groupe de Timiskaming dans la région de Rouyn-Noranda, qui comprend la Formation de Granada en particulier, et vers l’est (feuillets 32D02-200-0201, 32D02-200-0202 et 32D03-200-0202). Quelques zones minéralisées sont dispersées dans les prolongements discontinus de cette bande vers l’est (feuillet 32D01-200-0202) et vers l’ouest (feuillet 32D03-200-0201). Plusieurs minéralisations aurifères sont également associées à la Formation de Duparquet, au nord (jonction des feuillets 32D06, 32D07, 32D10 et 32D11). 

Groupe de Timiskaming 1 (nAti1) : Conglomérat polygénique, wacke et grès feldspathiques, proportion moindre de siltstone et de mudstone

La roche sédimentaire la plus répandue du Groupe de Timiskaming est le conglomérat polygénique, généralement à fragments jointifs. Son caractère polygénique varie localement (Leduc, 1986) et sa couleur est très variable d’un affleurement à l’autre. Il est formé de cailloux, de galets et de blocs subanguleux à subarrondis, dispersés dans une matrice chloriteuse et allongés dans le sens de la schistosité régionale (Gauthier, 1986b; Leduc, 1986). Les blocs et les galets de porphyre feldspathique prédominent (Gauthier, 1986b). 

Les cailloux et les autres galets sont formés de fragments de roches volcaniques ultramafiques à felsiques et de fragments de roche intrusive et métamorphique (Gauthier, 1986b; Leduc, 1986). Des fragments mafiques contenant des oxydes de fer confèrent au conglomérat une susceptibilité magnétique importante à plusieurs endroits (Gauthier, 1986b). Une autre caractéristique du conglomérat du Groupe de Timiskaming est qu’il contient de rares cailloux arrondis de jaspe rouge (Leduc, 1986).

La matrice est constituée de wacke schisteux, communément chloritisée (Leduc, 1986) : elle contient des cristaux de quartz et de plagioclase, de la chlorite, de la séricite, de l’épidote, de la biotite, de la trémolite, des carbonates (calcite et ankérite) et des minéraux opaques (Gauthier, 1986b). Elle forme 5 à 20 % de la roche (Gauthier, 1986b).

Plusieurs niveaux de grès dont l’épaisseur est >1 m sont intercalés dans le conglomérat (Leduc et Forest, 1986; Gauthier, 1986b; Leduc, 1986). Ils sont constitués principalement de lits de wacke et de grès à grain fin feldspathiques, localement lithiques, en alternance avec des lits de siltstone et de mudstone (Goulet, 1978; Leduc et Forest, 1986; Gauthier, 1986b; Leduc, 1986).

Les lits sont communément très bien triés et montrent des stratifications parallèles ainsi que des stratifications entrecroisées de ride ou de fosse très bien préservées (Goulet, 1978). Les grès sont principalement composés de feldspath, de quartz, de biotite, de chlorite et de minéraux argileux (Leduc et Forest, 1986; Leduc, 1986). 

Dans la région de Granada (feuillet 32D03-200-0202), le conglomérat est limité à une série de lentilles dans le wacke qui, localement, repose directement sur les roches volcaniques mafiques de la Formation de Rouyn-Pelletier (Groupe de Blake River) (Goulet, 1978). Selon Goulet (1978), les analyses géochimiques indiquent que ce wacke serait dérivé d’une suite volcanique. Dans ce secteur, il est très déformé et les structures primaires ont été partiellement oblitérées. À proximité des roches volcaniques mafiques, le wacke est généralement massif et aucun litage n’est visible au contact.

Groupe de Timiskaming 1a (nAti1a) : Conglomérat polygénique

L’unité nAti1a est constituée à 95 % de conglomérat polygénique à matrice schisteuse, cisaillée et chloritisée (Leduc et Forest, 1984; Leduc, 1986). Ce conglomérat est similaire à celui de l’unité nAti1, mais s’en distingue par les faibles proportion et épaisseur des lits de wacke et de grès feldspathique interstratifiés. Une fenêtre du Groupe de Timiskaming dans la Formation de Gowganda (Groupe de Cobalt) située au SE du lac Renault (limite entre les feuillets 32D03-200-0201 et 32D03-200-0202) est formée exclusivement du conglomérat de l’unité nAti1a. À cet endroit, les fragments du conglomérat, qui constituent jusqu’à 60 % de la roche, sont principalement formés de wacke et de granitoïdes (Leduc, 1986). Les cailloux de wacke sont communément allongés dans le sens de la schistosité régionale, tandis que les cailloux de granitoïdes sont arrondis à subarrondis; leur diamètre peut atteindre 10 cm. La déformation est généralement plus intense que dans d’autres secteurs où l’unité est observée, probablement en raison de la présence de la Suite syénitique de Kirkland Lake.

Groupe de Timiskaming 2 (nAti2) : Wacke, localement siltstone, mudstone et mudstone graphiteux

L’unité nAti2 est constituée de grès à grain grossier de type wacke interstratifié avec le conglomérat de l’unité nAti1, particulièrement dans la portion occidentale du Groupe de Timiskaming (feuillets 32D03-200-0201 W et 32D04-200-0202 E) (Leduc et Forest, 1984; Leduc, 1986). D’ailleurs, le wacke peut avoir l’aspect d’un microconglomérat schisteux et chloriteux (Leduc, 1986). Il est moyennement granoclassé, laminé et métamorphisé à divers degrés. Il est formé de fragments monominéraliques corrodés ou altérés dans une matrice silicifiée et chloritisée. La schistosité régionale est généralement très bien développée et mise en relief par la séricite. De nombreuses variations sont observées, tant granulométriques que compositionnelles. Ainsi, avec une diminution de la grosseur de grain, le wacke peut passer localement à un siltstone ou à un mudstone; une augmentation dans la proportion de quartz en fait un grès quartzitique ou feldspathique et une augmentation dans la proportion de feldspath en fait une arkose. De plus, une augmentation locale du degré de métamorphisme et de cisaillement transforme le wacke en schiste feldspathique à chlorite, hornblende et séricite. Beausoleil et Goutier (2005b) notent la présence locale de mudstone graphiteux dans le secteur situé entre la rivière Bousquet, à l’ouest, et le lac Normand, à l’est (coin NE du feuillet 32D02-200-0202).