Historique

Lors de travaux de cartographie au 1/50 000 dans la région du lac Carmoy, Hammouche et al. (2015) attribuent le nom de Formation de Rouget à une unité principalement volcanique cartographiée à une dizaine de kilomètres au sud et à l’ouest du lac Rouget (feuillet 33H06) pour la distinguer des roches métavolcaniques de la Formation de Corvette (2742 ±28 Ma, Davis et al., 2014). Ils subdivisent la formation en trois unités informelles : 1) une amphibolite dérivée de roche volcanique mafique à intermédiaire (mArgt1); 2) une volcanite felsique métamorphisée (mArgt2); et 3) une formation de fer (mArgt3). Les travaux subséquents de Gigon et Goutier (2017) dans la région du lac Richardie raffinent les limites de la formation vers le sud et l’est (feuillets 33H02, 33H03 et 33H07). Goutier et al. (2021) prolongent la formation de >40 km vers l’ouest lors de travaux de cartographie au 1/50 000 dans le secteur du lac Semonville (feuillets 33H05 et 33G08).

Description

Formation de Rouget 1 (mArgt1) : Amphibolite dérivée de basalte et d’andésite

L’unité mArgt1 est composée d’amphibolite dérivée de roches volcaniques mafiques ou intermédiaires (Gigon et Goutier, 2017). L’amphibolite est finement à moyennement grenue. Elle est verte en cassure fraîche et présente une patine brunâtre. Elle possède une foliation bien marquée et est localement rubanée. La structure rubanée est associée à l’alternance de niveaux plus ou moins riches en plagioclase ou en hornblende. Les structures primaires sont oblitérées par la déformation et le métamorphisme. Les amphibolites à microstructure nématogranoblastique sont composées de hornblende (30 à 70 %) formant localement des porphyroblastes et des pœciloblastes, ainsi que de plagioclase, de biotite (<2 %) et d’un peu de quartz. Du grenat, des carbonates, de la magnétite, de la titanite, de l’épidote, du sphène, de la pyrite et de la pyrrhotine sont aussi observés localement (Hammouche et al., 2015; Gigon et Goutier, 2017; Goutier et al., 2021).

Plusieurs affleurements d’amphibolite sont à grain plus grossier, ce qui pourrait indiquer un protolite gabbroïque ou dioritique. Il s’agit probablement d’intrusions synvolcaniques métamorphisées. On note aussi la présence de niveaux métriques de roche métasédimentaire (métatexite issue de paragneiss et de formation de fer à silicates et oxydes) intercalés avec les roches volcaniques (Gigon et Goutier, 2017).

Formation de Rouget 2 (mArgt2) : Roche volcanique felsique

D’après Hammouche et al. (2015), cette unité est composée de roche volcanique felsique métamorphisée. La roche est à grain fin à moyen, grise en surface altérée et gris moyen en cassure fraîche. Elle contient jusqu’à 20 % de biotite, du feldspath potassique et localement des porphyroblastes de grenat (2 %). La roche est fortement recristallisée et très déformée. En lame mince, on observe une forte altération du plagioclase en séricite et de la biotite en chlorite, ainsi que la présence de feldspath potassique (<2 %).

Formation de Rouget 3 (mArgt3) : Formation de fer à silicates, localement à oxydes

Cette unité correspond à des niveaux discontinus de formation de fer rubanée à silicates interstratifiés avec l’amphibolite. L’unité est essentiellement constituée de formation de fer rubanée au faciès des silicates. Les rubans et les lamines de chert recristallisé alternent avec des rubans et des lamines riches en hornblende et en grunérite, avec un peu de grenat. La formation de fer peut contenir jusqu’à 30 % de pyrrhotine et de pyrite. Localement, on trouve un faciès à oxydes caractérisé par des rubans et des lamines de magnétite massive en alternance avec le chert recristallisé. La magnétite est finement grenue et recristallisée (Hammouche et al., 2015).

Épaisseur et distribution

La Formation de Rouget couvre une dizaine de kilomètres au sud et à l’ouest du lac Rouget (feuillet 33H06). Elle s’étend vers le sud et à l’est dans les feuillets 33H02, 33H03, 33H07 et se prolonge vers l’ouest (sur plus de 40 km) dans le secteur du lac Semonville (feuillet 33H05 et 33G08). Elle forme des bandes longues de 2 à 5 km et de 1 à 3 km de large. L’unité mArgt1 représente l’unité dominante de la formation. L’unité mArgt2 est localisée dans la partie sud du feuillet 33H06 et s’étend sur une longueur de 1,84 km et une largeur de ~295 m. L’unité mArgt3 est observée en affleurement sur des épaisseurs pouvant atteindre 10 m. Elle est localisée dans le coin SW du feuillet 33H06; elle se manifeste par une forte anomalie magnétique positive qui s’étend sur 2 km.

Datation

La datation d’un échantillon de roche volcanique felsique (affleurement 2012-CM-7025) a donné un âge de mise en place de 2845 ±6 Ma et un âge métamorphique de 2604 ±23 Ma (Davis et al., 2015). L’âge de mise en place indique la présence d’un épisode volcanique plus ancien que la Formation de Corvette (2742 ±28 Ma, Davis et al., 2014) et le Groupe de Guyer (2820 ±0,8 Ma, Goutier et al., 2002; 2806,1 ±2,3 Ma, David et al., 2011; 2815,9 ±3,1 Ma, David et al., 2012). Ce volcanisme est contemporain au Complexe de Laforge (2840,7 ±0,9 Ma) décrit par Simard et Lafrance (2011) dans la Sous-province de Minto, au SW du réservoir Laforge 1 (partie sud du feuillet 33I). Le second âge obtenu correspond à l’épisode de métamorphisme statique (2618 à 2602 Ma) lié à la mise en place des derniers plutons granitiques tarditectoniques (Goutier et al., 2000).

Relations stratigraphiques

Les formations de Rouget et de Trieste (2839,2 ±5,6 Ma, David, 2019) constituent les unités volcaniques dominantes de la région du lac Richardie. Les roches de ces formations présentent une géochimie comparable à celle des basaltes tholéiitiques ou transitionnels et des roches andésitiques à rhyolitiques calco-alcalines, bien que celles de la Formation de Trieste soient généralement plus différenciées. Ces roches sont contemporaines et se sont probablement mises en place dans des environnements géologiques comparables (Gigon et Goutier, 2017).

La Formation de Rouget est en contact tectonique avec les roches du Complexe de Langelier (3452 à 2788 Ma, Davis et al., 2014) et de la Formation de Marbot (2702 ±2 Ma, David et al., 2011). Elle est coupée par les roches de l’Intrusion de Kamusaawach (2831,0 ±0,6 Ma, Augland et al., 2016), du Pluton de Sauvolles (2708 ±7 Ma, Davis et al.,2014), et de la Suite granitique du Vieux Comptoir (2618 +18/-13 Ma, 2618 ±2 Ma, Goutier et al., 1999 et 2000). Au sud, le Pluton de Semonville (2746 ±5 Ma, Davis et al., 2018) est intrusif dans la Formation de Rouget.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

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