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Auteur(s) : | Gigon et Goutier, 2017 |
Âge : | Mésoarchéen |
Stratotype : | Aucun |
Région type : | Région au SW du lac Trieste (feuillets SNRC 33H02, 33H07 et 33H08) |
Province géologique : | Province du Supérieur |
Subdivision géologique : | Sous-province de La Grande |
Lithologie : | Amphibolite, mylonite et formations de fer |
Catégorie : | Lithostratigraphique |
Rang : | Formation |
Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
Hocq (1985) utilise pour la première fois le nom « Trieste » pour désigner une séquence volcano-sédimentaire située dans les feuillets 33H02, 33H07 et 33H08 et qui regroupe des roches volcaniques, de l’amphibolite, du gneiss mésocrate, du tuf et des roches intrusives ultramafiques et mafiques (péridotite, hornblendite et gabbro). Lors de travaux de cartographie au 1/50 000 dans la région du lac Richardie en 2013, Gigon et Goutier (2017) attribuent à cette séquence le nom formel de Formation de Trieste. Ils vont subdiviser la formation en trois unités informelles constituées d’un ensemble de mylonite et d’amphibolite rubanée dérivée de basalte (mAtrt1), d’amphibolite dérivée de roches volcaniques intermédiaires (mAtrt2) et d’une formation de fer à oxydes et silicates (mAtrt3). Lors d’une campagne de cartographie dans la région du lac Dalmas, Burniaux et al. (2018) ont assigné à la formation de fer (mAtrt3) des niveaux métriques de paragneiss dérivé de wacke et de mudrock. Le nom de la Formation de Trieste est issu du lac Trieste, situé à 2 km au nord (partie SW du feuillet 33H08).
Description
La Formation de Trieste comprend trois unités informelles : des amphibolites rubanées dérivées de basalte (mAtrt1); des amphibolites dérivées de roches volcaniques intermédiaires (mAtrt2); et une formation de fer au faciès des oxydes et des silicates (mAtrt3).
Formation de Trieste 1 (mAtrt1) : Amphibolite rubanée dérivée de basalte
Cet ensemble constitue l’unité dominante de la Formation de Trieste. Celle-ci est composée essentiellement d’une séquence d’amphibolite rubanée dérivée de laves mafiques. De minces bandes de roches métasédimentaires, de laves et de tufs intermédiaires à felsiques, de laves mafiques magnésiennes et de rares coulées ou filons-couches ultramafiques sont aussi présentes. L’amphibolite est dérivée principalement d’un métabasalte, mais peut aussi provenir du métamorphisme de gabbro, de roches volcaniques ou de roches intrusives intermédiaires, ou encore de roches ultramafiques. La roche a une couleur verte moyenne en surface fraîche et vert très foncé à grisâtre en surface altérée. Elle est à grain fin ou moyen et granoblastique. En général, les structures primaires sont oblitérées par la déformation et le métamorphisme; les structures de quelques affleurements de volcanoclastite felsique sont toutefois préservées. L’amphibolite est foliée, a une linéation bien marquée et montre une structure mylonitique dans les zones de cisaillement. Le rubanement observé à l’échelle de l’affleurement aussi bien qu’en lames minces est dû à une alternance de rubans plus ou moins riches en hornblende ou en plagioclase. De plus, le passage entre ces différentes phases se fait par endroits de façon graduelle. Le minéral ferromagnésien le plus abondant est la hornblende pœciloblastique ou, plus rarement, porphyroblastique. Les observations en lames minces indiquent que le plagioclase est partiellement à fortement séricitisé et, localement, de pœciloblastes de grenat. La biotite et la chlorite sont rares (<10 %) et des pœciloblastes de diopside sont observés localement (5 à 20 %). Les minéraux accessoires sont le quartz (<10 %), l’épidote, le rutile, les sulfures et la trémolite (Gigon et Goutier, 2017; Burniaux et al., 2018).
La présence systématique de carbonates (~20 %) disséminés ou en veinules coupant l’amphibolite manifeste l’importance de l’altération. Ces carbonates sont tardifs et se trouvent généralement associés au quartz dans les veines, dans les zones enrichies en diopside et autour de la hornblende. Certains carbonates sont sous forme de porphyroblastes indiquant un métamorphisme rétrograde. De plus, des sulfures disséminés à grain fin (<2 %) dans des niveaux rouillés de puissance variable sont aussi observés. Des zones métasomatisées métriques à cordiérite-anthophyllite-biotite ont également été notées (Gigon et Goutier, 2017; Burniaux et al., 2018).
Les amphibolites sont coupées par des dykes felsiques d’épaisseur décimétrique à métrique. La roche est foliée, à grain fin et contient 10 % de biotite, de la muscovite et de la tourmaline. On observe aussi des filonnets felsiques à hornblende (5 à 15 %) d’épaisseur millimétrique dans l’amphibolite (Gigon et Goutier, 2017; Burniaux et al., 2018).
Les roches volcanoclastiques felsiques exhibent une patine blanc-beige et une couleur blanc grisâtre en cassure fraîche. La roche est à grain très fin à fin et foliée. Elle présente localement des lapillis et des blocs. En lame mince, elle est constituée de quartz, de plagioclase, de biotite brune, de muscovite, de reliques d’amphibole et, localement, de grenat. Tout comme l’amphibolites, les roches volcanoclastiques felsiques sont coupées par des veinules de carbonates (Burniaux et al., 2018).
Formation de Trieste 2 (mAtrt2) : Amphibolite dérivée de roches volcaniques intermédiaires
L’unité mAtrt2 diffère de l’unité mAtrt1 par sa composition intermédiaire. L’amphibolite est grise et contient de la hornblende, de la biotite (3 %) et des traces de pyrite (<1 %). La roche est foliée et présente une granulométrie fine à moyenne avec des veines de quartz et de pyrite millimétriques qui coupent la foliation (Gigon et Goutier, 2017).
Formation de Trieste 3 (mAtrt3) : Formation de fer à oxydes et silicates
L’unité est constituée d’une alternance de rubans clairs riches en quartz et de rubans plus sombres composés de silicates et de magnétite qui sont orientés parallèlement à la foliation des amphibolites adjacentes. De granulométrie fine à grossière, la formation de fer peut être composée de lits centimétriques riches en hornblende verte associée à de la grunérite et de la magnétite, ou de rubans de magnétite massive alternant avec des rubans de chert et de biotite (Burniaux et al., 2018). Localement, elle contient de l’hédenbergite (Gigon et Goutier, 2017) et des pœciloblastes de grenat (Burniaux et al., 2018). La roche comporte de la pyrrhotite, de la pyrite et de l’arsénopyrite finement disséminées, expliquant son aspect rouillé en surface altérée. Dans des forages et à la zone minéralisée de Chirki, des niveaux de paragneiss interstratifiés avec les formations de fer ont été observés (Desbiens, 1996; Burniaux et al., 2018). Ce paragneiss est brun clair ou gris foncé en surface altérée et gris à gris brunâtre en cassure fraîche. Il est à grain fin et présente une microstructure granolépidoblastique. La roche est constituée de plagioclase, de quartz, de biotite, de hornblende et de grenat, avec localement des sulfures ou de la magnétite (Burniaux et al., 2018).
Épaisseur et distribution
La Formation de Trieste, localisée dans la région du lac Trieste (coin SW du feuillet 33H08), forme une mince bande E-W de près de 20 km de longueur et d’une largeur maximale de ~5 km. La formation est constituée de bandes étroites dont la largeur n’excède guère 900 m. L’unité mAtrt2 forme une bande de 13 km sur 2 km (partie centre-nord du feuillet 33H02). L’unité mAtrt3 forme une bande de ~100 m d’épaisseur intercalée avec les amphibolites. Le niveau principal de formation de fer (SW du feuillet 33H08) présente une forte signature magnétique bien visible sur la carte du gradient vertical du champ magnétique et peut être tracé sur une distance de près de 8 km.
Datation
Un échantillon de roche métavolcanique de composition felsique à granulométrie très fine (affleurement 2014-JG-2082) a donné un âge de 2839,2 ±5,6 Ma. Cet âge correspond à la meilleure estimation d’âge de l’épisode volcanique associé à la Formation de Trieste (David, 2019).
Unité | Numéro d’échantillon | Feuillet | Système isotopique | Minéral | Âge de cristallisation (Ma) | (+) | (-) | Référence(s) |
mAtrt1 | 2014-JG-2082A | 33H08 | U-Pb | Zircon | 2839,2 | 5,6 | 5,6 | David, 2019 |
Relations stratigraphiques
Les formations de Trieste et de Rouget (2845 ±6 Ma, Davis et al., 2015) constituent les unités volcaniques dominantes de la région du lac Richardie. Elles présentent une géochimie comparable à celle des basaltes tholéiitiques ou transitionnels et des roches andésitiques à rhyolitiques calco-alcalines, bien que celles de la Formation de Trieste soient généralement plus différenciées. Les roches de ces deux formations sont contemporaines et se sont probablement mises en place dans des environnements géologiques comparables (Gigon et Goutier, 2017).
La Formation de Trieste est en contact faillé avec les paragneiss de la Formation de la Rivière Salomon, et ces deux formations sont constituées de minces bandes concomitantes d’épaisseur plurihectométriques et d’orientation E-W sur près de 50 km. Ce contact est marqué par la présence de nombreuses intrusions de la Suite de Lablois (2619,6 +1,9/-1,4 Ma, David et al., 2011). D’après Burniaux et al. (2018), la présence de fragments d’amphibolite dans un niveau conglomératique de la Formation de la Rivière Salomon, près du contact avec la Formation de Trieste, pourrait indiquer la présence d’une discordance.
La Formation de Trieste est coupée par le Métagabbro de Sarane (âge de cristallisation de 2820 ±9 Ma; Davis et al., 2018) et est en contact avec le Pluton de la Rivière Galinée (2624,2 ±6,2 Ma; David, 2018). Au nord, elle est également coupée par l’Intrusion du Lac Salò, par la Suite de Joubert (2679,4 ±9,9 Ma; David, 2018) et est en contact avec le Pluton de Sauvolles (2698 ±14 Ma et 2695 ±16; Davis et al., 2018). À l’ouest, la Formation est en contact tectonique avec l’Intrusion de Kamusaawach et la Suite de Richardie (2693 ±5 Ma; Davis et al., 2018). Au sud, le contact entre les amphibolites de la Formation de Trieste et la Suite de Richardie est matérialisé par la Zone de cisaillement de Quentin, qui représente le contact majeur entre les sous-provinces de la Grande et d’Opinaca.
Paléontologie
Ne s’applique pas
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
BURNIAUX, P., GUEMACHE, M. A., GIGON, J., GOUTIER, J., 2018. Géologie de la région du lac Dalmas (SNRC 33H08, 33H09, 23E05, 23E12), Eeyou Istchee Baie-James. MERN; RG 2018-02, 50 pages, 1 plan.
DAVID, J., 2018. Datation U-Pb dans la Province du Supérieur effectuées au GEOTOP en 2015-2016. MERN, GEOTOP; MB 2018-16, 24 pages.
DAVID, J., 2019. Datations U-Pb dans les provinces du Supérieur et de Churchill effectuées au GEOTOP en 2014-2015. MERN, GEOTOP; MB 2019-03, 24 pages.
DAVID, J., VAILLANCOURT, D., BANDYAYERA, D., SIMARD, M., GOUTIER, J., PILOTE, P., DION, C., BARBE, P., 2011. Datations U-Pb effectuées dans les sous-provinces d’Ashuanipi, de La Grande, d’Opinaca et d’Abitibi en 2008-2009. GEOTOP UQAM, UNIVERSITE DU QUEBEC A CHICOUTIMI, MRNF; RP 2010-11, 37 pages.
DAVIS, D. W., LAFRANCE, I., GOUTIER, J., BANDYAYERA, D., TALLA TAKAM, F., GIGON, J., 2018. Datations U-Pb dans les provinces de Churchill et du Supérieur effectuées au JSGL en 2013-2014. MERN; RP 2017-01, 63 pages.
DAVIS, D. W., MOUKHSIL, A., LAFRANCE, I., HAMMOUCHE, H., GOUTIER, J., PILOTE, P., TALLA TAKAM, F., 2015. Datations U-Pb dans les provinces du Supérieur, de Churchill et de Grenville effectuées au JSGL en 2012-2013. MERN; RP 2014-07, 56 pages.
DESBIENS, H., 1996. RAPPORT SUR LE PROGRAMME DE FORAGE (JANVIER-FEVRIER) 1996, PROPRIETE LAC TRIESTE. RESSOURCES SIRIOS INC, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 54166, 116 pages, 2 plans.
GIGON, J., GOUTIER, J., 2017. Géologie de la région du lac Richardie, municipalité d’Eeyou Istchee Baie-James. MERN; RG 2016-04, 45 pages, 2 plans.
HOCQ, M., 1985. GEOLOGIE DE LA REGION DES LACS CAMPAN ET CADIEUX, TERRITOIRE-DU-NOUVEAU-QUEBEC. MRN; ET 83-05, 190 pages, 4 plans.
Citation suggérée
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Formation de Trieste. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/formation-de-trieste [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Thierry Ngatcha Yatchoupou, géo. stag., M. Sc. thierry.yatchoupoungatcha@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (rédaction et coordination); William Chartier-Montreuil, géo. stag., B. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML). |