Le Filon-couche de Rita a été instauré par Charbonneau et al. (1991) lors de la synthèse géologique de la région de Branssat-Chapais. Ceux-ci mentionnent, à la page 58 de leur rapport : « L’intrusion a déjà été cartographiée par Gilbert (1955). Sur le flanc nord-ouest, elle a été recartographiée en partie par Hébert (1981, 1983; lithologie 4c = méladiorite à biotite) et en partie par Charbonneau (1981) qui l’a également recartographiée sur le flanc sud et mise en évidence dans une zone de charnière reliant ces deux flancs. C’est en 1983 que Charbonneau et al. ont reconnu l’extension de l’intrusion à l’est du Stock de Saussure jusqu’au secteur de la rivière Chibougamau ».

Charbonneau (1981) cartographie le Rita comme une intrusion stratiforme dessinant un vaste pli synclinal au sein de la Formation de Daubrée, au sud du lac La Trêve. Même si des inversions de polarité dans les roches sédimentaires encaissantes semblent indiquer la présence de plis dans la région (Charbonneau et al., 1991), rien ne justifie cependant qu’il s’agisse d’un filon-couche également plissé. Par ailleurs, l’unité n’est pas marquée par une anomalie particulière impliquant un pli régional sur la carte du champ magnétique (Keating et D’Amours, 2010). Les observations de terrain montrent aussi que la diorite qui compose le pluton est rarement déformée (Daoudene et Beaudette, 2021; Beaudette et Daoudene, 2022). Pour ces raisons, Beaudette et Daoudene (2022) ont préféré renommer l’unité Pluton de Rita et ont redessiné son contour. Sur la base de critères pétrologiques et chimiques, ils l’ont aussi intégrée à la Suite intrusive de Daine.

Dans son rapport sur la géologie de la région du lac La Trêve, Hébert (1983, p. 118) décrit le Pluton de Rita comme étant constitué : « de 40 à 68 % de plagioclase, de 15 à 20 % de pyroxène, de 10 à 24 % de biotite et de moins de 5 % de quartz, de microcline, de zircon, de sphène et d’apatite. Le plagioclase saussuritisé se présente en cristaux idiomorphes de 2,2 mm de longueur, lesquels pénètrent partiellement le pyroxène. Celui-ci, entièrement ouralitisé, a 0,6 à 2,8 mm de diamètre. La biotite brune à verdâtre a cristallisé entre le pyroxène et le plagioclase. L’ordre de cristallisation dans les diorites est le suivant : apatite-zircon-plagioclase-sphène-pyroxène-microcline-quartz ».

Les données issues des levés géologiques plus récents (Daoudene et Beaudette, 2021; Beaudette et Daoudene, 2022) montrent que la roche possède une composition minéralogique de diorite ou de gabbro. Elle est assez homogène, même si la nature des minéraux ferromagnésiens et leur concentration varient d’un endroit à l’autre. La roche est mésocrate ou mélanocrate et présente une patine d’altération blanc-beige moyen parsemée de taches noir verdâtre ou verdâtre moyen-foncé et une cassure fraîche gris clair ou moyen. La diorite est à grain moyen ou grossier, porphyroïde, homogène et rarement déformée. Quelques affleurements montrent une structure subophitique montrant des cristaux de plagioclase, rectangulaires et jointifs, cimentés dans une matrice de minéraux ferromagnésiens. La roche est non ou très légèrement magnétique et la susceptibilité d’échantillons choisis se distribue majoritairement entre 0,452 x 10^-3 et 0,542 x 10^-3 USI (voir les affleurements 2021-YD-2028, 2021-YD-2032, 2022-YD-2012, 2022-YD-2013, 2022-YD-2102, 2022-YD-2103, 2022-RB-3049, 2022-RB-3051).

En lame mince, les échantillons prélevés lors des levés géologiques récents (Daoudene et Beaudette, 2021; Beaudette et Daoudene, 2022) ne montrent pas d’évidence de déformation, mais au contraire une structure primaire cumulative bien préservée. La roche est composée de 60 à 80 % de plagioclase, de 10 à 20 % de clinopyroxène, de ~5 % de biotite, jusqu’à 3 % de quartz et localement de 3 à 5 % d’un mélange d’actinote et de hornblende. Le plagioclase se présente en lattes jointives subautomorphes à automorphes de grande taille et variablement saussuritisées. Les interstices sont principalement comblés par des grains ou des amas de grains xénomorphes de clinopyroxène vert pâle, fortement ouralitisé, ainsi que par de la biotite qui forme des amas de petits feuillets subautomorphes ou des feuillets xénomorphes de grande taille. L’apatite (jusqu’à 1 %) et la titanite (jusqu’à 2 %) sont des minéraux accessoires communs. Certains échantillons contiennent jusqu’à 5 % de minéraux opaques. L’épidote, la chlorite et la calcite sont de minéraux d’altération courants.

Les analyses d’échantillons choisis indiquent une composition assez homogène de gabbro/diorite ou de monzogabbro et une affinité calco-alcaline ou alcaline (Beaudette et Daoudene, 2022).

Même si la roche est peu ou non déformée, elle est couramment affectée par des bandes de cisaillement d’épaisseur millimétrique. À l’intérieur de ces bandes localisées, la roche montre une forte réduction de la taille des grains.