Hébert (1981, 1983) est le premier à avoir reconnu la présence d’une masse intrusive au NE du lac la Trêve (quart NE du feuillet 32G13), initialement cartographiée comme un granite, puis comme une syénite. À cette époque, seuls quelques affleurements de syénite en intrusion dans des roches volcaniques mafiques avaient été observés en bordure de l’intrusion, dont le diamètre était estimé à 1,8 km.

Au début des années 1990, dans leur synthèse géologique de la région de Chapais, Charbonneau et al. (1991) ont nommé l’intrusion « Stock de Gilbert » en référence à la baie Gilbert du lac la Trêve, située au sud.

À la suite de leur levé géologique de la région du lac la Trêve, Daoudene et Beaudette (2021) ont renommé l’unité Pluton de Gilbert et l’ont rattachée à la Suite intrusive de Daine. Malgré le nombre limité d’affleurements, la forme de l’intrusion a pu être tracée à partir de l’imagerie magnétique disponible (Keating et D’Amours, 2010) et la description lithologique de Hébert (1983) a pu être confirmée.

Les roches du Pluton de Gilbert ne sont pratiquement pas affleurantes. Ainsi, la description qui suit se base uniquement sur celle réalisée par Hébert (1983) et sur les observations de quatre affleurements visités à l’été 2021 (Daoudene et Beaudette, 2021), lesquels sont situés le long de la bordure nord du Pluton.

Le Pluton de Gilbert est constitué d’une roche intermédiaire homogène et magnétique montrant une patine d’altération rose-beige et une cassure fraîche gris-rose. La roche est à grain moyen et présente une texture porphyroïde et une foliation peu développée qui est soulignée par l’orientation préférentielle des amas de minéraux ferromagnésiens. Ces derniers représentent jusqu’à 10 % du volume de la roche (affleurement 2021-AB-1144).
 

Selon Hébert (1983), il s’agit d’une syénite « constituée d’environ 50 % de microcline perthitique, de 35 % de grain de plagioclase, partiellement remplacé par le microcline, et de moins de 10 % de quartz interstitiel. Les minéraux accessoires sont le sphène, la magnétite, la muscovite, l’apatite, la pistachite et la biotite (altérée en chlorite). »

Des échantillons issus du levé géologique de Daoudene et Beaudette (2021) montrent au microscope une roche porphyroïde dont la composition minéralogique est celle d’une monzonite quartzifère. En effet, la roche contient 35 à 45 % de plagioclase, 35 à 40 % de microcline et ~10 % de quartz. Le plagioclase et, dans une moindre mesure, le microcline se présentent en phénocristaux tabulaires et subautomorphes qui sont rarement zonés. Les espaces interstitiels sont généralement comblés par du quartz et du microcline, mais aussi par des minéraux ferromagnésiens, isolés ou en amas. Il s’agit principalement de hornblende (~ 5 %) et de biotite (<5 %). L’épidote, l’allanite, la titanite, l’apatite et des minéraux opaques sont couramment accessoires. La chlorite, la séricite et l’épidote sont aussi présentes comme produit d’altération du plagioclase et de la biotite.

La signature géochimique montre que les roches du Pluton de Gilbert sont alcalines et ont une composition de monzonite quartzifère (Daoudene et Beaudette, 2021).

La roche contient localement jusqu’à 1 % de xénolithes centimétriques de roche intrusive mafique (affleurement 2021-AB-1040). Les xénolithes sont foliés et montrent un allongement dans un plan parallèle à la foliation de la syénite. Ils sont principalement composés de plagioclase et de minéraux ferromagnésiens dans des proportions variables.