Historique et méthodologie

Le Domaine structural de Goulde (DSgld) a d’abord été décrit dans les feuillets SNRC 32O11 et 32O12 par Bandyayera et Caron-Côté (2019). Il a ensuite été étendu vers l’est (feuillets 32O09, 32O10, 32O15 et 32O16) par Bandyayera et Caron-Côté (2021 et 2022). Ces mêmes auteurs l’ont aussi prolongé vers le SW (feuillet 32N08) aux dépens du Domaine structural de Lac Long reconnu par Bandyayera et Daoudene (2018). En plus des données cartographiques, le levé aéromagnétique régional du Ministère (D’Amours, 2011) a été utilisé pour définir les limites et l’étendue du Domaine structural de Goulde.

Ce dernier tire son nom du lac Goulde, localisé dans la partie nord du feuillet 32O11.

Limites et morphologie

Unités stratigraphiques concernées

Les unités lithodémiques qui composent le Domaine structural de Goulde sont :

• le Complexe de Théodat (Athe1, Athe1a, Athe2, Athe2a, Athe3, Athe 3a, Athe4, Athe 5);
• la Suite migmatitique de Le Vilin (nAvin);
• la Suite mafique-ultramafique de Nasacauso (nAnas);
• la Suite de La Sicotière (nAscr);
• la Suite des Canards (nAcnd);
• la Suite de Kaupanaukau (nAkup);
• l’Essaim de dykes de Mistassini (nAmib);
• les Dykes de Senneterre (pPsen);
• les Dykes du Lac Esprit (pPesp).
   

Caractéristiques structurales

❯ Fabriques principales

Les unités affectées par la fabrique principale S_n sont le Complexe de Théodat (Athe1, Athe1a, Athe2, Athe2a, Athe3 et Athe3a), les suites des Canards et de La Sicotière ainsi que la Suite migmatitique de Le Vilin. La fabrique S_n s’exprime généralement par une foliation tectonométamorphique variablement développée et, plus localement, par une gneissosité.

Dans les gneiss du Complexe de Théodat (Athe1 et Ath1a), la gneissosité est matérialisée par l’alternance de rubans centimétriques montrant des variations de composition. Des injections felsiques centimétriques à décimétriques concordantes à la fabrique principale accentuent couramment l’aspect gneissique de la roche. À l’échelle de l’échantillon, la fabrique S_n est soulignée par l’orientation préférentielle des feuillets de biotite ainsi que par des rubans millimétriques de matériel quartzo-feldspathique.

Au sein des granodiorites et des tonalites du Complexe de Théodat (Athe2 et Athe2a), la foliation est faiblement à fortement développée. Celle-ci est matérialisée par l’orientation préférentielle des feuillets de biotite et l’étirement des minéraux clairs (quartz et plagioclase).

Les roches de composition intermédiaire du Complexe de Théodat (Athe3 et Athe3a) montrent également une fabrique S_n marquée par une foliation tectonométamorphique. Celle-ci est surtout mise en évidence par l’alignement des cristaux de hornblende, localement sous la forme d’amas centimétriques et, accessoirement, par l’orientation préférentielle des feuillets de biotite. On observe aussi localement des enclaves de diorite allongées parallèlement à la fabrique S_n.

La foliation S_n affectant le granite de la Suite des Canards (nAcnd), lequel est généralement pauvre en minéraux ferromagnésiens, s’exprime principalement par l’étirement et l’alignement des grains ou tiges de quartz. On trouve également des schlierens de biotite orientés parallèlement à la foliation.

Les monzodiorites (nAscr1) et les granodiorites (nAscr2) de la Suite de La Sicotière se caractérisent par leur structure porphyroïde. En plus de l’orientation préférentielle des minéraux ferromagnésiens (biotite et hornblende), la foliation tectonométamorphique S_n est marquée par la réorientation et l’étirement des phénocristaux de feldspath potassique. Cette fabrique pouvait initialement correspondre à une foliation magmatique qui a été plus ou moins modifiée lors de la déformation D_n.

La fabrique S_n des paragneiss de la Suite migmatitique de Le Vilin (nAvin) s’exprime par un rubanement migmatitique. Ce dernier est caractérisé par l’alternance de bandes millimétriques à décimétriques de leucosome (mobilisat granitique), de mélanosome (généralement des schlierens de biotite) et de paléosome formé de paragneiss variablement migmatitisé. Cette alternance est généralement bien marquée et régulière. Elle confère à la roche une structure stromatique. On observe également des radeaux de paléosome allongés parallèlement à la fabrique S_n. À l’échelle de l’échantillon, S_n est soulignée par l’orientation préférentielle des feuillets millimétriques de biotite.

La projection stéréographique des pôles de 711 mesures collectées dans le Domaine structural de Goulde montre que la foliation S_n est principalement orientée E-W, oscillant entre le ENE-WSW et le WNW-ESE. Bien que sujette à interprétation, la distribution des pôles de S_n semble former un grand cercle NW-SE, ce qui pourrait indiquer que la fabrique est plissée à l’échelle du domaine. En carte, la trajectoire de la foliation S_n coïncide également avec les linéaments magnétiques qui montrent des évidences d’un plissement serré à isoclinal, suggérant également la présence de plis P_n+1 affectant la fabrique S_n (voir la section « Plis »). La direction moyenne de la foliation S_n (095°) est cohérente avec l’orientation générale des traces axiales des plis P_n+1, ce qui pourrait indiquer que ces mesures proviennent pour la plupart des flancs de plis serrés à isoclinaux. Les foliations présentent un pendage modéré à abrupt dirigé principalement vers le sud. Les directions et les pendages de quelques mesures montrent une certaine dispersion par rapport à la tendance principale, témoignant d’une certaine complexité structurale.

À l’extrémité orientale du domaine, la trajectoire de la foliation S_n et les linéaments magnétiques montrent une composante N-S plus importante.

La linéation minérale et d’étirement L_n n’est observée que très localement dans le Domaine structural de Goulde. Elle est portée dans la foliation S_n et s’exprime par l’alignement préférentiel des minéraux ferromagnésiens. Les rares linéations mesurées montrent des plongements modérés variant du SSE au SW, avec un plongement moyen de 33° et une direction de 204°.

❯ Autres fabriques

Une possible foliation magmatique S₀ est localement observable dans les granodiorites porphyroïdes de la Suite de La Sicotière (nAscr). Cette foliation est mise en évidence par l’orientation préférentielle des phénocristaux de feldspath potassique.

Il est possible que la gneissosité des roches mésoarchéennes du Complexe de Théodat (Athe1), décrite plus haut comme correspondant à S_n, représente plutôt une fabrique ancienne S_n-1. Celle-ci serait donc possiblement confondue avec S_n dans les roches gneissiques.

La trajectoire de la fabrique principale S_n et les linéaments magnétiques dessinent en carte des plis indiquant l’existence d’une phase de déformation postérieure à D_n. Ces plis pourraient être accompagnés d’une foliation ou d’une schistosité de plan axial S_n+1. Cependant, cette fabrique n’a pas été observée sur le terrain. Un examen attentif des charnières de plis P_n+1 serait nécessaire pour mettre en évidence cette fabrique planaire tardive.

❯ Plis

La trajectoire en carte de la foliation S_n et des linéaments magnétiques indiquent la présence de plis P_n+1 serrés à isoclinaux. L’orientation des traces axiales de ces plis oscille entre le ENE-WSW et le WNW-ESE. Le plan moyen de la foliation S_n (095°/53°) est parallèle à la direction globale des traces axiales et correspondrait approximativement au plan axial moyen de P_n+1. De plus, la majorité des mesures de la foliation S_n montrent un pendage modéré à fort vers le sud, indiquant que les plis sont déjetés vers le nord. Le pôle (212°/58°) du grand cercle sur lequel s’aligne la majorité des mesures permet d’estimer la direction et le plongement de l’axe moyen des plis P_n+1.

Plus localement, au sein des gneiss du Complexe de Théodat dans le feuillet 32O15, les trajectoires de la foliation et des linéaments magnétiques indiquent la présence de plis serrés à isoclinaux interprétés par Bandyayera et Caron-Côté (2021) comme étant la fabrique S_n-1 affectée par le plissement P_n. En effet, la présence de ces plis a été observée sur le terrain (2021-EC-2022). Les traces axiales de ces plis dessinent un pli fermé et orienté E-W, suggérant qu’ils ont été affectés lors de la déformation D_n+1.

Paramètres géométriques des plis régionaux : 

❯ Relations de recoupement

Non observées.

❯ Cinématique

Ne s’applique pas.

Style de la déformation

L’intensité de la déformation est généralement modérée dans le Domaine structural de Goulde. La grande majorité des roches montrent une foliation S_n légèrement à modérément développée et plissée par des plis P_n+1 serrés à isoclinaux.

La déformation semble polyphasée dans les roches plus anciennes telles que les gneiss du Complexe de Théodat dans le feuillet 32O15. En effet, on trouve au sein de ces roches une fabrique possiblement de génération S_n-1 plissée par des plis P_n serrés à isoclinaux. À leur tour, les traces de plis P_n sont affectées par des plis fermés P_n+1.

Caractéristiques métamorphiques

Étant principalement constitué de granitoïdes, le Domaine structural de Goulde ne contient pas de roches exhibant des minéraux diagnostiques d’un grade métamorphique particulier. Néanmoins, la présence de roches gneissiques et l’absence d’orthopyroxène indiquent respectivement que le grade métamorphique aurait minimalement atteint le faciès des amphibolites, mais n’aurait pas atteint celui des granulites.

Les observations microscopiques dans les roches intrusives felsiques ont permis à Bandyayera et Caron-Côté (2019, 2021 et 2022) d’évaluer le grade métamorphique de ce domaine à l’aide des modes de recristallisation dynamique et des microstructures du matériel quartzo-feldspathique (Passchier et Trouw, 1996). Le quartz montre un mode de recristallisation dynamique dominé par la migration des bordures de grain (MBG) et présente communément des extinctions en échiquier. Le feldspath est localement recristallisé par MBG, mais le mécanisme de recristallisation principal est la rotation de sous-grains (RSG). Ces microstructures suggèrent des conditions métamorphiques du faciès supérieur des amphibolites (Bandyayera et Caron-Côté, 2019, 2021 et 2022).

Altérations

Non observées.

Caractéristiques géophysiques

Les caractéristiques géophysiques sont décrites à l’aide de la carte magnétique du gradient vertical (D’Amours, 2011). Les creux et les crêtes magnétiques montrent des contrastes faibles à modérés. La densité du rubanement magnétique varie de faible à modérée et sa linéarité est principalement rectiligne, localement curviligne. Selon la nomenclature de Lavoie (2017), le Domaine structural de Goulde montre une structure magnétique isotrope chagrinée.

Repères chronologiques

Aucun.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

Autres publications

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