Complexe de Rivière au Mouton 
Étiquette stratigraphique : [narc]irn
Symbole cartographique : nAirn
 

Première publication : 28 octobre 2022
Dernière modification : 

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
nAirn3 Granodiorite, granite et pegmatite, localement injectés dans le paragneiss
nAirn2 Granodiorite injectée dans le paragneiss
nAirn1 Tonalite, granodiorite et enclaves de paragneiss
 
Auteur(s) :
Moukhsil et Legault, 2002
Âge :
Néoarchéen
Stratotype :
Aucun
Région type :
Région de la rivière au Mouton (feuillet SNRC 33D01)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Lithologie :Roches intrusives felsiques
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Complexe
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

Historique

Le nom d’« Intrusions de Rivière au Mouton » a été introduit par Moukhsil et Legault (2002) pour décrire un ensemble d’intrusions de tonalite, de granodiorite et de granite qui affleurent dans la région de la rivière au Mouton (feuillet 32D01). Les plutons de Namekus et de Sapey, ainsi que le Batholite d’Akakanipanuch localisé à l’est dans le feuillet adjacent (feuillet 33C04), sont également constitués d’unités dont les descriptions sont similaires à celles des Intrusions de Rivière au Mouton (Moukhsil et al., 2001, Moukhsil et Legault, 2002). Valiquette (1974) avait donné le nom informel de « complexe de Mouton » pour décrire l’ensemble indifférencié de ces mêmes intrusions. Celles-ci s’injectent dans la séquence métasédimentaire du Complexe de Jolicoeur (Bandyayera et al., 2011) et contiennent une importante quantité d’enclaves de paragneiss (Valiquette, 1974; Franconi, 1978; Moukhsil et al., 2001; Moukhsil et Legault, 2002). Bandyayera et al. (2022) ont proposé d’élever le lithodème d’Intrusions de Rivière au Mouton au rang de complexe (Complexe de Rivière au Mouton) et d’y intégrer les intrusions felsiques des plutons de Namekus et de Sapey, ainsi que du Batholite d’Akakanipanuch, qui sont abandonnés. L’unité Achp6 du Complexe de Champion, localisée au contact entre les sous-provinces de Nemiscau et de La Grande (partie ouest du feuillet 32N11), a également été rattachée au Complexe de Rivière au Mouton. Cette unité (Achp6), constituée principalement de granodiorite et de granite, contient de nombreuses enclaves de migmatite dérivée de paragneiss et de gneiss tonalitique ou granodioritique (Bandyayera et Daoudene, 2018); sa description est similaire à celle des intrusions du Complexe de Rivière au Mouton. Cette réinterprétation est également appuyée par un nouveau levé aéromagnétique qui a permis de circonscrire l’étendue de ces unités (D’Amours, 2011).

Le tableau suivant regroupe les différentes appellations et équivalences des unités du Complexe de Rivière au Mouton à travers le temps.

Unités actuelles

Bandyayera et al. (2022)

Moukhsil et Legault (2002)Moukhsil et al. (2001)Moukhsil et al. (2001)Moukhsil et al. (2001)Bandyayera et Daoudene (2018)
Complexe de Rivière au MoutonIntrusions de Rivière au MoutonBatholite d’AkakanipanuchPluton de NamekusPluton de SapeyComplexe de Champion
UnitéLithologieUnitéLithologieUnitéLithologieUnitéLithologieUnitéLithologieUnitéLithologie
nAirn1Tonalite, granodiorite et enclaves de paragneissnAirn1Tonalite porphyrique, granodiorite et enclaves de paragneissAkan1Tonalite, granodiorite et enclaves de paragneissAnamTonalite et granodiorite  Achp6Granodiorite et granite contenant des enclaves de migmatite et de gneiss tonalitique ou granodioritique
nAirn2Granodiorite injectée dans le paragneissnAirn2Granodiorite injectée dans le paragneiss    Asap1Granodiorite à enclaves de paragneiss  
nAirn3Granodiorite, granite et pegmatite, localement injectés dans le paragneissnAirn3Granodiorite, granite et pegmatite, localement injectés dans le paragneiss    Asap2Pegmatite à enclaves de paragneissAchp6Granodiorite et granite contenant des enclaves de migmatite et de gneiss tonalitique ou granodioritique

 

 

Description

Le Complexe de Rivière au Mouton est constitué de trois unités (nAirn1, nAirn2 et nAirn3). Dans le coin NW du Complexe de Jolicoeur (feuillet 33D01), ces unités constituent les cœurs des antiformes occupés par les unités du Complexe de Rivière au Mouton. Ce sont des roches de composition tonalitique ou granodioritique, très hétérogènes, à granulométrie variable, généralement foliées, par endroits gneissiques à rubanées. Elles sont envahies par une phase felsique diffuse quartzofeldspathique de composition granodioritique à granitique, à grain moyen, qui contribue à leur hétérogénéité (Franconi, 1975).

Complexe de Rivière au Mouton 1 (nAirn1) : tonalite, granodiorite et enclaves de paragneiss

L’unité nAirn1 est constituée de tonalite et de granodiorite, contenant des enclaves métriques de paragneiss et d’amphibolite (Valiquette, 1974; Franconi, 1975; Franconi, 1978; Mouhsil et Legault, 2002). Cette tonalite à biotite est gris clair en surface altérée, très hétérogène, généralement foliée, par endroits gneissique et rubanée. Elle est localement porphyroïde à phénocristaux de plagioclase ayant jusqu’à 1 cm de longueur. L’hétérogénéité de la tonalite se manifeste également par une granulométrie qui varie de grossière à fine. Les enclaves de paragneiss sont centimétriques à métriques et constituent 2 à 25 % de l’unité nAirn1. Elles sont éparpillées dans la tonalite et sont plus ou moins assimilées. Les enclaves d’amphibolite sont de largeur métrique et atteignent 30 m de longueur. Elles sont moyennement à grossièrement grenues et granoblastiques. Elles sont formées de hornblende (60 %), de plagioclase (38 %), et de proportions accessoires de grenat, de cummingtonite, de clinopyroxène ou d’hypersthène.

La granodiorite est plus homogène et moins déformée que la tonalite, montrant une schistosité moins développée. Elle est gris rosâtre, à biotite, à grain moyen, porphyroïde à phénocristaux de feldspath potassique (jusqu’à 0,9 cm de longueur). Des amas de pegmatite granitique blanchâtre sont observés localement à la fois dans la tonalite et dans la granodiorite.

Franconi (1975, 1978) note que les tonalites de la région de la rivière au Mouton (feuillet 33D01) sont hétérogènes et migmatitisées, généralement foliées à gneissiques. Les roches gneissiques sont à hornblende, sphène et magnétite, et coupées par des granites roses à magnétite. Des injections de matériel riche en feldspath potassique, généralement à grain moyen, envahissent d’une manière diffuse ces tonalites, ou se disposent en lits concordants à la gneissiosité. Cette caractéristique contribue à leur hétérogénéité. Au contact avec les roches du Groupe d’Eastmain et de la Zone de cisaillement de la Basse-Eastmain, la tonalite est gneissique, localement mylonitisée.

À l’ouest de la région de Boisrobert (feuillet 32N11), l’unité nAirn1 est essentiellement formée d’un ensemble de tonalite et de granodiorite, à biotite et hornblende, très hétérogènes, foliées à gneissiques, généralement migmatitisées et fortement magnétiques (Bandyayera et Daoudene, 2018). Cet ensemble est caractérisé par la présence de nombreuses enclaves de diatexite et de métatexite dérivées de paragneiss, de gneiss tonalitique et de gneiss granodioritique. La structure porphyroïde est largement répandue dans cette diatexite hétérogène.

L’unité d’orthogneiss granitique injecté qui est décrite par Remick et Ahmedali (1974) aux environs de la rivière Pontax a été intégrée à l’unité nAirn1. Il consiste en une granodiorite à hornblende, grise, foliée, injectée par un granite à biotite, habituellement en bandes concordantes, mais localement discordantes.

Complexe de Rivière au Mouton 2 (nAirn2) : granodiorite injectée dans le paragneiss

L’unité nAirn2 est formée de granodiorite, gris rosâtre en surface altérée, à grain moyen, généralement massive. La granodiorite est caractérisée par une foliation magmatique très nette indiquée par l’alignement de petits cristaux de biotite et d’enclaves de paragneiss. Celles-ci sont de dimensions métriques et constituent jusqu’à 30 % de l’unité. La plupart des enclaves contiennent des structures internes qui leur sont propres (Moukhsil et al., 2001).

Complexe de Rivière au Mouton 3 (nAirn3) : granodiorite, granite et pegmatite, localement injectés dans le paragneiss

L’unité nAirn3 est composée de granodiorite, de granite et de pegmatite localement injectés dans le paragneiss du Complexe de Jolicoeur. Ces roches sont généralement riches en magnétite et en titanite. La granodiorite est rosée ou gris blanchâtre en surface altérée, et grisâtre en cassure fraiche. Elle est généralement homogène, à grain moyen, magnétique, massive à faiblement foliée. Elle contient 3 à 20 % de biotite, 1 à 5 % de magnétite, et 1 à 3 % de titanite. Le granite est généralement hématitisé, avec une surface altérée rose moyen à rose pâle. Il est homogène, équigranulaire, moyennement à grossièrement grenu, massif à faiblement folié, généralement magnétique. Il contient 1 à 5 % de biotite, 2 % de hornblende, 2 % de magnétite et 2 % de titanite. La pegmatite est granodioritique à granitique, riche en enclaves de paragneiss (jusqu’à 20 %), lesquelles sont localement migmatitisées.

Épaisseur et distribution

Le Complexe de Rivière au Mouton est présent dans la partie NW de la Sous-province de Nemiscau. Il apparaît principalement dans les feuillets 33D01, 33D02 et 33C04. Les roches de cette unité couvrent également le secteur situé entre les feuillets 32N11 et 32N12.

 

Datation

Mouksil et Legault (2002) ont réalisé une datation isotopique sur un échantillon de tonalite porphyroïde (échantillon SGNO-2001-02; affleurement 2001-JD-3197) du Complexe de Rivière au Mouton. L’analyse isotopique de six monozircons a donné des âges variant de 2705 Ma à 2743 Ma (0 à 3,1 % disc). Trois âges (les plus jeunes) sont similaires (2705 à 2708 Ma) et subconcordants. Un âge moyen de 2706 ±1 Ma représente l’âge maximal de la mise en place d’une des phases intrusives tonalitiques du Complexe de Rivière au Mouton. L’âge concordant le plus ancien est de 2743 ±2 Ma. Ce dernier est interprété comme étant l’âge d’héritage. L’analyse de deux fractions de titanite a donné des âges de 2664 ±4 Ma et de 2668 ±2 Ma, interprétés comme d’origine métamorphique. L’âge du plus vieux fragment de titanite représenterait l’âge minimal pour la mise en place de la phase tonalitique à granodioritique qui envahit le complexe intrusif.

 

UnitéNuméro d’échantillonSystème isotopiqueMinéralÂge de cristallisation (Ma)(+)(-)Âge d’héritage (Ma)(+)(-)Âge métamorphique (Ma)(+)(-)Référence(s)
nAirn1SGNO-2001-02U-PbZircon270611274322   Moukhsil et Legault, 2002
Titanite      266822

 

 

Relations stratigraphiques

Au NW de la Sous-province de Nemiscau, le Complexe de Rivière au Mouton est séparé de la Bande volcanique de la rivière Eastmain inférieure (BVREI) par la Zone de cisaillement de la Basse-Eastmain. Dans ce secteur, les paragneiss du Complexe de Jolicoeur enveloppent une série de dômes de granitoïdes hétérogènes du Complexe de Rivière au Mouton. L’unité de tonalite hétérogène migmatitisée pourrait représenter un socle granitoïde sur lequel s’est déposée la séquence sédimentaire du Complexe de Jolicoeur. Par endroits, on observe un niveau métrique d’amphibolite au contact entre ces dômes de granitoïdes et le Complexe de Jolicoeur. On distingue très grossièrement des granitoïdes tonalitiques, généralement déformés et plissés, très probablement préorogéniques, des plutons monzonitiques, postérieurs aux tonalites (quoique synorogéniques), et enfin des roches intrusives potassiques (pegmatite et granite). Une partie du Complexe de Rivière au Mouton est cependant formée d’injections concordantes dans les paragneiss. L’âge de 2706 Ma obtenu pour la tonalite porphyroïde de l’unité nArn1 qui s’injecte dans les roches métasédimentaires laisse supposer qu’une partie des sédiments du Complexe de Jolicoeur ont commencé à se déposer avant 2706 Ma.

Paléontologie

 Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

BANDYAYERA, D., CARON-CÔTÉ, E., PEDREIRA, R. P., CÔTÉ-ROBERGE, M., CHARTIER-MONTREUIL, W. 2022. Synthèse géologique de la Sous-province de Nemiscau, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2021-03, 1 plan.

BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y. 2018. Géologie de la région du lac Champion, sous-provinces de La Grande et de Nemiscau, à l’est de Waskaganish, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2018-06, 2 plans.

D’AMOURS, I. 2011. Synthèse des levés magnétiques de la Baie-James. MRNF; DP 2011-08, 5 pages et 2 plans.

FRANCONI, A. 1975. Rapport géologique préliminaire sur la région de la rivière Eastmain inférieure (territoires de Mistassini et du Nouveau-Québec). MRN; DP 329, 42 pages et 1 plan.

FRANCONI, A. 1978. La bande volcanosédimentaire de la rivière Eastmain inférieure – rapport géologique final. MRN; DPV 574, 186 pages et 2 plans.

MOUKHSIL, A., LEGAULT, M. 2002. Géologie de la région de la Basse-Eastmain occidentale (33D/01, 33D/02, 33D/07 et 33D/08). MRN; RG 2002-09, 32 pages et 4 plans.

MOUKHSIL, A., VOICU, G., DION, C., DAVID, J., DAVIS, D W., PARENT, M. 2001. Géologie de la région de la Basse-Eastmain centrale (33C03, 33C04, 33C05 et 33C06). MRN; RG 2001-08, 54 pages et 4 plans.

REMICK, J H., AHMEDALI, S T. 1974. Cartes annotées de la région de Fort Rupert (Nouveau Québec). MRN; DP 274, 23 plans.

VALIQUETTE, G. 1974. Exploration géologique du Complexe de Mouton. Rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 30960, 47 pages et 5 plans.

Citation suggérée

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Complexe de Rivière au Mouton. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/suite-de-riviere-au-mouton [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Daniel Bandyayera, géo., Ph. D. daniel.bandyayera@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 
9 septembre 2020