Kish (1963) est le premier à cartographier, dans la région de la rivière Hart Jaune (partie est du feuillet SNRC 22N09), une unité d’anorthosite et de leucogabbro (décrit comme un gabbro anorthositique dans le texte original) correspondant à l’Intrusion mafique de Raudot (voir le tableau ci-dessous). Directement à l’est (partie ouest du feuillet 22O12), cet auteur cartographie une unité similaire de leucogabbro (décrit comme un gabbro anorthositique dans le texte original) et d’anorthosite, mais également du gabbro à olivine et un niveau de dunite (Kish, 1965). Kish (1968) introduit ensuite de façon informelle le « massif intrusif du Lac Raudot » pour définir cette unité (voir le tableau ci-dessous). Currie et Murtaugh (1969) incluent plutôt ces roches dans une unité indifférenciée de roches plutoniques ultramafiques englobant de la dunite, de la péridotite, de la péridotite à grenat et de la troctolite. Cette unité de roches mafiques et ultramafiques est par la suite individualisée; le terme informel « massif intrusif lité du Lac Raudot » est ainsi utilisé par Murtaugh (1976). Le nom « intrusion litée de troctolite du Lac Raudot » apparaît pour la première fois dans les travaux de maîtrise de Panneton (1991). Cette intrusion est constituée d’un faciès de bordure à grain fin et de cinq unités cycliques distinctes (dunite basale, dunite, mélatroctolite, troctolite et troctolite à magnétite), qui sont intercalées entre des niveaux de leucotroctolite massive. Cette description est reprise dans les travaux de Francis et Lavoie (1994) et de Francis et al. (2000).

D’un autre côté, Danis (1992) divise la portion orientale de l’intrusion (partie est du feuillet 22O12 et coin SE du feuillet 22O13) en cinq unités lithologiques composées respectivement de gabbro anorthositique, d’anorthosite gabbroïque, d’anorthosite, de troctolite et de dunite. L’unité est officiellement nommée « Anorthosite du Lac Raudot » dans les travaux de compilation du Ministère (Nadeau et al., 1998a-c) et en partie subdivisée en cinq unités informelles sur la base des travaux de Kish (1965, 1968) et de Danis (1992) (voir le tableau ci-dessous). En conformité avec le Code stratigraphique nord-américain (NACSN, 1983, 1986, 2005, 2021), et pour refléter le fait que cette unité est essentiellement composée de roches mafiques (troctolite, gabbro, anorthosite) et d’une proportion mineure de roches ultramafiques (dunite, péridotite, mélatroctolite), le nom devient l’Intrusion mafique de Raudot dans le cadre de la rédaction de cette fiche stratigraphique. Ce nom permet d’inclure les descriptions des différents auteurs et de lever l’ambiguïté causée par des noms basés sur des lithologies. De plus, ce nom est compatible avec la présence de stratification, décrite par certains auteurs, et qui pourrait être locale. Ce nom fait référence au lac Raudot situé directement au sud de l’unité (partie nord du feuillet 22O12).

L’Intrusion mafique de Raudot est constituée d’anorthosite, d’anorthosite gabbroïque, de gabbo anorthositique, de troctolite et d’une proportion moindre de dunite. Ces lithologies sont associées à cinq unités informelles distinctes dans la partie orientale (Danis, 1992), tandis que seules les unités de troctolite et de dunite sont individualisées dans la portion occidentale de l’intrusion (Kish, 1968). Les types de roche dans les unités cycliques varient de la dunite à l’anorthosite; la leucotroctolite massive forme des intervalles épais entre les unités litées cycliques et domine dans la partie centrale de l’intrusion (Panneton, 1991; Francis et Lavoie, 1994; Francis et al., 2000). Selon Kish (1968), les parties méridionale et centrale de l’intrusion ne sont pas altérées, alors que les parties occidentale et septentrionale sont déformées, métamorphisées, et partiellement métasomatisées.

Intrusion mafique de Raudot non subdivisée (mPrau) : Anorthosite, gabbro anorthositique, troctolite, dunite, anorthosite gabbroïque

L’unité non subdivisée occupe la majeure partie de la superficie de la portion occidentale de l’Intrusion mafique de Raudot. Les roches les plus communes sont le gabbro anorthositique et l’anorthosite troctolitique (Kish, 1968). Les différents types de roche passent graduellement de l’un à l’autre et leur répartition est irrégulière. Les minéraux sont généralement frais et les roches sont massives. Elles renferment 20 à 30 % de minéraux ferromagnésiens habituellement représentés par l’olivine, et localement une proportion mineure de biotite et des traces de clinopyroxène. L’apatite est présente en proportion accessoire. Dans les zones plus altérées, on trouve des fractures remplies d’un minéral hydraté verdâtre à proximité desquelles l’olivine est altérée en iddingsite orange-brun et bowlingite verdâtre. Une biotite brun-rouge est concentrée autour des grains de magnétite, alors qu’une étroite bordure d’altération se présente entre l’olivine et le plagioclase. En surface altérée, l’olivine est foncée, brun rouille ou rarement vert olive.

L’anorthosite typique est relativement rare (Kish, 1968; Francis et al., 2000). Elle est gris bleuâtre foncé et contient des lattes brillantes de plagioclase mesurant habituellement jusqu’à 2,5 cm de longueur, mais plus grandes par endroits. Le plagioclase est localement granulé et la partie centrale bleuâtre des cristaux est entourée de matériel verdâtre ou rosâtre. L’olivine est le principal minéral ferromagnésien et la magnétite est présente en proportion accessoire. Près de la partie septentrionale de l’intrusion, qui est métamorphisée, le plagioclase est déformé et fracturé (Kish, 1968). En lame mince, de la séricite est présente le long des fractures, une proportion mineure de scapolite est observée et l’olivine est chargée de poussières opaques. Certains échantillons renferment de la biotite et de la calcite en proportions accessoires.

D’abondantes couches de roche massive à magnétite avec ou sans olivine sont observées dans la partie sud de l’intrusion, à des distances allant jusqu’à 2 km au nord du contact avec le Complexe métamorphique de Manicouagan (Kish, 1968). La roche est composée de ~65 % d’olivine, 25 à 30 % de minéraux opaques, d’une proportion mineure de spinelle vert, de ≤10 % de plagioclase et de proportions variables de produits d’altération. L’olivine se présente en grains subarrondis de 1 à 5 mm de diamètre et est entourée d’une matrice d’oxydes de fer. La taille des cristaux augmente en s’éloignant du contact. Des couches de magnétite massive sans olivine, dont l’épaisseur est variable (≤1,8 m), sont observées le long de la bordure sud de l’intrusion. Dans les échantillons polis, des aiguilles d’ilménite sont observées dans la matrice de magnétite. L’analyse d’un échantillon a révélé 50,3 % de fer et 6,4 % de titane. Prélevé en affleurement, le minerai opaque se casse le long de microdiaclases.

Avec l’augmentation du pourcentage de plagioclase, la roche passe graduellement à un gabbro à magnétite (Kish, 1968). Ce dernier se compose de 40 à 50 % de plagioclase, 20 à 35 % de magnétite ainsi que de proportions variables de pyroxène (≤8 %), d’olivine, de biotite et de produits d’altération. En lame mince, le plagioclase a une légère teinte brunâtre. Il est séparé des minéraux opaques et des grains de spinelle par une étroite bordure d’altération vert pâle, probablement une amphibole. Des bordures incomplètes de biotite rouge à l’éclat brillant peuvent être observées autour de certains grains opaques. L’orthopyroxène s’observe en agrégats finement grenus et en quelques grains bien développés; le centre des plus gros grains est chargé de poussières opaques. Par endroits, le clinopyroxène est partiellement altéré en amphibole et biotite vert clair.

La composition minéralogique en lame mince des roches non altérées étudiées par Kish (1968) peut être résumée en quelques phrases. Les cristaux de plagioclase sont clairs, communément de teinte brunâtre et bien maclés. Leur composition varie généralement de An₆₆ à An₅₉ et localement jusqu’à An₅₆ en présence de rares pyroxènes (hypersthène incolore et diopside). L’olivine est fraiche, sauf dans la roche à magnétite et olivine, où un début de serpentinisation peut être observé. Sa composition varie de Fa₂₄ à Fa₃₇. Une étroite bordure de réaction de 0,1 à 0,2 mm d’épaisseur est présente entre le plagioclase et l’olivine. Selon Francis et al. (2000), la séquence de cristallisation de l’Intrusion mafique de Raudot est la suivante : olivine, plagioclase, magnétite et clinopyroxène. L’orthopyroxène n’est pas d’origine primaire.

Intrusion mafique de Raudot 1 (mPrau1) : Dunite

De nombreuses couches de dunite de ≤50 m de largeur sont répertoriées dans la partie méridionale litée de l’Intrusion mafique de Raudot (Kish, 1968). La roche est essentiellement fraiche, hormis une patine d’altération de 5 mm d’épaisseur brun rouille. La dunite se compose typiquement de 88 % d’olivine, de 7 % de plagioclase, de 5 % de matériel constituant les bordures ainsi que de traces de minéraux opaques et de spinelle. En lame mince, l’olivine forme une mosaïque équigranulaire (1 mm), dont les interstices sont remplis de plagioclase présentant des bordures de réaction. Une masse de dunite de plus grande dimension a également été cartographiée dans la portion orientale de l’intrusion, mais celle-ci n’a pas été décrite (Danis, 1992; Nadeau et al., 1998b).

Intrusion mafique de Raudot 2 (mPrau2) : Troctolite

De la troctolite se trouve soit en lits dans la partie sud de l’intrusion, soit en plages irrégulières à l’intérieur de cette dernière (Kish, 1968; Danis, 1992). Bien que la roche soit en général massive, les lattes de plagioclase montrent par endroits une orientation préférentielle, soulignant ainsi une foliation primaire (Kish, 1968). Les minéraux ferromagnésiens sont l’olivine, et localement le pyroxène (3 à 5 %). En lame mince, les minéraux sont clairs, à l’exception du pyroxène qui est parsemé de micro-inclusions. Le plagioclase a une faible teinte brunâtre. Une fine bordure constituée de deux phases sépare l’olivine du plagioclase. Une phase incolore (probablement du pyroxène) se trouve au contact de l’olivine et une phase gris moyen au contact du plagioclase. Des bordures de réaction s’observent aussi au contact du plagioclase et des minéraux opaques, mais pas entre les minéraux opaques et l’olivine.

Intrusion mafique de Raudot 3 (mPrau3) : Anorthosite

Dans la partie orientale de l’Intrusion mafique de Raudot (partie est des feuillets 22O12 et 22O13), l’anorthosite est individualisée (Danis, 1992; Nadeau et al., 1998b-c).

Intrusion mafique de Raudot 4 (mPrau4) : Gabbro anorthositique

Dans la partie orientale de l’Intrusion mafique de Raudot (partie est des feuillets 22O12 et 22O13), le gabbro anorthositique est individualisé (Danis, 1992; Nadeau et al., 1998b-c).

Intrusion mafique de Raudot 5 (mPrau5) : Anorthosite gabbroïque

Dans la partie orientale de l’Intrusion mafique de Raudot (partie est des feuillets 22O12 et 22O13), l’anorthosite gabbroïque est individualisée (Danis, 1992; Nadeau et al., 1998b-c).