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Suite d’Illuinaqtuut
Étiquette stratigraphique : [ppro]iqt
Symbole cartographique : pPiqt
 

Première publication : 14 juin 2019
Dernière modification : 15 novembre 2023

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
pPiqt3 Norite à clinopyroxène à grain moyen, massive, à cumulat d’olivine
pPiqt2 Hornblendite à grain grossier, gabbro à grain très grossier
pPiqt1 Pyroxénite et péridotite à grain grossier, dunite
pPiqt1d Roche ultramafique altérée
pPiqt1c Dunite
pPiqt1b Pyroxénite à grain grossier
pPiqt1a Péridotite à grain grossier
 
Auteur(s) :
Mathieu et Beaudette, 2019
Âge :
Paléoprotérozoïque
Stratotype :
Aucun
Région type :
À l’ouest du lac Watts (feuillet SNRC 35G16)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Orogène de l’Ungava / Domaine Nord
Lithologie : Intrusion ultramafique
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Lithodème
Statut : Formel
Usage : Actif

 

 

Historique

Le Pluton d’Illuinaqtuut a été introduit par Mathieu et Beaudette (2019) pour nommer une intrusion ultramafique, dominée par une pyroxénite grise et homogène de dimension plurikilométrique, auparavant affectée au Groupe de Watts par St-Onge et Lucas (1989). Le caractère tardicinématique de la suite a été considéré par Mathieu et Beaudette (2019) pour retirer l’unité du Groupe de Watts. À la suite des travaux de cartographie de l’été 2021, ce pluton a été élevé au rang de suite pour respecter la conformité avec le Code stratigraphique nord-américain (Mathieu et al., 2022).

Description

La Suite d’Illuinaqtuut est un laccolite magnésien polyphasé et lité (Mathieu et al., 2023). La majeure partie de l’unité est ultramafique avec une phase principale de pyroxénite grise, massive et homogène (pPiqt1b). Elle comprend également une péridotite (pPiqt1a) et une dunite (pPiqt1c). Les trois phases affleurent par endroits sur le même affleurement. Elles montrent les relations cogénétiques classiques des intrusions ultramafiques litées (contacts très francs, litage primaire désorganisé, recoupement simultané) caractéristiques d’un agencement de chambre magmatique partiellement préservé.

Une phase particulière (pPiqt2) composée de gabbro très grossier et de hornblendite forme un liseré en bordure des intrusions principales. Elle est interprétée comme une phase de bordure ou une phase précoce.

Une autre phase secondaire (pPiqt3) est composée de norite à cumulat d’olivine. Sa signature géochimique en REE et multiélémentaire est semblable à celle de l’unité pPiqt2.

Suite d’Illuinaqtuut 1 (pPiqt1) : Pyroxénite et péridotite à grain grossier, dunite

Cette unité est définie par quatre sous-unités : pPiqt1a à pPiqt1d.

Suite d’Illuinaqtuut 1a (pPiqt1a) : Péridotite à grain grossier

La péridotite est une lherzolite. Elle arbore une patine grise à rouge brunâtre et une cassure fraiche gris très foncé. Elle est caractérisée par une susceptibilité magnétique élevée. Le litage magmatique est défini par une alternance de bandes centimétriques cumulatives à patine grise composées de cristaux de pyroxène dans une matrice d’olivine et de bandes rougeâtres à olivine contenant une proportion moindre de pyroxène. Cette sous-unité affleure aussi sous la forme d’une lherzolite homogène dans laquelle des cristaux centimétriques d’orthopyroxène et de clinopyroxène isolés (20 à 40 %) flottent dans une matrice d’olivine. L’olivine représente 40 à 85 % du mode. L’orthopyroxène constitue 20 à 40 % des pyroxènes et est donc minoritaire par rapport au clinopyroxène. Les phases magnésiennes sont altérées en serpentine et en talc dans des proportions variables. Le clinopyroxène est ouralitisé en trémolite.

 

Suite d’Illuinaqtuut 1b (pPiqt1b) : Pyroxénite à grain grossier

La pyoxénite à grain grossier est la phase principale de l’intrusion. Elle est constituée de pyroxénite très homogène, massive, à cristaux jointifs moyens à grossiers de pyroxène. La patine d’altération est gris foncé et la cassure fraiche exhibe un gris moyen à foncé. Très localement, les pyroxènes ne sont plus jointifs et flottent dans une matrice d’olivine. Cette unité est caractérisée par une susceptibilité magnétique élevée. St-Onge et Lucas (1992) ont décrit cette unité comme suit : « Les pyroxénites sont massives et composées essentiellement de pyroxènes primaires et grossiers. De la hornblende est observée dans les plus petits corps lithologiques. D’après les relations de recoupement, il semble que les pyroxénites soient intrusives à l’intérieur des unités de gabbro lité se trouvant au pourtour ».

Sous le microscope, la pyroxénite est composée de clinopyroxène grossier (60 à 70 %), d’orthopyroxène grossier (10 à 30 %), jusqu’à 15 % de reliques d’olivine à couronne de serpentine-carbonate-magnétite et jusqu’à 5 % de magnétite automorphe. L’ouralitisation est couramment observée, de fines baguettes de trémolite (au sud) ou de hornblende (au nord) se développant en bordure des cristaux de clinopyroxène et au détriment de ces derniers. Des lamelles de minéraux opaques croissent dans le clivage des pyroxènes.

 

Suite d’Illuinaqtuut 1c (pPiqt1c) : Dunite

La dunite arbore une teinte chamois caractéristique et une cassure fraiche gris très sombre à éclat vert. Le litage primaire est défini par de minces lits discontinus de chromite automorphe. Localement, une minéralisation podiforme en chromite est observée.

Au microscope, l’olivine est remplacée à degrés divers par un maillage de serpentine et en moindre mesure par des rosettes de talc. La chromite est entourée d’une couronne de magnétite, le tout respectant un habitus automorphe de spinelle. Les sulfures sont couramment observés en trace et sont composés de pyrrhotite et de chalcopyrite automorphes.

 

Suite d’Illuinaqtuut 1d (pPiqt1d) : Roche ultramafique altérée

Cette subdivision regroupe plusieurs faciès d’altération distincts. Le premier concerne une serpentinisation intense des roches ultramafiques. Les reliques de cristaux d’olivine sont entourées d’une couronne de magnétite. Les échantillons sont composés, dans l’ordre d’importance, de serpentine (75 à 95 %), de talc, de carbonate brun et d‘oxyde brun non identifié. Deux générations de serpentine sont observées. La première est composée de fibres d’antigorite définissant la foliation, la seconde de fibres non orientées de chrysotile. L’existence de la génération déformée est compatible avec une altération hydrothermale antécinématique qui peut intervenir dès la mise en place des roches ultramafiques.
Le second faciès correspond à une carbonatation et à une silicification qui semble postérieure à la mise en place. Ce type d’altération est confinée dans la bordure des intrusions de la Suite d’Illuinaqtuut ainsi que dans des zones de déformation. Les phases minérales secondaires sont constituées de carbonate brun (5 à 80 %) à inclusion et bordure d’oxyde de fer et magnésium, de quartz granoblastique en lentilles et en amas (trace à 25 %), d’amas aciculaires de talc (5 à 35 %), de feuillets de fuchsite (trace à 3 %), de feuillets sombres de chlorite, de chromite et de trace de sulfures automorphes. Des veines et des veinules de quartz sont fréquemment observées sur de tels affleurements.

Des veines et des veinules de chrysotile en lamelles radiales strient la majorité des affleurements de la Suite d’Illuinaqtuut.

 

Suite d’Illuinaqtuut 2 (pPiqt2) : Hornblendite à grain grossier, gabbro à grain très grossier

Cette unité affleure aux bordures sud et nord-est du pluton. Elle est constituée de mésogabbro hétérogranulaire (moyen à très grossier) passant latéralement à une hornblendite. Cette unité est peu déformée. La patine d’altération est blanche et verte pour le gabbro et noire pour la hornblendite. Les clinopyroxènes sont pœcilitiques et incluent des grains de quartz et de magnétite.
 

Suite d’Illuinaqtuut 3 (pPiqt3) : Norite à clinopyroxène à grain moyen, massive, à cumulat d’olivine

L’unité est constituée de norite ophitique à subophitique fortement à modérément magnétique. Sur l’affleurement, l’unité est décrite comme massive et mésocrate à mélanocrate. Sa patine offre une mosaïque de gris foncé et de beige clair. Sa cassure fraiche est noire. Localement, sa composition évolue vers une gabbronorite. Un niveau brunâtre de cumulat d’olivine à matrice de pyroxène a été observé. Ces variations de composition sont la preuve d’un litage magmatique d’amplitude décamétrique. 
 
La norite est constituée de 70 à 80 % de pyroxènes, presque exclusivement de l’orthopyroxène, et entre 20 et 30 % de plagioclase. Au microscope, l’orthopyroxène se développe en intercroissance avec une orthoamphibole. Des traces de hornblende et d’apatite primaires sont observées. De l’actinote se développe au détriment des phases ferromagnésiennes. Les plagioclases sont partiellement remplacés par un assemblage de zoïsite et de pistachite. La magnétite, et la pyrrhotite en moindre mesure constituent les phases opaques. Le pyroxène remplacé par l’amphibole exhibe un oxyde en exsolution dans le clivage.
 
Le niveau de cumulat est composé de 60 % de cristaux subautomorphes à automorphes d’olivine totalement serpentinisée dans de larges cristaux d’orthopyroxène pœcilitiques remplacés par de l’amphibole. Du clinopyroxène (5 %) est également observé. L’actinote-trémolite secondaire est rapportée. La faible déformation est soulignée par la très légère rotation de cette dernière phase minérale, impliquant une mise en place et un métamorphisme tardicinématiques.

Épaisseur et distribution

La Suite d’Illuinaqtuut affleure à l’ouest du lac Watts et autour du lac Serpentine. La masse principale, dans le feuillet 35G16, en forme de crochet s’étend sur >15 km de longueur et sur une largeur variant de 600 m à 5 km. Plus à l’ouest (feuillet 35G15), la Suite d’Illuinaqtuut forme de petits hauts topographiques de dimension réduite. La suite se reconnait aisément sur les cartes aéromagnétiques (Intissar et al., 2014) par sa très forte susceptibilité magnétique, comparativement aux gabbros et aux basaltes du Groupe de Watts encaissants (carte interactive). Plus spécifiquement, la suite renferme des crêtes de haute susceptibilité, de forme irrégulière et allongée, généralement subparallèles aux contacts avec les unités environnantes. La suite est également délimitée de façon grossière par une zone de faibles valeurs en thorium et potassium sur les levés radiométriques (carte interactive). L’unité pPiqt3 affleure à l’ouest du lac Spartan et couvre une superficie de ~1,75 km2

Datation

Aucune.

Relation(s) stratigraphique(s)

La Suite d’Illuinaqtuut est intrusive dans les gabbros du Groupe de Watts. En effet, on note sur l’affleurement 2018-GM-5048 que la pyroxénite à grain grossier de l’unité pPiqt1b coupe l’anorthosite fortement déformée de l’unité pPwa3i, qui se retrouve également en enclaves anguleuses déformées dans la première. Elle coupe les roches volcaniques du Groupe de Watts et les roches intrusives de la Suite de Vanasse (Mathieu et al., 2023). La Suite d’Illuinaqtuut poinçonne également la Faille d’Ombillic qui matérialise le chevauchement des roches volcaniques du Groupe de Parent sur les roches sédimentaires du Groupe de Spartan (Mathieu et al., 2023). La Suite d’Illuinaqtuut coupe également la Suite de Vanasse.

 

La Suite de Niqituraaqiaruk recoupe les roches ultramafiques de la Suite d’Illuinaqtuut. Cette observation a été faite à l’ouest du lac Serpentine (Mathieu et al., 2023).

 
 

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans Sigéom Examine

INTISSAR, R., BENAHMED, S., D’AMOURS, I., 2014. LEVE MAGNETIQUE ET SPECTROMETRIQUE AEROPORTE DE LA PARTIE NORD DE L’OROGENE DE L’UNGAVA, PROVINCE DE CHURCHILL. MRN; DP 2014-03, 10 pages, 410 plans.

LAMOTHE, D., 2007. LEXIQUE STRATIGRAPHIQUE DE L’OROGENE DE L’UNGAVA. MRNF; DV 2007-03, 66 pages, 1 plan.

MATHIEU, G., BEAUDETTE, M., 2019. Géologie de la région du lac Watts, Domaine Nord, Fosse de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MERN; BG 2019-04, 1 plan.

MATHIEU, G., VANIER, M.-A., DEBRUYNE, T., 2022. Géologie de la région du lac Spartan, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MERN; BG 2022-06, 1 plan.

MATHIEU, G., VANIER, M.-A., DEBRUYNE, T., 2023. Géologie de la région du lac Serpentine, Domaine Nord, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada; MRNF; BG 2023-04, 1 plan.

Autres publications

 

 

ST-ONGE, M.R., LUCAS, S.B., 1989a. Géologie, Lac Watts, Québec. Commission géologique du Canada; Carte série « A ». 1721A. doi.org/10.4095/127673

ST-ONGE, M.R., LUCAS, S.B., 1992. New insight on the crustal structure and tectonic history of the Ungava Orogen, Kovik Bay and Cap Wolstenholme, Quebec. Geological Survey of Canada; Paper 92-1C, p 31-41. doi.org/10.1139/e92-064

TAYLOR, F.C., 1982. Reconnaissance geology of a part of the Canadian Shield, northern Quebec and Northwest Territories. Geological Survey of Canada; Memoir 399, 32 pages, 7 sheets. doi.org/10.4095/109241

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Suite d’Illuinaqtuut. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-churchill/pluton-illuinaqtuut [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Guillaume Mathieu, ing., M. Sc. guillaume.mathieu@mrnf.gouv.qc.ca; Mélanie Beaudette, géo., B. Sc. (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); James Moorhead, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Céline Dupuis, géo., Ph. D. (version anglaise); Ricardo Escobar Moran (montage HTML). 

Révision(s)

Guillaume Mathieu, ing., M. Sc.; Thomas Debruyne, géo. stag., B. Sc. (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Yannick Daoudene, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique).

 
14 juin 2019