La mention d’un stock granitique polyphasé dans le centre du feuillet 35G15 apparait dans un document de résumé de séminaire (Feininger, in MER, 1986). Dans cette région, l’existence d’une colline dénudée (Alaskite Hill) composée d’une monzonite quartzifère porphyroïde et d’une alaskite plus jeune y est rapportée. L’intrusion apparait sur la carte de synthèse de Lamothe (2007). Le nom de Pluton de Niqituraaqiaruk est introduit par Mathieu et al. (2022), en référence au relief éponyme pour désigner cette intrusion. Mathieu et al. (2023) réévaluent le rang de l’unité à celui de suite après les travaux de cartographie de l’été 2022, qui confirment l’étendue régionale de l’unité sous la forme d’intrusions éparpillées et intègrent le Pluton de Tiriranniatuuq comme unité affiliée à la suite.

L’unité est constituée d’une monzodiorite quartzifère porphyroïde (pPnqk1) et d’un granite à feldspath alcalin (pPnqk2) qui coupe cette dernière.

Suite de Niqituraaqiaruk 1 (pPnqk1) : Monzodiorite quartzifère porphyroïde, proportion mineure de granodiorite porphyroïde et de gabbro alcalin

La monzodiorite quartzifère (monzonite de Feininger, in MER, 1986) arbore une patine gris clair parsemée de rose. La teinte est également gris clair en cassure fraiche. La monzodiorite quartzifère passe localement à une granodiorite avec une augmentation de la proportion modale de quartz. La roche est massive à faiblement foliée. Le microcline rosé forme des phénocristaux centimétriques automorphes à subautomorphes. Feininger (in MER, 1986) décrit la sous-unité comme une monzonite quartzifère à matrice poivre et sel moyennement grenue composée d’oligoclase, de quartz, de microcline, d’édenite (hornblende), de biotite et de phénocristaux de microcline perthitique. Il observe les phases accessoires suivantes : épidote automorphe, apatite, sphène et clinopyroxène (Fe-diopside).

La proportion modale de quartz est de ~10 %. Le quartz est interstitiel, mais aussi observé en grains isolés dans la phase granodioritique. Les phénocristaux de microcline représentent 2 à 10 % du mode. L’axe long des cristaux de microcline mesure entre 10 et 15 mm, atteignant 30 mm par endroits. La hornblende et le clinopyroxène automorphes représentent 2 à 40 % du mode. Les observations microscopiques révèlent que le plagioclase et les phénocristaux de microcline sont subautomorphes avec une extinction légèrement ondulante. Le quartz est interstitiel et xénomorphe; il se trouve également sous forme de perthite dans le microcline. Le clinopyroxène est ouralitisé avec une couronne d’épidote et de sphène prismatiques. Les phases accessoires sont le sphène, l’épidote, la chlorite, l’orthose, l’apatite et le zircon.

Une augmentation graduelle de la proportion des prismes de clinopyroxène a été constatée par Feininger (in MER, 1986), du SW vers le NE. Des amas diffus sont même observés à l’affleurement 2021-GM-3095. Feininger (in MER, 1986) met en évidence une anomalie gravimétrique positive à l’est de la colline, qu’il corrèle avec l’existence d’une phase mafique associée au granite, ce qui implique que la Suite de Niqituraaqiaruk soit litée et que seule la phase felsique est affleurante. Au cours des travaux de cartographie de Mathieu et al. (2022) dans la région, cette répartition du clinopyroxène et de la hornblende a bien été confirmée, mais dans la monzodiorite quartzifère et non dans la phase granitique. Des amas de pyroxénite en contact diffus ont aussi été observés à l’est de la colline Niqituraaqiaruk et à l’ouest du lac Serpentine. Il s’agit aussi bien de concentrations d’origine magmatique de minéraux ferromagnésiens que d’enclaves de roches ultramafiques. Les concentrations de pyroxènes forment localement des cumulats discontinus et d’épaisseur centimétrique. Il est intéressant de noter que la répartition du microcline porphyroïde suit une tendance inverse avec une diminution des gros cristaux du SW vers le NE.

Suite de Niqituraaqiaruk 2 (pPnqk2) : Granite à feldspath alcalin, à grain grossier, massif

Cette unité informelle correspond à l’alaskite décrite par Feininger (in MER, 1986). Elle affleure au sommet de la colline éponyme et prend la forme de dykes décimétriques sur les affleurements environnants. La roche est massive et grossièrement grenue. Elle est caractérisée par une patine et cassure fraiche rosées. Cette phase coupe l’unité informelle pPnqk1. Le granite à feldspath alcalin est composé de 30 à 40 % de microcline, de 27 à 36 % d’albite, de 30 % de quartz et de 3 à 4 % de clinopyroxène. Au microscope, le clinopyroxène est corrodé et entouré d’une couronne d’épidote et de sphène automorphe.