Domaine structural de Michaux
Étiquette structurale : DSmch
 
 
 
Première publication :  
Dernière modification :
Auteur(s) Bandyayera et Caron-Côté, 2022
Méthodologie Défini à partir d’un levé géologique
Subdivision(s) géologique(s) Province du Supérieur / Sous-province d’Opatica
Mouvement principal Ne s’applique pas
Style de déformation Dômes et bassins
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) Amphibolites

Historique et méthodologie

Le Domaine structural de Michaux (DSmch) a été établi dans le cadre du projet de cartographie géologique de la région du lac de la Marée par Bandyayera et Caron-Côté (2022). En plus des données cartographiques, les résultats du levé aéromagnétique régional du Ministère (D’Amours, 2011) ont été utilisés pour définir les limites et l’étendue du domaine structural.

L’élément éponyme du domaine, le lac Michaux, est localisé dans le coin SW du feuillet SNRC 32P13.

Limites et morphologie

Largeur (km) 30
Longueur (km) 35
Orientation Faible allongement E-W 

 

 

Le Domaine structural de Michaux fait partie de la Sous-province d’Opatica. Il chevauche les limites des feuillets 32O16, 32O09, 32P12 et 32P13. De forme ovoïde, il présente un léger allongement E-W. Sa longueur moyenne est de 35 km et sa largeur est de 30 km. 

Le Domaine structural de Michaux est délimité au nord par la Zone de cisaillement de Poste Albanel, qui marque le contact entre les sous-provinces d’Opatica et de La Grande (Domaine structural de La Sicotière). Vers le SW, le DSmch est en contact avec le Domaine structural de Cawachagamite (DScwg). Bien qu’aucun travail récent de cartographie n’ait été réalisé dans les feuillets 32P12 et 32P13, sa limite orientale a pu être définie à l’aide des données du levé aéromagnétique régional.
 

 

 

Unités stratigraphiques concernées

Les unités lithodémiques et stratigraphiques qui composent le Domaine structural de Michaux sont :

Caractéristiques structurales

 

❯ Fabriques principales

Sn = S2

 

Les unités affectées par la fabrique principale Sn appartiennent au Complexe de Théodat (Athe1 et Athe2), au Groupe du Lac des Montagnes (nAmo1), à la Formation de Voirdye (nAvrd2b) et à la Suite mafique-ultramafique de Nasacauso (nAnas). La fabrique Sn s’exprime généralement par une foliation tectonométamorphique plus ou moins bien développée et, plus localement, par une gneissosité.

Dans les gneiss du Complexe de Théodat (Athe1), la gneissosité est matérialisée par l’alternance de rubans centimétriques montrant des variations de composition. On observe généralement des rubans millimétriques riches en biotite alternant avec des rubans centimétriques riches en minéraux clairs (quartz et plagioclase). Des injections felsiques centimétriques à décimétriques concordantes à la fabrique principale soulignent communément l’aspect gneissique de la roche. À l’échelle de l’échantillon, la fabrique Sn est définie par l’orientation préférentielle des feuillets de biotite ainsi que par des rubans millimétriques quartzo-feldspathiques.
Au sein des granodiorites du Complexe de Théodat (Athe2), l’intensité de la foliation varie de faible à forte. Celle-ci est matérialisée par l’orientation préférentielle des feuillets de biotite et l’étirement des minéraux clairs (quartz et plagioclase).

Dans les amphibolites du Groupe du Lac des Montagnes (nAmo1), la foliation Sn est définie par l’alternance de rubans millimétriques montrant des proportions variables de plagioclase et de hornblende. À l’échelle de l’échantillon, cette fabrique est soulignée par l’orientation préférentielle des cristaux aciculaires de hornblende.

Au sein des arénites arkosiques de la Formation de Voirdye (nAvrd2b), la foliation est mise en évidence par des laminations millimétriques de composition quartzo-feldspathique et par l’orientation préférentielle des petits feuillets de biotite.

Les intrusions de péridotite de la Suite mafique-ultramafique de Nasacauso montrent également une foliation bien développée. Cette dernière est matérialisée par des rubans plus ou moins continus riches en amphiboles d’épaisseur millimétrique.
 

Fabrique principale Type de fabrique Direction (°) Pendage (°) Nombre de mesures Commentaires
Foliation Sn Gneissosité, foliation minérale secondaire tectonométamorphique 068 35 98 Mesures structurales provenant des feuillets 32O09 et 32O16 (Bandyayera et Caron-Côté, 2022)
Linéation Ln Linéation d’étirement 162 25 18

La projection stéréographique des pôles de 98 mesures collectées dans le Domaine structural de Michaux montre que la foliation Sn présente de grandes variations d’orientation qui peuvent témoigner d’une complexité structurale et d’un plissement polyphasé. La majorité des pôles de la foliation se trouve dans le cadrant NW de la projection, ce qui indique que les foliations sont principalement pentées vers le sud, le sud-est et l’est. Les pôles de la foliation se distribuent sur un grand cercle, suggérant que la fabrique Sn est plissée à l’échelle du domaine.

En carte, les linéaments magnétiques sont parallèles à la fabrique Sn et montrent des évidences de plis Pn serrés à isoclinaux. Dans les flancs de ces plis, une fabrique Sn-1 est fort probablement confondue et parallélisée à la fabrique Sn de plan axial. 

La linéation minérale et d’étirement Ln est portée par la foliation Sn et s’exprime par l’alignement préférentiel des minéraux ferromagnésiens. Les rares linéations mesurées montrent des plongements faibles à modérés variant de SW à SE, avec une orientation moyenne de 162°/025°.
 

❯ Autres fabriques

Sn-1
Il est possible que la gneissosité des roches mésoarchéennes du Complexe de Théodat (Athe1) (2843 Ma ±7 Ma; Davis, 2023), désignée plus haut comme correspondant à Sn, représente plutôt une fabrique ancienne Sn-1. Cette fabrique ancienne pourrait donc être confondue avec Sn dans les roches gneissiques. La fabrique Sn-1 serait peut-être associée à un évènement métamorphique daté à 2780 Ma (Davis, 2023), dans un gneiss de l’unité Athe1 (échantillon 2021-EC-2019A) du Domaine structural de Goulde.

Sn+1
Les trajectoires de foliation Sn et les linéaments magnétiques dessinent des plis Pn+1 ouverts à fermés orientés E-W, indiquant l’existence d’une phase de déformation postérieure à Dn. Ces plis pourraient être accompagnés d’une foliation ou d’une schistosité de plan axial Sn+1 qui pourrait être confondue avec Sn dans les flancs de ces plis. Cependant, cette fabrique n’a pas été observée sur le terrain. Un examen détaillé des charnières de plis Pn+1 serait nécessaire pour mettre en évidence cette fabrique planaire tardive.

❯ Plis

Durant leurs travaux, Bandyayera et Caron-Côté (2022) ont observé des plis Pn serrés, de longueur d’onde métrique et d’orientation variable avec des traces axiales généralement parallèles aux linéaments magnétiques. Dans les flancs de ces plis, la fabrique Sn-1 est fort probablement transposée dans la fabrique Sn de plan axial. Les traces axiales des plis Pn, les linéaments magnétiques et les trajectoires de foliation indiquent aussi la présence de plis Pn+1 ouverts à fermés d’orientation E-W.

❯ Relations de recoupement

Le Domaine structural de Michaux est coupé par trois failles ou zones de cisaillement importantes.
La première zone de cisaillement est associée à la présence d’un lambeau de roches volcano-sédimentaires. Elle est observée aux affleurements 2022-EC-2073 et 2022-CG-4156. Cette structure est localisée au contact entre des unités d’amphibolite du Groupe du Lac des Montagnes (nAmo1) et d’arénite arkosique de la Formation de Voirdye (nAvrd2b), en plus d’affecter des roches intrusives granitiques de la Suite de Senay (nAsny). Son orientation est NE-SW avec un pendage faible (30°) vers le SE. La linéation d’étirement orientée vers le SE et les indicateurs cinématiques (structures C-S et « shear bands ») semblent indiquer un chevauchement du SE vers le NW. Les roches semblent aussi avoir subi une mylonitisation. Dans les arénites du Voirdye et les roches intrusives du Senay, ce phénomène se manifeste par la présence de porphyroclastes de feldspath millimétriques (0,5 à 1 cm) baignant dans une matrice foliée à grain fin et riche en matériel quartzofeldspathique et en biotite. On trouve également des schistes à chlorite vraisemblablement dérivés de l’intense déformation des amphibolites du Groupe du Lac des Montagnes. Ce schiste est composé principalement de chlorite, de quartz finement recristallisé et de porphyroclastes millimétriques de plagioclase fortement séricitisé. Dans toutes ces roches, le quartz montre une recristallisation dynamique dominée par le bourgeonnement (« bulging »). Ce type de recristallisation du quartz et la présence de chlorite, d’épidote et d’actinote suggèrent que ces roches ont subi un métamorphisme rétrograde au faciès des schistes verts. Le mouvement le long de cette zone de cisaillement serait donc tardif et de basse température. 

Une faille NW-SE dextre a été cartographiée à partir de sa signature magnétique et des observations de terrain. Sur l’affleurement 2022-CG-4052, on observe un mouvement apparent en décrochement dextre. L’orientation de cette faille est subparallèle à l’orientation des dykes de Mistassini et sa signature magnétique s’apparente aux fractures cassantes d’étendue régionale.

Une autre faille E-W a été cartographiée dans la partie sud du feuillet 32O16 par Bandyayera et Caron-Côté (2022) à partir de la carte aéromagnétique (D’Amours, 2011). Cette faille correspond à un creux magnétique.

❯ Cinématique

Ne s’applique pas.

Style de la déformation

Les observations de terrain ainsi que l’examen des linéaments magnétiques et des trajectoires de foliation ont permis à Bandyayera et Caron-Côté (2022) de tracer une série de plis Pn repris par des plis Pn+1. Le domaine montre ainsi une histoire de déformation multiphasée.

Les roches du domaine ont généralement subi une déformation d’intensité modérée. Elles montrent une foliation ou une gneissosité très évidente. Les linéations d’étirement sont faiblement à modérément développées. 

L’intensité de déformation est très forte localement, particulièrement au sein des roches mylonitisées associées à une zone de cisaillement coupant un lambeau de roches volcano-sédimentaires. Cette zone de cisaillement a été mise en évidence par Bandyayera et Caron-Côté (2022) sur les affleurements de géofiche 2022-EC-2073 et 2022-CG-4156. Toutefois, son tracé et son rôle dans l’évolution tectonique du secteur restent à préciser.  

Caractéristiques métamorphiques

Étant principalement composé d’unités granitoïdes, le Domaine structural de Michaux contient peu de roches contenant des minéraux diagnostiques d’un grade métamorphique particulier. Pour les roches du Groupe du Lac des Montagnes, les amphibolites sont essentiellement composées de hornblende et plagioclase, indiquant un métamorphisme au faciès moyen des amphibolites. De même, la présence de roches gneissiques du Complexe de Théodat et l’absence d’orthopyroxène indiquent que le grade métamorphique aurait minimalement atteint le faciès des amphibolites, mais pas celui des granulites.

Les observations microscopiques dans les roches intrusives felsiques ont permis à Bandyayera et Caron-Côté (2022) d’évaluer le grade métamorphique à l’aide des modes de recristallisation dynamique et des microstructures du matériel quartzo-feldspathique (Passchier et Trouw, 1996). Le quartz montre communément une microstructure lobée et localement amiboïdale, indiquant que la migration des bordures de grains (MBG) constitue le mode de recristallisation dynamique dominant. De plus, le quartz montre communément des extinctions en échiquier. Une recristallisation par la rotation de sous-grains (RSG) est présente localement. Ces microstructures suggèrent des conditions métamorphiques variant du faciès supérieur des amphibolites au faciès moyen des amphibolites localement (Bandyayera et Caron-Côté, 2022).

En lame mince, il est commun d’observer une chloritisation légère à forte de la biotite accompagnée d’une épidotisation plus ou moins intense, ce qui suggère que certaines roches du domaine ont enregistré un métamorphisme rétrograde au faciès des schistes verts.

Altérations

Non observées.

Caractéristiques géophysiques

Les caractéristiques géophysiques sont décrites à l’aide de la carte magnétique du gradient vertical (D’Amours, 2011). La densité du rubanement magnétique du Domaine structural de Michaux est modérée, de même que les contrastes entre les creux et les crêtes magnétiques. Les linéaments magnétiques sont communément courbes. Selon la nomenclature de Lavoie (2017), ces caractéristiques indiquent une structure magnétique lobée.

Repères chronologiques

À venir.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

BANDYAYERA, D., CARON-CÔTÉ, E., 2022. Géologie de la région du lac de la Marée, sous-provinces de l’Opatica et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2023-03, 1 plan.

D’AMOURS, I., 2011. Levé magnétique aéroporté de la partie sud-est de la Sous-province de Nemiscau et de la partie nord de la Sous-province d’Opinaca, Baie-James, Québec. MRNF; DP 2011-02, 8 pages, 92 plans.

 

DAVIS, D. W., 2023. Rapport sur les datations U-Pb de roches du Québec 2021-2022. UNIVERSITY OF TORONTO, MRNF; MB 2023-02, 201 pages.

Autres publications

 

LAVOIE, J., 2017. Sous-province d’Opatica : nouveau territoire pour l’exploration minérale. CONSOREM; projet 2016-01, 85 pages.

PASSCHIER, C.W., TROUW, A.J., 1996. Microtectonics. Springer-Verlag, 289 pages.

Citation suggérée

 

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Domaine structural de Michaux. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/domaine-structural-de-michaux [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Emmanuel Caron-Côté, géo., M. Sc. emmanuel.caron-cote@mrnf.gouv.qc.ca

Ghyslain Roy, géo. (coordination); Claude Dion, ing., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique). 

 
7 novembre 2023