Retty et Norman (1938) présentent une partie de l’intrusion (feuillet 32G04) comme étant du granite, de la syénite et des roches apparentées à la diorite sans toutefois leur attribuer un non formel. Sproule (1940) a observé les roches de ce pluton dans le sud du feuillet 32F01 qu’il décrit comme un ensemble de granite, de syénite, de diorite et de gabbro avec des petits corps de roches vertes et de petites intrusions tardives. Dans le coin NE du canton de Souart, Milner (1943) décrit une petite intrusion de granite à albite et oligoclase, de diorite quartzifère gneissique et de diorite qu’il nomme « Stock de Souart » (feuillets 32G04 et 32B13). Plus tard, Graham (1947) reproduit les différents contacts autour du lac Wetetnagami et identifie le pluton comme un ensemble de gneiss granodioritique à biotite, de granite à albite, de pegmatite et d’aplite couvrant près de 70 % du canton de Souart et de Moquin ainsi que la partie est du canton de Labrie (feuillet 32C16). Dans la carte géologique de Joly (1990), les roches intrusives situées aux SE font partie d’une grande masse allongée de composition tonalitique à granodioritique. Les travaux de Bandyayera et al. (2002) montrent que le pluton s’étend au sud de la Ceinture d’Urban-Barry sous forme d’importantes masses intrusives archéennes constituées de diorite, de tonalite et de granodiorite au SW de la région du lac Piquet (feuillet 32G04) et au NW de la région du lac Mesplet (feuillet 32B13) ainsi que de granodiorite au SE de la région de lac de Ligne (feuillet 32F01). Rhéaume et al. (2004) proposent de diviser le Pluton de Souart tel que défini par Bandyayera et al. (2002) en deux entités distinctes sur la base de leurs relations avec les failles de la Ceinture d’Urban-Barry (CUB) : le Pluton de Souart sensu stricto qui serait synvolcanique et antérieur à l’imbrication par les failles de la Ceinture d’Urban-Barry, et le Pluton de Corriveau qui serait tarditectonique.

Description

Le Pluton de Souart comprend des roches intrusives intermédiaires à mafiques (nAsou1), incluant une diorite à quartz (nAsou1c), une diorite (nAsou1b) et un gabbro (nAsou1a), une tonalite massive (nAsou2), une granodiorite à biotite (nAsou3) et un granite à biotite (nAsou4).

Pluton de Souart 1 (nAsou1) : roches intrusives intermédiaires à mafiques

L’unité nAsou1 comprend trois phases : un gabbro (nAsou1a), une diorite (nAsou1b) et une diorite quartzifère (nAsou1c). Une diorite pegmatitique est localement notée ainsi qu’un rubanement magmatique tangentiel au contact de l’intrusion, considéré comme primaire (Rhéaume et al., 2004).

Pluton de Souart 1a (nAsou1a) : gabbro

Le gabbro est vert foncé en cassure fraiche et gris foncé en surface altérée, de granulométrie moyenne et massive (Joly, 1990). La roche a une texture primaire équigranulaire, et la texture métamorphique est granoblastique à nématoblastique. La roche est composée de : hornblende verte (35 à 65 %), plagioclase (30 à 48 %), biotite (7 %), carbonate (<7 %), quartz (3 %), pyrite et magnétite (3 %). Un réseau de veinules de quartz-épidote est couramment observé et coupe le gabbro.

Pluton de Souart 1b (nAsou1b) : diorite

L’unité nASou1b est observée dans la zone de contact entre la Ceinture d’Urban-Barry et l’unité tonalitique nAsou2; cette dernière affleure à l’ouest de la rivière Macho (SW du feuillet 32G04) et au nord du lac Christin (NW du feuillet 32 B13). Elle est constituée de diorite gris pâle en surface altérée et gris moyen en cassure fraiche. La roche est fortement déformée et cisaillée, en plus de contenir des enclaves de granodiorite et d’amphibolite. La diorite se présente sous la forme d’une brèche d’intrusion ou d’un faciès massif sans aucune déformation. L’unité est coupée par des veines de quartz avec localement 2 à 6 % de sulfures (Bandyayera et al., 2002).

A l’ouest de la rivière Macho, l’unité nASou1b ne montre aucune déformation. Elle est formée d’un faciès plutôt massif, moyennement à grossièrement grenu, de couleur gris verdâtre en surface altérée et verdâtre en cassure fraiche, avec des textures subophitiques (Bandyayera et al., 2002)

Pluton de Souart 1c (nAsou1c) : diorite quartzifère

La diorite quartzifère est grise en cassure fraiche et gris verdâtre en surface altérée. Elle est constituée de hornblende verte (40 à 55 %), de plagioclase (30 à 40 %), de quartz (10 à 20 %), de peu d’amphibole et accessoirement de chlorite, d’épidote et de sphène. La roche présente une texture équigranulaire à granulométrie moyenne (Joly, 1990). 

Pluton de Souart 2 (nAsou2) : tonalite massive, par endroits foliée

D’après Joly (1990) et Bandyayera et al. (2002), la tonalite est moyennement à grossièrement grenue, mais plus finement grenue en bordure. Elle est porphyroïde par endroits, avec une patine d’altération blanchâtre et une cassure fraiche gris blanchâtre. Elle est fortement foliée, localement schisteuse et couramment hématitisée. Cette foliation s’atténue rapidement en se déplaçant vers le centre de l’intrusion. En lame mince, la roche est formée de feldspath potassique, de plagioclase hypidiomorphe (oligoclase à andésine), de quartz xénomorphe, de biotite, d’amphibole et, dans de moindres proportions d’épidote, de chlorite, de zircon et de grenat. L’hématitisation et l’épidotisation sont les altérations les plus courantes. Elle présente une texture ignée équigranulaire ainsi que des textures métamorphiques, granoblastique à lépidoblastique. 

Pluton de Souart 3 (nAsou3) : granodiorite à biotite

D’après Bandyayera et al. (2002; 2003a), la granodiorite à biotite est rose blanchâtre à rouge grisâtre en surface altérée et rose à gris blanchâtre en cassure fraîche. Elle contient 5 à 10 % d’enclaves de tonalite à biotite fortement foliée. Elle est moyennement grenue, massive à foliée, de composition homogène, habituellement fracturée, hématitisée et épidotisée. L’unité présente par endroits des dykes ou veines de granite ± pegmatite rose à magnétite et à sphène. En lame mince, la granodiorite est caractérisée par l’omniprésence de biotite (5 à 10 %) et d’épidote (3 à 15 %), en plus du plagioclase (30 à 40 %), du feldspath potassique (10 à 35 %) et du quartz (25 à 35 %). Le plagioclase se présente communément en cristaux hypidiomorphes maclés (type Carlsbad et albite), légèrement zonés, séricitisés et saussuritisés. Des excroissances myrmékitiques sont communes en bordure des cristaux de feldspath. Bandyayera et al. (2002) ont également évoqué, sans plus de précision, la présence de hornblende, mais il se pourrait qu’il s’agisse d’une malencontreuse erreur.

Pluton de Souart 4 (nAsou 4) : granite à biotite, pegmatite et aplite

L’unité nAsou4 est constituée de granite à biotite (Graham, 1947). La roche est composée essentiellement d’albite, avec des proportions moindres de quartz et de microcline. Les éléments constitutifs d’importance secondaire sont la biotite, la muscovite, l’épidote, la chlorite, la magnétite et l’apatite. Des enchevêtrements micrographiques de quartz et d’albite ainsi que des inclusions de quartz dans le microcline sont communs. Le quartz interstitiel est fracturé; l’albite et le microcline également, mais de manière moins importante.

La pegmatite et l’aplite ont une couleur blanchâtre et rosée en cassure fraîche et en surface altérée. Elles se composent essentiellement de quartz, de plagioclase (andésine), de feldspath alcalin, de biotite avec des quantités moindres d’épidote et de pyrite. Les cristaux de la pegmatite mesurent 2 cm en moyenne et ceux de l’aplite ont une granulométrie de <0,4 mm (Graham, 1947; Joly, 1990).