Dernière modification : 25 août 2023
Auteur(s) : |
Labbé et Grant, 1998
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Âge : |
Néoarchéen
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Stratotype : |
Aucun
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Région type : |
Région des lacs Village (feuillets SNRC 33B03 à 33B06)
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Province géologique : | |
Subdivision géologique : |
Sous-province de La Grande
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Lithologie : | Arénite, conglomérat et tuf |
Catégorie : |
Stratigraphique
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Rang : |
Formation
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Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
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Formation de Clarkie
Historique
La Ceinture de roches vertes de la Moyenne et de la Basse-Eastmain (CRVMBE) est cartographiée pour la première fois par le géologue A.P. Low en 1897, lors d’une expédition sur la rivière Eastmain. Par la suite, des travaux de cartographie de Eakins (1961), Hashimoto (1962), Eade (1966) et Eakins et al. (1968) ont permis de mieux définir la section est de la CRVMBE.
Labbé et Grant (1998) introduisent la Formation de Clarkie lors de leurs travaux dans la région du lac Natel, en référence au lac Clarkie. Cette unité est par la suite reconnue par Simard et Gosselin (1999) lors de leurs travaux dans la région du lac Lichteneger et par Moukhsil et Doucet (1999) dans le secteur des lacs Village. Ces derniers la divisent en deux unités informelles, soit nAck1 et nAck2. Lors d’une campagne de cartographie au 1/50 000 dans la région du lac Cadet, Côté-Roberge et Chartier-Montreuil (2022) redéfinissent les limites de l’unité dans les feuillets 33B03 et 33B06.
Description
La Formation de Clarkie, qui fait partie du Groupe d’Eastmain, est composée d’un ensemble de roches sédimentaires surmonté de roches volcanoclastiques (Moukhsil et al., 2003). Deux unités informelles y ont été définies : 1) arénite, wacke et conglomérat polygénique (nAck1); et 2) des tuf à lapillis et à blocs (nAck2). En général, la Formation de Clarkie est métamorphisée du faciès des schistes verts au faciès des amphibolites (Labbé et Grant, 1998).
La Formation de Clarkie prend la forme d’un synclinal régional; la base de la séquence est localisée vers sa bordure extérieure (Desbiens, 2016). De petites intrusions de composition dioritique, gabbroïque et ultramafique parcourent la formation.
Formation de Clarkie 1 (nAck1) : arénite, wacke et conglomérat polygénique
L’unité nAck1 est composée principalement de niveaux massifs d’arénite, d’arénite lithique, de wacke et de conglomérat polygénique (Labbé et Grant, 1998; Moukhsil et Doucet, 1999; Côté-Roberge et Chartier-Montreuil, 2022).
Les deux types d’arénite sont de couleur blanc grisâtre, très finement à moyennement grenus, homogènes et bien foliés (Labbé et Grant, 1998; Moukhsil et Doucet, 1999). Par endroits, notamment dans la partie NE de l’unité, ces roches sédimentaires s’apparentent davantage à des wackes de couleur grisâtre (Desbiens, 2016; Côté-Roberge et Chartier-Montreuil, 2022). La roche contient communément entre 3 et 10 % de biotite pour les des arénites et 15 à 20 % pour les wackes. La biotite peut se trouver sous forme de phénocristaux plurimillimétriques parallèles à la foliation (Côté-Roberge et Chartier-Montreuil, 2022). En progressant vers le centre de l’unité, on observe le développement de minéraux métamorphiques tels la sillimanite (3 à 20 %), la muscovite (2 à 10 %) et le grenat (1 à 5 %), témoignant d’une augmentation du degré de métamorphisme (Desbiens, 2016). Localement, la roche peut contenir jusqu’à 15 % de hornblende (Côté-Roberge et Chartier-Montreuil, 2022). Elle peut être silicifiée, principalement à proximité d’unités mafiques ou de formations de fer; dans ce cas, elle contient jusqu’à 3 % de pyrite-pyrrhotite (Desbiens, 2016).
Le conglomérat polygénique est intercalé entre les lits d’arénite ou de wacke. Sa matrice a une composition gréseuse à granulométrie moyenne à grossière. Très riche en quartz, elle est similaire aux niveaux arénitiques de l’unité (Labbé et Grant, 1998). Les clastes composent 20 à 30 % de la roche et correspondent à de la tonalite ou de la granodiorite, du grès, des roches volcaniques intermédiaires à felsiques, de l’amphibolite et de la diorite (Labbé et Grant, 1998; Moukhsil et Doucet, 1999; Desbiens, 2016). Ils sont de taille variable, passant du galet (10 cm) au bloc (50 cm) (Labbé et Grant, 1998; Côté-Roberge et Chartier-Montreuil, 2022). Les clastes de tonalite sont arrondis, témoignant de leur distance importante parcourue par rapport à leur point d’origine. Le quartz contenu dans ces clastes est très étiré, indiquant une déformation importante de la roche hôte. Dans le secteur à l’étude, aucune roche plutonique similaire à ces clastes n’a pu être retrouvée; leur origine est inconnue, mais il est probable qu’elle corresponde à un pluton de la Sous-province de La Grande se situant plus au nord (Moukhsil et Doucet, 1999).
L’unité présente une forte schistosité soulignée par l’aplatissement des clastes du conglomérat (Labbé et Grant, 1998).
Une formation de fer au faciès à silicates est aussi présente en moindre proportion dans l’unité. Celle-ci est disposée en bandes pouvant atteindre des dizaines de mètres d’épaisseur (Desbiens, 2016). Elle est composée de 50 à 70 % de grunérite, 20 à 30 % de quartz, 1 à 10 % de biotite, 1 à 7 % de sulfures (pyrrhotite et pyrite) et jusqu’à 5 % de grenat et 1 % de magnétite.
Formation de Clarkie 2 (nAck2) : tuf à lapillis et à blocs
L’unité nAck2 est composée de niveaux de tuf à lapillis et à blocs similaire au tuf de la Formation de Natel (nAnt4a; Moukhsil et Doucet, 1999). Le tuf a une composition intermédiaire à mafique et est équigranulaire. Il est constitué de 20 à 45 % de plagioclase, 20 à 50 % de hornblende, 5 à 15 % biotite et <10 % de quartz (Côté-Roberge et Chartier-Montreuil, 2022). On note aussi par endroits des traces de titanite, d’épidote et de calcite. Du microcline peut être présent sous la forme de petits cristaux abondants (jusqu’à 25 %). Par endroits, les cristaux de plagioclase sont allongés et donnent une texture trachytique à la roche. Cette unité a subi une déformation importante; la foliation observée est marquée par un alignement des cristaux de hornblende.
Épaisseur et distribution
La Formation de Clarkie est située dans la partie est de la CRVMBE, au NE du réservoir de la Paix des Braves (feuillets SNRC 33B03 à 33B06). Sa superficie est de 25 km sur une largeur maximale de 8 km. La Formation de Clarkie est largement dominée par l’unité informelle nAck1. L’unité nAck2 est quant à elle composée d’une bande de 10 km de longueur sur 1 à 2 km de largeur ainsi que de quelques niveaux lenticulaires de 500 m à 1 km de longueur (Moukhsil et Doucet, 1999; Côté-Roberge et Chartier-Montreuil, 2022).
Datation
Aucune.
Relations stratigraphiques
Dans la Formation de Clarkie, l’unité informelle nAck1 est surmontée par l’unité nAck2 (Moukhsil et al., 2003).
La Formation de Clarkie appartient à la CRVMBE et repose sur la Formation de Natel (2739 ±5 Ma; Moukhsil, 2000). Le contact entre ces deux formations n’est pas bien compris. Il se peut qu’il soit faillé sur toute sa longueur, comme le contact de la Formation de Clarkie avec le basalte de l’unité nAntl1 est traversé par endroits par la Faille de Kasikanipiskach (Labbé et Grant, 1998; Moukhsil et Doucet, 1999). La Formation de Clarkie pourrait aussi reposer en discordance sur la Formation de Natel, ce qui expliquerait la présence de fragments de roche volcanique dans le conglomérat de la Formation de Clarkie (Labbé et Grant, 1998).
Les composantes de la Formation de Clarkie correspondent à celles de la partie sommitale de la Formation de Wabamisk, formée de conglomérat, de grès et de tuf (Moukhsil et al., 2003). Au même titre que cette formation et celle d’Anaconda, la Formation de Clarkie pourrait ainsi faire partie de la première période de sédimentation (2703 à 2697 Ma) du modèle géodynamique de la CRVMBE de Moukhsil et al. (2003).
La Formation de Clarkie est bordée au NE par le Pluton d’Uskawasis. À l’est, le Pluton de Clarkie, un corps de 8 km de largeur s’injecte dans la Formation de Clarkie. Des intrusions mafiques et ultramafiques sont aussi présentes à l’intérieur de la formation.
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/MB200012.
CARLSON, E H., EAKINS, P R., HASHIMOTO, T., 1968. REGION DE GRAND-DETOUR – LACS VILLAGE, TERRITOIRE DE MISTASSINI ET NOUVEAU-QUEBEC. MRN. RG 136RG 136, 53 pages et 3 plans.
CÔTÉ-ROBERGE, M., CHARTIER-MONTREUIL, W., 2022. Géologie de la région du lac Cadet, sous-provinces d’Opinaca et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2023-07, 1 plan.
DESBIENS, H., 2016. Geological report on the Clarkior Gold project. EXPLORATION DIOS INC. Rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec. GM 70092GM 70092, 60 pages et 1 plan. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/GM70092. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG136.
EAKINS, P.R., 1961. RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LA REGION DU LAC NATEL, TERRITOIRE DE MISTASSINI ET NOUVEAU-QUEBEC. MRN. RP 454RP 454, 13 pages et 1 plan. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RP454.
HASHIMOTO, T., 1962. RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LA REGION DES LACS VILLAGE, TERRITOIRE DE MISTASSINI ET NOUVEAU-QUEBEC. MRN. RP 473RP 473, 12 pages et 1 plan.
LABBE, J Y., GRANT, M., 1998. GÉOLOGIE DE LA REGION DE LAC NATEL (33B/04). MRN. RG 98-14RG 98-14, 30 pages et 1 plan. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG9814.
MOUKHSIL, A., 2000. Géologie de la région des lacs Pivert (33C/01), Anatacau (33C/02), Kauputauchechun (33C/07) et Wapamisk (33C/08). MRN. RG 2000-04RG 2000-04, 49 pages et 4 plans. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG200004.
MOUKHSIL, A., DOUCET, P., 1999. GÉOLOGIE DE LA REGION DES LACS VILLAGE. MRN. RG 99-04RG 99-04, 33 pages et 1 plan. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG9904.
MOUKHSIL, A., LEGAULT, M., BOILY, M., DOYON, J., SAWYER, E., DAVIS, D. W., 2003. Synthèse géologique et métallogénie de la ceinture de roches vertes de la Moyenne et de la Basse-Eastmain (Baie-James). MRN. ET 2002-06ET 2002-06, 57 pages et 1 plan.
SIMARD, M., GOSSELIN, C., 1999. GÉOLOGIE DE LA REGION DU LAC LICHTENEGER. MRN. RG 98-15RG 98-15, 27 pages et 1 plan. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/RG9815. Disponible à https://gq.mines.gouv.qc.ca/documents/EXAMINE/ET200206.
Autres publications
EADE, K.E., 1966. Fort George River and Kaniapiskau River, west falf, map areas, new Quebec. Geological Survey of Canada; Memoir 339, 83 pages. doi.org/10.4095/100562
LOW, A.P., 1897. Rapport sur des explorations faites dans la péninsule du Labrador, le long de la Grande rivière de l’est, des rivières Koksoak, Hamilton et Manicouagan et des parties d’autres rivières. Commission Géologique du Canada; rapport annuel, volume 8, partie L, pages 237-239. doi.org/10.4095/297218
Citation suggérée
Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Formation de Clarkie. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/formation-de-clarkie [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
William Chartier-Montreuil, géo., B. Sc. william.chartier-montreuil@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Anne-Marie Beauchamp, ing. géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique). |
Révision (s) |
William Chartier-Montreuil, géo.; Myriam Côté-Roberge, géo., M. Sc. (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Daniel Bandyayera, géo., Ph. D. et Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique). |