English
 
Zone de cisaillement de Moonbase
Étiquette structurale : ZCmob

Première publication :  
Dernière modification :

Auteur(s) Ryan, 1990
Méthodologie Défini à partir d’un levé géologique et de données géophysiques
Appartenance Province de Churchill / Domaines lithotectoniques de George, de Mistinibi-Raude et de Falcoz
 
Mouvement principal Senestre
Style de déformation Cisaillement
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) Amphibolites

Historique et méthodologie

La « Zone de déformation de Moonbase » a été identifiée par Ryan (1990) dans la région de la rivière Kogaluk, au Labrador. Initialement, elle n’était pas décrite au Québec et son extension NW était déduite des cartes aéromagnétiques (Wardle et al., 1990, 2002). La partie NW de la Moonbase a été cartographiée par Lafrance et al. (2015, 2016), qui l’ont alors renommée la Zone de cisaillement de Moonbase (ZCmob).

L’analyse structurale de la ZCmob et l’étude de ses microstructures ont fait l’objet d’un projet de fin d’études (Côté-Roberge, 2015) et d’un projet de maîtrise (Vanier et al., 2017, 2018).

Limites et morphologie

Largeur (km) ~10 km (16 km au maximum)
Longueur (km) ~115 km
Orientation NW-SE et NNW-SSE

La ZCmob est généralement orientée NW-SE et bifurque vers le NNW-SSE dans sa partie orientale, où elle se joint à la Zone de cisaillement de Blumath (ZCblm). La morphologie de la ZCmob est similaire à celle des zones de cisaillement de Falcoz et d’Abloviak situées au nord. La ZCmob affecte le grain structural de la Zone de cisaillement de la Rivière George (ZCrge), laquelle est réorientée vers le NW-SE dans ce secteur. Sa limite ouest correspond au changement d’orientation des structures parallèlement à l’orientation NNW-SSE de la ZCrge. La ZCmob représente la limite entre le Domaine lithotectonique de Falcoz, d’âge archéen à paléoprotérozoïque, et le Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude (Lafrance et al., 2019), d’âge néoarchéen paléoprotérozoïque.

 

Unités stratigraphiques concernées

Marquant la limite entre deux domaines lithotectoniques, la ZCmob déforme les unités à proximité du contact entre les domaines de Mistinibi-Raude et de Falcoz. Ainsi, elle déforme les complexes de Kangiqsualujjuaq, de Siimitalik et de Fougeraye ainsi que la Suite de Pelland dans le Domaine de Falcoz, en plus du Complexe de Mistinibi dans le Domaine de Mistinibi-Raude. Cette zone de cisaillement affecte aussi les fabriques de certaines unités du Domaine lithotectonique de George, tels que les complexes de Saint-Sauveur, de Tunulic et de Guesnier ainsi que la Suite granitique de De Pas.

Caractéristiques structurales

❯ Fabriques principales

La fabrique principale de la ZCmob est un rubanement mylonitique dont l’orientation principale est NW-SE. Elle comprend aussi des foliations tectonométamorphiques et des gneissosités. En affleurement, ces fabriques produisent des tectonites en S et des tectoniques en L/S.

Fabriques principales Type de fabrique Direction (°) Pendage (°) Nombre de mesure Commentaires
Foliation Sn Foliation ou rubanement mylonitique, gneissositié, foliation tectonométamorphique 314 87 234  
Linéation Ln Linéation minérale secondaire tectonométamorphique 320 11 32  

 La ZCmob est caractérisée par une foliation ou un rubanement mylonitique bien développé (Sn) ainsi que par des tiges (Ln) ou rubans de quartz et des porphyroclastes. Plusieurs zones décimétriques à métriques de mylonite présentent des fabriques C/S. À la jonction avec la ZCblm, à l’est, apparaissent localement des orthomylonites constituées de près de 50 % de matrice fortement recristallisée. Des rubans de granite démembrés contenant des porphyroclastes de feldspath potassique ou polyminéraliques y sont également observés.

Les microstructures associées à la fabrique principale incluent des crénulations, des extinctions roulantes de cristaux de feldspath, des microfractures dans les grains, du démembrement de microlithons et du broyage. Au sein des microlithons, des indices de recristallisation dynamique sont observés tels que des bordures de grains engrenées et ,plus localement, une migration des bordures de grains.

Dans sa section ouest, la ZCmob transpose la fabrique de la ZCrge. Dans une bande kilométrique, la fabrique NNW-SSE de la ZCrge est réorientée dans un axe NW-SE. Cette influence de la ZCmob sur les fabriques de la ZCrge est aussi notée sur la carte du gradient magnétique vertical.

❯ Autres fabriques

Ne s’applique pas.

❯ Plis

Des plis serrés à isoclinaux sont couramment observés dans les zones mylonitiques de la ZCmob. Leur plan axial et leur axe de plis sont parallèles à la fabrique principale (Sn et Ln respectivement). La formation de ces plis (Pn) semble donc associée au même régime de contraite en transpression produisant les mylonites de la ZCmob.

 

❯ Relations de recoupement

Non observées.

❯ Cinématique

Le mouvement apparent principal de la ZCmob est senestre. Celui-ci est déduit par les formes en C/S produites dans le grain structural telles qu’observées sur la carte aéromagnétique, ainsi que par des indicateurs cinématiques observés en affleurement et en lame mince. Bien que les indicateurs cinématiques indiquent un mouvement apparent généralement senestre, des indicateurs cinématiques dextres sont aussi observés. Les porphyroclastes macroscopiques et microscopiques en forme de sigmoïde sont les indicateurs cinématiques les plus courants. Les sigmoïdes sont de type phi ou delta. Des rotations de grains, des mica-fish et des ombres de pressions sont aussi observés.

Style de la déformation

L’intensité de la déformation au sein de la ZCmob est variable, passant de protomylonites à des niveaux localisés d’ultramylonites. La ZCmob représente une zone de cisaillement senestre qui s’inscrit possiblement dans un système de déformation conjugé avec la ZCrge (Vanier et al., 2018). L’angle entre ces deux zones de cisallement, de même que leur cinématique respective, suggèrent qu’elles appartiennent au même système de contrainte. La géométrie de ce système concorde aussi avec l’orientation NE-SW de fractures d’extension interprétées des linéaments géophysiques localement occupées par des dykes (Vanier et al., 2018). Bien que les linéaments structuraux suggèrent que ces deux zones de cisaillement soient synchrones, la concomitance de la déformation le long de ces structures demeure cependant à être démontrée par des données géochronologiques.

Caractéristiques métamorphiques

Les minéraux métamorphiques sont orientés dans la fabrique mylonitique et sont affectés par une réduction de grains ou une recristallisation dynamique dans les zones intensément déformées.

Caractéristiques géophysiques

Le patron magnétique de la ZCmob est caractérisé par une succession de crêtes magnétiques linéaires NW-SE à NNW-SSE, où les crêtes de haute susceptibilité magnétique dominent. Au sein du Domaine lithotectonique de George, le patron magnétique varie de zones de haute susceptibilité magnétique à des zones de basse susceptibilité magnétique, selon les lithologies traversées. L’interprétation des levés aéromagnétiques permet de déterminer le mouvement régional senestre du cisaillement.

Altérations

Une altération tardive est notée localement en affleurement sous forme d’hématite et d’épidote associées à des fractures. Cette altération et cette déformation cassante se superposent à la déformation mylonitique.

Repères chronologiques

Un nombre très limité de repères chronologiques sont disponibles afin de contraindre l’âge de la déformation de la ZCmob. Un âge de cristallisation de 1861,7 ±4,7 Ma a été obtenu à partir d’analyses U-Pb de zircons provenant d’une granodiorite protomylonitique (David, communication personnelle, 2018). Lafrance et al. (2016) interprètent sa mise en place comme syntectonique, ce qui implique que la zone de cisaillement était déjà active à ce moment.

Les granites tardifs de la Suite granitique de De pas (unité pPdep4) ne sont pas affectés par la déformation mylonitique de la ZCmob. Leur âge de cristallisation évalué entre 1820 et 1805 Ma représente donc l’âge minimal de cette déformation.

Références

Publications accessibles dans Sigéom Examine

Charette, B., Lafrance, I., Vanier, M.-A. 2018. Domaine de George, sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada : synthèse de la géologie. MERN. BG 2018-11

Charette, B., Lafrance, I., Vanier, M.-A., Godet, A. 2019. Domaine de Mistinibi-Raude, sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada : synthèse de la géologie. MERN. BG 2019-07, 1 plan.

LAFRANCE, I., BANDYAYERA, D., BILODEAU, C. 2015. GEOLOGIE DE LA REGION DU LAC HENRIETTA (SNRC 24H). MERN. RG 2015-01, 62 pages et 1 plan.

LAFRANCE, I., BANDYAYERA, D., CHARETTE, B., BILODEAU, C., DAVID, J. 2016. GEOLOGIE DE LA REGION DU LAC BRISSON (SNRC 24A). MERN. RG 2015-05, 64 pages et 1 plan.

VANIER, M.-A., GODET, A., GUILMETTE, C., HARRIS, L B., CLEVEN, N R., CHARETTE, B., LAFRANCE, I. 2018. Extrusion latérale en croûte moyenne dans le sud-est de la Province de Churchill démontrée par les interprétations géophysiques, l’analyse structurale et les pétrofabriques du quartz. UNIVERSITE LAVAL, INRS, MERN. MB 2018-12, 58 pages.

VANIER, M A., GUILMETTE, C., HARRIS, L., GODET, A., CLEVEN, N., CHARETTE, B., LAFRANCE, I. 2017. ANALYSE STRUCTURALE ET MICROSTRUCTURES DES ZONES DE CISAILLEMENT DE LA RIVIERE GEORGE ET DU LAC TUDOR. UNIVERSITE LAVAL, INRS, MERN. MB 2017-12, 50 pages.

Autres publications

CÔTÉ-ROBERGE, M., 2015. Zone de cisaillement de la Province du Churchill. Rapport de projet de fin d’études, Université Laval, 90 pages.

RYAN, B., 1990 – Does Labrador-Québec border area of the Rae (Churchill) Province preserve vestiges of an archean history? Geoscience Canada; volume 17, pages 255-259.

WARDLE, R.J. – RYAN, B. – ERMANOVICS, I., 1990 – The eastern Churchill Province, Torngat and New Québec orogens: an overview. Geoscience Canada; volume 17, pages 217-222.

WARDLE, R.J. – JAMES, D.T – SCOTT, D.J. – HALL, J., 2002 – The southeastern Churchill Province : synthesis of a Paleoproterozoic transpressional orogen. Canadian Journal of Earth Science; volume 39, pages 639-663, doi.org/10.1139/e02-004.

 

 

 

7 février 2019