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Complexe de Guesnier
Étiquette stratigraphique : [narc][ppro]ges
Symbole cartographique : nApPges

Première publication :  
Dernière modification :

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
nApPges2 Tonalite et granite d’anatexie blancs
nApPges2b Tonalite et granite d’anatexie avec de nombreuses enclaves de diorite
nApPges2a Tonalite et granite d’anatexie riches en schlierens de biotite
nApPges1 Roches migmatitiques rubanées
 
Auteur :Charette et al., 2018
Âge :Néoarchéen à Paléoprotérozoïque
Coupe type :Aucune
Région type :Région de la baie d’Ungava (feuillet SNRC 24J)
Province géologique :Province de Churchill
Subdivision géologique :Domaine lithotectonique de George
Lithologie :Migmatite et granite d’anatexie
Type :Lithodémique
Rang :Complexe
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

Historique

Le Complexe de Guesnier a été introduit par Charette et al. (2018) afin de regrouper l’ensemble des roches migmatitiques et des granites d’anatexie du Domaine lithotectonique de George. Ces roches avaient préalablement été assignées au Complexe de Qurlutuq (ApPqur) et à la Suite d’Aveneau (pPavn) par Simard et al. (2013), Lafrance et al. (2014, 2015, 2016) et Charette et al. (2016). Toutefois, dans le cadre de la synthèse du sud-est de la Province de Churchill (SEPC; Lafrance et al., 2018), différents blocs lithotectoniques ont été identifiés : il apparait que les gneiss – et les migmatites qui en découlent – observés à l’intérieur de ces différents blocs sont distincts les uns des autres. Le Qurlutuq et l’Aveneau sont maintenant restreint au Domaine lithotectonique de Baleine. L’unité tire son nom de la rivière Guesnier qui traverse les feuillets 24J07 et 24J02, à proximité de la baie d’Ungava.

 

Description

Le Complexe de Guesnier comprend une unité de roches migmatitiques rubanées (nApPges1) et une unité de tonalite et de granite d’anatexie blancs (nApPges2). Peu d’échantillons ont été prélevés dans le Complexe de Guesnier lors de la cartographie au 1/250 000 réalisée par le ministère entre 2011 et 2017. Toutefois les compositions tonalitique et granitique semblent en proportions équivalentes au sein des différents faciès de l’unité. Cette variation de composition semble reliée à la composition du gneiss affecté par la fusion partielle.

Complexe de Guesnier 1 (nApPges1) : Roches migmatitiques rubanées

L’unité nApPges1 est l’unité principale du Complexe de Guesnier. Les migmatites sont hétérogènes, généralement à structure stromatique ou renfermant de nombreux radeaux (schollen) de gneiss et de diorite de largeur centimétrique à métrique. Lorsqu’elles présentent une structure stromatique, elles se composent d’au moins 50 % de leucosome formant des rubans centimétriques leucocrates et ondulants. Quelle que soit sa composition (tonalitique ou granitique), le néosome est blanchâtre à gris clair et de granulométrie fine à grossière. En plus du feldspath et du plagioclase, il renferme de 8 à 25 % de schlierens de biotite ± hornblende et 20 à 30 % de quartz, ce dernier formant de grandes plages xénomorphes à extinction roulante. Des poches décimétriques à décamétriques de leucosome (accumulation de matériel de fusion), ainsi que des injections coupant le rubanement migmatitique, sont aussi observées. L’ensemble de ces phases, incluant les enclaves et les niveaux démembrés et absorbés, forme un rubanement d’aspect migmatitique, irrégulier, ondulant et discontinu.

En lame mince, la roche a une granulométrie variable avec de gros grains d’origine ignée alternant avec des amas ou des rubans plus fins dont les grains sont recristallisés. Les schlierens comprennent aussi une quantité non négligeable de minéraux accessoires comprenant l’épidote, l’apatite, le sphène, les minéraux opaques, la chlorite et le zircon (en inclusions dans la biotite). 

 

Complexe de Guesnier 2 (nApPges2) : Tonalite et granite d’anatexie blancs

Les roches de l’unité nApPges2 s’apparentent au leucosome des migmatites de l’unité nApPges1. Elles sont d’ailleurs toutes deux couramment observées sur un même affleurement, l’unité nApPges2 étant tardive par rapport à l’unité nApPges1. L’unité nApPges2 pourrait donc correspondre à une phase évoluée reliée au phénomène de fusion à l’origine du Complexe de Guesnier. Ces roches renferment aussi jusqu’à 15 % d’enclaves centimétriques à décimétriques d’autres unités de la région, plus particulièrement de gneiss, de migmatite et de diorite.

L’unité nApPges2 est constituée de tonalite et de granite blancs d’aspect massif ou faiblement folié et renfermant une faible proportion de minéraux mafiques (<5 % de biotite brune) communément concentrés en schlierens. À plusieurs endroits, ces derniers représentent les seuls vestiges des roches fusionnées. La foliation est principalement produite par l’alignement de ces schlierens. La granulométrie des intrusions d’anatexie varie de grossière à fine et des amas ou des poches irrégulières à structure pegmatitique, décimétriques à métriques et en contact diffus sont aussi présents. La répartition des minéraux est souvent inégale puisque ceux-ci forment de grandes plages monominéraliques. Des microstructures réactionnelles aux contacts des grains, ainsi que des structures antiperthitiques et myrmékitiques, sont fréquemment observées en lame mince. Le quartz (30 à 35 %) est xénomorphe et montre une extinction roulante prononcée. Les minéraux accessoires, peu abondants, consistent en muscovite, minéraux opaques, sphène, épidote et zircon.

 

Complexe de Guesnier 2a (nApPges2a) : Tonalite et granite d’anatexie riches en schlierens de biotite

La sous-unité nApPges2a correspond à des secteurs où les intrusions blanchâtres du Complexe de Guesnier sont plus hétérogènes en raison de la présence de 10 à 30 % de schlierens de biotite dans la roche et localement par une proportion plus importante d’enclaves partiellement assimilées. Dans ces secteurs hétérogènes, les échantillons s’apparentent aux roches migmatitiques de l’unité nApPges1, toutefois aucun rubanement n’est réellement observé en affleurement ni en cassure fraîche.

Complexe de Guesnier 2b (nApPges2b) : Tonalite et granite d’anatexie blancs avec de nombreuses enclaves de diorite

La sous-unité nApPges2b est constituée de tonalite et de granite similaires à ceux de l’unité nApPges2, mais comprenant 30 à 40 % d’enclaves de diorite finement grenue et fortement magnétique, donnant couramment un aspect de brèche magmatique aux affleurements. La diorite composant les enclaves est granoblastique, équigranulaire et renferme environ 20 % de minéraux mafiques, principalement de la biotite brune avec un peu de hornblende. Elle contient accessoirement de l’épidote, du sphène, de la magnétite, de la chlorite, du quartz, de l’apatite, du zircon et de l’allanite.

Épaisseur et distribution

Le Complexe de Guesnier est restreint au Domaine lithotectonique de George et est plus abondant dans la partie nord de ce dernier. L’unité nApPges1 forme la majorité des affleurements observés et couvre une superficie d’environ 578 km2. L’unité nApPges2 (98 km2) comprend une vingtaine d’intrusions dont la plus grosse fait 12 km sur 2 km. La proportion moindre de migmatites assignées au Complexe de Guesnier dans la partie sud du Domaine lithotectonique de George reflète possiblement le fait que les gneiss et les migmatites n’ont pas été distingués par les différents géologues du Ministère lors de la cartographie de ce secteur dans les années 1980.

Datation

Un échantillon de migmatite prélevé à l’été 2014 par la Commission géologique du Canada sur un affleurement comprenant aussi des gneiss a donné un âge autour de 2687 Ma pour le protolite et un âge métamorphique d’environ 1901 Ma (Corrigan et al., 2018). Cet échantillon provient de la partie sud-ouest de la région du lac Henrietta (feuillet 24H03).

Machado et al. (1989) ont aussi daté une migmatite située en bordure de la baie d’Ungava qu’ils associaient à la Supersuite de De Pas mais qui, selon Simard et al. (2013), appartiendrait plutôt au Complexe de Qurlutuq (maintenant réassigné au Complexe de Guesnier). Cette migmatite contient quatre générations de zircons, dont les âges minimums des trois plus anciennes sont 2688, 2779 et 2922 Ma, et un âge métamorphique sur monazite de 1808 ±2 Ma.

Malgré les âges obtenus, les observations de terrain semblent indiquer que le Complexe de Guesnier pourrait être d’âge paléoprotérozoïque. Cette hypothèse est appuyée par le fait que le néosome postdate la formation de la gneissosité dans les gneiss du Complexe de Saint-Sauveur et que le leucosome est peu déformé et recristallisé, et donc probablement tardi-tectonique. Aussi, les données géochronologiques obtenues dans l’ensemble du SEPC montrent qu’un événement important de cristallisation des produits de fusion partielle s’est produit vers 1820 à 1800 Ma (Charette et al., 2018), duquel pourrait résulter les migmatites du Complexe de Guesnier. Les âges archéens pourraient donc être reliés à la présence de paléosome dans les échantillons prélevés.

Système isotopiqueMinéralÂge de cristallisation (Ma)(+)(-)Âge métamorphique (Ma)(+)(-)Référence(s)
U-PbZircon2687242419013636Corrigan et al., 2018

Relation(s) stratigraphique(s)

Les roches migmatitiques du Complexe de Guesnier sont spatialement associées aux gneiss du Complexe de Saint-Sauveur avec lesquels elles sont en contact graduel et mal défini. Le rubanement des roches migmatitiques est par contre irrégulier, ondulant, discontinu et souvent chaotique, ce qui le distingue du rubanement plus rectiligne et régulier des gneiss. Taylor (1979) mentionnait également cette relation entre les migmatites et les gneiss et signalait que la limite entre les deux unités avait souvent été tracée de façon arbitraire lors de ses travaux de reconnaissance. Les migmatites du Complexe de Guesnier renferment également de nombreuses enclaves et niveaux préservés de gneiss du Complexe de Saint-Sauveur. La présence de ces niveaux préservés ainsi que leur association spatiale avec les migmatites indiquent que ces dernières seraient issues de la fusion partielle des gneiss du Complexe de Saint-Sauveur.

Les roches migmatitiques du Guesnier (nApPges1) se trouvent en enclaves dans les différentes unités intrusives paléoprotérozoïques de la Supersuite de De Pas. Les granite et tonalite d’anatexie semblent plutôt contemporains à la mise en place du De Pas.

Paléontologie

Ne s’applique pas. 

Références

Auteur(s)TitreAnnée de publicationHyperlien (EXAMINE ou Autre)
CHARETTE, B. – LAFRANCE, I. – VANIER, M.A.Domaine de George, sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada : synthèse de la géologie. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec. BG 2018-11.2018BG 2018-11
CHARETTE, B. – LAFRANCE, I. – MATHIEU, G.Géologie de la région du lac Jeannin (SNRC 24B). Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec.2016Rapport géologique électronique
CORRIGAN, D. – WODICKA, N. – McFARLANE, C., – LAFRANCE, I. – VAN ROOYEN, D. – BANDYAYERA, D. – BILODEAU, C.Lithotectonic framework of the Core Zone, Southeastern Churchill Province. Geoscience; volume 45, pages 1-24.2018Source
LAFRANCE, I. – CHARETTE, B. – VANIER, M.-A.Sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada : synthèse de la géologie. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec.2018Bulletin géologiQUE
LAFRANCE, I. – SIMARD, M. – BANDYAYERA, D.Géologie de la région du lac Saffray (SNRC 24G-24F). Ministère des Ressources naturelles, Québec; RG 2014-02, 49 pages.2014RG 2014-02
LAFRANCE, I. – BANDYAYERA, D. – BILODEAU, C.Géologie de la région du lac Henrietta (SNRC 24H). Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec; RG 2015-01, 60 pages. 2015RG 2015-01
LAFRANCE, I. – BANDYAYERA, D. – CHARETTE, B. – BILODEAU, C. – DAVID. J.Géologie de la région du lac Brisson (SNRC 24A). Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec; RG 2015-05, 61 pages.2016RG 2015-05
MACHADO, N. – GOULET, N. – GARIÉPY, C.U-Pb geochronology of reactivated Archean basement and of Hudsonian metamorphism in the northern Labrador Trough. Canadian Journal of Earth Sciences; volume 26, pages 1-15.1989Source
SIMARD, M. – LAFRANCE, I. – HAMMOUCHE, H. – LEGOUIX, C.Géologie de la région de Kuujjuaq et de la Baie d’Ungava (SNRC 24J et 24K). Ministère des Ressources naturelles, Québec; RG 2013-04, 60 pages.2013RG 2013-04
TAYLOR, F.C.Reconnaissance geology of a part of the Precambrian Shield, northeastern Quebec, northern Labrador and Northwest Territories. Geological Survey of Canada; Memoir 393, 99 pages, 19 plans.1979Source

 

 

2 octobre 2018