Auteur(s) | Bandyayera et al. (2022) |
Méthodologie | Défini à partir d’un levé géologique |
Subdivision(s) géologique(s) | Province du Supérieur/Sous-province de Nemiscau |
Mouvement principal | Ne s’applique pas |
Style de déformation | Synforme et antiforme |
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) | Schistes verts à amphibolites |
Historique et méthodologie
Le Domaine structural de Chaboullié-Lavau a d’abord été documenté par Bandyayera et Daoudene (2017) sous le nom de « Domaine 2 », qui correspondait à la Ceinture de Colomb-Chaboullié située entre les sous-provinces d’Opatica et de Nemiscau. Pedreira et al. (2018, 2019, 2020) ont par la suite réalisé une étude structurale de ce domaine. Dans le cadre de la synthèse géologique de la Sous-province de Nemiscau, Bandyayera et al. (2022) l’ont renommé selon les lacs Chaboullié et Lavau, respectivement localisés aux extrémités SW et NE du domaine (feuillets SNRC 32K13 et 32N03). L’appartenance de la Ceinture de Colomb-Chaboullié à la Sous-province d’Opatica ou à la Sous-province de Nemiscau était incertaine lors des travaux de Bandyayera et Daoudene (2017). Ce domaine a été assigné à la Sous-province de Nemiscau par Bandyayera et al. (2022). Il en est de même pour l’Intrusion du Lac au Bout, qui était attribuée à la Sous-province d’Opatica (Bandyayera et Daoudene, 2017; Pedreira et al., 2019. 2020). Cette intrusion a aussi été intégrée au Domaine structural de Chaboullié-Lavau par Bandyayera et al. (2022), bien qu’elle puisse représenter une unité lithodémique de la Sous-province de l’Opatica, qui émerge au cœur de roches supracrustales (Groupe de Colomb-Chaboullié et Complexe de Rupert) sous la forme d’une structure antiforme. Pour décrire et délimiter le domaine, Bandyayera et al. (2022) se sont basés sur l’ensemble des travaux précédents (Remick, 1963; Gillain, 1964; Taquet, 1988; Thorsen et al., 1993; Riopel, 1994; Bandyayera et Daoudene, 2017; Pedreira et al., 2018, 2019 et 2020) ainsi que sur les levés aéromagnétiques régionaux de D’Amours (2011) et D’Amours et Intissar (2012).
Limites et morphologie
Largeur (km) | 2,5 à 8 |
Longueur (km) | 87 |
Orientation | Allongement NE-SW |
Le Domaine structural de Chaboullié-Lavau englobe la majorité de la Ceinture de Colomb-Chaboullié. Il s’étend du SW au NE dans les feuillets 32K13, 32N04, 32N03 et 32N02. Le domaine se présente sous la forme d’une bande étroite, longue de 87 km et large de 2,5 à 8 km, orientée NE-SW et arquée avec une convexité pointant vers le NW. Au NW, le domaine est séparé du Domaine structural de Poisson Blanc par des zones de cisaillement à mouvement décrochant apparent senestre. Au SE, il est majoritairement délimité par la Zone de cisaillement de Colomb et, localement, marqué par la présence d’intrusions appartenant à la Sous-province d’Opatica. L’extrémité SW du domaine est coupée par la Zone de cisaillement de Nottaway, alors que l’extrémité NE est en contact avec le Domaine structural de Ginguet.
Unités stratigraphiques concernées
Les unités stratigraphiques et lithodémiques présentes dans le Domaine structural de Chaboullié-Lavau sont :
- le Groupe de Colomb-Chaboullié (nAcch1 à nAcch8);
- l’Intrusion du Lac au Bout (nAbut);
- la Suite de Mezières (nAmzr);
- les Dykes de Matachewan (pPmaw).
Caractéristiques structurales
Le Domaine structural de Chaboullié-Lavau montre des fabriques associées à au moins trois phases de déformation. La plus précoce et la principale, Dn, est régionalement attribuée à D1. La suivante, Dn+1, se rapporte à D2, alors que la plus tardive, Dn+2, est associée à D4 (Bandyayera et al., 2022).
❯ Fabriques principales
Les unités affectées par la fabrique Sn sont le Groupe de Colomb-Chaboullié et l’Intrusion du Lac au Bout.
En affleurement, la fabrique Sn s’exprime par une schistosité pénétrative plus ou moins bien développée dans les roches volcaniques, sédimentaires et magmatique du Groupe de Colomb-Chaboullié (Bandyayera et Daoudene, 2017). On note également l’aplatissement selon un plan parallèle à la foliation Sn d’objets géologiques, tels que les coussins des coulées de basalte amphibolitisé (nAcch1), les pœciloblastes de cordiérite dans le paragneiss (nAcch7) ainsi que les cailloux et les galets dans le conglomérat polygénique (nAcch8) (Bandyayera et Daoudene, 2017). Les roches intrusives mafiques et ultramafiques du Groupe de Colomb-Chaboullié (nAcch4 et nAcch5) montrent une déformation beaucoup plus localisée. En effet, la fabrique Sn y est généralement peu développée, sauf là où des corridors de forte déformation affectent les roches (Bandyayera et Daoudene, 2017). Au sein de l’Intrusion du Lac au Bout (nAbut), les diorites et les monzodiorites sont fortement foliées (Bandyayera et Daoudene, 2017; Pedreira et al., 2018). En bordure de l’intrusion, la roche est fortement déformée : une texture porphyroclastique montre des fragments de plagioclase réorientés dans la foliation mylonitique. Dans la monzodiorite à structure porphyroïde, les phénocristaux de feldspath potassique sont déformés, étirés ou aplatis (Bandyayera et Daoudene, 2017).
À l’échelle macroscopique, la fabrique Sn est matérialisée par l’orientation préférentielle des minéraux ferromagnésiens.
Au microscope, le basalte amphibolitisé (nAcch1) montre une texture généralement nématoblastique à granoblastique et est essentiellement composé d’amphibole (hornblende, actinote ou trémolite) et de plagioclase (Bandyayera et Daoudene, 2017).
La projection stéréographique de 580 mesures montre que la foliation Sn est globalement orientée NE-SW à ENE-WSW. La direction moyenne (68°) est cohérente avec l’orientation générale du domaine. De plus, une majorité de mesures présentent un pendage modéré à abrupt vers le SE, à l’exception de l’extrémité SW du domaine, où la majorité des structures ont un pendage vers le NW. En carte, les trajectoires de la foliation qui se superposent aux linéaments magnétiques sont généralement très rectilignes, quoique curvilignes par endroits, ce qui semble indiquer la présence de charnières de plis (voir la section « Plis »).
La foliation Sn porte couramment une linéation minérale et d’étirement Ln soulignée par l’alignement préférentiel des minéraux ferromagnésiens (amphiboles) et des plagioclase (Pedreira et al., 2018). Les mesures de linéation montrent des plongements généralement modérés dans des directions variables, mais avec une prédominance vers le sud, tel que l’indique la linéation moyenne calculée (180°/34°) dans la projection stéréographique.
Fabrique principale | Type de fabrique | Direction (°) | Pendage (°) | Nombre de mesures | Commentaires |
Foliation Sn | Foliation minérale secondaire (tectonométamorphique) | 68 | 66 | 580 | Remick (1963), Gillain (1964), Taquet (1988), Thorsen et al. (1993), Riopel (1994), Bandyayera et Daoudene (2017) |
Linéation Ln | Linéation minérale secondaire (tectonométamorphique) et linéation d’étirement | 180 | 34 | 94 | Remick (1963), Gillain (1964), Bandyayera et Daoudene (2017) |
❯ Autres fabriques
Les descriptions qui suivent proviennent de Bandyayera et Daoudene (2017). Ces derniers ont observé des structures primaires dans plusieurs unités du Groupe de Colomb-Chaboullié. Selon ces auteurs, la stratification S0 des unités volcaniques est généralement transposée dans la foliation Sn. Les basaltes et basaltes andésitiques amphibolitisés (nAcch1) montrent par endroits des coussins bien préservés et peu déformés. Les roches volcaniques intermédiaires porphyriques (nAcch2) présentent localement un alignement de phénocristaux peu déformés de plagioclase, donnant à la roche une structure trachytique et marquant la stratification S0. De plus, un litage potentiellement primaire, caractérisé par un rubanement compositionnel (bandes felsiques et mafiques) et des laminations parallèles dans les roches volcanoclastiques felsiques et intermédiaires (nAcch3), est aussi observable. Au sein des roches intrusives mafiques et ultramafiques (nAcch4 et nAcch5), on observe également un alignement primaire des minéraux et, par endroits, un litage magmatique caractérisé par une alternance de niveaux centimétriques de péridotite, de pyroxénite et de gabbro. Les formations de fer et les quartzites rubanés (nAcch6) présentent aussi des structures primaires aux endroits où elles sont caractérisées par l’alternance de fines lamines ou de rubans de magnétites et de quartzite. Finalement, on observe localement des structures primaires de laminations parallèles dans le paragneiss à biotite et hornblende (nAcch7).
Les travaux de Tague et al. (2018) ont aussi permis de mettre au jour des structures et texture primaires au sein des roches ultramafiques (nAcch5). Ces auteurs ont observé un litage marqué par la présence d’une forte concentration d’olivine à grain grossier dans la partie nord d’un affleurement (16-DT-5525) et une diminution progressive de la concentration et de la taille des olivines dans la partie sud de l’affleurement. À noter que ces observations semblent indiquer une polarité vers le sud et que cet affleurement se trouve au nord de la trace axiale d’un synforme, indiquant qu’il s’agirait aussi d’un pli synclinal. Tague et al. (2018) ont aussi observé une concentration élevée de laminations subparallèles à l’écoulement et à la schistosité régionale. Ils ont interprété ces laminations comme l’évidence de l’écoulement d’une coulée komatiitique. Des grains d’olivines et de clinopyroxènes aciculaires, qui sont plus ou moins parallèles les uns par rapport aux autres et orientés perpendiculairement à la direction de l’écoulement, ont été interprétés comme des spinifex par ces mêmes auteurs. Finalement, un réseau de fracture a également été interprété comme étant les limites de coulées (métriques à décamétriques) en forme de tube, marquant ainsi la structure S0.
La projection stéréographique de 33 mesures montre que le litage S0 est globalement orienté NE-SW. La direction moyenne (58°) est cohérente avec l’orientation générale du domaine. Le pendage est généralement modéré à abrupt, autant vers le SE que le NW, bien que celui vers le SE ait été le plus observé. En carte, les trajectoires du litage S0 sont subparallèles à celles de la foliation Sn.
Bandyayera et Daoudene (2017) ont observé des polarités indiquant des sommets stratigraphiques dirigés vers le sud ou le sud-est, au NW du Domaine structural de Chabouliié-Lavau, et vers le NW au SE.
Fabrique principale | Type de fabrique | Direction (°) | Pendage (°) | Nombre de mesures | Commentaires |
Litage S0 | Litage sédimentaire | 58 | 78 | 33 | Gillain (1964), Taquet (1988), Thorsen et al. (1993), Riopel (1994), Bandyayera et Daoudene (2017) |
Pedreira et al. (2018) ont observé un clivage de crénulation qui affecte la foliation Sn. Ce clivage est généralement orienté NW-SE à E-W et montre un fort pendage. Bandyayera et al. (2022) ont attribué cette fabrique à Sn+2.
❯ Plis
À l’aide de la distribution des polarités (voir section « S0 »), Bandyayera et Daoudene (2017) ont interprété que la Ceinture de Colomb-Chaboullié forme un étroit pli synclinal Pn+1 de trace axiale parallèle à Sn. En affleurement, on peut observer que la fabrique Sn des basaltes est affectée par des plis Pn+1 serrés dont les longueurs d’onde et les amplitudes sont plurimétriques.
Dans la majeure partie du domaine, les trajectoires de la foliation sont très rectilignes et globalement pentées vers le SE, autant sur les flancs NE que SE des plis Pn+1. Ces caractéristiques indiquent que le plan axial est déversé vers le nord et le NW. Le plan moyen calculé de la foliation Sn (68°/66°) est une bonne approximation du plan axial Pn+1. À l’extrémité SW du domaine (feuillet 32K13), les trajectoires de la foliation ont généralement un pendage vers le NW, autant dans le flanc oriental qu’occidental. Ainsi, le pli synclinal Pn+1 est ici déversé vers le SE.
Paramètres géométriques des plis régionaux :
Plis ou famille de plis | Type (anticlinal, synclinal ou indéterminé) | Forme (antiforme ou synforme) | Attitude (déversé ou droit) | Plan axial | Axe de pli | Position (certaine ou probable) | Phase de déformation | Commentaires | ||
Direction | Pendage | Direction | Plongement | |||||||
Plis | Synclinal | Synforme | Déversé | 68 | 66 | – | – | Certaine | Dn+1 |
❯ Relations de recoupement
Le Domaine structural de Chabouillié-Lavau est coupé par plusieurs zones de cisaillement orientées ENE-WSW à NE-SW montrant une cinématique décrochante senestre.
Paramètres géométriques des failles régionales coupant le Domaine structural de Chaboullié-Lavau :
Faille ou Famille de failles | Type | Direction (°) (moy) | Pendage (°) (moy) | Plongée de la linéation dans le plan de la faille | Largeur estimée (m) | Longueur estimée (km) | Mouvement apparent | Position | Commentaires |
Famille ENE-WSW à NE-SW | Cisaillement régional | 66 | 68 | – | – | 15 à 55 | Senestre | Position déduite de levés géophysiques |
❯ Cinématique
Ne s’applique pas.
Style de la déformation
Le Domaine structural de Chabouillié-Lavau a été interprété comme un vaste synclinal orientée NE-SW (Bandyayera et Daoudene, 2017). Ce synclinal, Pn+1, a été attribué à la phase de raccourcissement N-S D2 (Bandyayera et al., 2022). Le domaine structural a ensuite été affecté par des failles NE-SW à mouvement décrochant dextre, attribuées à la phase de déformation D4 de Bandyayera et al. (2021). En affleurement, le degré de déformation est variable.
Caractéristiques métamorphiques
Les descriptions suivantes sont uniquement basées sur les travaux de Bandyayera et Daoudene (2017). Des assemblages minéralogiques constitués de hornblende et de plagioclase sont prédominants le long des bordures de la Ceinture de Colomb-Chaboullié, indiquant que les conditions métamorphiques ont atteint le faciès des amphibolites. À la bordure NW du domaine, certaines roches volcaniques mafiques à intermédiaires contiennent des grains pœciloblastiques de grenat pouvant atteindre plusieurs centimètres de diamètre. Toujours à la bordure NW, certaines amphibolites contiennent du clinopyroxène, ce qui laisse penser que les conditions métamorphiques ont localement atteint le faciès supérieur des amphibolites. Graduellement vers le centre du domaine, on note une diminution progressive de la proportion en hornblende, qui laisse place à des assemblages d’actinote-trémolite et d’épidote-chlorite. Dans les régions centrales du domaine, la séricite et la calcite sont aussi localement présentes. Ces assemblages minéralogiques indiquent que la partie centrale du domaine a subi un métamorphisme au faciès des schistes verts. En définitive, le grade métamorphique est plus élevé le long des bordures de la Ceinture de Colomb-Chabouillié, alors qu’il diminue graduellement vers le centre du domaine.
Altérations
Non observé.
Caractéristiques géophysiques
Les caractéristiques géophysiques sont décrites en utilisant la nomenclature de Lavoie (2017). La description des textures magnétiques est faite à partir de la carte du gradient vertical du champ magnétique résiduel (D’Amours, 2011; D’Amours et Intissar, 2012).
Le Domaine structural de Chaboullié-Lavau présente une texture magnétique rubanée et rectiligne avec de très forts contrastes entre les crêtes et les creux magnétiques. Les crêtes magnétiques sont continues dans la partie NE du domaine (feuillets 32N03 et 32N04), alors qu’elles sont plus discontinues dans la partie SW (feuillet 32K13), où elles présentent une texture en « chapelet ». Sur la carte du champ magnétique résiduel, le domaine montre des valeurs magnétiques variant de modérées à fortes.
Repères chronologiques
Aucun.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
BANDYAYERA, D., CARON-CÔTÉ, E., PEDREIRA PÉREZ, R., CÔTÉ-ROBERGE, M., CHARTIER-MONTREUIL, W., 2022. Synthèse géologique de la Sous-province de Nemiscau. Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2021-03, 1 plan.
Autres publications
LAVOIE, J., 2017. Sous-province d’Opatica : nouveau territoire pour l’exploration minérale. Rapport, Projet CONSOREM 2016-01. CONSOREM; 85 pages.
Citation suggérée
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Domaine structural de Chaboullié-Lavau. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/domaine-structural-de-chaboulié-lavau/ [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Emmanuel Caron-Côté, géo., M. Sc. emmanuel.caron-cote@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Ghyslain Roy, géo. (coordination); Yannick Daoudene, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo. M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML) |
13 octobre 2022