Percival et Card (1994) ont défini, dans la région du lac Minto et de la rivière aux Feuilles (feuillet 34G), une unité homogène de granite et de leucogranite à biotite ± hornblende avec une proportion moindre de pegmatite, qui englobe les suites de Morrice et de Dufreboy. La Suite de Morrice a été introduite dans la région du lac Nedlouc (feuillet 34H; Parent et al., 2000, 2001) pour décrire des granites homogènes ainsi que trois petites intrusions tardives de tonalite. Plus tard, les granites du Morrice ont été reconnus dans la région des lacs Aigneau (feuillet 24E; Berclaz et al., 2001, 2002), La Potherie (feuillet 34I; Leclair et al., 2001, 2002) et Vernon (feuillet 34J; Parent et al., 2002, 2003) (Simard, 2008). Simard et al. (2008) considèrent que la Suite de Morrice est constituée exclusivement de granite; l’association avec la tonalite n’a pas été démontrée. Ces auteurs ont donc regroupé les trois intrusions tonalitiques décrites par Parent et al. (2000, 2001) dans une nouvelle unité, soit la Suite de la Rivière Qijuttuuq. Dans la région du lac Vernon, Simard et al. (2008) ont également assigné à la Suite de Morrice des granites qui appartenaient auparavant au Complexe de Le Roy (redéfini comme une unité constituée exclusivement de diatexite), en se basant sur les caractéristiques lithologiques et la distribution régionale de ces granites.

La Suite de Morrice est constituée d’un granite à biotite homogène, massif à folié, de granulométrie moyenne à grossière, localement porphyrique, et de teinte rosée en surface fraiche et rose rougeâtre en surface altérée (Parent et al., 2000, 2001; Berclaz et al., 2001, 2002; Leclair et al., 2001, 2002; Parent et al., 2002, 2003; MRNF, 2001; Boily et al., 2004; Simard et al., 2005; Simard et al., 2008; Simard, 2008; MRNF, 2010a-f). Le granite est leucocrate à localement hololeucocrate et contient de 2 à 15 % de minéraux ferromagnésiens. Les principales phases minérales sont le quartz, la microcline, le plagioclase, la biotite verte et, en moindres proportions, la magnétite et la hornblende. La biotite est finement disséminée dans la roche ou en amas de quelques millimètres de diamètre. La roche contient communément de 1 à 5 % de phénocristaux de feldspath potassique de 1 à 2 cm de longueur, localement perthitiques à microperthitiques. Par endroits, on note également la présence de clinopyroxène, de muscovite, d’épidote, de titanite, d’allanite, d’apatite, de sphène et de zircon en proportions accessoires. Le long des couloirs de faille, la roche est généralement hématitisée; cette altération est aussi accompagnée d’une chloritisation et d’une épidotisation des minéraux ferromagnésiens, ainsi que d’une séricitisation des feldspaths. La foliation, lorsque présente, est généralement ondulante et se manifeste par l’alignement de la biotite, l’orientation préférentielle de lentilles de quartz et une structure en mortier (Leclair et al., 2001, 2002).

Des phases pegmatitiques sont couramment associées au granite (Berclaz et al., 2001, 2002; Boily et al., 2004; Simard et al., 2008; Simard, 2008; MRNF, 2010b, d). Le granite et les pegmatites sont injectés dans la majorité des unités archéennes encaissantes et renferment des enclaves de ces dernières, témoignant du caractère tardif de roches granitiques (Parent et al., 2002, 2003; Simard et al., 2005; Simard et al., 2008; Simard, 2008; MRNF, 2010a, e). Les enclaves observées dans le granite sont de composition variée : diorite, amphibolite, tonalite foliée, granodiorite, diatexite, paragneiss à grenat et gneiss mafique. Dans le secteur du lac Sulluppagalik (feuillets 34H25 et 34H16), quelques zones minéralisées en uranium et thorium ont été répertoriées. La minéralisation est associée à des granites à phénocristaux de feldspath potassique; elle est disséminée dans des brèches à fragments feldspathiques et à matrice de biotite, ainsi que dans des pegmatites hématitisées et épidotisées coupant le granite.