Historique

Le Complexe de Le Roy a été introduit dans la région du lac Vernon (feuillet 34J) par Parent et al. (2002, 2003) pour regrouper des diatexites, des granites, des roches intrusives à orthopyroxène et des paragneiss. Simard et al. (2008) ont redéfini le Complexe de Le Roy comme une unité importante de diatexite qui représente le produit de fusion des roches d’un vaste bassin sédimentaire (>450 km) à l’intérieur du Domaine du Lac Minto. Percival et al. (1991) avaient été les premiers à reconnaître que la présence d’un volume important de diatexite (Adx) constituait la caractéristique principale de ce domaine. Les roches volcano-sédimentaires de ce bassin et les diatexites issues de leur fusion avaient été assignées à plusieurs unités différentes, entraînant une complexité dans la nomenclature de ces roches. Simard et al. (2008) ont regroupé les diatexites dans le Complexe de Le Roy, les lambeaux de roches volcano-sédimentaires dans le Complexe de Mézard et les roches intrusives à orthopyroxène dans la Suite de Lac Minto (Amin). Originellement, les diatexi­tes avaient été incluses dans la Suite de Lac Minto (feuillet 34H) ainsi que dans les complexes de Le Roy (Aroy) (feuillets 34G, 34J et 34O) et de Mézard (Amez) (feuillets 34O, 34N et 35C).

Description

Le Complexe de Le Roy est majoritairement constitué de diatexite (nAroy1) issue de la fusion d’un vaste bassin sédimentaire (Percival et al., 1991; Parent et al., 2000, 2001; Leclair et al., 2001; Leclair et al., 2001; Parent et al., 2002, 2003; Berclaz et al., 2003, 2005; Maurice et al., 2004, 2005a; Maurice et al., 2005b; Simard et al., 2005; Simard et al., 2008; Simard, 2008; MRNF, 2010a-g). Le complexe comprend également des phases granitiques, communément pegmatitiques (nAroy2), qu’on pense génétiquement liées aux diatexites (Leclair, 2001, 2002; Parent et al., 2002, 2003; Berclaz et al., 2003, 2005; MRNF, 2010f).

Complexe de Le Roy 1 (nAroy1) : diatexite

Les diatexites sont constituées majoritairement de matériel fusionné (50 à 80 %, mobilisat ou néosome) de composition granodioritique à granitique, localement tonalitique. La diatexite, normalement assez magnétique, varie de leucocrate à mésocrate et de foliée à localement gneissique. Elle est gris brunâtre à gris verdâtre en cassure fraiche et gris jaunâtre à brun rouille en surface altérée. Elle possède une structure hétérogranulaire caractéristique due à la granulométrie des grains de quartz, de feldspath potassique et de plagioclase qui varie de grossière à moyenne. Localement, la présence de phénocristaux de feldspath potassique (1 à 2 cm de longueur) donne un aspect porphyroïde à la roche. Elle contient de nombreux schlierens de biotite, des structures d’écoulement qui ont oblitéré les structures de prémigmatitisation (foliation ondulante) ainsi qu’une proportion importante (5 à 50 %) d’enclaves décimétriques à métriques de gneiss mafique à intermédiaire et de paragneiss migmatitisés à biotite-grenat-cordiérite-sillimanite. Ces enclaves sont étirées dans le sens de la foliation régionale. La structure hétérogranulaire, les schlierens, les enclaves, de même que les structures de fluage donnent un aspect hétérogène à l’unité. La diatexites est composée de biotite-grenat ± cordiérite ± sillimanite ± hornblende ± magnétite. L’orthopyroxène est répandu dans l’extrémité sud de l’unité. Ces assemblages témoignent d’un métamorphisme variant du faciès supérieur des amphibolites à celui des granulites. De nombreuses zones d’épidotisation, de chloritisation et d’hématitisation sont observées dans les secteurs où la déformation fragile est plus répandue.

En lame mince, les grains de microcline et de plagioclase se présentent respectivement sous forme microperthitique et antiperthitique, suggérant que la diatexite résulte de la cristallisation d’un liquide plutôt que d’une recristallisation métamorphique à l’état solide. Le quartz est présent en de larges plages. Les principaux minéraux caractéristiques sont la biotite brun-rouge, le grenat, la cordiérite, la sillimanite, la magnétite et, localement, l’andalousite et le spinelle. Le grenat est porphyroblastique et pœcilitiques avec des inclusions de sillimanite, de biotite, de magnétite et, localement, de plagioclase. Les minéraux accessoires sont le zircon, le rutile, la titanite et les sulfures. La présence de chlorite, de séricite, de muscovite, d’épidote et de carbonates indique une altération tardive. La déformation varie de faible à intense, accentuant l’alignement des schlierens de biotite et du grenat. Les schlierens sont communément associés à une réduction de la taille des grains de quartz et de plagioclase (structure en mortier), indiquant qu’une partie de la déformation s’est produite à l’état solide ou subsolidus. La foliation contourne les gros cristaux de plagioclase et les porphyroblastes de grenat, en plus de s’exprimer par des rubans de quartz polycristallin et, localement, par des traînées de grains de spinelle.

Complexe de Le Roy 2 (nAroy2) : pegmatite granitique à biotite

L’unité de diatexite renferme des veines pegmatitiques et des phases granitiques à grain grossier qui ont été regroupées dans l’unité nAroy2. Ces dernières possèdent localement une structure porphyrique à phénocristaux de feldspath potassique. Elles sont en contact graduel avec l’unité de diatexite d’aspect hétérogène (nAroy1). De plus, les observations de terrain suggèrent que les limites entre certaines intrusions de granite et de diatexite sont communément représentées par des zones de contact transitionnelles. Il est possible que certains granites représentent des magmas plus évolués et qu’ils soient dérivés des mêmes processus qui ont généré les diatexites.

Le granite est blanc à rose pâle en surface altérée et rose-rouge en cassure fraiche. Il est leucocrate à hololeucocrate et massif à folié. Les minéraux caractéristiques sont la biotite, la magnétite, l’épidote et, localement, la hornblende, le clinopyroxène et la tourmaline. Le grenat est présent aux endroits où la diatexite et le paragneiss sont présents dans le granite. Les minéraux accessoires sont la titanite, le zircon et l’apatite. Localement, des amas de biotite et de magnétique forment des schlierens millimétriques. L’unité contient une proportion variable d’enclaves de diorite, de tonalite, de gneiss mafique et de paragneiss. La foliation est définie par : l’alignement de la biotite, des phases pegmatitiques, des enclaves étirées et, dans quelques cas, un étirement des cristaux de quartz.

Épaisseur et distribution

Le Complexe de Le Roy s’étend sur >450 km selon une orientation NW-SE à N-S à l’intérieur du Domaine du Lac Minto (Simard, 2008).

Datation

Des échantillons de diatexite (nAroy1) ont livré des âges entre 2713 Ma et 2697 Ma (Percival et al., 1992; David et al., 2009).

Relations stratigraphiques

Les diatexites du Complexe de Le Roy représentent le produit de fusion des unités de roches métasédimentaires appartenant aux complexes volcano-sédimentaires de Mézard et de Kogaluc (2779 à 2759 Ma) (Simard, 2008). Les datations indiquent que les roches sédimentaires auraient subi une fusion entre 2713 Ma et 2697 Ma. Les roches intrusives à orthopyroxène de la Suite de Lac Minto ont donné des âges entre 2735 Ma et 2703 Ma, suggérant un lien génétique possible entre les diatexites et les roches intrusives de cette suite. La possibilité d’un lien génétique entre les diatexites et certaines intrusions de granite et de roches charnockitiques avait déjà été mentionnée par Leclair et al. (2000) et Parent et al. (2002). Plus à l’est, les diatexites de la Suite de la Rivière aux Mélèzes, issues de la fusion des roches métasédimentaires du Complexe de Duvert, ont donné un âge de 2668 Ma. La fusion des bassins métasédimentaires de la Sous-province de Minto se serait produite entre 2700 et 2670 Ma (Simard et al., 2008).

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

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