Dernière modification :
Auteur(s) : |
Miller, 1913
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Âge : |
Paléoprotérozoïque
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Stratotype : |
Aucun
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Région type : |
Région de Saint-Édouard-de-Fabre (feuillet SQRC 31M03-200-0201). Du côté ontarien, la région type se trouve à Cobalt, près de la frontière québécoise et du lac Témiscamingue (feuillets SNRC 31M05 et 31M06)
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Province géologique : |
Provinces du Supérieur et du Sud
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Subdivision géologique : |
Sous-province de Pontiac
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Lithologie : | Gabbro |
Catégorie : |
Lithodémique
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Rang : |
Lithodème
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Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
La « Diabase de Nipissing » a été introduite en Ontario par Miller (1913) pour définir des intrusions tholéiitiques massives dans la région de Cobalt, près de la frontière québécoise et du lac Témiscamingue (feuillets SNRC 31M05 et 31M06). Des intrusions de diabase protérozoïques ont ensuite été décrites dans la région du Témiscamingue, autant du côté ontarien que québécois (feuillets 31M03, 31M04 et 31M05; Wilson, 1918). Au Québec, cette diabase, localement quartzifère, a été cartographiée dans la région de Saint-Édouard-de-Fabre (feuillet SQRC 31M03-200-0201; CGC, 1943; Mauffette, 1953; Robert, 1962; Sanchagrin, 1980; Rive, 1994). Parmi ces auteurs, Sanchagrin (1980) a décrit la Diabase de Nipissing selon les subdivisions et la nomenclature définies par Jambor (1971) du côté ontarien. Dans les cartes de compilation du Ministère de la région et un peu plus au sud, la roche a été cartographiée comme du gabbro et le nom de l’unité a été modifiée pour Intrusions de Nipissing (Bélanger et Beausoleil, 1999; Goutier et al., 1999). Le nom fait référence au district de Nipissing situé dans le NE de l’Ontario.
Description
Les Intrusions de Nipissing forment des filons-couches et des dykes gabbroïques (Mauffette, 1953; Robert, 1962; Sanschagrin, 1980). Les filons-couches présentent une surface légèrement ondulante caractéristique qui résulte en une structure générale en dômes et bassins (Sanschagrin, 1980). Cette configuration particulière des Intrusions de Nipissing a eu un effet, en particulier, sur l’agencement des minéralisations qui lui sont associées (p. ex. Hore, 1911). Les bassins contiennent une proportion plus importante de roches mafiques alors que les dômes ont une proportion plus élevée de produits felsiques provenant de la différenciation (Jambor, 1971). La roche gabbroïque a été subdivisée par Jambor (1971) en cinq types principaux de roches : diabase à quartz; diabase à hypersthène; diabase à texture variée; diabase pegmatitique; granophyre et aplite. Cette nomenclature a été reprise par Sanchagrin (1980).
La partie sommitale des filons-couches est occupée par une diabase quartzifère caractérisée par une augmentation graduelle de la proportion de feldspath et de quartz (Robert, 1962; Sanschagrin, 1980). Elle est noire, de granulométrie fine, devenant progressivement plus grossière vers le cœur de l’intrusion (Sanschagrin, 1980). Une bordure de trempe verdâtre et aphanitique apparaît au contact avec la roche encaissante (Jambor, 1971). L’épaisseur minimale d’une diabase quartzifère sommitale a été évaluée à plus de 10 m, alors que la zone aphanitique s’étend sur une épaisseur de 15 à 20 cm (Sanschagrin, 1980).
La diabase à texture variée se présente sous la phase quartzifère (Sanschagrin, 1980). Elle est caractérisée par des poches irrégulières de diabase à grain grossier dans une matrice de granulométrie plus fine de même composition (Mauffette, 1953; Robert, 1962; Sanschagrin, 1980). Cette phase inclut également du gabbro pegmatitique et du granophyre (Mauffette, 1953) qui peuvent se présenter sous forme de schlierens, de poches irrégulières ou de veines (Jambor, 1971). Le gabbro pegmatitique, légèrement plus felsique que le reste du filon-couche, présente une texture plutôt granitique alors que le reste du filon montre une texture ophitique (diabasique; Sanschagrin, 1980). Le granophyre contient de fines intercroissances de quartz et de feldspath alcalin avec de l’amphibole, de la biotite et de la chlorite comme principaux constituants ferromagnésiens. Il est plus rare au niveau des bassins.
La diabase à hypersthène, qui apparait à la base du filon-couche, est caractérisée par des grains d’orthopyroxène brunâtres de 3 à 5 mm de diamètre en moyenne, mais pouvant atteindre 10 mm (Sanschagrin, 1980). L’orthopyroxène se distingue facilement du feldspath fin et pâle et du clinopyroxène noirâtre. Cette diabase constitue les deux tiers de l’épaisseur du filon-couche dans les bassins (Jambor, 1971).
Les Intrusions de Nipissing se présentent différemment selon qu’elles s’injectent dans la tonalite (Batholite de Belleterre-Fugèreville) ou dans les roches volcano-sédimentaires archéennes (Groupe de Baby et Formation d’Angliers) et huroniennes (Formation de Lorrain et Membre de Coleman [Formation de Gowganda]) au nord du batholite (Sanschagrin, 1980). La roche qui coupe les masses de granite et de granodiorite situées à l’est de Saint-Édouard-de-Fabre, à proximité du contact avec la Province de Grenville, forme des petites masses irrégulières d’une épaisseur <1,5 km (Robert, 1962). À quelques endroits, l’étroite association et le passage graduel entre une roche très semblable à la diabase de Nipissing et le gabbro du Complexe anorthositique de Fabre suggèrent que la diabase de Nipissing serait un dérivé magmatique du gabbro du Complexe anorthositique de Fabre. Les formations sédimentaires sont quant à elles couramment métamorphisées (altération rougeâtre et recristallisation) au contact avec la diabase de Nipissing (Mauffette, 1953; Sanschagrin, 1980). Ce contact métamorphisé ainsi que la bordure de trempe des intrusions rendent par endroits difficile la distinction entre l’intrusion et les roches encaissantes sédimentaires (Sanschagrin, 1980).
En plusieurs localités, la diabase a été fortement cisaillée et présente des diaclases (Sanchagrin, 1980). Ces zones de cisaillement marquent généralement la limite des affleurements de diabase.
Épaisseur et distribution
Au Québec, les Intrusions de Nipissing sont localisées dans la région de Saint-Édouard-de-Fabre, dans la pointe SW de la Sous-province de Pontiac (Province du Supérieur) et la Province du Sud (feuillet 31M03-200-0201 et coin NW du feuillet 31M03-200-0101). Dans cette région, elles apparaissent de façon irrégulière sur des superficies métriques à kilométriques variables (Sanschagrin, 1980). Elles peuvent former des collines qui émergent du paysage, mais se présentent généralement sous forme de buttes assez discrètes. L’apparition de la diabase en affleurement est communément due à des failles dont les déplacements, dans la plupart des cas, n’ont pu être évalués. Selon Sanschagrin (1980), l’attitude générale de l’unité au Québec serait celle d’un filon-couche en forme de soucoupe limitée au nord par un dyke vertical perçant la couverture huronienne et s’étendant vers le sud, sous le Batholite de Belleterre-Fugèreville, jusqu’à une distance encore indéterminée.
L’unité s’étend vers le sud jusqu’aux Grands Lacs et vers l’ouest jusqu’au lac des Bois en Ontario, couvrant ainsi une superficie de 453 000 km2 (Jambor, 1971; Sanschagrin, 1980). Il y a lieu de noter que les régions dans lesquelles la diabase de Nipissing a été reconnue au Québec sont en continuité avec celles observées en Ontario (Wilson, 1918; Sanschagrin, 1980). Les dykes et les filons-couche de Nipissing suivent une orientation générale NE-SW à N-E (Robert, 1962).
Datation
La datation U-Pb sur baddeleyite de filons-couches de diabase du Nipissing du côté ontarien a donné des âges de mise en place de 2209,6 ±3,5 Ma, 2217,2 ±4 Ma (Noble et Lightfoot, 1992) et 2219,4 +3,6/-3,5 Ma (Corfu et Andrews, 1986).
Relations stratigraphiques
Les Intrusions de Nipissing sont les roches les plus récentes de la région de Saint-Édouard-de-Fabre. Elles s’injectent dans les intrusions archéennes du Batholite de Belleterre-Fugèreville et du Complexe anorthositique de Fabre ainsi que dans les roches volcano-sédimentaires archéennes (Groupe de Baby et Formation d’Angliers) et huroniennes (Formation de Lorrain et Membre de Coleman [Formation de Gowganda]) au nord du batholite. Tel que mentionné dans la section « Description », le gabbro de Nipissing pourrait être un dérivé magmatique du gabbro anorthositique du Complexe anorthositique de Fabre (Robert, 1962). La mise en place des Intrusions de Nipissing est contemporaine à celle des Dykes de Senneterre (2221 ±4 à 2216 +8/-4 Ma) situés au NE, dans la Province du Supérieur.
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
BÉLANGER, M., BEAUSOLEIL, C., 1999. Compilation géologique 1/20 000 – 31M03-200-0101 RIVIÈRE-KIPAWA. In : MRNF, 2010. CARTE(S) GÉOLOGIQUE(S) DU SIGEOM – feuillet 31M. CG SIGEOM31M, 36 plans.
GOUTIER, J., BÉLANGER, M., OUELLET, M.-C., BEAUSOLEIL, C., 1999. Compilation géologique 1/20 000 – 31M03-200-0201 SAINT-ÉDOUARD-DE-FABRE. In : MRNF, 2010. CARTE(S) GÉOLOGIQUE(S) DU SIGEOM – feuillet 31M. CG SIGEOM31M, 36 plans.
MAUFFETTE, P., 1953. PRELIMINARY REPORT ON A PART OF FABRE TOWNSHIP, TEMISCAMINGUE COUNTY. MRN; RP 274(A, 7 pages, 1 plan..
MAUFFETTE, P., 1953. RAPPORT PRELIMINAIRE SUR UNE PARTIE DU CANTON DE FABRE, COMTE DE TEMISCAMINGUE. MRN; RP 274, 11 pages, 1 plan.
RIVE, M., 1994. INVENTAIRE DES ROCHES GRANITOIDES DES SOUS-PROVINCES DE L’ABITIBI ET DU PONTIAC. MRN; MB 92-14, 184 pages, 1 plan.
ROBERT, J. L., 1962. Preliminary report on Fabre-Mazenod area, Témiscamingue county. MRN; RP 485(A), 10 pages, 1 plan.
ROBERT, J. L., 1962. Rapport préliminaire sur la région de Fabre-Mazenod, comté de Témiscamingue. MRN; RP 485, 11 pages, 1 plan
SANSCHAGRIN, Y., 1980. GEOLOGIE DU CANTON DE FABRE (COMTE DE PONTIAC – TEMISCAMINGUE). MRN; DPV 765, 63 pages, 1 plan.
Autres publications
CANADA GEOLOGICAL SURVEY (CGC), Bureau of Geology and Topography. 1943. Southern Quebec, west sheet. Commission géologique du Canada; Carte série « A » 703A, (éd. réimpression), 1 feuille. https://doi.org/10.4095/261791
CORFU, F., ANDREWS, A.J. 1986. A U–Pb age for mineralized Nipissing diabase, Gowganda, Ontario. Canadian Journal of Earth Sciences; volume 23, pages 107-189. https://doi.org/10.1139/e86-011
HORE, R.E. 1911. Differentiation products in quartz diabase masses of the silver fields of Nipissing, Ont. Economic Geology; volume 6, pages 51-59. https://doi.org/10.2113/gsecongeo.6.1.51
JAMBOR, J.L. 1971. The Nipissing Diabase. In: The Silver-Arsenide Deposits of the Cobalt-Gowganda Region, Ontario. Canadian Mineralogist; volume 2, partie 1, pages 34-75. https://pubs.geoscienceworld.org/canmin/article/11/1/34/10826/The-Nipissing-diabase
MILLER, W.G. 1913. The Cobalt-Nickel Arsenides and Silver Deposits of Temiskaming (Cobalt and Adjacent Areas). REPORT OF THE BUREAU OF MINES; VOL. XIX., PART II, 279 pages, 4 maps. http://www.geologyontario.mndm.gov.on.ca/mndmaccess/mndm_dir.asp?type=pub&id=ARV19
NOBLE, S.R., LIGHTFOOT, P.C. 1992. U-Pb baddeleyite ages of the Kerns and Triangle Mountain intrusions, Nipissing Diabase, Ontario. Canadian Journal of Earth Sciences; volume 29, pages 1424-1429. https://doi.org/10.1139/e92-114
WILSON, M.E. 1918. Timiskaming County, Quebec. Commission géologique du Canada; Carte série « A » 145A, 1 feuille. https://doi.org/10.4095/107983
Citation suggérée
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Intrusions de Nipissing. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/intrusions-de-nipissing [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Céline Dupuis, géo., Ph. D. celine.dupuis@mern.gouv.qc.ca (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Charles St-Hilaire, géo. stag., M. Sc. (lecture critique et révision linguistique). |