Intrusion de Moly
Étiquette stratigraphique : [narc]mol
Symbole cartographique : nAmol
 

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Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
nAmol4 Brèche hydrothermale
nAmol3 Diorite quartzifère massive
nAmol2 Granodiorite porphyroïde à biotite ± hornblende; localement monzodiorite quartzifère; enclaves d’amphibolite
nAmol1 Tonalite à biotite ± hornblende, massive à peu foliée
 
Auteur(s) :Bandyayera et al., 2013
Âge :Néoarchéen
Stratotype :Aucun
Région type :Feuillet SNRC 33G16
Province géologique :Province du Supérieur
Subdivision géologique :Sous-province de La Grande
Lithologie :Tonalite, granodiorite, diorite quartzifère et brèche hydrothermale
Catégorie :Lithodémique
Rang :Lithodème
Statut :Formel
Usage :Actif

Historique

Bandyayera et al. (2013) ont introduit cette formation pour décrire une suite de roches intrusives encaissant un vaste système de minéralisations en Mo-Cu ± Au de type porphyrique identifié à l’ouest du lac Tilly (Desbiens, 1998; Desbiens, 2001; Chapon et al., 2010; Chapon, 2011). L’unité tonalitique nAmol1 a été décrite par Chapon et al. (2010) sous le nom informel de granitoïde de Tilly. Par la suite, Bandyayera et al. (2013) ont proposé d’abandonner ce nom puisqu’il entraîne des confusions avec la Pegmatite de Tilly, un lithodème introduit par Labbé et Bélanger (1998) pour décrire les intrusions tarditectoniques de pegmatite dans la région de Thier (feuillet SNRC 33H09).

Description

L’Intrusion de Moly comprend quatre unités : une unité tonalitique (nAmol1); une unité granodioritique (nAmol2); une unité de diorite quartzifère (nAmol3) et une unité de brèche hydrothermale (nAmol4).

Intrusion de Moly 1 (nAmol1) : Tonalite à biotite ± hornblende, massive à peu foliée

La tonalite représente plus de 80 % de l’intrusion. La roche est homogène, moyennement grenue et massive à faiblement foliée. Elle est de couleur blanc grisâtre en surface altérée et gris blanchâtre à gris verdâtre en cassure fraîche. Elle contient 30 à 40 % de quartz, 50 à 70 % de plagioclase, 1 à 10 % de feldspath potassique, 3 à 15 % de biotite et 1 à 5 % de hornblende. Elle est par endroits porphyroïde à phénocristaux de quartz arrondis (20 %) et de plagioclase (5 %) baignant dans une matrice chloritisée de couleur verdâtre. En affleurement, la composition de la roche semble homogène. Les colorations au cobaltinitrite de sodium ont toutefois révélé des variations relativement importantes du contenu en feldspath potassique (0 à 20 %). Ces variations sont probablement causées par l’altération potassique qui se caractérise par la formation de feldspath potassique secondaire et de biotite hydrothermale. La roche montre aussi une forte hématitisation, ce qui rend difficile son identification en affleurement. L’unité nAmol1 comprend aussi de nombreux dykes porphyriques décimétriques à métriques (50 cm à 2 m) à phénocristaux de quartz-feldspath ou de feldspath. Les dykes montrent une bordure finement grenue attribuable au refroidissement rapide au contact avec l’encaissant tonalitique, tandis que le centre est moyennement grenu. Les dykes à phénocristaux de quartz-feldspath sont composés de 15 à 20 % de phénocristaux de quartz subarrondis de 3 à 5 mm de diamètre, et de 5 à 15 % de phénocristaux de plagioclase, dans une matrice quartzo-feldspathique finement grenue très pauvre en minéraux ferromagnésiens (1 %). Les dykes à phénocristaux de feldspath sont plus rares. Ils contiennent de 15 à 30 % de phénocristaux de feldspath (3 à 5 mm de diamètre) dans une matrice aphanitique quartzo-feldspathique finement grenue.

Intrusion de Moly 2 (nAmol2) : Granodiorite porphyroïde à biotite ± hornblende; localement monzodiorite quartzifère; enclaves d’amphibolite

La granodiorite forme des masses kilométriques plus tardives qui coupent l’unité tonalitique nAmol1. La zone de contact entre ces unités est marquée par la présence d’une forte concentration de dykes mafiques et de brèches magmatiques (Chapon et al., 2010; Chapon, 2011). Sur la propriété Tilly de Ressources Sirios (au moment d’écrire ces lignes), la granodiorite correspond à une anomalie positive en potassium révélée par un levé radiométrique, sans toutefois montrer d’altération associée au système porphyrique (Chapon, 2008). Elle a été décrite sous le nom informel de « granodiorite de Romane » (Chapon et al., 2010) ou de « granodiorite rose » (Chapon, 2011). Cependant, les données disponibles montrent que la granodiorite fait partie intégrante de l’Intrusion de Moly et qu’elle en constitue l’unité la plus jeune. Elle contient par endroits des enclaves tonalitiques de l’unité nAmol1. Contrairement à la tonalite (nAmol1), cette unité ne contient pas de brèche hydrothermale et n’est pas coupée par des veines de quartz-molybdène. Sa composition est essentiellement celle d’une granodiorite, mais Simard et Lafrance (2011b) ont intégré une monzodiorite quartzifère dans cette unité. Elle est homogène, finement à grossièrement grenue et massive à localement faiblement foliée. La roche est de couleur distinctive rose bonbon en surface altérée et rosâtre en cassure fraîche. Elle possède un contenu relativement faible en biotite (3 à 10 %), en hornblende et en quartz (20 à 35 %), et contient 10 à 25 % de phénocristaux de feldspath potassique. On note également la présence de 3 à 5 % d’enclaves mafiques amphibolitisées. La foliation est soulignée par des amas centimétriques étirés de minéraux ferromagnésiens foncés qui produisent un aspect moucheté sur la surface altérée, similaire à celui observé dans les roches de la Suite de Salleneuve. Il est possible que les roches potassiques de l’Intrusion de Moly soient équivalentes à celles de la Suite de Salleneuve localisées à quelques kilomètres au nord. Un échantillon de l’Intrusion de Moly observé en lame mince montre une texture granoblastique bien développée. Celui-ci renferme seulement 5 % de minéraux ferromagnésiens constitués de petits feuillets de biotite verdâtre (Simard et Lafrance, 2011b). Le feldspath potassique, qui représente jusqu’à 20 % de cette roche, est intergranulaire ou en amas. Cet échantillon pourrait correspondre à une tonalite ayant subi une altération potassique reliée au système porphyrique du gîte de Tilly. Une altération potassique intergranulaire ou en veines et veinules associée à ce gîte a d’ailleurs été décrite par Chapon et al. (2010). Tout comme la tonalite de l’unité nAmol1, la granodiorite est hématitisée à divers degrés, de façon diffuse et localement sous forme de veines.

Intrusion de Moly 3 (nAmol3) : Diorite quartzifère massive

La diorite quartzifère a été cartographiée par Chapon et al. (2010) à l’est du lac Tilly. Elle correspond au secteur de l’Intrusion de Moly dont la susceptibilité magnétique est la plus élevée (Dubois et Cheman, 2008). Elle s’injecte dans l’Intrusion de Moly en direction E-W sur 5 km de longueur et 1 à 2,5 km de largeur. Ces auteurs la décrivent comme une roche massive, moyennement à finement grenue. Elle est composée de 55 à 60 % de plagioclase, de 30 % de minéraux ferromagnésiens (dominés par l’amphibole) et de 15 % de quartz.

Intrusion de Moly 4 (nAmol4) Brèche hydrothermale

La brèche hydrothermale est observée uniquement au sein de l’unité tonalitique nAmol1. Elle se présente sous la forme de zones allongées de direction E-W, généralement discontinues, de taille décamétrique à kilométrique. La plus importante mesure 2 km de longueur sur 100 à 300 m de largeur. La brèche hydrothermale est généralement monogénique à fragments de tonalite, et localement polygénique à fragments de tonalite, de diorite, de porphyre à quartz et à quartz-feldspath. Les fragments sont généralement anguleux et localement subarrondis. Ces derniers se trouvent dans une matrice de quartz blanc (ciment hydrothermal). La matrice forme 5 à 50 % de la brèche. La taille des fragments varie de centimétrique à décamétrique. Les textures de brèche in situ montrant des fragments qui s’emboîtent les uns dans les autres suggèrent une fracturation hydraulique de l’encaissant tonalitique par les fluides hydrothermaux. En revanche, la présence des brèches polygéniques suggère l’existence d’une phase hydrothermale tardive, laquelle aurait remanié des lits constitués à l’origine de brèche magmatique monogénique. Cette hypothèse est également appuyée par la présence de porphyres à quartz et feldspath, à la fois sous forme de fragments anguleux dans l’unité de brèche hydrothermale et de dykes dans la tonalite de l’unité nAmol1.

Épaisseur et distribution

L’Intrusion de Moly couvre une superficie importante dans la partie NE du feuillet 33G16 et s’étend jusqu’à la limite du Domaine de Bienville, au nord (Simard et Lafrance, 2011b), et jusqu’à la Faille de la Grande Rivière, au sud.

Datation

Une datation U-Pb effectuée sur une tonalite assignée à l’unité nAmol1 (échantillon Ti-09-U3) a donné un âge de 2745,8 ±0,8 Ma (Chapon, 2011; Chapon et al., 2010). La datation d’une granodiorite rose appartenant à l’unité nAmol2 (échantillon Ti-09-U1) a pour sa part donné un âge de cristallisation de 2710,2 +4,3/-2,6 Ma (Chapon et al., 2010). Un dyke porphyrique de l’unité nAmol1 a été daté à 2740,3 ±0,8 Ma (Chapon et al., 2010; Chapon, 2011).
 
L’âge de la tonalite et du dyke porphyrique sont comparables à l’âge le plus ancien obtenu dans une tonalite assignée à la Suite de Coates, dans la région de Laforge 1 (2742 Ma, David et al., 2011; Simard et Lafrance, 2011a). Il serait donc possible que la phase tonalitique de l’Intrusion de Moly soit reliée à ce même évènement magmatique tonalitique. Pour ce qui est de la phase granodioritique, elle serait contemporaine à plusieurs tonalites de la Sous-province de La Grande, dont celles correspondant à l’âge principal de la Suite de Coates (2709 et 2716 Ma, David et al., 2011; Simard et Lafrance, 2011a).
 
UnitéÉchantillonSystème isotopiqueMinéralÂge (Ma)(+)(-)Référence(s)
nAmol1Ti-09-U3U-PbZircon2745,80,80,8Chapon, 2011; Chapon et al., 2010
 U-PbZircon2740,30,80,8
nAmol2Ti-09-U1U-PbZircon2710,24,32,6Chapon et al., 2010

Relations stratigraphiques

À l’ouest, l’intrusion coupe toutes les phases intrusives du Complexe de Langelier, tandis qu’à l’est, elle s’injecte dans la séquence volcano-sédimentaire de la Formation de Pie, ce qui indique que ces deux unités sont antérieures à 2746 Ma.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

 

DESBIENS, H., 1998. PROGRAMME GEOLOGIQUE 1998 DE LA PROPRIETE TILLY. RESSOURCES SIRIOS INC, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 56002, 41 pages, 7 plans.

DESBIENS, H., 2001. PROGRAMME GEOLOGIQUE 2000 DE LA PROPRIETE TILLY, LA GRANDE RIVIERE, BAIE JAMES. RESSOURCES SIRIOS INC, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 58969, 117 pages, 11 plans.

LABBÉ, J.-Y., BELANGER, M., 1998. Géologie de la région du lac Thier, 33H/09. MRN; RG 97-13, 23 pages, 1 plan.

SIMARD, M., LAFRANCE, I., 2011a. GEOLOGIE DE LA REGION DU RESERVOIR LAFORGE 1 (33I). MRNF; RG 2011-01, 49 pages, 1 plan.

SIMARD, M., LAFRANCE, I., 2011b. Géologie de la région du lac Kinglet (SNRC 33J-33K01 et 33K02). MRNF; RG 2011-05, 47 pages, 1 plan.

 

 

 

 

 

 

Autres publications

CHAPON, B. 2008. Méthodologie et interprétation du levé spectrométrique sur le porphyrearchéen à Mo-Cu-Au de Tilly, Baie James. Activité de synthèse. Université du Québec à Montréal (inédit).

CHAPON, B. 2011. Le porphyre archéen à Mo-Cu +/-Au de Tilly, Baie-James, Québec. Université du Québec à Montréal, Québec; Mémoire de maîtrise. https://archipel.uqam.ca/4297/1/M12241.pdf

CHAPON, B., JÉBRAK, M., ROSS, P.-S., STEVENSSON, R. 2010. Le système porphyrique à molybdène de Tilly. DIVEX (Diversification de l’Exploration Minérale au Québec); Rapport final, sous projet SC36, 15 pages. Source

DUBOIS, M., CHEMAN, M. 2008. Levés de magnétométrie, de résistivité / polarisation provoquée et de magnétométrie. Rapport d’interprétation 08N041, Abitibi Géophysique, 62 pages.

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Intrusion de Moly. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/intrusion-de-moly [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Alban Duvernois (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML). 

 
15 mars 2023