Le Complexe de la Hutte a été introduit par Bandyayera et Caron-Côté (2019) afin de regrouper les roches gneissiques et tonalitiques cartographiées dans les feuillets 32O11, 32O12 et 32O14. Ces unités forment un dôme dans la partie centrale de la Ceinture du Lac des Montagnes, laquelle était initialement localisée dans la Sous-province de Nemiscau. Ces auteurs ont par la suite réassigné au Complexe de la Hutte toutes les masses plutoniques et gneissiques plus ou moins migmatitisées de la Sous-province de Nemiscau (feuillets 32N06 à 32N09) qui avaient été à l’origine associées au Complexe de Champion (Bandyayera et Daoudene, 2018, 2019), le Complexe de Champion étant dès lors restreint à la Sous-province de La Grande. À la suite des travaux de Pedreira Pérez et al. (2019), Pedreira Pérez et al. (2020) et Bandyayera et al. (2022), la Ceinture du Lac des Montagnes n’a plus été considérée comme faisant partie de la Sous-province de Nemiscau, mais plutôt de la Sous-province de La Grande. Les masses plutoniques et gneissiques associées au Nemiscau ont donc été réassignées à une nouvelle unité, le Complexe de Wettigo. Ainsi, le Complexe de la Hutte regroupe maintenant uniquement les roches gneissiques et tonalitiques cartographiées au sein de la Ceinture du Lac des Montagnes.

Le tableau ci-dessous présente les unités du Complexe de la Hutte et les unités correspondantes dans les rapports antérieurs du Ministère :

Le Complexe de la Hutte regroupe un ensemble de roches plutono-gneissiques de composition généralement tonalitique et, plus localement, granodioritique ou granitique. Les différentes unités qui le composent sont les suivantes :

• gneiss tonalitique, localement granitique; granodiorite par endroits (Ahue1);
• gneiss granodioritique; granodiorite foliée par endroits (Ahue1a)
• tonalite à biotite ± hornblende foliée (Ahue2);
• diorite et diorite quartzifère moyennement à grossièrement grenues (Ahue3)
• granite à biotite ± magnétite folié (Ahue4);
• pegmatite granitique (Ahue5).

Complexe de la Hutte 1 (Ahue1) : Gneiss tonalitique, localement granitique; granodiorite par endroits

Les gneiss tonalitiques à localement granitiques sont gris pâle en surface altérée et grisâtres en cassure fraiche. La granulométrie est généralement moyenne, mais peut être localement grossière ou, plus rarement, fine. Ces gneiss sont habituellement homogènes, mais montrent une certaine hétérogénéité par endroits. Ce caractère hétérogène est attribuable à plusieurs causes, notamment des variations de granulométrie qui peut passer rapidement de fine à grossière, par la présence d’enclaves de diorite et d’injections de granite pegmatitique sans direction préférentielle. L’unité Ahue1 est faiblement à fortement magnétique et montre des structures foliées, plissées et rubanées. La structure gneissique est définie essentiellement par une alternance de rubans grisâtres millimétriques à centimétriques riches en biotite et hornblende (~15 %) avec des rubans blanchâtres plus riches en plagioclase (>50 %). Le rubanement est localement accentué par les injections centimétriques de granite rose ou de granodiorite disposées parallèlement aux plans de foliation. Ce rubanement devient encore plus prononcé à proximité des zones de déformation. Les rubans tonalitiques à grain fin à moyen sont partiellement à totalement recristallisés. Les minéraux secondaires les plus communs sont la biotite (10 à 15 %), la hornblende (1 à 5 %) et la magnétite (traces à 3 %). Le contenu en magnétite est plus important dans les gneiss situés à l’est du lac du Glas. En lame mince, la biotite est localement chloritisée et contient des inclusions de zircon. Des traces d’apatite, de sphène et d’allanite sont aussi observables. Le gneiss comprend généralement 1 à 20 % d’enclaves décimétriques à métriques ou de bandes décamétriques de diorite magnétique foliée, localement gneissique. Le gneiss granitique affleure principalement au SW du lac de l’Indien, dans la région du lac Champion (feuillet 32N09). La roche, moyennement à grossièrement grenue, est hétérogranulaire et fortement foliée à gneissique. Elle présente une couleur rose, tant en surface altérée qu’en cassure fraiche.

Complexe de la Hutte 1a (Ahue1a) : Gneiss granodioritique; granodiorite foliée par endroits

La granodiorite gneissique est gris moyen rosâtre en surface altérée et beige pâle à beige rosâtre en cassure fraiche. La roche est généralement à grain moyen, localement à grain grossier, granoblastique, communément porphyroclastique et montre des porphyroclastes de feldspath potassique ou de plagioclase alignés parallèlement aux plans de la gneissosité. Cette sous-unité est caractérisée par une signature magnétique positive. Tous les faciès de la roche sont généralement magnétiques et contiennent 1 à 5 % de magnétite en cristaux millimétriques à centimétriques. La structure gneissique est définie par une alternance de rubans ou de lamines rosâtres riches en feldspath potassique, et de rubans ou lamines grisâtres riches en hornblende et biotite. Le rubanement est accentué par endroits par des injections de granite rose à biotite-magnétite ± hornblende disposées parallèlement aux plans de foliation. Ce rubanement est très prononcé à proximité des zones de cisaillement de Poste Albanel ou de la Marée qui se manifestent par une roche fortement rubanée et plissée, localement boudinée et caractérisée par une forte linéation d’étirement ou minérale oblique. Les enclaves et les injections sont transposées dans les plans de la gneissosité. Les minéraux secondaires les plus communs sont la hornblende (5 à 15 %), la biotite (2 à 10 %) et la magnétite (1 à 5 %). L’unité Ahue1a contient jusqu’à 10 % d’enclaves décimétriques à métriques d’amphibolite basaltique rubanées et plissées, par endroits migmatitisées.

Complexe de la Hutte 2 (Ahue2) : Tonalite à biotite ± hornblende, foliée

La tonalite à biotite ± hornblende est intensément foliée, localement gneissique. La roche est homogène, à grain moyen, gris pâle en surface altérée et gris foncé en cassure fraiche. La roche contient généralement 15 % de biotite, 5 % de hornblende et de la magnétite en traces. L’unité Ahue2 renferme 2 à 5 % d’enclaves de diorite gris foncé en surface altérée et en cassure fraiche, homogène et granoblastique. Ces enclaves sont fortement étirées parallèlement aux plans de foliation et comprennent 40 à 50 % de minéraux ferromagnésiens (biotite et hornblende). La roche est coupée par plusieurs injections multiphasées de granite rose pegmatitique et massif, dont la bordure montre localement des liserés de biotite; ces derniers peuvent être confondus avec une structure associée communément à la fusion partielle.

Complexe de la Hutte 3 (Ahue3) : Diorite et diorite quartzifère moyennement à grossièrement grenues

L’unité Ahue3 est constituée de diorite et de diorite quartzifère qui forment des bandes plissées au sein des gneiss tonalitiques (unité Ahue1). Ces roches se distinguent toutefois des gneiss par une plus forte susceptibilité magnétique. Elles sont moyennement à grossièrement grenues, foliées et magnétiques. Elles montrent une couleur beige grisâtre clair en surface altérée et beige grisâtre moyen en cassure fraiche. Cette unité comprend typiquement jusqu’à 15 % d’enclaves centimétriques mafiques, anguleuses et allongées. La diorite et la diorite quartzifère contiennent 10 à 30 % de hornblende, 2 à 5 % de biotite et 1 à 3 % de magnétite. 

Complexe de la Hutte 4 (Ahue4) : Granite à biotite ± magnétite, folié

Le granite présente une granulométrie moyenne à grossière, localement pegmatitique. Il est légèrement à moyennement magnétique. De couleur rose moyen clair en cassure fraiche, il est rose pâle en surface altérée. La roche présente une structure foliée à localement gneissique. Elle est homogène et contient de 3 à 10 % de biotite et de 1 à 3 % de magnétite.