Dernière modification :
Auteur(s) : |
Hébert et Lacoste, 1998a
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Âge : |
Mésoprotérozoïque
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Stratotype : |
Affleurements de référence (p.ex. 23-FT-2033) situés entre Jonquière, Chicoutimi et le lac Jalobert (feuillets SNRC 22D06 et 22D10)
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Région type : |
Feuillet SNRC 22D06
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Province géologique : | |
Subdivision géologique : | |
Lithologie : | Roches intrusives intermédiaires à felsiques |
Catégorie : |
Lithodémique
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Rang : |
Lithodème
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Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
La Mangérite de Chicoutimi est mentionnée pour la première fois dans le mémoire de Hervet (1986) portant sur la chronologie des intrusions de la région de Chicoutimi. L’étude avait identifié une masse intrusive de mangérite vert bouteille sur la limite est de la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean. La partie ouest de l’intrusion mangéritique était marquée par une zone de cisaillement de près d’un kilomètre d’épaisseur, où la roche était caractérisée par une teinte de plus en plus rosée. Cette intrusion était considérée comme contemporaine à la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean, jusqu’à ce que la mangérite verte (mPchc4) soit datée à 1082 ±3 Ma (Hervet et al., 1994), établissant un nouvel évènement magmatique. Higgins et van Breemen (1996) ont daté la mangérite rose (mPchc3), anciennement désignée sous le nom de Syénite de Chicoutimi, à 1082 ±3 Ma. Malgré une signature géochimique légèrement différente entre la mangérite verte (mPchc4) et la mangérite rose (mPchc3), leur âge et leur proximité sur le terrain suggèrent qu’elles sont possiblement liées génétiquement. Le lithodème de la Mangérite de Chicoutimi a été officialisé en 1995 lors du projet de cartographie du feuillet 22D06 dans la région de Jonquière et de Chicoutimi (Hébert et Lacoste, 1998a). L’unité a été recartographiée dans le coin SW du feuillet 22D10 lors des travaux de terrain de Talla Takam et Moukhsil (2023).
Description
Hébert et Lacoste (1998a) ont identifié quatre faciès distincts, représentés par quatre sous-unités, dans la Mangérite de Chicoutimi lors de leurs travaux dans le feuillet 22D06. À l’extrémité NW de ce feuillet, la mangérite verte (mPchc4) à phénocristaux homogènes et équigranulaires représente ~20 % de la superficie de la Mangérite de Chicoutimi. Dans les parties ouest et SW du feuillet se trouve la sous-unité mPchc3, constituée principalement de mangérite rose porphyroïde. La couleur rosée de cette roche peut être attribuée à une forte altération en hématite. La transition entre les sous-unités verte (mPchc4) et rose (mPchc3) est graduelle et s’observe en affleurement. La sous-unité mPchc2 située dans la partie ouest de la Mangérite de Chicoutimi correspond à un faciès hybride de mangérite comprenant les deux faciès précédents (rose et vert) avec <50 % de roches mafiques ainsi que des dykes d’amphibolite. La sous-unité mPchc1 correspond à une partie moyennement à fortement tectonisée de la sous-unité mPchc2, soit ce faciès hybride de mangérite rose et verte, mais avec >50% d’enclaves mafiques et de dykes d’amphibolite.
Mangérite de Chicoutimi 1 (mPchc1) : Faciès hybride de mangérite (mPchc3 et mPchc4), moyennement à fortement tectonisé, avec >50 % de roches mafiques comagmatiques; dykes d’amphibolite
La sous-unité mPchc1 est composée à plus de 50 % d’enclaves et de dykes de roches mafiques étirés ou boudinés à l’intérieur d’un faciès hybride composé de mangérite rose (mPchc3) et de mangérite verte (mPchc4). Ces roches mafiques renferment un mobilisat attribuable à la fusion partielle des roches felsiques encaissantes dans lesquelles elles se sont introduites. La mise en place des roches mafiques dans les roches felsiques forme une texture en filet (Hébert et Lacoste, 1998a).
Mangérite de Chicoutimi 2 (mPchc2) : Faciès hybride de mangérite (mPchc3 et mPchc4) avec <50 % de roches mafiques comagmatiques; dykes d’amphibolite
La sous-unité mPchc2 est composée de mangérite rose (mPchc3) et verdâtre (mPchc4), dont la granulométrie varie de porphyroïde à grenue, donnant à la roche un aspect œillé à gneissique. Les variations d’aspects et de granulométrie de la roche donnent des faciès comagmatiques distincts qui se coupent mutuellement. La sous-unité mPchc2 est composée de <50 % d’enclaves et/ou de dykes de roches mafiques étirés ou boudinés. Elle contient aussi un mobilisat résultant de la fusion partielle de roches felsiques encaissantes, semblable à la sous-unité mPchc1 (Hébert et Lacoste, 1998a).
Mangérite de Chicoutimi 3 (mPchc3) : Mangérite rose, porphyroïde, massive à foliée; syénite quartzifère à feldspath alcalin
La mangérite rose est dominée par ~70 % d’orthose perthitique et granoblastique (jusqu’à 5 mm de diamètre) ainsi que de ~5 % de plagioclase et de quartz. Les minéraux accessoires présents sont la hornblende, la biotite, la magnétite, l’apatite et le zircon (Higgins et van Breemen, 1996). La roche est porphyroïde, homogène, bien foliée et fortement altérée en hématite (Hébert et Lacoste, 1998a).
Lors de la cartographie du feuillet 22D10 par Talla Takam et Moukhsil (2023), des affleurements de syénite quartzifère à feldspath alcalin ont été associés à cette sous-unité de mangérite rose (mPchc3). La roche, de couleur rose en cassure fraiche et en patine d’altération, est composée de phénocristaux de feldspath potassique perthitique, de quartz et de plagioclase ainsi que d’une proportion mineure de biotite, de magnétite, d’orthopyroxène et de clinopyroxène. La roche est à grain fin à grossier, granoblastique et généralement foliée.
Mangérite de Chicoutimi 4 (mPchc4) : Mangérite verte, porphyroïde, massive à foliée; granite à feldspath alcalin
Cette sous-unité est constituée de mangérite vert bouteille, laquelle est composée de phénocristaux de feldspath potassique (orthoclase et microcline) perthitique. La roche contient aussi de l’orthopyroxène et du clinopyroxène, du quartz, du plagioclase et de la magnétite. Elle présente une texture granoblastique et une granulométrie moyenne à grossière. La bordure ouest de la mangérite présente une zone cisaillée de près de 1 km d’épaisseur. À l’approche de cette zone de déformation, la roche adopte une teinte de plus en plus rose, elle devient de plus en plus déformée et métamorphisée (pyroxène transformé en hornblende et biotite) et la foliation tend à devenir parallèle au contact (Hervet et al., 1994).
Dans le feuillet 22D10, un granite à feldspath alcalin verdâtre en cassure fraiche et brunâtre en patine d’altération a été associé à cette unité (mPchc4: Talla Takam et Moukhsil, 2023). La roche est composée essentiellement de feldspath potassique, de quartz, d’orthopyroxène et de clinopyroxène. Le clinopyroxène est communément ouralitisé, soit entouré d’orthopyroxène. La roche est à grain moyen à grossier, granoblastique et foliée.
Épaisseur et distribution
La Mangérite de Chicoutimi est une intrusion allongée selon une orientation NNE-SSW, soit parallèlement à la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence, et occupe une superficie de ~400 km² (Higgins et van Breemen, 1996). Elle occupe principalement le feuillet 22D06 (Hébert et Lacoste, 1998a), mais aussi les feuillets 22D11, 22D10, 22D07 et 22D03. Les sous-unités mPchc3 et mPchc4 représentent respectivement 51 % et 20 % de cette unité stratigraphique, et le passage de l’une à l’autre est généralement graduel (Hébert et Lacoste, 1998a). La sous-unité mPchc2 représente 19 % de la superficie de la Mangérite de Chicoutimi, alors que la sous-unité mPchc1 représente 9 %.
Datation
Une datation effectuée sur un échantillon de mangérite verte (mPchc4) à minéralogie dominée par des phénocristaux d’orthoclase subhédriques (<1 cm), lesquels contiennent de nombreuses inclusions euhédriques d’orthopyroxène, de clinopyroxène, de zircon, d’apatite et de minéraux opaques, a donné un âge de cristallisation mésoprotérozoïque de 1082 ±3 Ma (Hervet et al., 1994). Une seconde datation effectuée sur un échantillon de mangérite rose (mPchc3), jadis considérée comme la Syénite de Chicoutimi, a donné un âge identique de 1082 ±3 Ma (Higgins et van Breemen, 1996).
Unité | Échantillon | Système isotopique | Minéral/Matériel | Âge de cristallisation (Ma) | (+) | (-) | Âge d’héritage (Ma) | (+) | (-) | Âge métamorphique (Ma) | (+) | (-) | Référence(s) |
mPchc3 | PTG-8 | U-Pb | Zircon | 1082 | 3 | 3 | Higgins et van Breemen, 1996 | ||||||
mPchc4 | 88-MH-125 | U-Pb | Zircon | 1082 | 3 | 3 | Hervet et al., 1994 |
Relations stratigraphiques
À l’est, la Mangérite de Chicoutimi est en contact de faille le long d’une zone de cisaillement avec les roches du Complexe gneissique de Saguenay. Le contact entre la Mangérite de Chicoutimi et la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean est interprété comme étant associé aux failles normales du Graben du Saguenay (Hébert et Lacoste 1998b). La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence, d’orientation NE-SW, sépare la Mangérite de Chicoutimi (au nord) et le Granite de La Baie (au sud). Des calcaires du Groupe de Trenton reposent en discordance sur la portion ouest de la Mangérite de Chicoutimi.
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998a. GÉOLOGIE DE LA RÉGION DE JONQUIÈRE-CHICOUTIMI (22D/06). MRN; RG 96-08, 34 pages, 1 plan.
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998b. GÉOLOGIE DE LA RÉGION DE LAC JALOBERT (22D/10). MRN; RG 97-05, 17 pages, 1 plan.
TALLA TAKAM, F., MOUKHSIL, A., 2023. Géologie de la région du lac Jalobert, Province de Grenville, région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Canada. MRNF; BG 2023-11, 1 plan.
Autres publications
HERVET, M., 1986. Chronostratigraphie et pétrographie du complexe gneissique de Chicoutimi en bordure du complexe anorthositique du lac St-Jean. Université du Québec à Chicoutimi. https://constellation.uqac.ca/id/eprint/1715/
HERVET, M.D., VAN BREEMEN, O., HIGGINS, M., 1994. U–Pb igneous crystallization age of intrusive rocks near the southeastern margin of the Lac-St. Jean Anorthositic Complex, Grenville Province, Québec. In: Radiogenic age and isotopic studies, Report 8. Geological Survey of Canada; Paper 1994-F, p. 115-124. doi.org/10.4095/195163
HIGGINS, M.D., VAN BREEMEN, O., 1996. Three generations of AMCG magmatism, contact metamorphism and tectonism in the Saguenay–Lac St. Jean region, Grenville Province, Canada. Precambrian Research; vol.79, p. 327-346. doi.org/10.1016/0301-9268(95)00102-6
Citation suggérée
Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Mangérite de Chicoutimi. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-grenville/mangerite-de-chicoutimi [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Samuel Coulombe, géo., M. Sc. samuel.coulombe@mrnf.gouv.qc.ca; Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. A. abdelali.moukhsil@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction) Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination); Mhamed El Bourki, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique). |