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Groupe de Trenton
Étiquette stratigraphique : [ordo]tt
Symbole cartographique : Ott

Première publication :  
Dernière modification :
Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
Aucune
 
 
Auteur :Vanuxem, 1838
Âge :Ordovicien
Coupe type :Trenton Falls (localité type)
Région type :Comté de Oneida, État de New York, États-Unis
Province géologique :Plate-forme du Saint-Laurent
Subdivision géologique :Plate-forme des Basses-Terres du Saint-Laurent
Lithologie :Roches sédimentaires
Type :Lithostratigraphique
Rang :Groupe
Statut :Formel
Usage :Actif

Historique

Le Groupe de Trenton a été étudié depuis les tous premiers jours de la géologie américaine. Vanuxem (1838) utilisa le terme « Trenton » pour désigner une succession stratigraphique située entre le calcaire de Black River et les shales noirs de l’Utica à Trenton Falls, New York. Plusieurs paléontologues et stratigraphes de l’époque et actuels ont cherché à comprendre la relation entre le Groupe de Trenton, le Groupe de Black River sous-jacent et le Shale de l’Utica le surmontant. Le tout premier géologue à établir un début de stratigraphie fut Johnston (1912), qui a séparé, en Ontario, ce groupe en quatre unités : le lit Dalmanella, le lit Prasopora, le lit Crinoid, ainsi que le lit Hormotoma et Rafinesquina deltoidea. Ces derniers étaient très mal décrits et leurs extensions étaient mal définies. Raymond (1914a, 1914b, 1916, 1921) a, en étudiant ce groupe, conservé les trois premières unités. Ce n’est qu’en 1925 que Rudolf Ruedemann a introduit le concept de faciès en utilisant les graptolites pour connaitre l’étendue horizontale du Groupe de Trenton et du Shale de l’Utica. En 1943, Marshall Kay et ses étudiants ont établi la première colonne stratigraphique du Groupe de Trenton et ont continué à travailler sur ce groupe en le subdivisant éventuellement en cinq formations (Kay, 1937, 1943, 1953) : le Calcaire de Rockland, le Calcaire de Kirkfield, le Calcaire de Shoreham, le Calcaire de Denmark et le Calcaire de Cobourg. Wilson (1946) définit les Membres de Rockland, de Hull, de Sherman Fall et de Cobourg pour le Groupe de Trenton. Finalement, en 1977, Fisher revoit la subdivision de Kay et définit sept divisions : le Calcaire de Selby, le Calcalire de Napanee, le Calcaire de Kings Falls, le Calcaire de Sugar River, le Calcaire de Denley, le Calcaire de Steuben et le Calcaire de Hillier. En 2002, Brett et Baird ont révisé les relations chronostratigraphiques et ont finalement subdivisé le Groupe de Trenton en huit unités : a) la Formation de Napanee, b) le Calcaire de King Falls, c) la Formation de Sugar River, d) la Formation de Glens Falls, e) le Faciès de Dolgeville, f) le Calcaire de Steuben, g) la Formation de Hillier, et h) le Shale de Deer River.  

Au Québec, le Groupe de Trenton a été introduit dans la région de Montréal et a été décrit différemment de son équivalent américain par Clark (1944). Cet auteur l’a divisé en quatre formations : la Formation de Terrebonne, la Formation de Tétreauville, la Formation de Montréal et la Formation de Mile End. Cependant, il manquait à cette division un équivalent à la Formation de Rockland observée du côté ontarien. Clark (1972) effectue ensuite une révision du Groupe de Trenton de la région de Montréal, intègre le « faciès de Terrebonne » à la Formation de Tétreauville et ajoute la Formation de Deschambault entre les formations de Mile End et de Montréal. Par la suite, les différents travaux effectués dans les Basses-Terres du Saint-Laurent ont permis de compléter la nomenclature du Groupe de Trenton (p. ex. Globensky, 1987, 1991). C’est cette nomenclature qui est retenue dans la présente fiche.

Il faut noter que dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, plusieurs études (Sinclair, 1953; Harland et al., 1985; Desbiens et Lespérance, 1989; Hébert et Lacoste, 1998) ont porté sur les calcaires présents dans cette région. Ces auteurs ont séparé ces roches sédimentaires en quatre formations : la Formation de Tremblay, la Formation de Simard, la Formation de Shipshaw et la Formation de Galets. Selon Desbiens et Lespérance (1989), ces dernières ne devraient pas faire partie du Groupe de Trenton, bien que ces auteurs n’aient pas formellement créé un autre groupe. En revanche, lors de la cartographie du feuillet SNRC 22D06, Hébert et Lacoste (1998) ont inclus les formations de Tremblay et de Simard dans le Groupe de Trenton.

Dans la région du Réservoir Daniel-Johnson, sur l’ancienne rive du lac Manicouagan, la présence de roches sédimentaires ordoviciennes a été rapportée par plusieurs auteurs (Kish, 1962; Murtaugh et Currie; 1969; Murtaugh, 1976, Moukhsil et al., 2013). Ces roches sédimentaires ont été groupées dans la Formation de René-Levasseur. Cette formation représente probablement des lambeaux de la Plate-forme du Saint-Laurent (Moukhsil et al., 2013) qui ont été préservés de l’érosion par enfouissement lors de l’impact météoritique qui s’est produit dans cette région au Trias. La Formation de René-Levasseur est incluse dans le Groupe de Trenton.

Description

Selon Globensky (1993) : « Le Groupe de Trenton est principalement constitué d’un calcaire noir ou gris bleuâtre foncé, riche en fossiles, avec de minces lits schisteux séparant le calcaire en bancs dont l’épaisseur varie de 3 à 30 cm. À mesure que l’on s’approche du haut, la proportion d’intercalations schisteuses augmente. On observe aussi des zones de calcaire recristallisé, généralement dépourvues d’intercalations schisteuses; ces zones sont minces et localisées à la base du groupe. Le calcaire du Groupe de Trenton est parfois fortement bitumineux. »

Au Québec, le Groupe de Trenton comprend 16 formations qui n’affleurent pas toutes dans les mêmes régions, mais qui peuvent occuper la même position stratigraphique. Ainsi, plusieurs formations de l’Ordovicien moyen (Tétreauville, Montréal, Neuville, Deschambault, Hull, Saint-Marc, Mile-End, Ouareau, Fontaine, Pont-Rouge et Sainte-Anne) peuvent être corrélées le long de la rive nord du fleuve Saint-Laurent, de la grande région de Montréal jusqu’à la région de La Malbaie (voir les colonnes stratigraphiques schématiques de Harland et Pickerill, 1982). À la base, au contact avec le Groupe de Black River, on retrouve généralement les formations de Mile End, d’Ouareau, de Fontaine, de Saint-Marc et de Pont-Rouge, surmontées par la Formation de Deschambault. Cette dernière est présente dans toutes les régions et est surmontée par les formations de Montréal et de Tétreauville dans la grande région de Montréal, et par la Formation de Neuville partout ailleurs.

Dans la région du Lac Saint-Jean, les formations de Galets, Shipshaw, Simard et Tremblay de l’Ordovicien supérieur ne peuvent être cartographiées à l’échelle 1/50 000 car elles ne dépassent généralement pas 50 m d’épaisseur et sont à pendage subhorizontal (<4°).Ainsi, c’est le Groupe de Trenton qui apparaît sur la carte géologique de la région du Lac-Saint-Jean (feuillets 32A08 et 22D) au lieu des quatre formations. La colonne stratigraphique montre l’empilement de ces quatre formations dans la coupe étudiée par Lavoie et Asselin (1998) dans le secteur de la ville de Chambord (coin NE du feuillet 32A08).

Épaisseur et distribution

Selon Globensky (1993) : « L’épaisseur du Groupe de Trenton varie de 96 à 246 m, le maximum ayant été rencontré dans la région de Montréal. Les affleurements les plus méridionaux se trouvent près de Saint-Jean-d’Iberville, puis dans une bande d’orientation SE-NW s’étendant jusqu’à Montréal où le groupe atteint sa plus grande extension. Le Groupe de Trenton se retrouve également au nord de Montréal, de Joliette jusqu’à la région de La Malbaie, [suivant la rive nord du fleuve Saint-Laurent], ainsi que dans l’écaille de Saint-Dominique. » Des formations de calcaire assignées au Groupe de Trenton ont également été cartographiées dans les régions du Lac Saint-Jean et du réservoir Daniel-Johnson, sur l’ancienne rive du lac Manicouagan (feuillet 22N).

Datation

Aucune.

Relation(s) stratigraphique(s)

Selon Globensky (1993) : « Le contact entre le [Groupe de] Trenton et le Groupe de Black River, sous-jacent, est marqué par une zone schisteuse ou argileuse sans apparence de discordance angulaire. Le contact supérieur avec l[e Shale d]’Utica sus-jacent est généralement discordant. Ainsi, à Grondines, Clark et Globensky (1975) observent une discordance résultant probablement d’une érosion subaérienne, marquée par une mince couche de matériel pyriteux séparant les deux unités. Cependant, dans la région de Québec, le contact Trenton-Utica est graduel et est situé au sommet du dernier banc de micrite grise. »

Paléontologie

Selon Globensky (1993) : « Clark (1972), dans une étude de la région de Montréal, donne une liste complète des fossiles du Groupe de Trenton. Les plus caractéristiques sont : Prasopora orientalis Ulrich, Platystrophia amoena McEuan, Pauricrura rogata Raymonde, Strophomena filitexta Hall, Zugospira recurvirostris Hall, Rafinesquina alternata (Conrad), Flexicalymene senaria Conrad et Cryptolithus tesselatus. » Ces fossiles confèrent un âge ordovicien au Groupe de Trenton.

Références

Publications accessibles dans Sigéom Examine

CLARK, T H. 1972. REGION DE MONTREAL. MRN. RG 152, 260 pages et 1 plan.

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CURRIE, K L., MURTAUGH, J G. 1969. PRELIMINARY STUDY OF MANICOUAGAN STRUCTURE. MRN. RP 583(A), 11 pages et 1 plan.

CLARK, T H., GLOBENSKY, Y. 1975. REGION DE GRONDINES. MRN. RG 154, 171 pages et 1 plan.

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HEBERT, C., LACOSTE, P. 1998. GEOLOGIE DE LA REGION DE JONQUIERE-CHICOUTIMI (22D/06). MRN. RG 96-08, 34 pages et 1 plan.

KISH, L. 1962. RAPPORT PRELIMINAIRE SUR LA REGION DE LA RIVIERE HART-JAUNE INFERIEURE, COMTE DE SAGUENAY. MRN. RP 486, 12 pages et 1 plan.

MOUKHSIL, A., SOLGADI, F., CLARK, T., BLOUIN, S., INDARES, A., DAVIS, D W. 2013. GEOLOGIE DU NORD-OUEST DE LA REGION DU BARRAGE DANIEL-JOHNSON (MANIC 5), COTE-NORD. MRN, UQAT, URSTM, UNIVERSITE MEMORIAL DE TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR. RG 2013-01, 46 pages et 1 plan.

MURTAUGH, J G. 1976. MANICOUAGAN IMPACT STRUCTURE AREA (SAGUENAY COUNTY). MRN. DPV 432, 194 pages et 1 plan.

Autres publications

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14 juin 2019