Complexe gneissique de Saguenay
Étiquette stratigraphique : [mpro]sag
Symbole cartographique : mPsag
 

Première publication :  
Dernière modification :

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
mPsag3 Gabbro et amphibolite
mPsag2 Tonalite, diorite et gabbro gneissiques
mPsag1 Paragneiss à biotite, grenat, sillimanite et cordiérite, quartzite à grenat et cordiérite, roches calcosilicatées, marbre et amphibolite
 
Auteur(s) :
Hébert et Lacoste, 1998a
Âge :
Mésoprotérozoïque 
Stratotype : Affleurement de référence (23-FT-2060) situé dans la région du lac Jalobert (feuillet SNRC 22D10)
Région type :
Feuillets 22D06, 22D07 et 22D10
Province géologique :
Subdivision géologique :
Lithologie :
Roches métasédimentaires et ignées
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Complexe
Statut : Formel
Usage : Actif

 

Historique

Le Complexe gneissique de Saguenay, cartographié à l’été 1995 par Hébert et Lacoste (1998a-c), est un nouveau lithodème introduit et décrit dans les régions de Jonquière et de Chicoutimi (feuillet SNRC 22D06), de Bagotville (feuillet 22D07) et du lac Jalobert (feuillet 22D10). Les roches supracrustales formant cette unité, nommée en référence à la rivière Saguenay traversant les feuillets 22D06 et 22D07, sont les plus vieilles du territoire couvert par ces feuillets. Au cours des travaux effectués dans le feuillet 22D10 à l’été 2023 par le Ministère (Talla Takam et Moukhsil, 2023), une nouvelle cartographie de la portion de l’unité située dans la partie sud du feuillet SNRC 22D10 a été réalisée. À la suite des recommandations d’Hébert et al. (2005), une unité de gabbro et d’amphibolite connue sous le nom de « Complexe mafique du Cap de la Mer  » a été rattachée à l’unité mPsag3 du Complexe gneissique de Saguenay, et l’appellation originelle a été abandonné en 2023.

 

Description

Le Complexe gneissique de Saguenay comporte deux composantes : une première d’origine supracrustale et une seconde d’origine plutonique (Hébert et Lacoste 1998a-c). L’unité mPsag1 est dominée par des roches supracrustales telles que du paragneiss, du quartzite, du gneiss à hornblende, des roches calcosilicatées et de l’amphibolite, alors que l’unité mPsag2 est dominée par des roches gneissiques d’origine ignée regroupant de la tonalite, de la diorite et du gabbro. On trouve une faible proportion de roches d’origine ignée dans l’unité mPsag1 et une faible proportion de roches d’origine supracrustale dans l’unité mPsag2. L’unité mPsag3, originellement désignée comme le « Complexe mafique du Cap de la Mer » (Hébert et Lacoste, 1998a, 1998c), est considérée comme intrusive dans les roches du Complexe gneissique de Saguenay. L’unité est constituée de gabbro et d’amphibolite et forme une bande démembrée par la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence.

Généralement, le paragneiss, le gneiss à hornblende et biotite et le quartzite forment des niveaux métriques, tandis que les roches calcosilicatées et l’amphibolite prennent la forme de boudins. Dans les zones de déformation intense, toutes ces roches sont mélangées à l’intérieur d’un gneiss droit, dont le rubanement se caractérise par une alternance de bandes centimétriques à décimétriques gris foncé à gris très pâle (Hébert et Lacoste, 1998a).

 

Complexe gneissique de Saguenay 1 (mPsag1) : Paragneiss à biotite, grenat, sillimanite et cordiérite, quartzite à grenat et cordiérite, roches calcosilicatées, marbre et amphibolite

Le paragneiss est généralement rubané et à texture granoblastique et il est grisâtre en cassure fraiche et en patine d’altération. Il contient du grenat porphyroblastique habituellement de teinte rose lilas. La roche est principalement constituée de quartz, de microcline, de biotite et de sillimanite, cette dernière est particulièrement abondante dans les zones de déformation intense. Une proportion mineure de plagioclase et de spinelle est observée dans le paragneiss. Certains niveaux rouillés du paragneiss contiennent des sulfures (généralement pyrite et pyrrhotite) et du graphite. La cordiérite est présente dans le paragneiss avoisinant la baie des Ha! Ha!. La biotite est hypidiomorphe et le quartz présente des bordures amiboïdales. 

Le quartzite est blanchâtre. Il est composé principalement de quartz et de biotite avec des occurrences de plagioclase, de microcline, de grenat, de sillimanite, de biotite, de cordiérite et de magnétite. Un peu à l’ouest de Saint-Félix-d’Otis, le long de la route 170, Hébert et Lacoste (1998a) ont répertorié une zone de roches supracrustales renfermant des cristaux de cordiérite dont le diamètre dépasse 1 cm.

 

La roche calcosilicatée est gris brunâtre en patine d’altération et gris verdâtre cassure fraiche. Elle est composée de quartz, de plagioclase, de clinopyroxène (diopside), d’orthopyroxène, de calcite, de biotite, de magnétite et contient par endroits des traces de pyrite, de pyrrhotite, de graphite et de titanite. Des occurrences de wollastonite ont été mentionnées par Hébert et Lacoste (1998c). Localisée principalement dans des zones de forte déformation, la roche est granoblastique et à grain fin. Des niveaux ou amas de marbre, dont l’épaisseur est généralement centimétrique (1 m au maximum), sont associés à ces roches.

 

L’amphibolite contenue dans les gneiss, telle que décrite par Dagenais (1983), est noire à vert foncé. Celle-ci forme des bandes d’épaisseur constante ou variable qui sont localement plissées ou boudinées. Elle possède une granulométrie fine à moyenne et une texture schisteuse à foliée. L’amphibolite est composée de 40 à 60 % de plagioclase, 40 à 50 % de hornblende, 1 à 10 % de biotite, 1 à 5 % de quartz et 2 % d’opaques. La roche est à texture granoblastique. Au microscope, l’amphibole apparait en grains équidimensionnels à allongés de 1 à 2 mm et contient quelques inclusions de quartz et d’opaques. Le plagioclase, de composition An32 à An54, est équidimensionnel à peu allongé (0,5 à 1 mm) et les macles polysynthétiques sont régulières. Les minéraux en trace sont le zircon et l’apatite. Cette roche peut contenir jusqu’à 20 % d’injections pegmatitiques à pegmatoïdes (une pegmatite sans quartz, à orthose et néphéline). À l’est du feuillet 22D10, des dykes de pegmatite granitique enrichis en éléments de terres rares sont injectés dans ces niveaux d’amphibolite.

 

Complexe gneissique de Saguenay 2 (mPsag2) : Tonalite, diorite et gabbro gneissiques

L’unité mPsag2 représente <15 % des roches supracrustales mentionnées plus haut et la lithologie dominante est la tonalite gneissique. Cette dernière est grise, à grain fin à moyen, granoblastique, communément rubanée et rarement massive. Elle est composée de plagioclase, de quartz, de hornblende, d’orthopyroxène, de biotite, de magnétite et de feldspath potassique en trace.

L’unité contient une proportion mineure de diorite et gabbro gneissiques. Ces roches ont une granulométrie fine à moyenne, et rarement de granulométrie grossière. La texture de ces roches varie de nématoblastique à mylonitique (Hébert et Lacoste, 1998a).

 

Complexe gneissique de Saguenay 3 (mPsag3) : Gabbro et amphibolite

Cette unité consiste en une bande de roche mafique fortement démembrée par la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence. Deux faciès différents sont répertoriés dans cette unité, soit des roches gabbroïques et de l’amphibolite, mais la cartographie n’a pas permis d’observer si le changement est graduel entre ces lithologies (Hébert et Lacoste, 1998a,c). Le gabbro est à grain fin à moyen, granoblastique et folié. Il est composé d’orthopyroxène et de clinopyroxène, d’amphibole, de biotite, de plagioclase et de feldspath potassique.

L’amphibolite est à grain fin à moyen et à texture équigranulaire et saccharoïde. Elle est composée de 45 à 48 % de plagioclase, ∼40 % d’amphiboles et 1 à 2 % de quartz secondaire (Hébert et van Breemen, 2004).

L’amphibolite est couramment associée au paragneiss, au quartzite et aux roches calcosilicatées de l’unité mPsag1 et apparait contemporaine à celle-ci, suggérant une origine supracrustale ou volcanique de l’amphibolite. Des structures s’apparentant à des laves coussinées observées dans le gabbro suggèrent que ce dernier pourrait représenter des laves massives (Hébert et Lacoste, 1998a).

 

Épaisseur et distribution

Le Complexe gneissique de Saguenay représente une superficie de ~160 km² sur la carte. Des lambeaux kilométriques de l’unité mPsag1 ont été cartographiés dans le coin SE du feuillet 22D10 et dans le centre du feuillet 22D06, mais les lambeaux présents dans les feuillets 22D07 et 22D16 mesurent généralement <200 m de long. Les unités mPsag2 et mPsag3 affleurent principalement au NW de la localité de Saint-Fulgence, sur la rive nord de la rivière Saguenay, et se trouvent ainsi dans la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence (feuillets 22D07 et 22D10).

Unité formelle Superficie (km²) Superficie (%)
mPsag1 100 61
mPsag2 40 24
mPsag3 24 15

 

Datation

Une datation de l’unité mPsag3 a été effectuée sur un échantillon d’amphibolite à grain fin à moyen dont la texture est équigranulaire et saccharoïde. Comme mentionné dans la description précédente de l’unité mPsag3, l’échantillon est composé de 45 à 48 % de plagioclase, ∼40 % d’amphiboles et 1 à 2 % de quartz secondaire (Hébert et van Breemen, 2004). L’âge obtenu de 1506 ±13 Ma représente l’âge minimal du Complexe gneissique de Saguenay et suggère que la déposition des roches supracrustales de cette unité pourrait être associée aux évènements pinwariens (1520 à 1450 Ma, Moukhsil et al., 2017) de la Province de Grenville.

Unité Échantillon Système isotopique Minéral/Matériel Âge de déposition maximal (Ma) (+) (-) Âge d’héritage (Ma) (+ (-) Âge métamorphique (Ma) (+) (-) Référence(s)
mPsag3 VK87-Sag-3 U-Pb Zircon 1506 13 13       1077 12 12 Hébert et van Breemen, 2004

Relations stratigraphiques

Le Complexe gneissique de Saguenay représente l’unité la plus ancienne de la région, soit le socle des feuillets 22D06, 22D07 et 22D10. Des fenêtres de ce socle affleurent sous forme de lambeaux dans les roches du Complexe gneissique du Cap à l’Est (Talla Takam et Moukhsil, 2023). L’unité mPsag encaisse plusieurs intrusions de la région telles que la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean, la Mangérite de Chicoutimi, le Granite de la Baie et la Suite mafique-ultramafique de la Baie à Cadie (Hébert et Lacoste, 1998b).

Le contact entre les roches du Complexe gneissique de Saguenay et la Mangérite de Chicoutimi est souligné par une faille N-S. Au niveau de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence, le faciès de mangérite œillée du Granite de La Baie (mPlba3) est coincé et étiré entre les gneiss (mPsag2) et les roches mafiques (mPsag3) du Complexe gneissique de Saguenay. D’ailleurs, la mangérite œillée associée au Granite de La Baie (mPlba3) contient aussi des lambeaux (<200 m) de paragneiss (mPsag1) appartenant au Complexe gneissique de Saguenay.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998a. Géologie de la région de Bagotville (22D/07). MRN; RG 97-06, 24 pages, 1 plan.

HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998b. Géologie de la région de Jonquière-Chicoutimi (22D/06). MRN; RG 96-08, 34 pages, 1 plan.

HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998c. Géologie de la région de Lac Jalobert (22D/10). MRN; RG 97-05, 17 pages, 1 plan.

MOUKHSIL, A., SOLGADI, F., JANNIN, S., GERVAIS, F., CROWLEY, J.L., AUGLAND, L.E., INDARES, A., LETOURNEAU, M., DUNNING, G., CLARK, T., GOBEIL, A., OHNENSTETTER, D., LAMOTHE, D., INTISSAR, R., BENAHMED, S., GROULIER, P.A., 2017. Géologie, potentiel minéral et cadre géodynamique des roches de la région du réservoir Daniel-Johnson (Manicouagan), partie centrale de la Province de Grenville. MERN; MM 2017-01, 307 pages, 1 plan.

TALLA TAKAM, F., MOUKHSIL, A., 2023. Géologie de la région du lac Jalobert, Province de Grenville, région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec, Canada. MRNF; BG 2023-11, 1 plan.

Autres publications

DAGENAIS, S., 1983. Pétrographie et stratigraphie de la séquence des paragneiss de Saint-Fulgence, région du Haut-Saguenay, Québec. Thèse de M.Sc.A., Université du Québec à Chicoutimi; 165 pages. https://constellation.uqac.ca/id/eprint/1798/

HÉBERT, C., CADIEUX, A.-M., VAN BREEMEN, O., 2005. Temporal evolution and nature of Ti–Fe–P mineralization in the anorthosite–mangerite–charnockite–granite (AMCG) suites of the southcentral Grenville Province, Saguenay–Lac St. Jean area, Quebec, Canada. Canadian Journal of Earth Sciences; volume 42, pages 1865-1880. doi.org/10.1139/e05-050

HÉBERT, C., VAN BREEMEN, O., 2004. Mesoproterozoic basement, the Lac-St. Jean anorthosite suite and younger Grenvillian intrusions in the Saguenay region (Quebec): structural relationships and U–Pb geochronology. In: Proterozoic tectonic evolution of the Grenville orogen in North America (Tollo, R.P., Corriveau, L., McLelland, J, Bartholomew, M., editors). Geological Society of America; Memoir 197, pages 65-79. doi.org/10.1130/0-8137-1197-5.65

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Complexe gneissique de Saguenay. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-grenville/complexe-gneissique-de-saguenay [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Samuel Coulombe, géo., stag., M. Sc. samuel.coulombe@mrnf.gouv.qc.ca; Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. A. abdelali.moukhsil@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction)

Céline Dupuis, géo., Ph. D. et Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination); Mhamed El Bourki, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 

 

14 janvier 2025