Dernière modification :
Auteur(s) : |
Hébert et Lacoste, 1998a
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Âge : |
Mésoprotérozoïque
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Stratotype : |
Affleurements de référence (p. ex. 1996-PL-1095) situés dans la région de Bagotville et de la rivière Pikauba (feuillet SNRC 22D03) |
Région type : | Feuillets SNRC 22D07 et 22D03 |
Province géologique : | |
Subdivision géologique : | |
Lithologie : | Roches intrusives felsiques à intermédiaires |
Catégorie : |
Lithodémique
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Rang : |
Lithodème
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Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
Dans son mémoire, Lapointe (1984) reconnait une zone gneissique à feldspath potassique œillé (1 à 5 cm) entourant le lobe anorthositique de Saint-Fulgence. Il désigne alors cette roche œillée comme un « gneiss charnockitique ». L’unité est cependant renommée « monzonite de Saint-Fulgence » par Hébert et Lacoste (1994).
Les travaux réalisés au sud, dans la région de Bagotville (feuillet SNRC 22D07; Hébert et Lacoste, 1998a), regroupent ces roches sous le lithodème de Granite de La Baie, nommé en raison de la municipalité la plus proche. Cette unité est aussi décrite dans les rapports géologiques des régions de la rivière Pikauba (feuillet 22D06; Lacoste et Hébert, 1998), de Jonquière et de Chicoutimi (feuillet 22D06; Hébert et Lacoste, 1998b) et du lac Jalobert (feuillet 22D10; Hébert et Lacoste, 1998c). La dernière cartographie du feuillet 22D10 (Talla Takam et Moukhsil, 2023) ne permet pas d’observer cette unité, mais sa continuité est supposée au SW de ce feuillet à partir de l’affleurement 1994-CH-253.
Description
Hébert et Lacoste (1998a) ont subdivisé le Granite de La Baie en quatre faciès, soit un granite rosé à grain fin (mPlba1), une brèche intrusive à blocs mafiques (mPlba2), de la charnockite et de la mangérite porphyroïdes massives et œillées (mPlba3) et, finalement, un granite rose porphyroïde (mPlba4). Le contact entre les unités mPlba4 et mPlba3 est graduel; il correspond à la juxtaposition d’un haut magnétique (mPlba4) à un bas magnétique (mPlba3) (Lacoste et Hébert, 1998a-b).
Granite de La Baie 1 (mPlba1) : Granite rose équigranulaire à grain fin
L’unité mPlba1 représente le sous-faciès non porphyroïde de l’unité stratigraphique. La minéralogie de cette sous-unité est identique à celle du sous-faciès mPlba4. La roche est équigranulaire et à grain fin. Ce faciès se trouve sous forme de dykes à l’intérieur de la masse de granite rose porphyroïde (mPlba4) et sous la forme d’une masse distincte située au cap Ouest, du côté nord de la baie des Ha! Ha! (Hébert et Lacoste, 1998a).
Granite de La Baie 2 (mPlba2) : Brèche intrusive à blocs mafiques
L’unité mPlba2 est une brèche intrusive constituée d’une série de blocs légèrement démembrés provenant d’une phase mafique précoce dans le processus intrusif (Hébert et Lacoste, 1998a). Les blocs démembrés ont l’apparence d’un casse-tête, où chaque bloc est séparé du bloc adjacent par une injection de matrice de pegmatite, d’aplite ou de granite porphyroïde du faciès mPlba4. La roche est extrêmement riche en biotite et montre un litage grossier, bien qu’à certains endroits, il n’y ait pas d’orientation préférentielle. Cette unité possède une orientation NNE-SSW parallèle à une foliation mylonitique très pénétrative qui coupe une autre foliation mylonitique orientée ~E-W, toutes deux à pendage subvertical. La foliation mylonitique, orientée NNE-SSW, est accompagnée d’une série d’injections d’aplite grise dont la largeur varie de 15 à 40 cm.
Granite de La Baie 3 (mPlba3) : Charnockite et mangérite œillées
L’unité mPlba3 est constituée de charnockite et de mangérite porphyroïdes et œillées, la composition mangéritique étant dominante. La roche est couverte d’une croûte d’altération brun cassonade allant jusqu’à 10 cm d’épaisseur. En surface altérée, la roche ressemble fortement au granite rose à texture rapakivique de l’unité mPlba4, mais les phénocristaux de feldspath de ce faciès forment 25 à 60 % de la roche. L’unité est composée de 10 à 20 % de quartz, 20 à 30 % de plagioclase, 20 à 25 % de feldspath potassique, 0 à 8 % d’hypersthène, 2 à 8 % d’augite, 5 à 10 % de hornblende verte, 2 à 5 % de biotite et 1 à 3 % de magnétite et ilménite, ainsi que d’apatite, de zircon et de titanite en proportion accessoire. Des xénocristaux de plagioclase noir sont aussi présents, possiblement associés aux suites anorthositiques adjacentes. Ce faciès peut s’avérer intéressant pour l’exploitation de pierre architecturale.
On observe communément deux types d’enclaves provenant d’anciens dykes ou de niveaux d’amphibolite d’aspect gabbroïque. Le premier type d’enclave, distribué de façon aléatoire dans la masse, est marqué par un degré d’assimilation localement très avancé et par une déformation interne généralement intense. Le second type d’enclave se trouve en bordure de l’unité mPlba3 ou dans les zones de déformation de l’unité. Ces enclaves du second type n’ont subi aucune assimilation ou fusion partielle et sont complètement transposées parallèlement à la déformation associée à la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence.
Granite de La Baie 4 (mPlba4) : Granite rose porphyroïde à texture rapakivique
L’unité mPlba4 est constituée de granite rose porphyroïde. Le granite est composé de 10 à 25 % de quartz, 15 à 25 % de plagioclase, 30 à 40 % d’orthose perthitique, 5 à 10 % de hornblende verte, 5 à 10 % de biotite, 1 à 2 % d’apatite ainsi que des minéraux opaques (magnétite et ilménite), de zircon et de titanite en proportions accessoires. Les phénocristaux de feldspaths peuvent atteindre >5 cm de longueur et montrent une texture rapakivique ou antirapakivique. Les cristaux sont généralement en contact les uns avec les autres, de sorte que le matériel interstitiel à grain fin à moyen constitue seulement 10 à 15 % de la roche. Bien que ce faciès soit d’apparence très massive, il est néanmoins affecté par une faible foliation orientée NE-SW. Cette unité est affectée par la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence, lui conférant localement une texture mylonitique, particulièrement près des contacts avec les roches des complexes gneissiques de Cap à l’Est et de Saguenay. Ce faciès est exploité comme pierre architecturale et les réserves sont importantes.
Épaisseur et distribution
Le Granite de La Baie affleure à l’ouest de la baie des Ha! Ha! et s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres vers le SW. Cette unité stratigraphique, qui s’étend sur une superficie de ~1300 km², est orientée grossièrement NE-SW. Elle se trouve principalement dans les feuillets 22D03, 22D07 et 22D02, mais une très petite extension se prolonge dans les feuillets 22D10, 21M14 et 21M13. L’unité mPlba1 se présente sous la forme d’une masse ovoïde d’une superficie de ~6 km² au nord de la baie des Ha! Ha! (feuillet 22D07) et sous forme de dyke à l’intérieur de l’unité mPlba4. L’unité mPlba2 affleure le long de la rivière des Ha! Ha!.
Unité informelle | Superficie (km²) | Superficie (%) |
mPlba1 | 6 | <1 |
mPlba2 | 24 | 2 |
mPlba3 | 960 | 74 |
mPlba4 | 308 | 24 |
Datation
Une datation Pb-Pb du Granite de La Baie a été effectuée sur le faciès de granite rose porphyroïde (mPlba4). La roche datée contient du feldspath (orthose et plagioclase) à texture rapakivique et antirapakivique (≤3 cm de longueur), de la hornblende et de la biotite (Higgins et van Breemen, 1996).
Unité | Échantillon | Système isotopique | Minéral/Matériel | Âge de cristallisation (Ma) | (+) | (-) | Âge d’héritage (Ma) | (+) | (-) | Âge métamorphique (Ma) | (+) | (-) | Référence(s) |
mPlba4 | PTG-7 | Pb-Pb | Zircon | 1067 | 3 |
3 |
Higgins et van Breemen, 1996 |
Relations stratigraphiques
La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence met en contact tectonique le Granite de La Baie (1067 ±3 Ma) avec la Mangérite de Chicoutimi (1082 ±3 Ma, Higgins et van Breemen, 1996), le Complexe gneissique de Saguenay (1506 ±13 Ma, Hébert et van Breemen, 2004), le Complexe gneissique de Cap à l’Est (1391 +8/-7 Ma, Hébert et van Breeman, 2004) et la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean (1169-1135 Ma, Higgins et van Breemen, 1996, Papapavlou, 2020).
Du côté nord de la route 170 (dans l’arrondissement de Chicoutimi), immédiatement à l’est de la rivière du Moulin (affleurement 1995-CH-22) et en bordure du contact entre la Mangérite de Chicoutimi à l’ouest et le Granite de La Baie à l’est, on peut observer un exemple de zone de cisaillement à mouvement chevauchant où les roches du Granite de La Baie chevauchent celles de la Mangérite de Chicoutimi de l’est vers l’ouest.
Les relations de terrain permettent d’observer sans équivoque que le Granite de La Baie est plus jeune que le Complexe gneissique du Saguenay, par exemple à l’affleurement 1995-CV-2328, où le granite est en contact avec un lambeau de paragneiss (mPsaq1). Le faciès porphyroïde mPlba4 est aussi intrusif dans le Complexe gneissique du Cap à l’Est. La faciès rose et porphyroïde mPlba4 du Granite de La Baie renferme deux enclaves de roches mafiques à ultramafiques de quelques centaines de mètres (p. ex. affleurement 1997-CH-7022), formant le lithodème de l’Intrusion stratifiée de l’Anse à Philippe. On trouve aussi des enclaves ne dépassant pas 30 cm de longueur de roches mafiques à intermédiaires, partiellement à fortement assimilées, appartenant probablement à la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean (Hébert et Lacoste, 1998a).
Une masse granitique subarrondie hautement magnétique, qui forme le lithodème du Granite de Des Îlets, est intrusive dans le faciès mPlba3. Au sud, le Granite de La Baie est ceinturé par plusieurs intrusions mésoprotérozoïques dont la Mangérite de Pikauba, le Complexe charnockitique de Charlevoix, la Mangérite de Cap Trinité et la Suite de Rivière-à-Pierre (Lacoste et Hébert, 1998).
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1994. Linéament de Saint-Fulgence-Poulin-de-Courval, Séminaire d’information sur la recherche géologique : Programme et résumés 1994 : Québec, Ministère des Ressources naturelles du Québec, DV 94-09, page 56.
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998a. GÉOLOGIE DE LA RÉGION DE BAGOTVILLE(22D/07): Québec, MRN, RG 97–06, 21 pages.
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998b. GÉOLOGIE DE LA RÉGION DE JONQUIÈRE-CHICOUTIMI (22D/06). MRN; RG 96-08, 34 pages, 1 plan.
HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998c. GÉOLOGIE DE LA RÉGION DE LAC JALOBERT (22D/10). MRN; RG 97-05, 17 pages, 1 plan.
LACOSTE, P., HÉBERT, C., 1998. GÉOLOGIE DE LA RIVIÈRE PIKAUBA (22D/03). MRN; RG 98-10, 20 pages, 1 plan.
PAPAPAVLOU, K., 2020. U-Pb geochronology report, Grenville 2019-2020. GEOTOP, MERN; MB 2020-09, 25 pages, données numériques.
TALLA TAKAM, F., MOUKHSIL, A., 2023. Géologie de la région du lac Jalobert, Province de Grenville, région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec, Canada. MRNF; BG 2023-11, 1 plan.
Autres publications
HÉBERT, C., VAN BREEMEN, O., 2004. Mesoproterozoic basement, the Lac-St. Jean anorthosite suite and younger Grenvillian intrusions in the Saguenay region (Quebec): structural relationships and U–Pb geochronology. In: Proterozoic tectonic evolution of the Grenville orogen in North America (Tollo, R.P., Corriveau, L., McLelland, J, Bartholomew, M., editors). Geological Society of America; Memoir 197, pages 65-79. doi.org/10.1130/0-8137-1197-5.65
HIGGINS, M.D., VAN BREEMEN, O., 1996. Three generations of AMCG magmatism, contact metamorphism and tectonism in the Saguenay–Lac St. Jean region, Grenville Province, Canada. Precambrian Research; volume 79, pages 327-346. doi.org/10.1016/0301-9268(95)00102-6
LAPOINTE, B., 1984. Les relations structurales autour du lobe anorthositique de St-Fulgence, région du Saguenay. Mémoire de maîtrise; Université du Québec à Chicoutimi, 128 pages. constellation.uqac.ca/id/eprint/1761
Citation suggérée
Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Granite de La Baie. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-grenville/granite-de-la-baie [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Samuel Coulombe, géo. stag., M. Sc. samuel.coulombe@mrnf.gouv.qc.ca; Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. abdelali.moukhsil@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction) Céline Dupuis, géo., Ph. D. et Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination); Mhamed El Bourki, géo., M. Sc. et Philippe Pagé, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML). |