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Bandyayera et al., 2024
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Âge : |
Néoarchéen
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Stratotype : |
Aucun stratotype, mais les affleurements les plus représentatifs se trouvent au NW de la région du lac Holton (feuillet SNRC 32P10).
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Région type : |
Eeyou Istchee Baie-James
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Province géologique : | Province du Supérieur |
Subdivision géologique : |
Sous-province de La Grande
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Lithologie : | Roches volcano-sédimentaires |
Catégorie : |
Lithostratigraphique
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Rang : |
Groupe
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Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
Le nom « Groupe de Tichégami » a été introduit par Chown (1971a) pour décrire une séquence de roches volcaniques amphibolitisées orientée E-W qui affleure au sud des monts Tichégami, au NW de la région du lac Holton (feuillet 32P10). Chown (1971a et 1971b) et Genest (1987) ont également rattaché au Groupe de Tichégami une bande de roches volcaniques qui longe le 52e parallèle et la rivière Tichégami, au nord des régions des lacs Chamic (feuillet 32P14) et Mantouchiche (feuillet 32P15), ainsi que la séquence de roches volcano-sédimentaires localisée au SE de la région des lacs Hippocampe (feuillet 32P16) et Indicateur (feuillet 22M13). Toutes les unités de roches volcaniques amphibolitisées qui affleurent dans le secteur au nord du lac Mistassini, dans la Sous-province d’Opatica, avaient également été intégrées à ce groupe.
Plus tard, à la suite des travaux de compilation du début des années 2000, certaines roches volcano-sédimentaires du Parautochtone grenvillien ont également été associées au Groupe de Tichégami. Il est proposé ici de réassigner ces unités du Grenville à une autre unité et de réserver le nom « Groupe de Tichégami » uniquement aux roches volcaniques de la Province du Supérieur.
À la suite de leurs travaux de cartographie à l’échelle 1/50 000, Bandyayera et al. (2023) avaient assigné au Groupe du Lac des Montagnes la bande de roches volcano-sédimentaires localisée dans le coin SW du feuillet 32P13. Plus tard, Bandyayera et al. (2024) ont conclu que cette bande constituait plutôt le prolongement vers l’ouest du Groupe de Tichégami.
Bandyayera et al. (2024) ont assigné les bandes de roches volcano-sédimentaires de la région des lacs Gochigami (feuillet 32P11), Michaux (feuillet 32P13) et Chamic (feuillet 32P14) à trois unités distinctes :
• le Groupe de Tichégami, qui comprend désormais uniquement la séquence de roches volcano-sédimentaires de la Sous-province de La Grande localisée au sud des monts Tichégami, entre les lacs Cabat et Holton (feuillets 32P10, 32P11, 32P13 et 32P14);
• la bande de roches volcaniques localisée au nord des monts Tichégami et qui longe le 52e parallèle et la rivière Tichégami (feuillets 32P14, 32P15 et 32P16) qui est assignée par ces auteurs à la Formation de Mistamiquechamic (nouvelle unité);
• les lambeaux de roches volcano-sédimentaires de la Sous-province d’Opatica (feuillets 32P11, 32P12 et 32P13), au sud de la Zone de cisaillement de Poste Albanel, qui ont été assignés au Groupe de Michaux.
Description
Le Groupe de Tichégami est principalement constitué de roches volcano-sédimentaires métamorphisées. Il est divisé en quatre nouvelles unités informelles (Bandyayera et al., 2024) :
• basalte et basalte andésitique amphibolitisés (nAtg1);
• roche volcanique intermédiaire (nAtg2);
• roche volcanoclastique felsique à intermédiaire (nAtg3);
• formation de fer au faciès des oxydes et formation de fer au faciès des silicates (nAtg4).
La succession stratigraphique de ces unités n’est pas établie avec précision.
Groupe de Tichégami 1 (nAtg1) : Basalte et basalte andésitique amphibolitisés
L’unité nAtg1 comprend les unités de « roches vertes », d’amphibolite métabasaltique et d’amphibolite feuilletée décrites par Chown (1963 et 1971a) dans la région de Tichégami (feuillets 32P10, 32P11, 32P13 et 32P14).
Les « roches vertes » correspondent aux unités les moins déformées et métamorphisées. Elles regroupent du basalte coussiné, des brèches de coulée et des brèches de lave qui présentent des structures primaires relativement bien conservées et reconnaissables sur terrain. La roche est noire à vert pâle en cassure fraiche et verdâtre à brun pâle en surface altérée. Le basalte coussiné est finement grenu, par endroits porphyrique ou amygdalaire, et se caractérise par la présence de microlites et de petits phénocristaux de plagioclase. Les coussins mesurent généralement jusqu’à 1,5 m de longueur. La roche est formée de hornblende altérée en chlorite et en épidote, et de plagioclase. Elle contient par endroits du carbonate sous la forme d’amas irréguliers. De la chlorite vert pâle est présente en amas subsphériques ou en grains disséminés dans la matrice interstitielle aux baguettes de plagioclase (jusqu’à 15 % du volume de la roche). Ces amas de chlorite et de carbonates représentent d’anciennes vacuoles. Les minéraux accessoires sont la magnétite et le leucoxène, qui constituent jusqu’à 5 % de la roche.
Les coulées bréchiques les plus représentatives affleurent au sud et à l’est du lac Holton. Elles sont formées de fragments basaltiques anguleux à subarrondis, finement à moyennement grenus, d’un diamètre de 5 cm à 1 m, qui flottent dans une matrice volcanique finement grenue ou broyée riche en hornblende. Les plus gros fragments mesurent 3 à 4 cm d’épaisseur et une longueur de 10 à 12 cm. Les fragments de lave à grain fin sont généralement arrondis et, en lame mince, ceux-ci laissent voir des bordures diffuses causées par la croissance des minéraux métamorphiques, principalement la chlorite. Les principaux minéraux des fragments sont le plagioclase (albite), la chlorite, l’épidote et le carbonate.
Le basalte et le basalte andésitique amphibolitisés forment des coulées de lave massives, coussinées et bréchiques. Ces deux lithologies ne sont pas différenciables sur le terrain; seules les analyses lithogéochimiques permettent de les distinguer grâce aux diagrammes de classification des roches volcaniques (Winchester et Floyd, 1977; Pearce, 1996). La couleur de la roche en surface fraiche varie de noir lustré, bleu-noir éclatant à vert mat foncé. En surface altérée, elle est gris brunâtre à gris verdâtre. La roche varie d’aphanitique à moyennement grenue. Les coulées massives de basalte et de basalte andésitique sont généralement foliées, par endroits rubanées et faiblement laminées. Les structures reliques des laves sont rarement préservées, quoiqu’on puisse les déduire indirectement à partir des observations de terrain. Les limites de coulées sont communément reconnaissables grâce aux variations de granulométrie et à la présence de contacts et de boules d’épidote en proportion plus ou moins importante. Dans certains secteurs, on observe une succession de niveaux d’amphibolite à grain fin à moyen délimités par des bordures de coulées. Ces zones de contact constituent aussi des zones d’altération, de lessivage et de cisaillement qui transforment les contacts distincts entre les coulées en des limites floues, voire graduelles (affleurement 2024-SL-4107). Les contacts, généralement de couleur noire ou vert foncé, sont riches en hornblende (60 %) et contiennent à plusieurs endroits du grenat et de l’épidote. Ils constituent également des sites de déposition de sulfures (pyrite, chalcopyrite, sphalérite, etc.) associés à des zones rouillées (affleurement 2024-GS-2075) ou à des zones d’injection de pegmatite granitique blanche à grenat.
La déformation de ces roches engendre la formation d’amphibolite rubanée ou feuilletée très répandue dans le secteur des lacs Cabat, Baudeau et Holton. Celle-ci se manifeste par une alternance de rubans mélanocrates d’épaisseur millimétrique à centimétrique à hornblende-actinote ± grenat (anciennes bordures de coussins) et des rubans mésocrates riches en plagioclase (affleurement 2024-GS-2075). Ces rubans sont localement boudinés et montrent des cœurs riches en épidote et en quartz bordés d’une couronne de chlorite et de hornblende (affleurement 2024-CD-5012).
Les coulées massives sont moyennement grenues et peuvent être confondues avec des filons-couches de gabbro. Cependant, les bordures de coulées, l’hétérogénéité granulométrique et la présence de boules d’épidote par endroits ont permis de les intégrer dans la séquence volcanique.
Du basalte coussiné amphibolitisé a également été reconnu à plusieurs endroits, mais la roche est considérablement déformée et les structures primaires sont difficiles à reconnaître. Les coussins sont généralement métriques, allongés, étirés et aplatis; ils montrent des bordures hyaloclastiques centimétriques riches en hornblende associées à du quartz et de l’épidote, ainsi que des cœurs d’épidote (affleurement 2024-NT-3077). Par endroits, des rubans de 20 à 30 cm d’épaisseur donnent à la roche un aspect rubané. Les contacts de ces coulées sont par endroits injectés de granite pegmatitique blanc.
À l’ouest du lac Crapaud (feuillet 32P10), on observe une importante coulée à texture porphyrique (Chown, 1971a). Les phénocristaux de plagioclase de 1 à 2 cm sont orientés parallèlement à la foliation. Plusieurs affleurements de basalte coussiné amphibolitisé ont aussi été cartographiés aux environs du lac Holton (feuillet 32P10). Les coussins sont bien préservés par endroits et montrent une bordure hyaloclastique distincte, mais le degré de déformation est généralement trop important pour permettre de déterminer une polarité stratigraphique. Cependant, quelques affleurements exposent par endroits de petits coussins arrondis avec un axe long de 15 à 40 cm qui indiquent une polarité vers le nord. Ces coussins montrent une bordure hyaloclastique et le sommet de la coulée est constitué d’une brèche composée de fragments de basalte amphibolitisé (Chown, 1963; affleurements sur la colline Trig, entre les lacs Denos et Amiel, feuillet 32P10).
En lame mince, la texture de l’amphibolite est généralement granoblastique, témoin d’une recristallisation statique d’une roche volcanique à grain fin. La teneur en hornblende varie de 60 à 80 %, les minéraux opaques excèdent rarement 1 % et le reste est constitué de plagioclase et de ses produits d’altération (saussurite, muscovite, séricite). La magnétite et l’ilménite forment de petits grains arrondis disposés entre les cristaux de hornblende.
L’unité nAtg1 est coupée par un réseau de veines et de lentilles d’épidote, quartz, pyrite et hornblende, localement orthogonales les unes par rapport aux autres (Chown, 1971a). Ces veines sont associées à une altération en albite, épidote, calcite, quartz et leucoxène dans la roche encaissante.
Les analyses lithogéochimiques montrent que l’unité nAtg1 est formée de basalte tholéiitique et, localement, de basalte andésitique d’affinité transitionnelle à calco-alcaline (Winchester et Floyd, 1977; Ross et Bédard, 2009). Les rapports d’éléments en traces et les profils multiéléments du basalte amphibolitisé montrent clairement un environnement géotectonique de mise en place semblable à celui des N-MORB, avec une faible contamination crustale. Le basalte andésitique et le basalte contaminé montrent un environnement similaire à celui des arcs volcaniques (Pearce et al., 2021; Hollocher et al., 2012).
Groupe de Tichégami 2 (nAtg2) : Roche volcanique intermédiaire
Les affleurements les plus représentatifs de cette unité se trouvent à l’est du lac Baudeau, au sommet et en bordure des monts Tichégami (coin NE du feuillet 32P11). À la base de l’unité nAtg2, on observe des roches volcaniques intermédiaires de composition andésitique, amphibolitisées et déformées, et au sommet, une séquence de coulées caractérisées par des structures primaires bien préservées. L’andésite amphibolitisée à la base de la séquence est gris pâle à gris verdâtre en surface altérée, vert foncé et gris foncé en cassure fraiche. La roche, finement à moyennement grenue et localement aphanitique, est hétérogène, laminée, foliée et rubanée. L’épaisseur des rubans est millimétrique à centimétrique et leur composition varie de mésocrate à leucocrate. Cette structure est également soulignée par la présence de rubans millimétriques à centimétriques noirs ou vert foncé interprétés comme des bordures de coulée ou de coussins aplatis et étirés (affleurement 2024-SL-4184). De plus, l’andésite amphibolitisée contient ∼5 % de niveaux d’épaisseur centimétrique et de longueur décimétrique à métrique montrant des cœurs épidotisés et des bordures riches en quartz. Par endroits, ces niveaux sont boudinés et altérés en quartz et en épidote (affleurement 2024-SL-4184). Ils pourraient également représenter des coussins métamorphisés et aplatis. L’andésite amphibolitisée se trouve en contact concordant avec des coulées massives de lave andésitique. Par endroits, ce contact est caractérisé par une bordure figée aphanitique à finement grenue (affleurement 2024-SL-4153). La lave andésitique du sommet de la séquence est beige en surface altérée et gris verdâtre en cassure fraiche. La roche est généralement bien préservée, massive, aphanitique à finement grenue et présente localement des textures porphyrique, variolaire ou amygdalaire.
Le sommet des coulées andésitiques contient également un faciès porphyrique présentant au moins deux générations de phénocristaux de plagioclase (5 à 10 %, 2 à 10 mm); la première est formée de lattes automorphes et la seconde est constituée de phénocristaux montrant une couronne d’altération. Ces coulées contiennent également des amygdales remplies de quartz ou de carbonate et de la pyrite cubique (1 %, 2 à 5 mm). Les minéraux accessoires sont la magnétite et la calcite. Cette roche renferme également 1 à 3 % de fragments (enclaves) centimétriques, anguleux à subarrondis, de roche de composition intermédiaire à felsique montrant une bordure d’altération millimétrique. À l’est du lac Baudeau, sur le flanc ouest des monts Tichégami (affleurement 2024-SL-4153), on observe un contact entre des coulées d’andésite de l’unité nAtg2 et de basalte amphibolitisé de l’unité nAtg1 défini par une bordure figée décimétrique. Des clastes anguleux à subarrondis d’andésite sont localement observés dans le basalte à proximité de cette zone de contact. Ceci laisse supposer une polarité stratigraphique de la séquence volcanique vers le NE.
En lame mince, la lave andésitique présente des phénocristaux de plagioclase idiomorphes, subidiomorphes, anguleux ou amiboïdes qui sont entourés par endroits d’une couronne d’altération. La matrice est constituée de microlites de plagioclase et de petits phénocristaux séricitisés et chloritisés du même minéral qui baignent dans une pâte chloriteuse vert pâle. La chlorite remplace le plagioclase et les minéraux ferromagnésiens. De l’épidote et des petits grains de hornblende verte sont aussi présents dans la matrice. Les amygdales sont généralement subarrondies. La magnétite et la pyrite cubique sont aussi reconnues dans la matrice chloriteuse et constituent 1 à 2 % de la roche. Des fragments subarrondis de roche felsique sont localement observés. La présence de plusieurs types de fragments dans la coulée andésitique porphyrique et le développement de bordures figées ou de couronnes d’altération autour de certains cristaux de plagioclase ou de fragments laissent supposer la présence de plus d’un épisode volcanique de composition andésitique, et possiblement une mise en place à chaud de certains fragments (coulées bréchiques ou pyroclastiques?).
Les analyses lithogéochimiques montrent que l’unité nAtg2 est formée d’andésite d’affinité calco-alcaline (Winchester et Floyd, 1977; Ross et Bédard, 2009). Ces andésites se distinguent des autres roches volcaniques du Groupe de Tichégami par un fractionnement en terres rares légères par rapport aux terres rares lourdes, ainsi que par des anomalies négatives modérées en Nb-Ta, P et Ti, une caractéristique associée à une contamination crustale plus importante que celle observée dans les volcanites mafiques. L’environnement de mise en place de ces roches est typique de celui des arcs volcaniques (Pearce et al., 2021; Hollocher et al., 2012).
Groupe de Tichégami 3 (nAtg3) : Roche volcanoclastique felsique à intermédiaire
L’unité nAtg3 affleure principalement à l’est du lac Baudeau et au sud de la rivière Tichégami (feuillet 32P14). Elle se présente sous la forme de lentilles pouvant atteindre 600 m de largeur et 6 km de longueur. Elle regroupe des roches volcanoclastiques de composition felsique à intermédiaire interstratifiées avec le basalte et le basalte andésitique du Groupe de Tichégami (nAtg1) ou localisées au sommet de ces derniers. La roche à cassure généralement conchoïdale est blanchâtre en surface altérée et gris verdâtre en cassure fraiche.
Les roches volcanoclastiques se présentent sous la forme de tuf à cendres finement grenu et massif, de tuf fin à cassure conchoïdale et de tuf à lapillis et à blocs généralement lité et plissé. Les lapillis et les blocs de composition felsique et intermédiaire baignent dans une matrice chloritisée et séricitisée. La roche stratifiée, rubanée et laminée se caractérise par une alternance de lits felsiques leucocrates et de lits intermédiaires mésocrates. Les lits mésocrates, localement riches en épidote, sont par endroits boudinés. La roche est foliée et porphyroblastique. En plus du plagioclase et du quartz, elle contient de la biotite, de la muscovite, de la chlorite, de l’épidote, de l’actinote et du grenat.
En lame mince, le tuf felsique est granoblastique, porphyroblastique et est principalement composé de grains de quartz et de plagioclase dans une matrice recristallisée à grain fin formée de chlorite, de séricite, de muscovite, d’actinote, de quartz et de plagioclase. Les minéraux accessoires sont la cordiérite, la sillimanite, l’apatite, le sphène, la pyrite et la magnétite.
Les analyses lithogéochimiques montrent que l’unité nAtg3 est formée de volcanoclastites de composition andésitique à rhyodacitique d’affinité calco-alcaline (Winchester et Floyd, 1977; Ross et Bédard, 2009). Les volcanoclastites felsiques et intermédiaires se distinguent d’autres roches volcaniques du Groupe de Tichégami par un fractionnement des terres rares légères par rapport aux terres rares lourdes, ainsi que par des anomalies négatives prononcées en Nb-Ta, P et Ti, une caractéristique probablement associée à une contamination crustale plus importante que celle observée dans les volcanites mafiques et intermédiaires. L’environnement de mise en place de ces roches est typique de celui des arcs volcaniques (Pearce et al., 2021; Hollocher et al., 2012).
Groupe de Tichégami 4 (nAtg4) : Formation de fer
L’unité nAtg4 est constituée de quatre niveaux de formation de fer, mesurant 50 à 400 m de largeur et jusqu’à 6 km de longueur, interstratifiés dans l’unité de basalte et de basalte andésitique (nAtg1). Ces formations de fer sont localisées au sud et au SW du lac Cabat (feuillets 32P13 et 32P14), à l’est du lac Baudeau (feuillet 32P11) et au sud du lac Holton (feuillet 32P10).
Les formations de fer sont rouillées et brunâtres en surface altérée. Elles sont composées de minces lits millimétriques de magnétite, de silicates de fer, de stilpnomélane ou de grunérite, en alternance avec des lits de 2 à 5 mm d’épaisseur de chert recristallisé sous la forme de quartz en mosaïque (Chown, 1971a et 1971b). Cette unité comprend des formations de fer rubanées au faciès des silicates, des formations de fer rubanées au faciès des oxydes et des formations de fer au faciès des sulfures. Ces différents types de formation de fer sont par endroits étroitement associés.
Les formations de fer au faciès des silicates sont les plus répandues. Elles sont caractérisées par un rubanement constitué d’alternances de lits millimétriques à centimétriques de couleur vert pomme riches en amphibole verte et de rubans de chert grisâtre.
Les lits verts riches en amphiboles (grunérite, cummingtonite) sont moyennement à grossièrement grenus et contiennent par endroits du grenat (jusqu’à 25 %), de la biotite et de la fuchsite. Les bandes de chert ont déjà été décrites comme des quartzites rubanés (Hocq, 1976). Le chert finement grenu et laminé est gris pâle en surface altérée, gris bleuté clair en cassure fraiche et est localement rouillé. Par endroits, des bandes foncées à amphiboles définissent un motif anastomosé qui isole des bandes leucocrates lenticulaires et aplaties. La roche contient également des laminations de 3 à 5 mm d’épaisseur riches en hornblende foncée et en grenat porphyroblastique.
En lame mince, les fins rubans de chert sont composés de cristaux de quartz interlobés et de petits grenats interstitiels. Les grains individuels de quartz sont délimités par un mince film d’hématite semi-opaque. Les bandes de chert contiennent par endroits des lamines de magnétite et de la pyrite. Les rubans foncés sont généralement composés de grains idiomorphes de magnétite, avec des faisceaux de fibres radiées de stilpnomélane ou de grunérite pouvant atteindre 0,3 mm. Ces couches à magnétite ont des contacts nets avec les couches de chert.
Les bandes mésocrates à amphiboles sont constituées essentiellement de cummingtonite et de grunérite finement à grossièrement grenues. De faibles proportions de grenat, de biotite, de chlorite, de fuchsite vert foncé et d’apatite sont également présentes. L’orthopyroxène est observé localement (Hocq, 1976). Les grains grossiers de cummingtonite contiennent des cristaux xénomorphes de grenat pœciloblastique et des inclusions de quartz.
Les formations de fer au faciès des oxydes sont caractérisées par des rubans de magnétite massive en alternance avec des rubans de chert granoblastique. Ces niveaux sont noirs à gris bleuté et atteignent par endroits une épaisseur métrique. Ils contiennent également de la pyrite disséminée ou en lamines discontinues.
Les formations de fer au faciès des sulfures constituent des niveaux centimétriques à métriques au sein des formations de fer au faciès des oxydes. Elles contiennent jusqu’à 35 % de sulfures (pyrite, pyrrhotite et chalcopyrite) disséminés, en amas ou en filonnets, associés aux rubans de magnétite massive.
Épaisseur et distribution
Le Groupe de Tichégami forme des bandes plus ou moins continues de 1 à 12 km d’épaisseur s’étendant sur ∼60 km au sein de la Sous-province de La Grande. Ces bandes sont orientées NW-SE dans le secteur entre les lacs Baudeau et Cabat (feuillet 32P14) et E-W à NE-SW dans la région du lac Holton (feuillet 32P10).
L’unité nAtg1 est la plus répandue et représente l’unité principale du Groupe de Tichégami. Les affleurements les plus représentatifs, c’est-à-dire qui exhibent les structures primaires les mieux préservées, se trouvent près des lacs Baudeau et Holton et à l’ouest du lac du Crapaud (feuillets 32P10 et 32P11; Chown, 1971a).
Les affleurements les plus représentatifs de l’unité nAtg2 se trouvent à l’est du lac Baudeau, au sommet et en bordure des monts Tichégami (NE du feuillet 32P11). Leur étendue maximale est de 300 m sur 3 km.
L’unité nAtg3 affleure principalement à l’est du lac Baudeau et au sud de la rivière Tichégami (feuillet 32P14). Elle se présente sous la forme de lentilles pouvant atteindre 600 m de largeur et 6 km de longueur.
Les formations de fer de l’unité nAtg4 sont localisées au sud et au SW du lac Cabat (feuillets 32P13 et 32P14), à l’est du lac Baudeau (feuillet 32P11) et au sud du lac Holton (feuillet 32P10). Elles forment des lambeaux plissés mesurant jusqu’à 400 m de largeur et 5 km de longueur.
Datation
Aucune.
Relations stratigraphiques
Le Groupe de Tichégami est en contact structural avec les roches plutoniques et gneissiques de la Sous-province d’Opatica dont elle est séparée par la Zone de cisaillement de Poste Albanel. Au nord, il surmonte les roches du Complexe de la Hutte et est surmonté stratigraphiquement par les unités sédimentaires de la Formation de Voirdye. Au sud, les roches paléoprotérozoïques du Groupe de Mistassini (formations de Cheno et de Papaskwasati) reposent en discordance sur les roches précambriennes, dont fait partie le Groupe de Tichégami (Chown, 1971a).
Le Groupe de Tichégami occupe la même position stratigraphique que le Groupe du Lac des Montagnes au contact entre les sous-provinces d’Opatica, au sud, et de La Grande, au nord. Ces deux groupes ne sont pas connectés physiquement et sont interprétés comme des équivalents (Bandyayera et al., 2024). Ils présentent les mêmes subdivisions lithostratigraphiques, quoique les roches du Groupe de Tichégami soient moins métamorphisées et que les structures primaires des roches volcaniques soient mieux préservées à plusieurs endroits.
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
BANDYAYEREA, D., ST-LOUIS, G., TALON, N., 2024. Géologie de la région du lac Chamic, sous-provinces d’Opatica et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MRNF; BG 2024-05, 1 plan.
BANDYAYERA, D., TALON, N., ST-LOUIS, G., 2023. Géologie de la région du lac Michaux, sous-provinces d’Opatica et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MRNF; BG 2023-10, 1 plan.
CHOWN, E.H., 1963. Amphibolites of the Papachouesati River Area, Mistassini Territory, Quebec. John Hopkins University; thèse de doctorat, 204 pages.
CHOWN, E.H., 1971a. Région de Tichégami. MRN; RG 144, 69 pages, 4 plans.
CHOWN, E.H., 1971b. Région de la rivière Savane, Territoire de Mistassini, comtés de Roberval et de Chicoutimi. MRN; RG 146, 42 pages, 1 plan.
GENEST, S., 1987. Géologie de la région du lac Indicateur (Territoire-du-Nouveau-Québec). MRN; ET 86-04, 29 pages, 1 plan.
HOCQ, M., 1976. La géologie de la région du lac Michaux (Territoire de Mistassini). MRN; DPV 435, 96 pages, 1 plan.
Autres publications
HOLLOCHER, K., ROBINSON, P., WALSH, E., ROBERTS, D., 2012. Geochemistry of amphibolite-facies volcanics and gabbros of the Støren Nappe in extensions west and southwest of Trondheim, western gneiss region, Norway: a key to correlations and paleotectonic settings. American Journal of Science; volume, 312, pages 357-416. doi.org/10.2475/04.2012.01
PEARCE, J.A., ERNST, R.E., PEATE, D.W., ROGERS, C., 2021. LIP printing: Use of immobile element proxies to characterize Large Igneous Provinces in geologic record. Lithos; volumes 392-393. doi.org/10.1016/j.lithos.2021.106068
ROSS, P.-S., BÉDARD, J.H., 2009. Magmatic affinity of modern and ancient subalkaline volcanic rocks determined from trace-element discriminant diagrams. Canadian Journal of Earth Sciences; volume 46, pages 823-839. http://dx.doi.org/10.1139/E09-054
WINCHESTER, J.A., FLOYD, P.A., 1977. Geochemical discrimination of different magma series and their differentiation products using immobile elements. Chemical Geology; volume 20, pages 325-343. http://dx.doi.org/10.1016/0009-2541(77)90057-2
Citation suggérée
Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Groupe de Tichégami. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/groupe-de-Tichégami [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Daniel Bandyayera, géo., Ph. D. daniel.bandyayera@mrnf.gouv.qc.ca; Gaëlle Saint-Louis, M. Sc., CPI gaelle.st-louis@mrnf.gouv.qc.ca; Nicolas Talon, géo. stag. nicolas.talon@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction) Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination); Claude Dion, ing., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML). |