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Domaine structural de Maingault
Étiquette structurale : DSmai

Première publication : 18 janvier 2021 
Dernière modification : 28 août 2025

 

 

Auteur(s) Beauchamp, 2019
Méthodologie Défini à partir d’un levé géologique
Appartenance Province du Supérieur/Sous-province de La Grande
Mouvement principal Ne s’applique pas
Style de déformation Parallèle
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) Granulites

 

 

Historique et méthodologie

Le Domaine structural de Maingault a été défini par Beauchamp (2019) à la suite d’un levé cartographique mené dans la région du lac Cadieux (feuillets SNRC 33A02 et 33A07) à l’été 2018. Il a été étendu vers l’ouest par Bandyayera et al. (2024) et Chartier-Montreuil et Saint-Laurent (2024) dans les régions des lacs Chamic (feuillets 32P14 et 32P11) et Caulincourt (feuillets 33A03 et 33A06). La description qui suit repose principalement sur les observations géologiques recueillies lors des travaux de terrain du Ministère ainsi que sur l’analyse des données géophysiques disponibles dans le SIGÉOM.

Limites et morphologie

Largeur (km) 15
Longueur (km) 65
Orientation Allongement E-W

 

Le Domaine structural de Maingault a été défini initialement dans le coin SE du feuillet 33A02. Il s’étend plus au sud (feuillet 32P15) dans un secteur qui n’a pas fait l’objet de cartographie récente, et se poursuit vers l’ouest (feuillets 33A03 et 32P14). Le domaine se situe au sud du Domaine structural de Mabille et découpe le Domaine structural de La Sicotière dans sa partie NE. Les contacts avec les domaines de La Sicotière et de Mabille correspondent à des zones de cisaillement dont le sens du mouvement est encore indéterminé.

 

 

Unités stratigraphiques concernées

 

Les unités stratigraphiques présentes dans Le Domaine structural de Maingault sont les suivantes :

• le Complexe de Maingault (nAmai1, nAmai2, nAmai3 et nAmai4);
• la Formation de Mistamiquechamic (nAmtc1 et nAmtc2);
• la Suite mafique-ultramafique de Chamic (nAcmi1 et nAcmi2);
• la Formation de Voirdye (nAvrd2 et nAvrd2a);
• l’Essaim de dykes de Mistassini (nAmib).

Caractéristiques structurales

❯ Fabriques principales

Sn = S2

 

La fabrique principale observée dans le Domaine structural de Maingault est principalement matérialisée par la gneissossité et le rubanement migmatitique dans la tonalite et la granodiorite du Complexe de Maingault. La caractéristique structurale la plus notable de ce domaine est une séquence de plis droits ouverts d’échelle kilométrique à faible plongement qui forment une série de dômes allongés orientés NNW-SSE. Ces plis se manifestent par des foliations à pendage faible à modéré. À l’échelle de l’affleurement, la gneissosité est soulignée par des rubans de granite et de diorite concordants ou subconcordants à cette fabrique. Ces rubans peuvent également former des plis isoclinaux démembrés qui sont transposés dans la fabrique Sn. Dans les échantillons et en lame mince, la foliation régionale est marquée par la ségrégation et l’alignement des minéraux clairs (quartz, plagioclase, feldspath potassique) et ferromagnésiens (biotite, hornblende, clinopyroxène, orthopyroxène). La linéation Ln associée est à faible plongement et soulignée par des grains de quartz étirés ou des cristaux de hornblende.

Dans les roches métavolcaniques de la Formation de Mistamiquechamic, la fabrique Sn est principalement soulignée par un rubanement d’épaisseur millimétrique à centimétrique défini par des niveaux de composition mélanocrate à mésocrate. Elle est matérialisée par les cristaux de hornblende qui remplacent partiellement à totalement les porphyroblastes de clinopyroxène et d’orthopyroxène. À quelques endroits, le rubanement est affecté par du plissement formant des plis isoclinaux, ce qui témoigne de l’intense déformation qui caractérise ce domaine. Dans les roches ayant subi une fusion plus poussée, le néosome, partiellement ou totalement ségrégué, souligne un rubanement migmatitique constitué d’un mobilisat à quartz-plagioclase ± clinopyroxène ± orthopyroxène ± grenat ± feldspath potassique et de niveaux centimétriques de restite à hornblende-orthopyroxène-clinopyroxène-magnétite ± grenat (rare). Contrairement à ce qui est observé dans les roches plutoniques du Complexe de Maingault, la fabrique observée dans la Formation de Mistamiquechamic présente des pendages généralement modérés à forts. La linéation Ln est matérialisée par l’orientation préférentielle des cristaux de hornblende.

Fabrique principale Type de fabrique Direction (°) Pendage (°) Nombre de mesures Commentaires
Foliation Sn

Foliation minérale tectonométamorphique, rubanement migmatitique, schistosité, gneissosité

295 72 119 Les pôles des mesures se répartissent en deux groupes opposés sur le stéréogramme. Cette disposition suggère que la foliation Sn est plissée à grande échelle, ce que montre aussi la carte des trajectoires de foliation, suggérant que le plan moyen calculé correspond au plan axial d’un pli Pn+1. Les mesures structurales proviennent des feuillets 32P14, 33A02 et 33A03 (Beauchamp, 2019; Bandyayera et al., 2024; Chartier-Montreuil et Saint-Laurent, 2024).
Linéation Ln Linéation d’étirement et minérale tectononométamorphique 129 35 48 Les linéations sont à faible plongement. Le stéréogramme affiche deux pôles de forte densité vers le NNW et le SSE. L’orientation et la plongée moyenne sont de 129°/35°. Les mesures structurales proviennent des feuillets 32P14, 33A02 et 33A03 (Beauchamp, 2019; Bandyayera et al., 2024; Chartier-Montreuil et Saint-Laurent, 2024). Le nombre de mesures est trop limité pour être représentatif.

 

❯ Autres fabriques

Sn-1 = N0

 

La foliation primaire observée dans le Domaine structural de Maingault correspond au litage magmatique reconnu dans les roches ultramafiques de la Suite mafique-ultramafique de Chamic. Ce litage est souligné par les niveaux riches en cristaux cumulus d’orthopyroxène. Il est coupé par des zones de tectonites en L/S (affleurement 24-GS-2083) ou en L (24-SL-4050 et 24-SL-4051). Il est généralement concordant à la foliation régionale, ce qui suggère que ces intrusions sont prétectoniques à syntectoniques.

Il est aussi bien de noter que certains affleurements de paragneiss à orthopyroxène de la Formation de Voirdye, observés le long de la bordure NW du Domaine structural de Maingault, présentent un litage sédimentaire préservé ainsi qu’un granoclassement grossier à fin suggérant des polarités normales (24-DB-1005 et 24-WM-1154). Ce litage est plissé et forme une série de plis synclinaux et anticlinaux qui montrent des charnières caractérisées par une schistosité de plan axial Sn+1. Toutefois, ces éléments structuraux sont plus représentatifs du Domaine structural de La Sicotière, puisque le paragneiss à orthopyroxène de la Formation de Voirdye n’est observé qu’en bordure du Domaine structural de Maingault. Une description complète de ces fabriques est donnée dans la fiche du Domaine structural de La Sicotière.

❯ Plis

 

Les observations de terrain et le stéréogramme des structures montrent que la fabrique principale Sn est plissée par un évènement Pn+1. L’arrangement de ces plis, dont la longueur d’onde est décamétrique à kilométrique, définit des formes en dômes allongées selon une direction NNW-SSE.

Paramètres géométriques des plis régionaux : 

Plis ou famille de plis Type (anticlinal, synclinal ou indéterminé) Forme (antiforme ou synforme) Attitude (déversé ou droit) Plan axial Axe de pli Position (certaine ou probable) Phase de déformation Commentaires
Direction Pendage Direction Plongement
Pli Pn+1 Indéterminé Synforme et antiforme Droite 295 72 205 18 Certaine Dn+1 Les pôles des mesures se répartissent en deux groupes opposés sur le stéréogramme. Cette disposition suggère que la foliation Sn est plissée à grande échelle, ce que montre aussi la carte des trajectoires de foliation, suggérant que le plan moyen calculé correspond au plan axial d’un pli Pn+1. Les mesures structurales proviennent des feuillets 32P14, 33A02 et 33A03 (Beauchamp, 2019; Bandyayera et al., 2024; Chartier-Montreuil et Saint-Laurent, 2024).
 

❯ Relations de recoupement

Des réseaux de failles fragiles conjuguées d’orientation NW-SE et NE-SW ont été interprétés à partir des cartes aéromagnétiques. Les failles NW-SE sont de même orientation que les dykes de diabase de l’Essaim de dykes de Mistassini d’âge néoarchéen. Dans le feuillet 33A02, l’une de ces failles présente un mouvement apparent dextre (Beauchamp, 2019).

 

❯ Cinématique

Ne s’applique pas.

Style de la déformation

Le Domaine structural de Maingault se caractérise par une architecture et une histoire métamorphique complexes. L’exhumation des roches profondes et fortement métamorphisées composant ce domaine implique un mouvement vertical le long des nombreuses zones de cisaillement qui bordent ou traversent le Domaine structural de Maingault. Les paragneiss de la Formation de Voirdye et les roches du Complexe de Maingault partagent plusieurs caractéristiques structurales, ce qui suggère que les roches gneissiques du Complexe de Maingault constituent le socle de la séquence supracrustale des formations de Voirdye et de Mistamiquechamic. Dans cette optique, le Domaine structural de Maingault s’apparenterait aux dômes gneissiques du Complexe de la Hutte (nAhue1), probablement exhumés durant les phases Dn et Dn+1 interprétées dans le Domaine structural de La Sicotière. Ainsi, les phases de déformation Dn et Dn+1 affectant les domaines structuraux de La Sicotière et de Maingault seraient contemporaines.

Caractéristiques métamorphiques

Les gneiss tonalitiques du Complexe de Maingault et les roches volcano-sédimentaires formées par les formations de Mistamiquechamic et de Voirdye montrent de nombreuses évidences de fusion partielle et contiennent tous des proportions variables d’orthopyroxène (1 à 10 %), ce qui démontre que le faciès métamorphique du Domaine de Maingault a atteint le faciès des granulites.

Dans les métavolcanites granulitiques de la Formation de Mistamiquechamic, le phénomène de fusion partielle se manifeste par la présence de néosome partiellement à non ségrégué. Le contact entre le paléosome et le néosome est diffus. Dans ce dernier, le leucosome tend à former des poches ou des filets irréguliers non connectés. Le néosome est couramment zoné avec une partie centrale composée de pœciloblastes centimétriques d’orthopyroxène et de clinopyroxène contenant des inclusions de quartz, de plagioclase et de magnétite, alors que les bordures sont plutôt caractérisées par l’assemblage quartz-plagioclase-feldspath potassique. La présence des deux types de pyroxènes dans le leucosome montre que ces phases sont composées de minéraux péritectiques. La composition du néosome est quasi identique à celle du paléosome, mais ce dernier contient des cristaux de hornblende qui se distinguent par leurs bordures dentelées. La microstructure festonnée de la hornblende dans le paléosome et l’absence de ce minéral dans le néosome suggèrent que des réactions impliquant la déshydratation de la hornblende, telles que hornblende + plagioclase = clinopyroxène + liquide, seraient à l’origine de ces phases péritectiques (Sawyer, 2008). Il est intéressant de noter que la hornblende est nettement prédominante par rapport à la biotite dans le paléosome, ce qui laisse croire que cette dernière a été complètement substituée en premier à la suite de la réaction biotite + quartz + plagioclase = orthopyroxène + magnétite + liquide. Une réaction similaire est probablement à l’origine de la formation de l’orthopyroxène dans les gneiss tonalitiques et les tonalites du Complexe de Maingault. Cette réaction aurait également contribué à former de la magnétite, laquelle est anormalement abondante dans ces roches (jusqu’à 5 %) et dans les amphibolites granulitiques du Mistamiquechamic (≤10 %). Des réactions de fusion partielle nécessitant une fugacité d’oxygène élevée, telles que biotite + plagioclase + quartz = magnétite + ilménite + liquide, pourraient expliquer ces proportions élevées d’oxyde de fer.

L’orthopyroxène et le clinopyroxène observés en lame mince montrent plusieurs évidences de réactions rétrogrades, incluant des couronnes constituées d’un cœur préservé entouré de micas et d’amphiboles, le remplacement pseudomorphique par la hornblende verte ainsi que des bordures symplectitiques composées de hornblende-quartz ou biotite-quartz.

Altérations

Ne s’applique pas.

Caractéristiques géophysiques

La carte du gradient vertical du champ magnétique total montre que ce domaine a une texture chagrinée avec quelques hétérogénéités marquées, notamment des rubans fortement magnétiques d’orientation NNE-SSW. Le signal magnétique du Domaine structural de Maingault est très élevé, ce qui est expliqué par la présence de magnétite (1 à 5 %) dans le gneiss, le granite et l’amphibolite granulitique.

Repères chronologiques

Ce domaine structural n’a encore fait l’objet d’aucune datation. Toutefois, un dyke de l’Essaim de dykes de Mistassini d’âge néoarchéen coupe le domaine.

Références

Publications accessibles dans Sigéom Examine

BANDYAYERA, D., ST-LOUIS, G., TALON, N. 2024. Géologie de la région du lac Chamic, sous-provinces d’Opatica et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MRNF; BG 2024-05, 1 plan.

BEAUCHAMP, A.M. 2020. Géologie de la région du lac Cadieux, sous-provinces d’Opatica et d’Opinaca, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. BG 2019-02, 2 plans.

CHARTIER-MONTREUIL, W., SAINT-LAURENT, C. 2024. Géologie de la région du lac Caulincourt, sous-provinces d’Opatica et de La Grande, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MRNF; BG 2024-04, 1 plan.

Autres publications

LAVOIE, J., 2017. Sous-province d’Opatica : nouveau territoire pour l’exploration minérale. CONSOREM; projet 2016-01, 85 pages.

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Domaine structural de Maingault. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/domaine-structural-de-maingault/  [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Anne-Marie Beauchamp, géo., M. Sc. anne-marie.beauchamp@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Ghyslain Roy, géo. (coordination); Patrice Roy, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML); Céline Dupuis, géo., Ph. D. (version anglaise)

Révision(s)

Gaëlle St-Louis, ing., M. Sc., gaelle. st-louis@mrnf.gouv.qc.ca

Hanafi Hammouche, géo., M. Sc. (coordination); Claude Dion, ing., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (Montage HTML).

18 janvier 2021