Des dykes de diorite, de diorite quartzifère et de gabbro pegmatitique qui coupent la séquence de roches volcaniques minéralisées à la Mine Radiore 2 (feuillet SQRC 32F13-200-0102) ont d’abord été identifiés par Bonavia et MacLean (1986). Ces auteurs les considéraient comme appartenant au Complexe de la Rivière Bell. À l’est de la mine, des unités de brèches intrusives sont rapportées par MacGeehan (1979) ainsi que par Beaudry et Gaucher (1986). Dans les travaux de compilation du Ministère du feuillet 32F13-200-0102, la diorite quartzifère est dissociée des roches du Complexe de la Rivière Bell (Grant et Martel, 2000). Dans le feuillet adjacent (32F14-200-0101), la « Diorite quartzifère de Radiore » est introduite, en référence à la mine Radiore 2, et différenciée du Complexe de la Rivière Bell (Goutier et Ouellet, 2004). À noter que ces distinctions ne sont pas utilisées dans les travaux de compilation des feuillets au sud (32F11-200-0201 et 32F12-200-0202; Goutier et al., 2005; Hammouche, 2008). Quelques années plus tard, Pilote (2011) conserve le nom « Diorite quartzifère de Radiore » qu’il subdivise en trois unités informelles pour y inclure la diorite, le gabbro pegmatitique et les brèches intrusives felsiques à enclaves gabbroïques. Afin de tenir compte des différentes lithologies, le nom est finalement modifié pour Suite gabbroïque de Radiore par Pilote (2012a-b). Les travaux de cartographie de Pilote et al. (2022) mettent en évidence le caractère nettement distinct de cette unité par rapport au Complexe de la Rivière Bell, malgré certaines similitudes au plan lithologique.

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La Suite gabbroïque de Radiore est composée principalement de filons-couches volumineux et de dykes de diorite et de gabbro pegmatitique (unité nAdqr1) coupés par de la diorite quartzifère et du leucogabbro à magnétite (unité nAdqr2) ainsi que des brèches intrusives (unité nAdqr3) présentant des évidences d’injections répétées (Pilote et al., 2022).

Suite gabbroïque de Radiore 1 (nAdqr1) : Diorite et gabbro pegmatitique

La diorite (nAdqr1) est vert gris à vert gris foncé en cassure fraiche, plus claire en patine d’altération, de granulométrie moyenne à grossière (2 à 5 mm) et massive à foliée (Harriman et al., 1959; Bernard et Des Rivières, 1983). La roche est composée de 40 à 60 % de minéraux ferromagnésiens (chlorite et hornblende) et de 40 à 60 % de plagioclase et de quartz. Le plagioclase est saussuritisé, ce qui donne à la roche une teinte jaunâtre. Des traces de magnétite apparaissent en association avec la chlorite. Le grenat est localement observé en affleurement. La diorite comprend 1 à 2 % de pyrite disséminée, quelques injections pegmatitiques de plagioclase ainsi que quelques veinules isolées de chlorite et de pyrite avec des traces de chalcopyrite et de pyrrhotite.

L’unité nAdqr1 comprend aussi un faciès de gabbro pegmatitique leucocrate dont les cumulats de plagioclase atteignent une taille de ~2,5 cm (Miller, 1962). L’intercumulat de minéraux ferromagnésiens est chloritisé et comprend des amas isolés d’épidote et, localement, de magnétite (≤8 %). Dans les zones plus intensément foliées, la roche est séricitisée et l’épidote apparaît en veinules. Le leucoxène est abondant. Le leucogabbro pegmatitique est coupé par des veines de quartz, des veinules de carbonate ainsi que des veinules de pyrite avec des traces de chalcopyrite. 

Suite gabbroïque de Radiore 2 (nAdqr2) : Diorite quartzifère et diorite à magnétite

L’unité nAdqr2 comprend une diorite quartzifère et une diorite à magnétite. La diorite quartzifère montre une cassure fraiche grise bleutée et une patine beige gris pâle (Bernard et al., 1985). La granulométrie varie de fine à moyenne. La roche comprend localement assez de quartz pour devenir tonalitique. Par endroits, les phénocristaux de quartz bleuté et de plagioclase grossier atteignent une taille centimétrique et se distinguent de la matrice qui est altérée en chlorite et épidote. La diorite quartzifère contient 2 à 4 % de pyrite disséminée et du leucoxène en proportion accessoire. La roche est coupée par des veines et veinules de quartz ± calcite ± magnétite ± hématite ± pyrite. Ces dernières présentent des épontes épidotisées.

La diorite à magnétite est verte à vert foncé, à grain grossier (1 à 8 mm) et foliée (Bernard et Francoeur, 1980). La roche comprend ≤50 % de minéraux ferromagnésiens (amphiboles et chlorite), 5 à 10 % de magnétite (localement jusqu’à 15 %) et 1 à 2 % de pyrite disséminée. Les phénocristaux de plagioclase sont verdâtres en raison d’une faible saussuritisation. La silicification et l’épidotisation se présentent localement sous la forme de petits amas irréguliers. Des veinules de quartz ± calcite ± épidote avec de la chalcopyrite disséminée coupent la diorite à magnétite dans des zones altérées en carbonates.

Suite gabbroïque de Radiore 3 (nAdqr3) : Brèche intrusive felsique à enclaves gabbroïques

Des brèches intrusives (nAdqr3) ont été identifiées par Beaudry et Gaucher (1986). Les deux unités de brèche les plus volumineuses, situées au SE du lac Caron (feuillet 32F13-200-0102), coupent la plupart des dykes constituant la Suite gabbroïque de Radiore (Pilote et al., 2022). Au lac Caron, la brèche intrusive, appelée diatrème par MacGeehan (1979), montre une superficie de 300 m sur 50 m avec un allongement subparallèle à la foliation régionale. Elle est constituée de 60 % de blocs anguleux et subanguleux de gabbro, de diorite foliée magnétique (nAdqr2) et d’amphibolite dans une matrice felsique à grain fin riche en quartz d’origine ignée.