Historique

Dans les cartes de la de Commission géologique du Canada (Wilson, 1914; Wilson et al., 1914; Wilson, 1918; Cooke et Gunning, 1930; Cooke et al. 1931; CGC, 1936,1943; Goodwin, 1980), le pluton fait partie, sans être individualisé, d’un ensemble indifférencié de roches intrusives felsiques à intermédiaires. Des lithologies plus précises sont données dans les travaux de Chagnon (1961, 1962, 1963, 1968) et van de Walle (1971, 1975, 1978), et bien qu’elles soient généralement distinguées du Batholite du Réservoir Decelles adjacent, elles ne sont toujours pas nommées (voir le tableau ci-dessous). Van de Walle (1975, 1978) désigne ces roches sous le nom de « complexe intrusif du Lac Fréchette ». Rive (1994) introduit le « Batholite du Lac Fréchette » qui est alors constitué de quatre faciès numérotés par ordre de mise en place (voir le tableau ci-dessous). Le nom est modifié pour Pluton du Lac Fréchette dans les cartes de compilation du Ministère et le pluton est subdivisée en six unités informelles (voir le tableau ci-dessous; Goutier et al., 2000a-b; Goutier et Melançon, 2000; Beausoleil et al. (2003); Beausoleil et Bélanger, 2005a-b; Beausoleil et Goutier, 2005a-b; Fallara et al., 2005). Le nom fait référence au lac Fréchette situé dans le NW de la Sous-province de Pontiac (jonction des feuillets SQRC 31M14-200-0202 et 32D03-200-0102). 

Note : Les descriptions en caractère gras dans le tableau ci-dessous indiquent les lithologies correspondant aux annotations en carte.

Description

L’unité nAfre1 est constituée de pyroxénite et de hornblendite (Rive, 1994; Goutier et al., 2000a-b). La roche est vert sombre en cassure fraiche, vert brun en patine d’altération, à grain moyen et grenue (Rive, 1994). Elle est généralement massive et homogène, mais une foliation primaire est soulignée par l’aplatissement des xénolithes ultramafiques dans les roches de composition intermédiaire (nAfre2 et nAfre3). La roche ultramafique est composée de hornblende verte, de clinopyroxène (augite-diopside) et de plagioclase ou de feldspath potassique (orthose moirée). Les minéraux accessoires sont l’apatite et le sphène. La hornblendite montre des cristaux de hornblende (80 %) soit de taille moyenne (3 à 4mm) lorsqu’ils font partie de la matrice, soit de grande taille (≤15 mm) (Chagnon, 1968; Rive, 1994). Ces différents cristaux présentent un pléochroïsme vert bleuâtre à vert olive foncé et, par endroits, une zonation avec un cœur vert pâle variablement obscurci par des petits grains de magnétite (Rive, 1994). Les cristaux de pyroxène (diopside-augite) sont de petite taille, xénomorphes et associés aux petits cristaux de hornblende de la matrice. Le feldspath, où présent, est interstitiel. La pyroxénite contient des cristaux d’augite de petite taille, xénomorphes, localement entourés par la magnétite.

Pluton du Lac Fréchette 2 (nAfre2) : Monzodiorite, localement porphyroïde, monzodiorite à pyroxène et hornblende, monzonite localement porphyroïde et monzodiorite quartzifère

L’unité nAfre2 consiste en un ensemble de monzodiorite, localement porphyroïde, de monzodiorite à pyroxène et hornblende, de monzonite porphyroïde et de monzodiorite quartzifère (Rive, 1994; Goutier et al., 2000a-b; Goutier et Melançon, 2000; Beausoleil et al., 2003); Beausoleil et Bélanger, 2005a-b; Beausoleil et Goutier, 2005a-b; Fallara et al., 2005). La monzodiorite est gris vert en cassure fraiche, légèrement moins verte en patine d’altération, à grain moyen (4 à 5 mm) et à texture grenue localement porphyroïde à phénocristaux de plagioclase (≤20 mm) (Rive, 1994). Elle est massive, généralement homogène et contient des enclaves de roches métasédimentaires du Groupe de Pontiac et de hornblendite avec inclusions anguleuses d’actinolite (nAfre1). La monzodiorite est composée de hornblende verte, de clinopyroxène, de plagioclase et de quartz en proportion moindre. Les cristaux d’augite montrent un pléochroïsme jaune pâle à vert et sont interstitiels. Ils sont partiellement pseudomorphosés par les cristaux de hornblende également xénomorphes à pléochroïsme jaune pâle à vert. Les phénocristaux de plagioclase (oligoclase-andésine) sont communément déformés et présentent des plans de macle flexueux. Localement, du feldspath potassique remplace progressivement le plagioclase. Les cristaux de quartz sont interstitiels et peuvent atteindre 7 % de la roche. Les minéraux accessoires sont l’apatite, le sphène, le zircon et la magnétite.

La monzodiorite à pyroxène et hornblende est gris beige en cassure fraiche, gris rosâtre en patine d’altération, à grain moyen (2 à 6 mm) et montre une texture à tendance granoblastique, communément granulée (Rive, 1994). La roche est généralement foliée, localement linéée (allongement des minéraux ferromagnésiens) et rarement massive. Il y a présence d’inclusions ultramafiques aplaties dans le plan de foliation et de quelques rares enclaves de roches métasédimentaires (Groupe de Pontiac). La roche est composée de plagioclase, d’orthose moirée, de microcline, d’augite, de hornblende verte, de biotite partiellement chloritisée et de quartz en proportion moindre. Les minéraux ferromagnésiens montrent une variation locale et graduelle de leur pourcentage. Les cristaux de plagioclase (An_18-22) sont xénomorphes et communément déformés, comme l’indiquent leurs plans de macles flexueux et la granulation de leur pourtour. Les cristaux de microcline sont interstitiels et tendent à remplacer le plagioclase. L’augite montre un pléochroïsme vert pâle et se trouve par endroits au cœur des cristaux de hornblende secondaire verte dont le pléochroïsme varie du vert jaune au vert bleu. La hornblende est elle-même remplacée par la biotite. Les minéraux accessoires sont le sphène, l’allanite, l’apatite, l’épidote et les minéraux opaques.

La monzonite est rose en cassure fraiche, gris rose en patine d’altération, de granulométrie moyenne à grossière (2 à 6 mm), grenue et localement porphyroïde avec présence de stratification des lattes de feldspath potassique (Rive, 1994). Elle est massive, homogène et contient des enclaves de hornblendite et d’actinolite. La roche est composée de plagioclase, d’orthose moirée, de clinopyroxène, de hornblende verte, de biotite et de quartz en proportion moindre. Les cristaux de plagioclase sont xénomorphes et légèrement altérés alors que le feldspath potassique constitue la plus grande partie des phénocristaux très perthitiques, zonés, localement déformés et présentant alors une granulation sur leur pourtour. Les cristaux d’augite sont xénomorphes ou automorphes et maclés. Les minéraux accessoires sont le zircon, le sphène, l’apatite et la magnétite.

Pluton du Lac Fréchette 2a (nAfre2a) : Monzodiorite à hornblende

L’unité nAfre2a est formée de monzodiorite à hornblende (Beausoleil et al., 2003). Elle est caractérisée par l’état de fraicheur et de conservation remarquable des minéraux qui confère à la roche des couleurs bien contrastées entre minéraux quartzo-feldspathiques et ferromagnésiens (van de Walle, 1975, 1978). La hornblende est bien développée en cristaux noirs à patine bleu verdâtre et à contours bien définis. Les feldspaths bien cristallisés sont blancs à roses avec des plans de clivage généralement chatoyants. Une foliation mal définie est visible localement grâce à l’orientation parallèle des amphiboles. Des structures œillées comparables à des sphéroïdes ou ovoïdes sont communément observées. Elles sont dues à des concentrations de minéraux ferromagnésiens qui entourent des noyaux de 1 à 4 cm de diamètre plus riches en feldspath. Ces sphéroïdes (ou ovoïdes) sont juxtaposés de façon à former une trame caractéristique (« structure en jaguar »).

La hornblende est pléochroïque dans les tons vert bleu à vert jaune (allongement positif) (van de Walle, 1975, 1978). Elle forme communément un capuchon autour d’un pyroxène vert pâle à incolore de type diopside-augite. Ce pyroxène n’est pas partout présent et subsiste par endroits en noyau au sein de la hornblende. La biotite, en proportion mineure, montre communément divers stades de chloritisation. Les feldspaths prédominants sont le plagioclase et le microcline. Ce dernier parait invariablement frais tandis que le plagioclase (oligoclase) est généralement peu maclé et rarement déterminable. Les minéraux accessoires sont principalement représentés par l’épidote vert jaunâtre (pistachite) en grains idiomorphes, le sphène en plages squelettiques et l’apatite.

Pluton du Lac Fréchette 3 (nAfre3) : Monzonite quartzifère

L’unité nAfre3 est constituée de monzonite quartzifère (Rive, 1994; Beausoleil et al., 2003). La roche est rose en cassure fraiche, gris rosâtre en patine d’altération, à grain moyen (1 à 3 mm), généralement grenue et localement porphyroïde (Rive, 1994). Elle est massive, homogène et contient quelques rares petites enclaves mafiques. La monzonite quartzifère est composée de plagioclase, de microcline de clinopyroxène, de hornblende verte, de biotite partiellement chloritisée et de quartz. Le plagioclase est xénomorphe à subautomorphe et déformé. Le microcline, d’aspect frais, est généralement xénomorphe et interstitiel. Il se présente par endroits en phénocristaux de petite taille (5 à 6 mm) et est riche en perthite. La monzonite quartzifère coupe la monzonite porphyroïde (nAfre2) sous forme de dykes.

Pluton du Lac Fréchette 4 (nAfre4) : Syénite à pyroxène

L’unité nAfre4 est constituée de (méla)syénite à pyroxène de type shonkinite (van de Walle, 1975, 1978; Beausoleil et al., 2003). La roche est noir anthracite et présente un aspect bien particulier contenant une grande proportion de micas noirs aux reflets brillants (van de Walle, 1975, 1978). Elle est composée de ≥70 % de minéraux ferromagnésiens, dont une biotite brun verdâtre (10 à 20 %), une hornblende vert bleu ou brunâtre (10 à 50 %) et un pyroxène incolore à vert pâle (5 à 30 %), probablement une augite. Ces minéraux, non orientés et équigranulaires, forment une texture hypidiomorphe. Les feldspaths sont difficilement visibles à l’œil nu. En lame mince, le microcline est bien reconnaissable, bien qu’il soit par endroits remplacé par la micro-perthite. Le plagioclase à macles polysynthétiques très fines est présent, mais difficile à déterminer avec précision. L’apatite est localement abondante et cause de légers halos pléochroïques dans la biotite. Le sphène, l’épidote et l’allanite sont présents en proportions accessoires. La syénite à pyroxène pourrait être une variété de monzodiorite à hornblende (nAfre2a) enrichie en minéraux ferromagnésiens ou des termes de passage vers le lamprophyre (nAfre5).

Pluton du Lac Fréchette 5 (nAfre5) : Lamprophyre

L’unité nAfre5 consiste en un lamprophyre de type minette (van de Walle, 1975, 1978; Beausoleil et al., 2003). La roche fraiche est grise à brun foncé (van de Walle, 1975, 1978). Il s’agit d’un faciès particulier de la monzodiorite à hornblende (nAfre2a) et le développement de la biotite en grands feuillets aux dépens de l’amphibole est le changement le plus caractéristique. La taille des feuillets de biotite peut dépasser le cm²; ils apparaissent alors sur les affleurements sous forme de petits traits noirs orientés dans toutes les directions, à la manière d’une texture en pattes d’oiseaux. Les autres minéraux de la roche sont à peu près indiscernables à l’œil nu, sauf pour une variété de pyroxène très abondante (<0,8 mm en général).

En lame mince, la biotite est fortement pléochroïque dans les teintes de jaune à gris brun (van de Walle, 1975, 1978). Chaque feuillet est constitué de nombreuses lamelles disposées bout à bout et orientées grosso modo selon un même plan dû à une corrosion magmatique ou métasomatique. Le pyroxène est incolore et typiquement idiomorphe, formant des prismes courts à section hexagonale. Il montre de faibles zonations concentriques d’accroissement. Des petits agrégats sphéroïdes de magnétite sont relativement abondants, suffisamment pour rendre la roche magnétique. Ils sont entourés d’une couronne régulière de clinozoïsite et d’une couronne irrégulière de biotite verte, et remplacent un minéral préexistant, probablement un clinopyroxène ou un grenat ferrifère.

Pluton du Lac Fréchette 6 (nAfre6) : Syénite quartzifère

L’unité nAfre6 est constituée de syénite quartzifère (van de Walle, 1975, 1978; Beausoleil et al., 2003). La roche est rose, généralement à grain fin, localement à grain très fin, et très leucocrate, contenant <10 % de minéraux ferromagnésiens (généralement du pyroxène) disséminés et communément submicroscopiques. Le quartz est rare et difficilement identifiable à l’œil nu. En lame mince, le minéral le plus caractéristique est l’augite ægyrinique (5 à 10 %) avec des teintes de pléochroïsme du vert bouteille au vert jaunâtre. Une hornblende calcique est commune, mais en proportion moindre. Les feldspaths (>80 %) sont l’albite, le microcline et, le plus communément, la microperthite. Le plagioclase est généralement altéré tandis que le microcline paraît plus frais. Le quartz peut constituer jusqu’à 15 % de la roche. Les principaux minéraux accessoires sont le sphène et une allanite orange associée à de l’épidote.

Épaisseur et distribution

Le Pluton du Lac Fréchette est situé dans la partie NW de la Sous-province de Pontiac (feuillets 31M14, 31M15, 32D01 W, 32D02 et 32D03). Il est constitué de plusieurs intrusions de formes et de dimensions variables, allant de <500 m de diamètre à >20 km de longueur, réparties sur une superficie de 60 km sur 25 km. L’intrusion principale, dans la région du lac Fréchette (jonction des feuillets 31M14-200-0202 et 32D03-200-0102), a une forme irrégulière (~22 km sur ≤8 km), allongée selon une orientation ENE-WSW. L’unité nAfre2 couvre ~90 % de la surface du pluton, alors que les autres unités sont limitées à l’intrusion principale et à deux petites intrusions satellites situées immédiatement au nord, de part et d’autre du lac Provencher (feuillet 32D03-200-0102).

Datation

La datation U-Pb et Pb-Pb sur zircon de différentes lithologies du Pluton du Lac Fréchette a rapporté des âges de cristallisation entre 2679 ±2 Ma et  2701 ±9 Ma (Mortensen et Card, 1993; Godet et al., 2023).

Relations stratigraphiques

Le Pluton du Lac Fréchette s’inscrit, en concordance par rapport à la foliation régionale, à l’intérieur des roches métasédimentaires du Groupe de Pontiac et des intercalations de roches ultramafiques (nAfre1) qu’ils renferment (Rive, 1994). Les contacts sont nets et tranchés avec une présence assez commune de brèches intrusives dans les parties marginales de l’intrusion par suite du grand nombre de dykes coupant et injectant les roches encaissantes. Quelques rares passées de migmatite sont observées dans la zone de contact. Les nombreuses enclaves de roches métasédimentaires et ultramafiques dans les zones de contact sont orientées selon une direction parallèle à la foliation des roches intrusives intermédiaires du pluton (Chagnon, 1968). Les cristaux de hornblende, orientés radialement en bordure des enclaves, indiquent des réactions avec ces dernières. Le Pluton du Lac Fréchette est coupé par le Batholite du Réservoir Decelles (2760 à 2720 Ma). Enfin, il est coupé par des dykes de diabase paléoprotérozoïque de l’Essaim de dykes de Matachewan ainsi que des dykes de Biscotasing, de l’Abitibi et de Sudbury.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

Autres publications

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