Dans la région de l’embouchure de la rivière Manitou (coin SE du feuillet SNRC 22I06), les roches correspondant au granite de Graines sont d’abord incluses dans une unité indifférenciée de granite rose à biotite (Klugman, 1954, 1955). Elles sont intégrées à une unité générale de granite avec pegmatite dans les travaux de cartographie régionale de Franconi et Sharma (1973) et Sharma et Franconi (1975), puis de Avramtchev (1984). Le « granite de manitou » est introduit de façon informelle dans les travaux de compilation du Ministère (feuillet 22I06) pour décrire un massif de granite rose à biotite, porphyroïde à phénocristaux de feldspath potassique, et non déformé (Gobeil et Perreault, 1999 [carte inédite]; Nadeau et al., 2002). Dans leur synthèse de la géologie de la Moyenne-Côte-Nord, Gobeil et al. (2002, 2003) incluent simplement ces roches dans des intrusions felsiques tardigrenvilliennes à postgrenvilliennes. Afin de bien faire la distinction avec le Complexe de Manitou situé directement à l’ouest, le « granite de Manitou » est renommé « granite de Graines » dans le cadre de la rédaction de cette fiche stratigraphique en référence à la rivière aux Graines, située à <5 km à l’est de la rivière Manitou.

Le granite de Graines consiste en un granite porphyroïde non déformé (Nadeau et al., 2002). Selon les affleurements de géofiche décrits par Serge Perreault, la roche est rose en surface fraiche et gris rosé en surface altérée. Elle est à grain grossier, massive et à hornblende et biotite. Les phénocristaux (1 à 5 cm) sont généralement constitués de feldspath potassique (microcline) exhibant par endroits la macle de Carlsbad ou une bordure de plagioclase (rapakivi). Localement, ils sont formés de plagioclase entouré de feldspath potassique (anti-rapakivi). On observe aussi en certains endroits des zones étirées moins riches en phénocristaux de feldspath, et d’autres constituées à >60 % de phénocristaux de feldspath potassique. Des grains de magnétite sont généralement visibles, et ceux-ci sont accompagnés localement de traces d’épidote-allanite. Le granite est coupé par des veines décimétriques à métriques de pegmatite granitique à mégacristaux feldspathiques. Cette pegmatite granitique intrusive est massive, avec des amas de quartz et des cavités créées par des amas de biotite et/ou de hornblende altérée (pegmatite à hornblende et biotite) formant un relief négatif. Enfin, il y a présence de petites zones de cisaillement caractérisées par une altération prononcée en chlorite, minéraux des argiles, épidote et/ou hématite ± molybdénite le long des plans de fracturation.

Le granite de Graines renferme communément des enclaves décimétriques à métriques de mangérite (monzonite à hypersthène et hornblende, localement en phénocristaux de 1 à 3 cm) foliée, brun grisâtre à verdâtre et à grain grossier ainsi que, localement, des enclaves (10 cm à 2 m) de métagabbro à hornblende folié à grain moyen. Ce métagabbro est coupé par des veines tonalitiques à dioritiques contenant des fragments décimétriques de pyroxénite à hornblende (vert) à grain moyen en bordure des enclaves. Certaines enclaves sont étirées, alors que d’autres sont plus anguleuses.