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Complexe gneissique de Rouvray
Étiquette stratigraphique : [mpro]rou
Symbole cartographique : mProu
 

Première publication :  
Dernière modification :

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
mProu2 Gneiss granodioritique à tonalitique, amphibolite, gneiss granitique rose; niveaux de gneiss à grenat ± sillimanite
mProu1 Orthogneiss granulitique (charnockite, mangérite) avec composante dioritique et gabbronoritique, gneiss granitique, gneiss quartzofeldspathique; lambeaux de quartzite, paragneiss et amphibolite
 
 
Auteur(s) :
Kehlenbeck, 1977; Hébert et Cadieux, 2003
Âge :
Mésoprotérozoïque 
Stratotype :
Aucun
Région type :
Région du lac Rouvray (feuillet SNRC 22E07)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Lithologie :Gneiss
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Complexe
Statut :Formel
Usage :Actif

 

Historique

Le Complexe gneissique de Rouvray (mProu) a été nommé par Hébert et Cadieux (2003) lors de la cartographie de la région des lacs Portneuf et Maria-Chapdelaine (feuillets 22E01 et 22E02). Ceci fait référence à la continuité du complexe gneissique décrit par Kehlenbeck (1977) dans le secteur du lac Rouvray (feuillet 22E07). Par la suite, il a été étendu aux roches orthogneissiques et aux gneiss rubanés de la partie nord de la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean par Hébert et al. (2009) dans le cadre de leur synthèse de la région du réservoir Pipmuacan (feuillet 22E). Ceux-ci ont subdivisé ce complexe en trois unités : mProu1, mProu2 et mProu2a. Mais cette dernière sous-unité, constituée de deux petites lentilles de gneiss droit à la limite est de la région, à proximité de la Zone de déformation de Pipmuacan (feuillet 22E16), a été assignée au Complexe de Hulot (mPulo1) par Gobeil et al. (2002).

 

Unités actuelles

Hébert et al. (2009) 

Hébert et Cadieux(2003)Kehlenbeck (1977)
StratigraphiqueStratigraphiqueLithologique (région du lac Rouvray, feuillet 22E07)
mProu1mProuGneiss à hornblende-biotite-microperthite en partie charnockitique; gneiss gris à quartz, plagioclase et biotite
mProu2Gneiss rubané, gneiss œillé à biotite

 

Description

Le Complexe gneissique de Rouvray est constitué de faciès métamorphiques et intrusifs. En effet, il contient de l’orthogneiss au faciès des granulites, de la diorite, du gneiss granitique et quartzofeldspathique, du gneiss rubané de composition tonalitique à granodioritique ainsi que des lambeaux de roches supracrustales, dont du quartzite, du paragneiss et de l’amphibolite. Les descriptions ci-dessous proviennent des rapports de Hébert et al. (2009), Hébert et Cadieux (2003) et Kehlenbeck (1977) :

Complexe gneissique de Rouvray 1 (mProu1) : Orthogneiss granulitique (charnockite, mangérite) avec composante dioritique et gabbronoritique, gneiss granitique, gneiss quartzofeldspathique; lambeaux de quartzite, paragneiss et amphibolite

L’unité mProu1 est constituée d’orthogneiss granulitique (charnockite et mangérite), de diorite, de gneiss granitique et de gneiss quartzofeldspathique. On trouve aussi des lambeaux appartenant à la Séquence supracrustale de Saint-Yves ainsi que des niveaux de diorite à hypersthène amphibolitisée, de gabbronorite, de gabbro et de minces niveaux d’anorthosite. Les principaux niveaux de diorite à hypersthène et de gabbronorite sont concentrés entre les lacs Rouvray et Bergeron (feuillets 22E07 et 22E02).

Les orthogneiss granulitiques sont des roches de couleur blanche à rosée très pâle en surface altérée. En surface fraiche, les orthogneiss syéno-granitiques sont de couleur rose, les orthogneiss charnockitiques sont beiges, tandis que ceux dont la composition est mangéritique sont verts. Les niveaux d’orthogneiss sont d’épaisseur très variable allant du centimètre au mètre. Les faciès les plus répandus (>85 %) sont les gneiss mangéritiques et charnockitiques. Ces roches sont généralement gneissiques, mais localement rubanées. En plusieurs endroits, ces roches ont conservé leur texture ignée et, dans certains cas, il est possible de reconnaître la texture rapakivique. La composition moyenne est de 30 % de quartz, 25 % de feldspath potassique, 40 % de plagioclase (oligoclase) et 5 % d’une composition à part quasi égale de hornblende, de biotite, d’orthopyroxène et de clinopyroxène. Lorsque les feldspaths sont recristallisés; ils forment des cristaux qui donnent une texture porphyroclastique à la roche.

La diorite est de teinte vert foncé à noire en patine d’altération, de granulométrie fine à grossière, massive et localement à structure ophitique. Sur le terrain, elle semble comagmatique avec l’orthogneiss granulitique et forme des niveaux couramment boudinés. Cette lithologie se présente en relief positif par rapport aux gneiss encaissants. La diorite présente de l’orthopyroxène généralement rétrogradé en hornblende et en biotite. L’association exclusive de ces diorites à l’intérieur du faciès mProu1 indique qu’il s’agit de roches plus anciennes que les suites anorthositiques adjacentes. Elles pourraient représenter des essaims de dykes plissés et démembrés subséquemment à leur mise en place. Ces diorites ont aussi été observées dans les complexes du Cap à l’Est (Hébert et Lacoste, 1998b, c, d) au sud de la région, et de Hulot dans le feuillet adjacent au NE (Gobeil et al., 2003). Ces auteurs ont toutefois utilisé le terme général d’« amphibolite » pour désigner ces roches.

Le gneiss granitique est de couleur rosée en patine d’altération, de granulométrie très fine à moyenne et homogène. Il renferme >15 % de biotite et 50 % de feldspath potassique. Il forme des lentilles discontinues dont l’épaisseur peut atteindre 10 m. 

Le gneiss quartzofeldspathique est gris clair en patine d’altération, de granulométrie moyenne à fine et fortement laminé. Il renferme généralement des leucosomes et des mélanosomes, et est couramment associé au gneiss granitique. 

La gabbronorite est de couleur gris foncé, de granulométrie fine à grossière, bien folié et recristallisé. Elle montre habituellement une texture coronitique où les cœurs d’orthopyroxène sont entourés de grenat almandin. De très minces niveaux métriques d’anorthosite sont observés et accompagnent généralement la gabbronorite. Cette roche est constituée de plagioclase rose de type labradorite, ce qui fait penser que les niveaux de gabbronorite et d’anorthosite identifiés dans ce secteur seraient possiblement associés à l’Anorthosite de Vanel. Des niveaux de gabbro avec ou sans olivine ont été cartographiés au sein de l’unité mProu1 par Kehlenbeck (1977), dans le secteur entourant le lac Rouvray.

Seulement deux affleurements de roches supracrustales (Séquence supracrustale de Saint-Yves) ont été observés au nord du lac Maria-Chapdelaine (feuillet 22E02). Dans les deux cas, elles se présentent sous forme de grosses enclaves de quelques dizaines de mètres de longueur et d’au plus 15 m d’épaisseur. Ces enclaves sont constituées de quartzite, de paragneiss à grenat et d’amphibolite.

Le quartzite est massif et en banc dont l’épaisseur est de ~2 à 3 m. Deux faciès sont observés : un premier de couleur blanche et homogène, et un deuxième présentant une alternance de lamines blanches et rose-rouge. La couleur des lamines rose-rouge est attribuable à la présence de grenat en proportion variable. En lame mince, on observe de petites structures de forme ovoïde renfermant du feldspath complètement recristallisé et dont le contact est très net avec le quartz qui les entoure. Ils font penser à de petits grains de sable. Un peu de muscovite est aussi noté.

Le paragneiss de couleur grise est massif, tandis que celui de couleur rouille est fortement folié et friable. La granulométrie varie de fine à moyenne. Le grenat, de couleur lilas et à grain moyen à fin, constitue de 15 à 20 % de la roche. La proportion de quartz dépasse 25 %, celle du plagioclase est de ~50 %, et le reste de la roche est composé de biotite avec un peu de chlorite par endroits.

L’amphibolite est noire et à granulométrie fine. Elle renferme >50 % d’amphibole. La biotite (25 à 30 %) est l’autre minéral ferromagnésien abondant, tandis que le reste de la roche est constitué de plagioclase.

Complexe gneissique de Rouvray 2 (mProu2) : Gneiss granodioritique à tonalitique à quartz-biotite-plagioclase variablement rubané, amphibolite, gneiss granitique rose; niveaux de gneiss à grenat ± sillimanite

L’unité mProu2 est constituée de gneiss grisâtre en patine d’altération et en cassure fraiche, plus ou moins rubané, de composition granodioritique à tonalitique ainsi que d’amphibolite et de gneiss granitique. On y trouve de rares lambeaux de gneiss à hornblende et de roches supracrustales (gneiss à grenat et sillimanite, quartzite et amphibolite) appartenant probablement à la Séquence supracrustale de Saint-Yves (Hébert et al., 1999c; Hébert, 2002). On y trouve également des niveaux de gabbro dans le secteur de la baie des Hirondelles (Hocq, 1978; feuillet 22E07). Cette unité inclut également les gneiss œillés à biotite décrits par Kehlenbeck (1977).

Le gneiss rubané est à grain moyen à fin et bien folié. Les affleurements typiques sont roses en surface fraiche, mais s’altèrent en chamois ou gris clair par endroits. Des couches grises, en proportions moins importantes, affleurent abondamment dans toute l’unité. La présence de couches foncées de hornblende de moindre importance est générale. Des agrégats fusiformes de feldspath, de petites veinules de minéraux ferromagnésiens et des grains allongés de quartz donnent un aspect rubané à la roche. Au microscope, celle-ci présente un rubanement très marqué semblable à celui observé en échantillon. Le quartz se présente en longs cristaux fortement déformés et à extinction ondulante. Les couches roses sont formées de petits cristaux de microcline et de gros cristaux de microperthite. Dans les couches grises, le plagioclase (oligoclase) faiblement maclé est le feldspath dominant. Le microcline y est rare et le feldspath potassique est habituellement de la microperthite ou du feldspath monoclinique homogène. Les minéraux ferromagnésiens, soit de la hornblende vert-brun et de la biotite brune, apparaissent généralement ensemble. Dans quelques échantillons, la pennine, l’orthopyroxène et le clinopyroxène sont associés à la hornblende et à la biotite. Les minéraux accessoires comprennent l’apatite, la titanite, le zircon et la magnétite. Les analyses modales des couches roses typiques montrent qu’elles sont formées en moyenne de 35 % de quartz, 35 % de feldspath potassique, 25 % d’oligoclase et 5 % de hornblende et de biotite. Les échantillons représentatifs des couches grises contiennent quant à eux 35 % de quartz, 15 % de feldspath potassique, 45 % d’oligoclase et 5 % de biotite et hornblende.

Des affleurements de gneiss œillé sont présents dans le coin SW du feuillet 22E07 et s’étendent vers le nord le long du rivage oriental du réservoir Pipmuacan. Ils sont typiquement bien foliés avec des yeux de feldspath rose entourés de quartz et de minéraux foncés allongés. Au microscope, le gneiss œillé a un aspect caractéristique avec de gros porphyroblastes de mésoperthite et des lentilles de quartz fortement déformées, intercalées dans une matrice de microcline, d’oligoclase et de quartz à grain fin. De petits grains d’oligoclase faiblement maclés se présentent en agrégats lenticulaires enveloppant partiellement des porphyroblastes de feldspath potassique. Les porphyroblastes sont habituellement recristallisés en agrégats ovoïdes formés de nombreux petits grains de feldspath. Les minéraux ferromagnésiens et le quartz allongé enveloppent toujours ces agrégats. Les principaux minéraux ferromagnésiens, la hornblende vert-brun et la biotite brune sont généralement associés. La pennine, de teinte caractéristique bleu de Berlin en nicols croisés, est le seul minéral ferromagnésien dans deux lames minces. Aucun pyroxène n’est visible dans les échantillons de gneiss œillé examinés. Ces roches contiennent en moyenne 23 % de quartz, 60 % de feldspath potassique, 12 % d’oligoclase et 5 % de hornblende et de biotite.

Épaisseur et distribution

L’unité mProu1 occupe le secteur du lac Rouvray (centre du feuillet 22E07) et une portion importante de la partie centrale plus au nord (feuillet 22E02). Elle couvre aussi une bonne partie des feuillets 22E12 à 22E15 ainsi que 22L01. L’unité mProu2 se trouve dans les parties centre nord et NE ainsi que dans les environs du lac Pamouscachiou (feuillet 22E07) et au NW (feuillets 22E06 et 22E11). Elle occupe également l’essentiel du feuillet 22E16 et se prolonge dans les feuillets limitrophes (feuillets 22L01, 22E09 et 22E11 à 22E15)

Datation

Un âge de 1484 ±30 Ma a été obtenu sur un échantillon d’orthogneiss mangéritique dans la partie centrale de la région du réservoir Pipmuacan (feuillet 22E07; van Breemen, 2009). Dans le secteur NE adjacent, Gobeil et al. (2002) ont obtenu un âge comparable de 1434 +64/-28 Ma sur un gneiss tonalitique (enderbite) du Complexe gneissique de Hulot. Hébert et al. (2009) croient que ce gneiss serait équivalent à celui observé dans l’unité mProu2 du Complexe gneissique de Rouvray.

UnitéÉchantillonSystème isotopiqueMinéral/MatérielÂge de cristallisation (Ma)(+)(-)Âge métamorphique (Ma)(+)(-)Référence(s)
mProu1CH-00-17U-PbZircon1484303010461919van Breemen, 2009

Relations stratigraphiques

Dans la région du lac Rouvray, le Complexe gneissique de Rouvray apparait comme le socle de la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean. Il est limité à l’est par les gneiss tonalitiques du Complexe de Hulot (mPulo) et par l’Anorthosite de Vanel (mPnel). Il est coupé par le Granite de De Mun (mPmun) (feuillet 22E11). Les unités du Complexe gneissique de Rouvray présentent des lambeaux de la Séquence supracrustale de Saint-Yves (mPyve) ainsi que de diorite, de gabbronorite et de gabbro.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

 

GOBEIL, A., HEBERT, C., CLARK, T., BEAUMIER, M., PERREAULT, S., 2002. Géologie de la région du lac De La Blache, 22K/03 et 22K/04. MRN; RG 2002-01, 53 pages, 2 plans.

GOBEIL, A., BRISEBOIS, D., CLARK, T., VERPAELST, P., MADORE, L., WODICKA, N., CHEVÉ, S., 2003. Géologie de la moyenne Côte-Nord. Dans : Géologie et ressources minérales de la partie est de la Province de Grenville (Coordonnateurs : Daniel Brisebois et Thomas Clark). Ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs, Québec; DV 2002-03, pages 9-58.

HEBERT, C., 2002. Géologie de la région du Lac d’Ailleboust (22E/11). MRN; SI-22E11-C3G-02J, 1 plan.

HEBERT, C., CADIEUX, A. M., 2003. Géologie de la région des lacs Portneuf et Maria-Chapdelaine, 22E/01 et 22E/02. MRN; RG 2002-13, 46 pages, 2 plans.

HEBERT, C., LACOSTE, P., 1998. Géologie de la région de Poulin-de-Courval, 22D/16. MRN; RG 97-03, 15 pages, 1 plan.

HEBERT, C., LACOSTE, P., 1998. Géologie de la région de Lac Jalobert (22D/10). MRN; RG 97-05, 17 pages, 1 plan.

HEBERT, C., LACOSTE, P., 1998. Géologie de la région de Bagotville (22D/07). MRN; RG 97-06, 24 pages, 1 plan.

HEBERT, C., VAN BREEMEN, O., CADIEUX, A. M., 2009. Région du réservoir Pipmuacan, (SNRC 22 E): Synthèse géologique. MRNF, Commission géologique du Canada; RG 2009-01, 59 pages, 1 plan.

HOCQ, M., 1978. CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE PETROTECTONIQUE ET MINERALOGIQUE DES MASSIFS ANORTHOSITIQUE ET MANGERITIQUES DE LA REGION DU RESERVOIR PIPMUACAN. TH 0138, 479 pages, 5 plans.

KEHLENBECK, M. M., 1977. Région du Lac Rouvray. MRN; RG 183, 115 pages, 1 plan.

VAN BREEMEN, O., 2009. Report on U-Pb geochronology for the Pipmuacan Reservoir region. Geological Survey of Canada; MB 2009-04, 13 pages.

 

Citation suggérée

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Complexe gneissique de Rouvray. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-grenville/complexe-gneissique-de-rouvray [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Francis Talla Takam, géo., Ph. D. francis.tallatakam@mern.gouv.qc.ca; Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. abdelali.moukhsil@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Fabien Solgadi, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Catherine Tremblay (version anglaise).

 
4 octobre 2022