Complexe gneissique de Cap à l’Est
Étiquette stratigraphique : [mpro]cpe
Symbole cartographique : mPcpe
 

Première publication :  
Dernière modification :

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
mPcpe3 Gneiss dioritique
mPcpe2 Gneiss rubané à biotite et amphibole, gris, rose et vert; gneiss à pyroxène
mPcpe1 Gneiss granulitique, monzonitique, granitique, granodioritique, mangéritique et syénitique
mPcpe1a Gneiss droit (faciès mPcpe1 très déformé)
 
Auteur(s) :

Hébert et Lacoste, 1998a

Âge :

Mésoprotérozoïque

Stratotype : Chemin de Cap-à-l’Est (affleurement 1995-PL-1147)
Région type : Région de Chicoutimi (feuillets SNRC 22D07 et 22D10)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Lithologie : Gneiss
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Lithodème
Statut : Formel
Usage : Actif

 

 

Historique

La première description des roches contenues dans cette unité provient des travaux historiques d’Anderson (1962, 1963) et de Laurin et Sharma (1975). Le Complexe gneissique de Cap à l’Est a été nommé et décrit dans la région de Chicoutimi par Hébert et Lacoste (1998a-c) dans les feuillets SNRC 22D07, 22D10 et 22D15. Le nom de l’unité semble provenir de l’appellation « Chemin du Cap-à-l’Est », une route dans la municipalité de Sainte-Rose-du-Nord le long de laquelle on trouve plusieurs affleurements de ces gneiss droits et granulitiques. Hébert et Cadieux (2003) ont cartographié des orthogneiss granulitiques dans le feuillet 22E01, mais ces roches ne portaient pas encore de nom d’unité. Les levés géologiques effectués dans la région de Baie-Comeau lors des étés 2004 à 2008 ont permis de cartographier le Complexe gneissique de Cap à l’Est dans la partie ouest du feuillet 22F (Moukhsil et al., 2009). La synthèse de la région du réservoir Pipmuacan par Hébert et al. (2009) associe les gneiss à pyroxène verdâtre à l’ouest du Massif anorthositique alcalin de Labrieville d’Anderson (1962, 1963) ainsi que les orthogneiss granulitiques dans le coin SE du feuillet 22E01 d’Hébert et Cadieux (2003) au Complexe gneissique de Cap à l’Est. Les travaux de terrain de l’été 2023 (Talla Takam et Moukhsil, 2023) ont permis de cartographier à nouveau cette unité dans le coin SE du feuillet 22D10.

 

Description

Complexe gneissique de Cap à l’Est 1 (mPcpe1) : Gneiss granulitique, monzonitique, granitique, granodioritique, mangéritique et syénitique

Les gneiss granulitiques tels que décrits par Hébert et al. (1998) sont composés de monzonite, de granite et de syénite avec ou sans hypersthène. La roche a par endroits conservé une texture œillée attribuable aux phénocristaux de feldspath, et montre localement une texture rapakivique ou antirapakivique. La couleur de la roche varie de beige grisâtre à rose ou verdâtre en cassure fraiche et blanchâtre, rosée ou beige-rouille en patine d’altération. La roche montre des rubans de quartz bien développés, est granoblastique et contient <10 % de minéraux ferromagnésiens, généralement du pyroxène entouré d’une couronne d’amphibole. Au microscope, le feldspath potassique est clair et mésoperthitique et le plagioclase contient de fines inclusions de séricite. En s’approchant du faciès déformé (mPcpe1a), la teinte du microcline devient brunâtre due à la présence de microperthite séricitisée et carbonatisée. 

Ces gneiss contiennent communément de l’amphibolite sous forme de dykes en filet, particulièrement près de la Zone de cisaillement de Saint-Fulgence. Cette roche mafique est composée de 45 % de plagioclase, 35 % de hornblende verte, 10 % d’orthopyroxène, 5 % de clinopyroxène ainsi que de traces de quartz, de feldspath potassique, d’apatite et de minéraux opaques. Une couronne de hornblende entoure localement l’orthopyroxène et le clinopyroxène. De fins bâtonnets de hornblende orientés soulignent la foliation. Le plagioclase est antiperthitique, les macles sont tordues et la texture en mortier est peu abondante (Hébert et Lacoste, 1998a-c).

Dans le feuillet 22D10, les gneiss de cette unité ont principalement la composition d’un syénogranite ou d’un granite à feldspath alcalin. Ces gneiss contiennent du feldspath potassique, du plagioclase, du quartz, de l’orthopyroxène, de la hornblende et du clinopyroxène. La roche est à grain fin à moyen, gneissique, et montre localement une texture porphyroïde attribuable aux phénocristaux de feldspath potassique.

 

Complexe gneissique de Cap à l’Est 1a (mPcpe1a) : Gneiss droit (faciès mPcpe1 très déformé)

L’unité mPcpe1a représente un faciès très déformé de l’unité mPcpe1. Elle est surtout observée le long des zones de déformation (failles ou bordures de pluton) et la roche présente une texture granoblastique et un rubanement mylonitique, lui donnant l’aspect d’un gneiss droit (Moukhsil et al., 2009). D’un point de vue géochimique, ces gneiss ont généralement la composition d’un syénogranite ou d’une syénite quartzifère.

 

Complexe gneissique de Cap à l’Est 2 (mPcpe2) : Gneiss rubané à biotite et amphibole, gris, rose et vert, gneiss à pyroxène

Ce faciès de gneiss rubané à biotite et amphibole, gris, rose et vert, est l’équivalent du faciès mPcpe1 métamorphisé au faciès des amphibolites. Selon Anderson (1963), ces roches sont composées de feldspath (perthite, microcline, antiperthite et plagioclase), de quartz à grains irréguliers légèrement fracturés, de biotite brune, d’amphibole, de clinopyroxène et d’orthopyroxène. Les minéraux accessoires sont la magnétite, l’apatite, des carbonates et le zircon.

À sa limite est, ce faciès comprend des gneiss à pyroxène marquant un degré de métamorphisme différent des gneiss à biotite et amphibole (Anderson, 1963). Les feldspaths observés sont le microcline et le plagioclase à texture perthitique ou antiperthitique. La proportion de clinopyroxène est plus grande que celles de l’orthopyroxène et de l’amphibole, et le zircon est visible en lames minces. Ce faciès marque le contact transitionnel vers l’unité mPcpe1, à l’est.

 

Complexe gneissique de Cap à l’Est 3 (mPcpe3) : Gneiss dioritique

Le faciès mPcpe3 se compose de gneiss dioritique noir, de granulométrie moyenne à fine, qui présente localement des rubans grisâtres. La gneissosité est d’orientation N-S. La roche affleure sur une superficie restreinte dans le coin sud du feuillet 22E01, près du faciès très déformé (mPcpe1a).

 

Épaisseur et distribution

Le Complexe gneissique de Cap à l’Est s’étend sur >200 km selon une orientation NNE-SSW, principalement dans la partie ouest du feuillet 22C, la partie est du feuillet 22D, le coin SE du feuillet 22E et la partie ouest du feuillet 22F.

 

Datation

Un échantillon de gneiss granulitique verdâtre situé dans le feuillet 22D07 a été sélectionné pour une mesure de datation par spectrométrie de masse à ionisation thermique (TIMS). La roche est à grain grossier et est composée de 34 % de quartz, 38 % de feldspath potassique perthitique, 17 % de plagioclase (albite) et 2 % de clinopyroxène (Hébert et van Breemen, 2004). La valeur de la déviation pondérée de la régression par moindres carrés (Mean Square of Weighted Deviates [MSWD]) est de 0,67.

Unité Échantillon Système isotopique Minéral/Matériel Âge de déposition maximale (Ma) (+) (-) Référence(s)
mPcpe1 VK87-Sag-4 U-Pb Zircon 1391 8 7 Hébert et van Breemen, 2004

Relations stratigraphiques

La grande étendue du Complexe gneissique de Cap à l’Est (mPcpe) complique l’énumération exhaustive de toutes les relations. Cette unité forme un socle daté à 1391 +8/-7 Ma. On retrouve dans le mPcpe des enclaves métriques à kilométriques de paragneiss, de quartzite et d’amphibolite appartenant au Complexe gneissique de Saguenay (1506 ±13 Ma) Les roches supracrustrales du Complexe gneissique de Saguenay affleurent sous forme de fenêtres à travers les roches de mPcpe, formant des lambeaux sur la carte. Au sud, dans la région du lac Jalobert (feuillets 22D10 et 22D15), plusieurs intrusions mésoprotérozoïques comme la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean (1169 à 1135 Ma), la Mangérite de Poulin-de-Courval (1068 ±3 Ma) et le Granite de La Baie (1067 ±3 Ma) coupent le Complexe gneissique de Cap à l’Est. Le Massif anorthositique alcalin de Labrieville (1008 ±2 Ma, Owens et Dymek, 2001) s’est mis en place dans les gneiss du Complexe gneissique de Cap à l’Est (mPcpe). La Zone de cisaillement de Saint-Fulgence déforme le Complexe gneissique de Cap à l’Est et est principalement responsable du faciès de haute déformation mPcpe1a. Des dykes de pegmatite granitique à syénitique tardifs coupent toutes les unités ci-haut mentionnées (Complexe gneissique de Saguenay, la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean, la Mangérite de Poulin-de-Courval, le Granite de La Baie et le Massif anorthositique alcalin de Labrieville).  

Paléontologie

 Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans le SIGÉOM Examine

ANDERSON, A.T., 1962. Rapport préliminaire sur la région du lac Catherine, conté de Chicoutimi. MRN; RP 488, 10 pages, 1 plan.

ANDERSON, A.T., 1963. géologie de la région du lac Riverin, Comité de Chicoutimi. MRN; RP 504, 12 pages, 1 plan.

HÉBERT, C., CADIEUX, A.-M., 2003. Géologie de la région des lacs Portneuf et Maria-Chapdelaine, 22E/01 et 22E/02. MRN; RG 2002-13, 46 pages, 2 plans.

HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998a. Géologie de la région de Bagotville (22D/07). MRN; RG 97-06, 24 pages, 1 plan.

HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998b. Géologie de la région de Lac Jalobert (22D/10). MRN; RG 97-05, 17 pages, 1 plan.

HÉBERT, C., LACOSTE, P., 1998c. Géologie de la région de Poulin-de-Courval, 22D/16. MRN; RG 97-03, 15 pages, 1 plan.

HÉBERT, C., VAN BREEMEN, O., CADIEUX, A.-M., 2009. Région du réservoir Pipmuacan (SNRC 22E) : synthèse géologique. MRNF, Commission Géologique du Canada; RG 2009-01, 59 pages, 1 plan.

LAURIN, A.F., SHARMA, K.N.M., 1975. Région des rivières Mistassini, Péribonka, Saguenay (Grenville 1965-1967). MRN; RG 161, 103 pages, 10 plans.

MOUKHSIL, A., LACOSTE, P., GOBEIL, A., DAVID, J., 2009. Synthèse géologique de la région de Baie-Comeau (SNRC 22F). MRNF, GEOTOP UQAM-MCGILL; RG 2009-03, 30 pages, 1 plan.

TALLA TAKAM, F., MOUKHSIL, A., 2023. Géologie de la région du lac Jalobert, Province de Grenville, région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec, Canada. MRNF; BG 2023-11, 1 plan.

Autres publications

HÉBERT, C., VAN BREEMEN, O., 2004. Mesoproterozoic basement, the Lac-St. Jean anorthosite suite and younger Grenvillian intrusions in the Saguenay region (Quebec): structural relationships and U–Pb geochronology. In: Proterozoic tectonic evolution of the Grenville orogen in North America (Tollo, R.P., Corriveau, L., McLelland, J, Bartholomew, M., editors). Geological Society of America; Memoir 197, pages 65-79. doi.org/10.1130/0-8137-1197-5.65

OWENS, B.E., DYMEK, R.F., 2001. Petrogenesis of the Labrieville alkalic anorthosite massif, Grenville Province, Quebec. Journal of Petrology42(8), 1519-1546. doi.org/10.1093/petrology/42.8.1519

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Complexe gneissique de Cap à l’Est. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-grenville/complexe-gneissique-de-cap-a-est [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Samuel Coulombe, géo., stag., M. Sc. samuel.coulombe@mrnf.gouv.qc.ca; Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. A. abdelali.moukhsil@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction)

Céline Dupuis, géo., Ph. D. et Philippe Pagé, géo., Ph D. (coordination); Mhamed El Bourki, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 

 

14 janvier 2025