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Suite de Nekuashu
Étiquette stratigraphique : [narc][ppro]nek
Symbole cartographique : nApPnek
 

Première publication :  
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Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
nApPnek3 Syénogranite et syénite quartzifère
nApPnek2 Monzodiorite et monzogabbro finement grenus
nApPnek1 Monzodiorite, leucogabbro, monzogabbro et anorthosite
 
Auteur :Lafrance et al., 2016
Âge :Néoarchéen; Paléoprotérozoïque
Stratotype :Aucun
Région type :Région du lac Brisson (feuillet SNRC 24A)
Province géologique :Province de Churchill
Subdivision géologique :Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude
Lithologie :Intrusions mafiques à intermédiaires
Catégorie :Lithodémique
Rang :Suite
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

 

Historique

La Suite de Nekuashu a été définie par Lafrance et al. (2016) dans la région du lac Brisson (feuillet 24A) afin de regrouper un ensemble de roches intrusives mafiques et intermédiaires associées à une forte anomalie magnétique positive.  

 

Description

La Suite de Nekuashu a été divisée en trois unités : 1) une unité de monzodiorite, de leucogabbro, de monzogabbro et d’anorthosite (nApPnek1); 2) une unité de monzodiorite et de monzogabbro finement grenus (nApPnek2); et 3) une unité de syénogranite et de syénite quartzifère (nApPnek3).

 

Suite de Nekuashu 1 (nApPnek1) : Monzodiorite, leucogabbro, monzogabbro et anorthosite

L’unité nApPnek1 est la principale de la Suite de Nekuashu. Elle comprend différentes phases intrusives de composition mafique à intermédiaire, principalement de la monzodiorite, du leucogabbro, du monzogabbro et de l’anorthosite; accessoirement, on y retrouve de la monzodiorite quartzifère, du gabbro et de la monzonite. Ces différentes phases intrusives sont en contact transitionnel les unes avec les autres et sont généralement difficiles à distinguer en affleurement en raison de leur ressemblance. Le leucogabbro et la monzodiorite contiennent localement des poches décimétriques diffuses et de formes irrégulières de leucogabbro et d’anorthosite. Des enclaves mafiques finement grenues de forme ovoïde, présentant une composition similaire aux roches de l’unité nApPnek2, sont communes à l’intérieur de l’unité nApPnek1. Ces enclaves de taille décimétrique montrent régulièrement des bordures en feston, ce qui permet de croire à un phénomène de mélange de magma. L’unité nApPnek1 est aussi injectée par des dykes décimétriques à métriques de syénogranite grenu à pegmatitique appartenant probablement à l’unité nApPnek3, ainsi que par des dykes décimétriques à hectométriques de gabbro subophitique assignés aux Dykes de Slanting.

Les roches intermédiaires à mafiques de l’unité nApPnek1 sont caractérisées par leur aspect homogène, leucocrate et un plagioclase de teinte violacée dans la majorité des cas. D’un point de vue mégascopique, les roches ont une structure intrusive, une granulométrie moyenne et sont d’aspect moucheté noir et violacé (ou noir et blanc). Elles sont modérément foliées et montrent parfois une forte linéation à proximité des zones de faille. En lames minces, les roches présentent toutefois une forte recristallisation, particulièrement en bordure des grains où elle peut être très poussée avec la formation de quartz et de feldspath granulaires très fins. Dans le cas de l’anorthosite, la roche est complètement recristallisée et montre une microstructure granoblastique. Des microstructures myrmékitiques et perthitiques ont aussi été observées en bordure des grains de microcline. Le pourcentage de quartz est compris entre 5 et 12 %, alors que la quantité de microcline, réparti de façon irrégulière dans la roche, varie de 2 à 15 %. Ces minéraux sont plus rares (<2 %) dans le gabbro et l’anorthosite.

Les minéraux ferromagnésiens constituent 15 à 30 % de la roche et forment des amas millimétriques. Certaines phases gabbroïques sont plus mélanocrates et contiennent localement 45 à 65 % de minéraux ferromagnésiens. L’amphibole verte représente la phase dominante, bien que la biotite brune soit commune par endroits. Les amas d’amphibole, constitués d’un assemblage d’actinote et de hornblende à grain fin, montrent des intercroissances avec des inclusions irrégulières à arrondies de quartz qui pourraient être liées au remplacement presque total du clinopyroxène par la hornblende. Des reliques de clinopyroxène sont d’ailleurs visibles dans ces amas. Le cœur des amas est plus pâle, alors que les bordures, qui semblent représenter les limites de grands cristaux, sont plus foncées. L’épidote (1 à 4 %) est toujours présente et accolée aux amas ferromagnésiens. Les reliques d’orthopyroxène sont rares et fortement altérées. Les minéraux accessoires sont abondants, particulièrement les minéraux opaques (2 à 3 %, surtout de la magnétite), l’apatite, le zircon et le sphène, avec plus rarement, de l’allanite et du carbonate. Dans la partie sud de la suite intrusive, les roches de l’unité nApPnek1 montrent une saussuritisation modérée à forte du plagioclase, ainsi que la transformation de la biotite en chlorite. Ces altérations sont plus faibles dans la partie nord de la Suite de Nekuashu.

 

Suite de Nekuashu 2 (nApPnek2) : Monzodiorite et monzogabbro finement grenus

L’unité nApPnek2 se distingue de l’unité nApPnek1 par une granulométrie plus fine, une patine poivre et sel et une couleur gris moyen à foncé en cassure fraîche. La succession de niveaux centimétriques à décimétriques de composition et de granulométrie différentes donne à la roche un aspect rubané, voire gneissique. La présence d’injections de granite rose grenu sous la forme de dykes centimétriques à métriques ou en rubans millimétriques à centimétriques parallèles à la foliation accentue le rubanement. De la monzodiorite, de l’anorthosite et du leucogabbro plus grenus, identiques à ceux de l’unité nApPnek1, ont été notés sur plusieurs affleurements. Sur le terrain, les affleurements de cette unité avaient tous été décrits comme de la diorite ou de la diorite quartzifère. Les analyses chimiques, les colorations et les lames minces ont cependant mis en évidence une quantité appréciable de feldspath potassique. En fait, la composition de l’unité nApPnek2 varie principalement de monzogabbroïque à monzodioritique avec localement de la diorite, de la monzodiorite quartzifère et de la monzonite. La roche est bien foliée et montre une recristallisation partielle à complète des grains. Le contenu en quartz est généralement inférieur à 5 %, mais il peut atteindre 10 à 15 % dans certains secteurs. Le feldspath potassique est presque toujours présent (2 à 15 %), alors que le pourcentage de minéraux ferromagnésiens varie de 15 à 35 %.

Le feldspath potassique se présente localement sous la forme de phénocristaux étirés, blanc rosé, de 0,5 à 2 cm de longueur. Les minéraux ferromagnésiens sont bien alignés dans la foliation et consistent en hornblende verte et en biotite brune à verte. Des petits phénocristaux de hornblende (5 %) de 1 à 3 mm de longueur sont aussi couramment observés dans les roches de l’unité nApPnek2. Le monzogabbro contient par endroits un peu de néphéline qui forme de petites plages xénomorphes. À l’instar de l’unité nApPnek1, les minéraux accessoires sont abondants et consistent en épidote (jusqu’à 3 %), minéraux opaques, sphène, apatite, zircon et allanite.

Suite de Nekuashu 3 (nApPnek3) : Syénogranite et syénite quartzifère

L’unité nApPnek3 est formée de syénite quartzifère et de syénogranite bien foliés ainsi que de phases pegmatitiques massives plus tardives qui coupent l’ensemble des unités du Nekuashu. Elles sont roses à violacées et montrent un début de recristallisation avec des grains très fins entourant les grains xénomorphes plus grenus. Une fabrique mylonitique et une forte linéation d’étirement sont aussi développées à proximité des zones de faille. Ces roches contiennent 10 à 30 % de quartz et 5 à 10 % de minéraux mafiques, principalement de la biotite brune à verte et de l’épidote, avec localement de la hornblende verte. Les minéraux accessoires sont présents en proportions variables et comprennent la muscovite, le sphène, la chlorite, les minéraux opaques, le zircon, l’apatite et l’allanite. Les microstructures myrmékitiques et perthitiques sont très fréquentes dans les roches de l’unité nApPnek3.

Épaisseur et distribution

La Suite de Nekuashu est une unité de forme elliptique, d’environ 60 km de longueur sur 4 à 14 km de largeur, localisée à l’extrémité nord-ouest du Domaine lithotectonique de Mistinibi-Raude (Charette et al., 2019). Les unités nApPnek1, nApPnek2 et nApPnek3 couvrent des superficies respectives de 382 km2, 147 km2 et 24 km2 au sein de ce domaine lithotectonique.

Datation

Une datation réalisée sur un échantillon de monzodiorite violacée (affleurement 2014-IL-3142) a donné un âge de cristallisation situé à la limite entre le Néoarchéen et le Paléoprotérozoïque.

UnitéNuméro d’échantillonSystème isotopiqueMinéralÂge de cristallisation (Ma)(+)(-)Référence(s)
nApPnek12014-IL-3142AU-PbZircon2514,51,11,1David, 2019

 

 

 

Relation(s) stratigraphique(s)

La Suite de Nekuashu forme un corps ovoïde rigide autour duquel se moule la foliation mylonitique. Du côté est, elle est en contact cisaillant avec les unités métasédimentaires du Complexe de Mistinibi. Du côté ouest, elle est limitée par le Zone de cisaillement de la Rivière George. Elle se trouve donc en contact de faille avec certaines unités du Domaine lithotectonique de George, telles que la Suite granitique de De Pas et les complexes de Saint-Sauveur et de Tunulic. De façon générale, la grande compétence des roches qui constituent cette suite intrusive explique en grande partie qu’elles soient moins touchées par la déformation et présentent un aspect recristallisé, comme le démontrent la faible foliation et la réduction de la granulométrie strictement localisée en bordure des grains. Le caractère relativement anhydre de ces lithologies pourrait expliquer la faible migmatitisation ayant affecté le Nekuashu en comparaison avec les unités métasédimentaires adjacentes du Complexe de Mistinibi de même que la cristallisation limitée des zircons et des monazites métamorphiques.

Les observations de terrain laissent supposer que la Suite de Nekuashu s’est mise en place à la suite d’un processus polyphasé impliquant des intrusions et des injections successives de magmas de compositions différentes. Elle est coupée de façon nette par les Dykes de Slanting, constitués de dykes de gabbro subophitique principalement orientés NE-SW à N-S. Ces dykes n’ont pas été observés ailleurs dans le sud-est de la Province de Churchill et pourraient aussi représenter une phase tardive associée à la mise en place de la Suite de Nekuashu. Toutefois, l’absence de foliation, même en bordure des zones de faille appartenant au Corridor de déformation de la Rivière George, indique plutôt que ces dykes sont beaucoup plus récents.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Auteur(s)TitreAnnée de publicationHyperlien (EXAMINE ou Autre)
LAFRANCE, I. – BANDYAYERA, D. – CHARETTE, B. – BILODEAU, C. – DAVID, J.Géologie de la région du lac Brisson (SNRC 24A). Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec; RG 2015-05, 64 pages, 1 plan.2016RG 2015-05
CHARETTE, B. – LAFRANCE, I. – VANIER, M.-A. – GODET, A. Domaine de Mistinibi-Raude, sud-est de la Province de Churchill, Nunavik, Québec, Canada : synthèse de la géologie. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec. BG 2019-07.2019BG 2019-07
DAVID, J.Datations U-Pb dans les provinces du Supérieur et de Churchill effectuées au GEOTOP en 2014-2015. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Québec; MB 2019-03, 24 pages.2019MB 2019-03

 

 

 

 

29 janvier 2019