Dernière modification : 12 novembre 2024
Auteur(s) : |
Vanier et Lafrance, 2020
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Âge : |
Paléoprotérozoïque
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Stratotype : |
Lac Gastrin (localité type)
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Région type : |
Régions de la rivière Guichaud (feuillet SNRC 35K01), du lac Iqiattavialuk (feuillet 35J03) et de la montagne Niqituraaqi (feuillet 35G14)
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Province géologique : | |
Subdivision géologique : |
Orogène de l’Ungava/Domaine lithotectonique de Kovik
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Lithologie : | Roches intrusives mafiques à intermédiaires |
Catégorie : |
Lithodémique
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Rang : |
Suite
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Statut : | Formel |
Usage : | Actif |
Aucune
Historique
La Suite de Gastrin a été introduite dans la région du lac Sirmiq (Lafrance et Vanier, 2020) afin de regrouper des roches intrusives intermédiaires à ultramafiques du Domaine lithotectonique de Kovik. La suite tire son nom du lac Gastrin situé dans le coin SE du feuillet 35K01, où cette unité a été définie. En se basant sur les données géochronologiques, des secteurs auparavant attribués à la Suite de Gastrin (pPgan4) par Vanier et Lafrance (2020) ont été réassignés à la Suite de Jinikkut (nAjin1) par Lafrance et al. (2023). En revanche, les lithologies appartenant à la sous-unité ApPkvk2a du Complexe de Kovik (Charette et Beaudette, 2018) ont été intégrées à la Suite de Gastrin (Lafrance et al., 2023). À la suite d’un levé géologique dans la région de la baie Déception, une nouvelle unité de gabbro et de diorite a été affectée à la Suite de Gastrin 4 (pPgan4), jusqu’alors restée vacante (Vanier et Bilodeau, 2024). Ces mêmes travaux ont permis de définir deux sous-unités supplémentaires (pPgan5 et pPgan6) découvertes dans cette région, complétant le cortège des roches de la Suite de Gastrin.
Nouvelle nomenclature |
Nomenclature antérieure |
Référence(s) |
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nAjin1 | pPgan4 | Vanier et Lafrance, 2020 |
pPgan2a | ApPkvk2a | Charette et Beaudette, 2018 |
Description
Dans la région des lacs Sirmiq et Amarurtuup, la Suite de Gastrin comprend trois unités : 1) une unité de pyroxénite et de gabbro mélanocrate, amphibolitisés (pPgan1); 2) une unité de monzogabbro et de gabbro amphibolitisés (pPgan2); et 3) une unité de monzodiorite, de diorite et de monzonite (pPgan3). Dans la région de la baie Déception, les résultats d’analyse géochimique révèlent que certaines lithologies de composition intermédiaire à mafique, localisées à proximité du contact des domaines Nord et de Kovik, ont les mêmes signatures chimiques et des compositions comparables à celles des régions des lac Sirmiq et Amarurtuup (Vanier et Bilodeau, 2024). L’unité pPgan3 a été utilisée pour regrouper certaines de ces roches et trois nouvelles sous-unités ont été introduites pour inclure les autres faciès : une unité de gabbro, diorite et monzodiorite à niveaux de gabbro rubané (pPgan4); une unité de monzogabbro, monzodiorite et monzonite et de niveaux plurimétriques de monzodiorite quartzifère et de diorite (pPgan5) et une unité mineure de tonalite (pPgan6). Les trois premières unités sont couramment présentes sur un même affleurement (Vanier et Lafrance, 2020; Lafrance et al., 2023). En général, toutes ces unités sont couramment associées sur les affleurements visités.
Les lithologies mafiques et ultramafiques (pPgan 1 et pPgan2) ont été observées en enclave centimétrique à métrique au sein de l’unité intermédiaire (pPgan3). Localement, le gabbro coupe aussi l’unité pPgan3. Il semble donc s’agir de faciès intrusifs contemporains qui s’entrecoupent. Des zones de mélange de magmas ont aussi été observées au contact entre des niveaux de roche ultramafique et une monzodiorite quartzifère de l’unité pPgan3. Dans ces secteurs hétérogènes, une alternance de niveaux centimétriques de ces lithologies est notée sur quelques mètres de largeur. La roche ultramafique est localement fortement assimilée par les unités intermédiaires et ne représente que des amas lenticulaires ou des rubans discontinus centimétriques au sein de la monzonite et de la monzodiorite.
Dans la région des lacs Sirmiq et Amarurtuup, les unités de la Suite de Gastrin sont coupées par 2 à 40 % de granite à grain grossier à pegmatitique sous forme d’injections et de dykes centimétriques à métriques (Vanier et Lafrance, 2020; Lafrance et al., 2023). Le granite est massif. À proximité du contact avec les roches de la Suite de Gastrin, le granite a assimilé de la hornblende. De plus, il est boudiné et montre une déformation linéaire. Sur les affleurements où il coupe les roches mafiques ou ultramafiques, on observe des enclaves anguleuses de ces dernières au sein du granite.
Suite de Gastrin 1 (ApPgan1) : Pyroxénite et gabbro mélanocrate amphibolitisés
L’unité pPgan1 regroupe différents faciès de pyroxénite et de gabbro mélanocrate amphibolitisés à divers degrés. Ces roches forment des lambeaux de largeur hectométrique ainsi que des niveaux de largeur métrique à décamétrique au sein des autres unités de la Suite de Gastrin. Les lithologies observées comprennent la clinopyroxénite porphyroïde, l’orthopyroxénite porphyroïde, la clinopyroxénite rubanée, le gabbro mélanocrate et la clinopyroxénite homogène.
La clinopyroxénite porphyroïde est vert foncé, fortement magnétique et moyennement foliée. Elle renferme 15 à 25 % de phénocristaux arrondis de clinopyroxène de teinte plus claire et mesurant 2 à 5 mm de diamètre. En lame mince, ces phénocristaux sont localement recristallisés en sous-grains, en plus d’être variablement ouralitisés. La hornblende se présente aussi en phénocristaux. Ceux-ci renferment des inclusions de plagioclase et de minéraux opaques. Cette clinopyroxénite peut aussi renfermer ~20 % de phénocristaux de clinopyroxène subautormorphes de 2 à 8 mm de longueur. La matrice est dominée par la hornblende et contient localement une proportion moindre de clinopyroxène, ces deux minéraux étant granoblastiques et à grain fin à moyen. Des amas encore plus fins comprenant un assemblage d’actinote et de chlorite sont aussi présents. Certains échantillons contiennent jusqu’à 25 % de feuillets de phlogopite plus grossiers que la matrice. Des zones renfermant de nombreux petits cristaux de minéraux opaques pourraient représenter des vestiges d’olivine. Les minéraux opaques (<4 %), le carbonate (<5 %) et la chlorite (<2 %) sont accessoirement présents.
L’orthopyroxénite renferme ~55 % d’oïkocristaux d’orthopyroxène (1 à 3 cm de diamètre). Ceux-ci renferment des inclusions de hornblende et de minéraux opaques. La matrice est similaire à celle de la clinopyroxénite porphyroïde, mais renferme en plus 3 % de fins cristaux d’olivine, ~1 % de spinelle vert foncé et un peu de plagioclase interstitiel. L’olivine est partiellement remplacée par de l’iddingsite. L’orthopyroxénite peut aussi comprendre du grenat et du carbonate.
La clinopyroxénite rubanée montre une alternance millimétrique à centimétrique de rubans riches en clinopyroxène et de rubans riches en hornblende. La proportion des rubans de hornblende est nettement plus importante (70 %). La hornblende est en remplacement du clinopyroxène, lequel est encore localement visible au cœur des cristaux de hornblende. La hornblende est verte, à grain moyen, subautomorphe et marque la foliation. La clinopyroxénite renferme aussi ~4 % de feuillets de biotite et ~3 % de fins cristaux de plagioclase. La biotite est fortement chloritisée dans les rubans à clinopyroxène. Les phases accessoires sont les minéraux opaques (<1 %), le sphène, l’apatite et le zircon.
Le gabbro mélanocrate (>85 % de minéraux ferromagnésiens) et la clinopyroxénite sont homogènes, équigranulaires, à la limite entre finement et moyennement grenus. Leur patine est vert foncé ou noire. Ces roches sont majoritairement constituées de hornblende avec des proportions moindres de clinopyroxène (8 à 25 %) et de plagioclase (5 à 15 %). La hornblende est issue de l’ouralitisation du pyroxène. La biotite (2 à 12 %) est couramment présente et partiellement chloritisée. Les minéraux accessoires sont le grenat, l’épidote, l’allanite, l’apatite, les minéraux opaques et le zircon.
Suite de Gastrin 2 (pPgan2) : Monzogabbro et gabbro amphibolitisés
Le monzogabbro et le gabbro sont généralement homogènes, foliés et à grain fin à moyen. Ces roches renferment 40 % à 65 % de minéraux ferromagnésiens dominés par la hornblende verte. Elles renferment aussi du clinopyroxène (<20 %), généralement remplacé par un assemblage de minéraux très fins, principalement constitué d’actinote et de biotite brune (2 à 10 %). Le monzogabbro et le gabbro possèdent une texture équigranulaire et partiellement granoblastique. La foliation est marquée soit par l’ensemble des minéraux, soit par l’alignement grossier de la hornblende et de la biotite. Le plagioclase est faiblement à fortement saussuritisé et plus localement altéré en scapolite. Le quartz (<2 %) se présente en petits cristaux à extinction roulante. Sur les affleurements où il est présent, le microcline représente entre 5 % et 12 % de la roche. Les minéraux accessoires sont nombreux et comprennent le sphène (<2 %), l’épidote (<4 %), la chlorite (<5 %), les minéraux opaques (<3 %), le carbonate (<3 %), l’apatite, l’allanite et le zircon. La chlorite est en remplacement de la hornblende et de la biotite. Localement, des pœciloblastes millimétriques de grenat sont localement observés.
Des niveaux rubanés décimétriques à métriques sont par endroits observés au sein des roches mafiques de l’unité pPgan2. Ce rubanement peut être causé par une variation du pourcentage de hornblende, ou encore par la présence de rubans leucocrates millimétriques à centimétriques. Ces rubans pourraient représenter du leucosome ou des injections concordantes. Une forte altération impliquant la formation de séricite, d’épidote, de carbonate et de chlorite est observée en bordure des fractures millimétriques qui coupent couramment les roches de l’unité pPgan2.
Suite de Gastrin 2a (pPgan2a) : Gabbro et diorite à niveaux de gabbro rubané
Les roches de l’unité ApPkvk2a de la région du cap Wolstenholme (Charette et Beaudette, 2018) ont été réassignées à la sous-unité pPgan2a par Lafrance et al. (2023). Ces roches sont communément rubanées, mais se présentent aussi sous forme de niveaux foliés à massifs. Les roches rubanées sont caractérisées par une variation compositionnelle variant de la diorite au gabbro. Elles sont granoblastiques et à grain fin. La phase foliée à massive est à grain moyen. À plusieurs endroits, le gabbro comprend des niveaux riches en porphyroblastes de grenat (0,5 à 1 cm) ornés d’une couronne de plagioclase. Un mélanogabbro ou une pyroxénite est en contact transitionnel avec le gabbro ou forme des niveaux centimétriques à métriques boudinés. Le rubanement est accentué par la présence de leucosome (5 à 15 %) en rubans ou en amas millimétriques à centimétriques discontinus. Ceux-ci comprennent par endroits du grenat et du clinopyroxène. Une structure gneissique est localement observée. Quant aux roches massives, la diorite et le gabbro sont homogènes et montrent localement une structure de cumulat ou mouchetée. Du leucosome en amas représente <10 % du gabbro folié. Les principaux minéraux constituant les roches de la sous-unité pPgan2a sont la hornblende et le clinopyroxène. Les minéraux accessoires sont le sphène, la calcite, l’apatite, l’actinote et l’épidote. En lame mince, la hornblende remplace le pyroxène qui est généralement observé en reliques au cœur des cristaux de hornblende.
Suite de Gastrin 3 (pPgan3) : Monzodiorite, diorite et monzonite
La sous-unité pPgan3 regroupe des roches de composition intermédiaire, généralement à caractère potassique, telles que de la monzodiorite et de la monzonite. Cette sous-unité se caractérise par l’absence de roches de composition mafique. Les roches sont massives à foliées, à grain fin à moyen et généralement homogènes. En affleurement, les roches de l’unité pPgan3 ressemblent à celles de l’unité pPgan2, mais se distinguent de celles-ci par la présence d’un peu plus de quartz et d’une proportion moindre de minéraux ferromagnésiens (20 à 40 %). Il est aussi plus commun d’observer du feldspath potassique (<30 %), bien qu’il puisse être localement absent. Cette unité se compose de monzodiorite, de diorite et de monzonite, communément à la limite d’une roche quartzifère. Des niveaux et rubans centimétriques à décimétriques de gabbro et de monzogabbro sont couramment intercalés dans l’unité pPgan3. La foliation est principalement marquée par la biotite et la hornblende.
Au microscope, la roche est assez bien recristallisée, les cristaux les plus fins étant granoblastiques, mais une faible proportion de cristaux un peu plus grossiers sont interlobés. Le quartz forme des plages interlobées à extinction ondulante. Les minéraux ferromagnésiens consistent en biotite (10 à 12 %) et hornblende (12 à 20 %), cette dernière étant légèrement plus abondante et forme de petits phénocristaux allongés localement. Le clinopyroxène représente la phase dominante par endroits. Il est alors variablement remplacé par la hornblende ou par des amas tardifs de feuillets de biotite, formant un angle avec la foliation. Les minéraux accessoires comptent pour 3 % de la roche et consistent en sphène, allanite, épidote, apatite, minéraux opaques et zircon, ce dernier étant en inclusions dans la biotite et la hornblende. L’épidote semble tardive et remplace localement la hornblende. Le plagioclase est faiblement saussuritisé. Du carbonate en remplissage et de la chlorite rétrograde sur la biotite sont aussi présents dans plusieurs échantillons.
Dans la région de la baie Déception, les roches sont composées de 57 à 65% de plagioclase, localement non maclé, 8 à 30% de hornblende, 0 à 20% de microcline, 2 à 8% de biotite et 0 à 8% de quartz. Les autres minéraux présents sont le pyroxène (≤5 %), la titanite (0-3 %), l’épidote (0-2 %) et l’apatite (0-2 %). L’altération est de manière générale assez faible, notamment la damouritisation du plagioclase. Aussi, la hornblende représente un minéral de remplacement des pyroxènes, comme le témoigne notamment la hornblende entourant les porphyroblastes de pyroxène. La biotite est aussi une phase plus tardive, dont la chronologie est postérieure à la hornblende et interstitielle aux autres minéraux. On note un certain rubanement compositionnel défini par la concentration plus élevée de la hornblende dans certains échantillons. Les minéraux sont recristallisés; certains sont plus ou moins interlobés, alors que d’autres sont plutôt polygonaux (p. ex. le pyroxène).
Suite de Gastrin 4 (pPgan4) : Gabbro, diorite et monzodiorite à niveaux de gabbro rubané
La sous-unité pPgan4 ne représente pas la sous-unité dominante de la Suite de Gastrin dans la région de la baie Déception. La sous-unité pPgan4 est essentiellement composée de gabbro folié très homogène, et en moindre mesure de diorite et de monzodiorite à niveaux de gabbro rubané. Toutes les lithologies de cette sous-unité sont généralement leucocrates à mésocrates, incluant les faciès gabbroïques. Cet aspect s’explique par le faible pourcentage de minéraux ferromagnésiens qui les composent. La roche est généralement faiblement foliée ou rubanée et globalement homogène en composition. Le rubanement est de nature compositionnelle, notamment avec la présence de rubans noirs lépidoblastiques mettant en évidence la foliation (si présente). Certains affleurements, notamment dans la partie nord de la région de la baie Déception, sont fortement injectés de filons concordants millimétriques à centimétriques de roche felsique très riche en plagioclase. Ce matériel leucocrate n’est pas interprété comme un produit de fusion partielle de la diorite encaissante, puisque ces filons sont systématiquement délimités par un liséré de minéraux ferromagnésiens indiquant une source d’origine différente.
Le minéral dominant est le plagioclase avec des pourcentages très variables allant de 20 à 55 %, suivi par 12 à 30 % de hornblende. La hornblende est représentée par deux populations dans quelques lames minces, soit une hornblende verte et une seconde de couleur bleu-vert atypique. Les minéraux accessoires suivants ne sont pas présents dans tous les échantillons observés. L’orthose est présente en phénocristaux isolés et sporadiques dans le faciès monzodioritique. Certains affleurements présentent jusqu’à 15 % de biotite et jusqu’à 20 % d’épidote. La biotite est présente en cristaux dont le clivage est bien visible et en cristaux plus foncés, sans clivage, dont les faces cristallines sont diffuses. La biotite semble postérieure à la hornblende dans certains échantillons. L’épidote est également une phase tardive en cristaux idiomorphes coupant la hornblende et la biotite. L’altération est généralement très faible, avec la séricite et une deuxième génération d’épidote remplaçant partiellement le plagioclase et l’orthose. Les minéraux accessoires sont dominés par le quartz (≤5 %), la magnétite (≤3 %), la titanite (≤1 %), ainsi que l’apatite et l’allanite. La titanite et l’allanite totalisent jusqu’à 1 % du volume de l’échantillon. Les roches sont typiquement formées de cristaux hétérogranulaires, polygonaux avec la présence locale de plagioclase interlobé.
Suite de Gastrin 5 (pPgan5) : Monzogabbro, monzodiorite, monzonite, niveaux plurimétriques de monzodiorite quartzifère et de diorite
La sous-unité pPgan5 de la Suite de Gastrin de la région de la baie Déception est composée de différentes lithologies généralement à caractère potassique. Elle est dominée par du monzogabbro, de la monzodiorite et en moindre mesure de la monzonite. Des faciès de diorite et de monzodiorite quartzifère se présentent en bandes pluridécimétriques à plurimétriques au sein des lithologies principales. Chacune des lithologies a la particularité d’être très homogène, bien que leur composition soit assez différente les unes des autres.
Les roches sont composées de 22 à 68 % de plagioclase, généralement saussuritisé et damouritisé. Le plagioclase est peu ou pas maclé dans certains échantillons. Les autres minéraux principaux sont la biotite représentant (10 à 25 % de la roche), la hornblende (5 à 18 %), le microcline (3 à 20 %), le clinopyroxène (0 à 5 %) et le quartz de 5 à 15 %). Le quartz forme localement des myrmékites dans le plagioclase. Au moins deux échantillons observés au microscope sont dépourvus de hornblende et deux autres renferment possiblement de l’orthopyroxène primaire. La hornblende forme localement des pœciloblastes. Les échantillons pauvres en microcline contiennent jusqu’à 25 % d’orthose, localement en phénocristaux. L’épidote est présente dans certains échantillons et peut atteindre jusqu’à 18 % de la roche, formant des cristaux idiomorphes tardifs par rapport à la biotite, et par rapport à la hornblende dans certains échantillons.
Les roches sont généralement foliées et marquées d’une forte linéation minérale. La foliation est également accompagnée d’un rubanement compositionnel ou d’une texture lépidoblastique mise en évidence par la distribution et l’orientation préférentielle des minéraux ferromagnésiens. Dans une moindre mesure, cette unité peut apparaître massive, d’aspect moucheté, porphyroïde et hétérogène en composition et granulométrie. Les minéraux sont granoblastiques, hétérogranulaires ou de granulométrie variée. Tous les minéraux sont recristallisés, incluant l’épidote plus tardive. Les cristaux de plagioclase sont généralement interlobés et le quartz amiboïde, localement polygonal. Quelques échantillons observés au microscope montrent que les sous-grains peuvent être présents dans le quartz et le plagioclase.
Suite de Gastrin 6 (pPgan6) : Tonalite
La sous-unité nPgan6 de la Suite de Gastrin est formée d’une tonalite foliée à rubanée de granulométrie fine à moyenne. La roche est de couleur gris clair à gris-beige en cassure fraiche et de couleur gris beigeâtre en patine d’altération. Outre le plagioclase et le quartz, la tonalite renferme de la biotite, de la hornblende et du feldspath potassique, ce dernier formant localement des phénocristaux de 1 à 3 cm de diamètre. La foliation ou le rubanement sont mis en évidence par des schlierens de biotite concordants à la foliation. L’unité est par endroits coupée par des filons granitiques subconcordants à la foliation.
Épaisseur et distribution
Les sous-unités pPgan1, pPgan2 et pPgan3 de la Suite de Gastrin forment des bandes d’une largeur maximale de 3 km, dans la partie sud de la région du lac Sirmiq (Vanier et Lafrance, 2020) et dans les régions d’Amarurtuuq (Lafrance et al., 2023) et du cap Wolstenholme (Charette et Beaudette, 2018). Cette suite est limitée au Domaine lithotectonique de Kovik, soit le secteur au sud de la Zone de cisaillement de Sugluk, au sein duquel elle occupe une superficie de ~217 km².
Dans la région de la baie Déception, les quatre sous-unités présentes (pPgan3, 4, 5 et 6) forment une bande principale d’orientation E-W, d’un minimum de 38 km de longueur et de 3 à 4 km d’épaisseur apparente, délimitant approximativement les domaines Nord et de Kovik. Une partie de la sous-unité pPgan4 affleure un peu plus au nord, au cœur d’une structure synclinale dans le Domaine de Kovik. Cette partie couvre une superficie de ∼20 km². On trouve également d’autres affleurements de roches de la Suite de Gastrin de part et d’autre de la baie Déception.
Datation
Unité | Échantillon | Système isotopique | Minéral | Âge de cristallisation (Ma) | (+) | (-) | Référence(s) |
pPgan3 | 2019-MV-1087A | U-Pb | Zircon | 1834 | 4 | 4 | Davis, 2022 |
Relation(s) stratigraphique(s)
Dans la région de la baie Déception, la majorité du territoire occupé par la Suite de Gastrin est située dans l’extrémité nord du Domaine Nord, à proximité de la limite avec le Domaine de Kovik. L’unité est en contact intrusif avec les roches de la Suite de Serpentine (pPsrt) et de la Suite métamorphique de Crony (pPcry) et en intrusion dans les complexes archéens de Nanuk (Anuk) et de Déception (Adec) (Vanier et Bilodeau, 2024). Cette relation de recoupement prévaut également pour les bandes de Crony affleurant dans la partie nord du Domaine de Kovik, ainsi que pour les autres petites zones où les roches de la Suite de Gastrin affleurent ailleurs dans ce domaine. En somme, les pendages des foliations indiquent que la Suite de Gastrin se trouve structuralement au-dessus des complexes de Nanuk et de Déception. La Suite de Gastrin est coupée par le granite de la Suite de Nunatak (pPnat) dans la région du lac Amarurtuup (Lafrance et al., 2023).
Paléontologie
Ne s’applique pas.
Références
Publications accessibles dans SIGÉOM Examine
CHARETTE, B., BEAUDETTE, M., 2018. Géologie de la région du cap Wolstenholme, Orogène de l’Ungava, Province de Churchill, sud-est d’Ivujivik, Québec, Canada. MERN; BG 2018-03, 2 plans.
DAVIS, D.W., 2022. Rapport sur les datations U-Pb de roches du Québec 2019-2020. UNIVERSITY OF TORONTO, MERN; MB 2021-03, 192 pages.
LAFRANCE, I., VANIER, M.-A., GÉLINAS, T.-K., 2023. Géologie de la région d’Amarurtuuq, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MERN; BG 2023-08, 1 plan.
VANIER, M.-A., BILODEAU, C., 2024. Géologie de la région de la baie Déception, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MRNF; BG 2023-09, 1 plan.
VANIER, M.-A., LAFRANCE, I., 2020. Géologie de la région du lac Sirmiq, Orogène de l’Ungava, Nunavik, Québec, Canada. MERN; BG 2020-02, 1 plan.
Citation suggérée
Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Suite de Gastrin. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-de-churchill/suite-de-gastrin [cité le jour mois année].
Collaborateurs
Première publication |
Isabelle Lafrance, géo., M. Sc. isabelle.lafrance@mrnf.gouv.qc.ca; Marc-Antoine Vanier, ing., M. Sc. marc-antoine.vanier@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction) Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Benoit Charette, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); Céline Dupuis, géo., Ph. D. (version anglaise); Ricardo Escobar Moran (montage HTML). |
Révision(s) |
Carl Bilodeau, géo., M. Sc. carl.bilodeau@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction) Philippe Pagé, géo., Ph. D. (coordination); James Moorhead, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML). |