Historique

La Suite d’Aveneau a été définie dans les régions de Kuujjuaq et de la baie d’Ungava par Simard et al. (2013) pour regrouper des roches intrusives blanchâtres dont l’aspect s’apparente à celui du leucosome des migmatites du Complexe de Qurlutuq. L’unité a été poursuivie vers le sud dans les régions du lac Saffray (Lafrance et al., 2014) et du lac Jeannin (Charette et al., 2016) ainsi que vers le sud-est dans les régions du lac Henrietta et du lac Brisson (Lafrance et al., 2015, 2016). Suite à la subdivision du Sud-est de la Province de Churchill (SEPC) en domaines lithotectoniques (Lafrance et al., 2018), la définition de la Suite d’Aveneau a été revue afin de ne comprendre que les affleurements localisés au sein du Domaine lithotectonique de Baleine (Lafrance et al., 2020). Dans les domaines lithotectoniques de George et de Falcoz, les tonalites et granites blancs similaires ont respectivement été assignés aux complexes de Guesnier et de Fougeraye. La Suite d’Aveneau comprenait auparavant deux unités informelles, et puisque les affleurements de cette deuxième unité se trouvant exclusivement dans le Domaines de George, ils ont été réassignés au Complexe de Guesnier. 

Description

Suite d’Aveneau 1 (pPavn1) : Tonalite et granite blancs

La Suite d’Aveneau est composée de tonalite et de granite blanchâtres montrant une variation granulométrique importante, avec des amas de roche à grain fin à grossier. Ces roches sont massives à foliées de par l’alignement des schlierens de biotite. Elles renferment également des amas et des poches irrégulières, décimétriques à décamétriques, de pegmatite en contact diffus. Les minéraux ferromagnésiens sont peu abondants (1 à 8 %) et consistent en biotite brune communément concentrée en schlierens. Des microstructures réactionnelles au contact des grains ainsi que des microstructures antiperthitiques et myrmékitiques sont courantes en lame mince. Le quartz est xénomorphe et montre une extinction roulante prononcée. La muscovite est toujours présente (1 à 5 %) et, quoique peu abondants, les minéraux accessoires observés sont les minéraux opaques, la sphène, l’épidote et le zircon avec, plus localement, le grenat, la séricite et le carbonate.

Suite d’Aveneau 1a (pPavn1a) : Tonalite et granite blancs hétérogènes à schlierens de biotite et enclaves variées

 La sous-unité pPavn1a correspond à des secteurs où les intrusions blanchâtres de la Suite d’Aveneau sont plus hétérogènes, notamment en raison de nombreuses enclaves partiellement assimilées et de 10 à 30 % de schlierens de biotite dans la roche. Les enclaves sont majoritairement constituées de diorite, de gneiss (p. ex. paragneiss) et de migmatite. Dans ces secteurs où la géologie est hétérogène, les échantillons de la suite s’apparentent aux roches migmatitiques du Complexe de Qurlutuq (ApPqur); toutefois, le rubanement continu n’est ni apparent en affleurement ni en cassure fraîche. Les schlierens de biotite sont couramment alignés parallèlement à la foliation.

Épaisseur et distribution

Avec une superficie d’environ 4486 km², la Suite d’Aveneau représente une proportion significative du Domaine lithotectonique de Baleine. La superficie de l’unité pPavn1 (3083 km²) est environ deux fois plus importante que celle de la sous-unité pPavn1a (1403 km²).

Datation

Les deux âges de cristallisation de la Suite d’Aveneau sont paléoprotérozoïques et contemporains à la période de cristallisation du liquide anatectique de la Suite de Winnie (1838 à 1807 Ma) à partir de la fusion des paragneiss de la Suite de False. Les deux datations ont également donné des âges d’héritage anciens indiquant que l’Aveneau proviendrait de la fusion de roches archéennes. La Suite d’Aveneau a été interprétée comme le produit final de fusion des gneiss du Complexe d’Ungava (Simard et al., 2013). Toutefois, les résultats géochronologique provenant des migmatites du Complexe de Qurlutuq, lesquelles sont dérivées de la fusion partielle des gneiss, ne permettent pas de bien circonscrire un âge de fusion partielle au Paléoprotérozoïque (Lafrance et al., 2020).

Les analyses ID-TIMS réalisées sur trois groupes de zircons protérozoïques représentatifs d’une population distincte, sans évidence de noyaux archéens, ont donné des résultats très précis et concordants, mais qui présentent une fourchette de valeurs importante de 40 Ma, soit entre 1832 et 1792 Ma (Davis et al., 2015). Selon Davis et al. (2015), la tonalite résulterait soit de la remobilisation de roches protérozoïques légèrement plus vieilles en association avec une composante archéenne, soit d’une cristallisation qui s’est étirée sur une longue période, possiblement dans la croûte profonde, au cours d’une période de métamorphisme. La présence de monazite dans un des échantillons pourrait aussi indiquer une composante sédimentaire dans la source (Davis et al., 2014). 

Relations stratigraphiques

Les roches de la Suite d’Aveneau renferment jusqu’à 15 % d’enclaves centimétriques à décimétriques provenant des autres unités de la région, plus particulièrement de diorite et de gabbro de la Suite de Ralleau (ApPral), de gneiss du Complexe d’Ungava (ApPung), de migmatite du Complexe de Qurlutuq (ApPqur) et de paragneiss de la Suite de False (pPfas). La plupart de ces enclaves montrent une déformation antérieure à la mise en place de la Suite d’Aveneau. À plusieurs endroits, les intrusions blanchâtres de la Suite d’Aveneau se mettent en place à l’intérieur des roches plus anciennes sous la forme de filons-couches décimétriques à décamétriques.

Paléontologie

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

Citation suggérée

Collaborateurs