Le Complexe de Fougeraye a été introduit par Mathieu et al. (2018) dans la région de la rivière Koroc afin de regrouper les roches migmatitiques et les granites d’anatexie possiblement dérivés de la fusion des orthogneiss du Complexe de Kangiqsualujjuaq (Akan). Dans ce même secteur, Verpaelst et al. (2000) n’avaient pas départagé les roches migmatitiques des gneiss tonalitiques, les regroupant au sein du Complexe de Kangiqsualujjuaq. Les granites d’anatexie avaient quant à eux été regroupés dans le Complexe de Baudan (maintenant Suite de Baudan). Dans l’ensemble du sud-est de la Province de Churchill (SEPC), Simard et al. (2013), Lafrance et al. (2014, 2015 et 2016) et Charette et al. (2016) ont préféré distinguer les gneiss et les migmatites qui en découlent en les assignant respectivement aux complexes d’Ungava et de Qurlutuq. Suite à une synthèse du SEPC (Lafrance et al., 2018), différents domaines lithotectoniques ont été identifiés et il apparait que les gneiss observés à l’intérieur de ces domaines sont distincts les uns des autres.

Dans le Domaine lithotectonique de Falcoz, localisé à l’est des zones de cisaillement anastomosées de Moonbase (ZCmob) et de la Rivière George (ZCrge), les roches migmatitiques et les granites d’anatexie interprétés comme étant dérivés de la fusion des orthogneiss sont actuellement assignées au Complexe de Fougeraye (Mathieu et al., 2018; Lafrance et Vanier, 2022). Ce complexe inclut donc une partie des affleurements anciennement assignés aux complexes de Kangiqsualujjuaq et de Baudan par Verpaelst et al. (2000). Il ne comprend toutefois pas les granites d’anatexie interprétés comme étant dérivés de la fusion des paragneiss de la Suite de Lake Harbour, qui sont regroupés dans la Suite d’Abrat. Le tableau ci-dessous synthétise les correspondances entre les unités actuelles et les précédentes.

Description

Complexe de Fougeraye 1 (pPfog1) : Roche migmatitiques

Complexe de Fougeraye 2 (pPfog2) : Tonalite et granite d’anatexie

L’unité pPfog2 est constituée de tonalite et de granite blancs massifs à foliés. La foliation est principalement donnée par l’alignement des schlierens de biotite ± hornblende (~5 % de minéraux ferromagnésiens). Cette unité renferme jusqu’à 15 % d’enclaves centimétriques à décimétriques de gneiss du Complexe de Kangiqsualujjuaq, de migmatites de l’unité pPfog1 et de gabbro et gabbronorite de la Suite de Nuvulialuk (pPnuv). La plupart de ces enclaves montrent une déformation antérieure à la mise en place de la roche intrusive. L’unité pPfog2 renferme également des amas et des poches irrégulières, décimétriques à décamétriques, de pegmatite blanchâtre en contact diffus. La granulométrie est hétérogène et on observe des amas de grains fins à grossiers. En lame mince, la répartition des minéraux est communément inégale, ceux-ci formant de grandes plages monominéraliques. Des microstructures réactionnelles aux contacts des grains, ainsi que des structures antiperthitiques et myrmékitiques sont abondamment observées. Le quartz (30 à 35 %) est xénomorphe et montre une extinction roulante prononcée. Les minéraux accessoires, peu abondants, consistent en muscovite (1 à 3 %), minéraux opaques, sphène, épidote et zircon.

Complexe de Fougeraye 2a (pPfog2a) : Tonalite et granite d’anatexie hétérogènes à schlierens de biotite

La sous-unité pPfog2a correspond à des secteurs où les intrusions blanchâtres du Complexe de Fougeraye sont plus hétérogènes en raison de la présence de nombreuses enclaves partiellement assimilées et de 10 à 30 % de schlierens de biotite ± hornblende dans la roche. Dans ces secteurs hétérogènes, les échantillons s’apparentent aux roches migmatitiques de l’unité pPfog1, toutefois on n’observe pas vraiment de rubanement en affleurement ni en cassure fraîche. Les minéraux accessoires comprennent l’allanite, la chlorite, l’apatite, la muscovite, le zircon et la tourmaline.

Épaisseur et distribution

Le Complexe de Fougeraye couvre une superficie de ~3251 km² au sein du Domaine lithotectonique de Falcoz. L’unité pPfog1 (~3024 km²) est la plus importante et forme des bandes de plusieurs kilomètres de largeur suivies sur plusieurs kilomètres de longueur. L’unité pPfog2 (~63 km²) et la sous-unité pPfog2a (~164 km²) forment des intrusions de dimensions plus restreintes.

Datation

L’âge paléoprotérozoïque autour de 1835 Ma est interprété comme celui de la fin de la cristallisation de la migmatite. Cet âge est synchrone à l’orogénèse des Torngat (1885 Ma à 1810 Ma; Charette, 2016; Charette et al., 2021). Les âges archéens du protolite tendent à confirmer que le Complexe de Fougeraye dérive de la fusion du socle gneissique. 

Relation(s) stratigraphique(s)

Les roches migmatitiques du Complexe de Fougeraye sont spatialement associées aux gneiss du Complexe de Kangiqsualujjuaq avec lesquels elles sont en contact graduel et mal défini. Le rubanement des roches migmatitiques de l’unité pPfog1 est irrégulier, ondulant, discontinu et communément chaotique, ce qui le distingue du rubanement plus rectiligne et régulier des gneiss. Les roches intrusives de l’unité pPfog2 s’apparentent au leucosome des migmatites de l’unité pPfog1. Les roches du Complexe de Fougeraye renferment des enclaves d’orthogneiss du Complexe de Kangiqsualujjuaq. Le changement de composition, de tonalite à granite, peut être relié à la composition même des gneiss du Complexe de Kangiqsualujjuaq. Les observations présentées ci-dessus supportent que les roches du Complexe de Fougeraye résultent de la fusion partielle de ces gneiss. Ainsi, les tonalites et granites de l’unité pPfog2 pourraient correspondre à une phase évoluée et tardive (granite d’anatexie) reliée au phénomène de fusion partielle à l’origine de ce complexe (Mathieu et al., 2018).

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

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