Zone de cisaillement de Kreighoff
Étiquette structurale : ZCkre
 
 
Première publication :  
Dernière modification :
 
Auteur(s)Beaudette et Daoudene, 2022
MéthodologieDéfini à partir d’un levé géologique
Subdivision(s) géologique(s)Province du Supérieur / Sous-province de l’Abitibi
Mouvement principalDextre
Style de déformationIndéterminé
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale)Schistes verts inférieur

Historique et méthodologie

 

La Zone de cisaillement de Kreighoff a été définie à la suite d’un levé de cartographie géologique mené par le Ministère durant l’été 2022 dans la région du ruisseau aux Alouettes (moitié sud du feuillet SNRC 32G13; Beaudette et Daoudene, 2022).

Le nom provient du canton de Kreighoff qui comprend la région située entre le nord du lac Inconnu et le nord de la rivière Chibougamau au sud, dans le feuillet 32G13.

 

Limites et morphologie

Largeur (m)50 à 140
Longueur (km)17
OrientationE-W

La Zone de cisaillement de Kreighoff n’est pour le moment reconnue que dans la zone cartographiée en 2022 lors du levé géologique de la région du ruisseau aux Alouettes (Beaudette et Daoudene, 2022). Cette structure s’étend d’est en ouest sur au moins 17 km et sa largeur est comprise entre 50 et 140 m. Elle sépare le Domaine structural aux Alouettes, au sud, du Domaine structural de La Ribourde, au nord. À son extrémité orientale, elle rejoint la Zone de cisaillement de Kapunapotagen.

 

Unités stratigraphiques concernées

La Zone de cisaillement de Kreighoff affecte des unités volcaniques et sédimentaires de la Formation de Blondeau (nAbl2c, nAbl2d, nAbl2e et nAbl4a).

 

Caractéristiques structurales

Même si elle s’étend sur approximativement une vingtaine de kilomètres, la Zone de cisaillement de Kreighoff est peu exposée. Les affleurements localisés le long de son tracé sont rares et, pour la majorité, de petite taille. Ainsi, il est difficile de décrire en détail les structures associées à la déformation.

La description qui suit repose seulement sur des affleurements visités lors du levé géologique de la région du ruisseau aux Alouettes (Daoudene et Beaudette, 2021).

Les fabriques de la Zone de cisaillement de Kreighoff sont associées à une phase de déformation Dn, régionalement attribuée à D3 (Beaudette et Daoudene, 2022).

❯ Fabriques principales

Sn = S3

Le long du tracé de la Zone de cisaillement de Kreighoff, les roches volcaniques de la Formation de Blondeau sont affectées par une fabrique Sn extrêmement bien développée à tous les niveaux, tant aux échelles de l’affleurement que microscopique. Cette fabrique s’exprime par une foliation mylonitique ou une schistosité aux plans très serrés d’espacement submillimétrique. Sn est généralement très rectiligne et tous les constituants des roches sont fortement aplatis (cristaux et fragments lithiques). Dans les tufs à blocs ou à lapillis, le fort allongement des fragments lithiques confère un aspect très rubané à la roche.

Au microscope, la fabrique Sn s’accompagne d’une réduction notable de la taille des grains. Les porphyroclastes de plagioclase sont communément fracturés, morcelés et roulés le long des plans de foliation. Sn est aussi marquée par l’orientation préférentielle des feuillets de chlorite et, localement, de biotite, ainsi que par l’aplatissement des grains de calcite et de quartz. La chlorite remplit aussi les ombres de pression autour des porphyroclastes de plagioclase.

Même si elle paraît très bien développée, la linéation d’étirement Ln portée par la fabrique Sn a rarement été mesurée. En effet, la taille et le faible relief des affleurements se prêtent assez mal à son observation. Les quelques données disponibles montrent néanmoins une attitude faiblement plongeante (9°) vers le NW (voir affleurements 2022-YD-2077 et 2022-YD-2091).

 

Fabrique principaleType de fabriqueDirection (°)Pendage (°)Nombre de mesuresCommentaires
Foliation SnFoliation ou rubanement mylonitiqueNW-SESubvertical8Le plan moyen n’est pas représentatif des mesures et n’a donc pas été reporté sur le stéréogramme.

 

❯ Autres fabriques

Non observées.

 

❯ Plis

Ne s’applique pas.

 

❯ Relations de recoupement

Le tableau ci-dessous résume les paramètres géométriques des principales zones de cisaillement, des familles de zones de cisaillement et des failles qui coupent la Zone de cisaillement de Kreighoff.

La Zone de cisaillement de Kreighoff est limitée à l’est par la Zone de cisaillement de Kapunapotagen.

La Zone de cisaillement de Kreigoff est coupée par deux zones de cisaillement kilométriques, orientées E-W et localisées au sud et à l’est du Pluton de La Ribourde. Ces zones de cisaillement, mises en évidence à l’aide de l’imagerie magnétique (Keating et d’Amours, 2010), pourraient être à peu près contemporaines du mouvement le long de la Zone de cisaillement de Kreighoff, mais légèrement plus tardives. Le mouvement apparent le long de ces structures est dextre. Une zone de cisaillement ENE-WSW au jeu apparent senestre qui coupa la Zone de cisaillement de Kreighoff au SE du Pluton de la Ribourde pourrait être conjuguée aux deux premières.

Une faille N-S, de longueur kilométrique, coupe la Zone de cisaillement de Kreighoff, à l’est du Pluton de La Ribourde. Elle a été tracée à partir de l’imagerie magnétique (Keating et D’Amours, 2010) et montre un jeu apparent dextre.

Paramètres géométriques des zones de cisaillement et failles régionales coupant la Zone de cisaillement de Kreighoff :

Faille ou Famille de faillesTypeDirection (°) (moy)Pendage (°) (moy)Plongée de la linéation dans le plan de la failleLargeur estimée (m)Longueur estimée (km)Mouvement apparentPositionCommentaires
Zone de cisaillement de KapunapotagenCisaillement régional9776°66° à 143° de direction120-1400130Inverse-dextrePosition certaine

Les caractéristiques sont établies à partir de Daigneault (1996) et Beaudette et Daoudene (2022).

La composante verticale du mouvement est dominante selon Daigneault (1996).

Un mouvement inverse du sud vers le nord est proposé par Daigneault (1996).

Famille de zones de cisaillement E-WCisaillement réginalE-WSubverticaln.d.n.d.4 à 5DextrePosition probable

Cette famille est associée à une phase de déformation Dn+1.

Les zones de cisaillement sont déduites de l’imagerie magnétique (Keating et D’Amours, 2010).

Zone de cisaillementCisaillement régionalENE-WSESubverticaln.d.n.d.5SenestrePosition probableLa zone de cisaillement est déduite de l’imagerie magnétique (Keating et D’Amours, 2010).
Faille N-SFaille régionaleN-SSubverticaln.d.n.d.2,2 à 3DextrePosition probableUne faille N-S coupe la zone de cisaillement à l’est du Pluton de La Ribourde. Elle est déduite de l’imagerie magnétique (Keating et D’Amours, 2010).

 

 

❯ Cinématique

Comme la linéation d’étirement présente un plongement inférieur à 10º vers le NW, les affleurements plats à surface subhorizontale devraient être des candidats parfaits pour chercher des indicateurs de mouvement. Même si ce type d’affleurements prédomine le long de la Zone de cisaillement de Kreighoff, aucun de ceux visités lors du levé de la région du ruisseau aux Alouettes (Beaudette et Daoudene, 2022) n’a permis de déterminer un sens principal de mouvement univoque. Des indicateurs fiables comme les bandes de cisaillement secondaires C » indiquent des sens de mouvement opposés sur un même affleurement.

 

Style de la déformation

La Zone de cisaillement de Kreighoff sépare deux domaines structuraux ayant enregistré des conditions métamorphiques légèrement différentes. Au nord, le Domaine structural de La Ribourde présente des assemblages de minéraux indicateurs caractéristiques des faciès moyen et supérieur des schistes verts. En revanche, au sud, les secteurs du Domaine structural aux Alouettes situés au voisinage de la zone de cisaillement possèdent des assemblages généralement associés au faciès inférieur des schistes verts. Le mouvement le long de la Zone de cisaillement de Kreighoff a vraisemblablement entrainé une faible remontée du Domaine structural de La Ribourde par rapport au Domaine structural aux Alouettes. Toutefois, la composante principale du mouvement est décrochante. En considérant le faible plongement vers le NW de la linéation d’étirement et les différences métamorphiques de part et d’autre de la zone de cisaillement, ce mouvement décrochant serait dextre.

Ce mouvement principalement dextre le long de la Zone de cisaillement de Kreighoff est compatible avec celui de la Zone de cisaillement de Nottaway durant D3 (Beaudette et Daoudene, 2002). Cette zone de cisaillement NW-SE dextre présente des caractéristiques structurales comparables. Sa zone de dommage, perceptible quelques kilomètres à l’ouest de la zone d’étude, s’étend sur environ 270 km vers le NW (voir Daigneault, 1996; Daoudene et al., 2014, 2016, 2022; Bandyayera et Daoudene, 2017; Leclerc et Caron-Côté, 2017).

 

Caractéristiques métamorphiques

 

Les roches volcanoclastiques déformées de la Formation de Blondeau montrent des assemblages métamorphiques à chlorite-calcite-épidote ± biotite ± actinote (Beaudette et Daoudene, 2022). La chlorite et la biotite dans une moindre mesure soulignent la foliation Sn. La chlorite remplit aussi des ombres de pression autour de porphyroclastes de plagioclase qui montrent une recristallisation mécanique par fracturation. Ainsi, les caractéristiques minéralogiques et microstructurales semblent indiquer que la déformation Dn est associée à des conditions métamorphiques du faciès inférieur des schistes verts (< ~350 °C).

 

Altérations

Non observé.

Caractéristiques géophysiques

Les caractéristiques géophysiques sont décrites en utilisant la nomenclature de Lavoie (2017). Sur la carte du gradient vertical du champ magnétique (Keating et D’Amours, 2010), la Zone de cisaillement de Kreighoff sépare le Domaine structural de La Ribourde, au nord, caractérisé par une susceptibilité hétérogène et globalement modérée, du Domaine structural aux Alouettes, au sud, montrant une signature magnétique rubanée nettement plus contrastée. En bordure de la zone de cisaillement, les roches sédimentaires de l’unité nAbl4a de la Formation de Blondeau, localisées au sud, présentent une susceptibilité magnétique faible.

À part les différences de signature magnétique des domaines situés de part et d’autre, aucun marqueur magnétique ne souligne la Zone de cisaillement de Kreighoff.

 

Repères chronologiques

Aucune donnée absolue ne permet de préciser l’âge de la Zone de cisaillement de Kreighoff. Cependant, l’âge maximal de sédimentation d’une arénite arkosique de la Formation de Blondeau à 2721 ±3 Ma (Leclerc et al., 2012) implique que la zone de cisaillement est plus jeune que ~2121 Ma.

 

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y., 2017. Géologie de la région du lac Rodayer (SNRC 32K13-32K14-32N03 ET 32N04-SE). MERN; RG 2017-01, 60 pages, 2 plans.

BEAUDETTE, M., DAOUDENE, Y., 2022. Géologie de la région du ruisseau aux Alouettes, Sous-province de l’Abitibi, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2023-05, 1 plan.

DAIGNEAULT, R., 1996. Couloirs de déformation de la Sous-province de l’Abitibi. MRN; MB 96-33, 140 pages.

DAOUDENE, Y., BEAUDETTE, M., 2021. Géologie de la région du lac La Trêve, Sous-province d’Abitibi, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2022-04, 1 plan.

DAOUDENE, Y., TREMBLAY, A., RUFFET, G., LECLERC, F., 2014. Étude structurale et métamorphique de la bordure nord-est de la ceinture de roches vertes de l’Abitibi, Québec, Canada : rapport de la thermochronologie 40Ar/39Ar et implications tectoniques. UQAM, UNIVERSITÉ DE RENNES 1, MERN; MB 2014-04, 57 pages.

DAOUDENE, Y., LECLERC, F., TREMBLAY, A., 2016. Une histoire tectonométamorphique commune et de longue durée pour les sous-provinces d’Abitibi et d’Opatica, province du Supérieur, Québec, Canada. MERN, UQAM; MB MB 2016-01, 43 pages.

KEATING, P., D’AMOURS, I., 2010. Réédition des données numériques en format Géosoft (profils) des levés aéroportés de l’Abitibi, au Québec. MRNF, Commission géologique du Canada; DP 2010-09, 6 pages.

LECLERC, F., CARON-CÔTÉ, E. 2017. Levé géologique dans la sous-province d’Opatica au nord-est de Matagami (région du lac Amisquioumisca). MERN; BG 2017-01.

 

Autres publications

DAOUDENE, Y., TREMBLAY, A., RUFFET, G., LECLERC, F., 2022. The Abitibi-Opatica transition, Superior Province, Quebec, Canada: Structural analysis, 40Ar/39Ar thermochronology and implications for Archean tectonics. Precambrian Research; volume 379. https://doi.org/10.1016/j.precamres.2022.106803

LAVOIE, J. 2017. Sous-province d’Opatica : nouveau territoire pour l’exploration minérale. CONSOREM; projet 2016-01, 85 pages.

LECLERC, F., HARRIS, L.B., BÉDARD, J.H., VAN BREEMEN, O., GOULET, N., 2012. Structural and stratigraphic controls on magmatic, volcanogenic and syn-tectonic mineralization in the Chapais-Chibougamau mining camp, northeastern Abitibi, Canada. Economic Geology; volume 107, pages, 963-989. doi.org/10.2113/econgeo.107.5.963

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Zone de cisaillement de Kreighoff. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/zone-de-cisaillement-de-kreighoff [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Yannick Daoudene, géo., Ph. D. yannick.daoudene@mern.gouv.qc.ca; Mélanie Beaudette, géo., M. Sc. melanie.beaudette@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Ghyslain Roy, géo. (coordination); François, Leclerc, géo., Ph. D. (lecture critique); Claude Dion, géo., M. Sc. (révision linguistique).

 
4 octobre 2023