Domaine structural aux Alouettes
Étiquette structurale : DSalo
 
 
Première publication :  
Dernière modification :
Auteur(s)Beaudette et Daoudene, 2022
MéthodologieDéfini à partir d’un levé géologique
Subdivision(s) géologique(s)Province du Supérieur / Sous-province de l’Abitibi
Mouvement principalNe s’applique pas
Style de déformationIndéterminé
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale)Schistes verts inférieur

Historique et méthodologie

Le Domaine structural aux Alouettes a été défini à la suite d’un levé de cartographie géologique mené par le Ministère à l’été 2022 dans la région du ruisseau aux Alouettes (moitié sud du feuillet SNRC 32G13; Beaudette et Daoudene, 2022).

Le nom provient du ruisseau aux Alouettes qui s’écoule d’ouest en est jusqu’à la rivière Chibougamau, dans la partie centrale du domaine.

Limites et morphologie

Largeur (km)Entre 2 et 4
Longueur (km)~27
OrientationAllongement E-W 

Les limites du Domaine structural aux Alouettes ont été établies seulement pour la zone cartographiée par Beaudette et Daoudene au cours de l’été 2022 (approximativement le quart SE du feuillet SNRC 32G13). Le domaine forme une bande E-W, légèrement convexe vers le sud, qui s’étend de la confluence des rivières Chibougamau et Obatogamau, à l’est, à la région située entre les lacs Inconnu et Renault, à l’ouest. Cette bande mesure ~27 km de longueur et entre 2 et 4 km de largeur. Cependant, le domaine semble se poursuivre à l’ouest et à l’est dans les feuillets 32F16 et 32G14, respectivement.

Le Domaine structural aux Alouettes est séparé du Domaine structural de Daine au NE par la Zone de cisaillement de Kapunapotagen, et du Domaine structural de La Ribourde au NW par la Zone de cisaillement de Kreighoff. Au sud, le domaine est séparé du Domaine structural de Houghton par la Zone de cisaillement de Society.

Unités stratigraphiques concernées

Les unités stratigraphiques et lithodémiques du Domaine structural aux Alouettes sont :

Caractéristiques structurales

Le Domaine structural aux Alouettes montre des fabriques qui peuvent être associées à au moins deux phases de déformation. La phase principale Dn définit le grain structural régional et se matérialise par une foliation/schistosité diffuse à l’échelle du domaine. Les fabriques associées à la phase de déformation secondaire Dn+1 sont plus discrètes et principalement localisées le long de corridors centimétriques ou décamétriques d’intense déformation, dont l’orientation est plus ou moins parallèle à celle de la fabrique principale. Les phases de déformation Dn et Dn+1 sont respectivement attribuées aux phases régionales D2 et D3 (Beaudette et Daoudene, 2022).

❯ Fabriques principales

Sn = S2

La fabrique Sn est omniprésente à l’échelle du domaine et celle-ci affecte toutes les unités. Elle est variablement développée d’une unité à l’autre et au sein même d’une unité. En affleurement, elle est généralement bien marquée dans les roches volcaniques et sédimentaires des formations de Blondeau et de Bruneau, alors qu’elle semble moins bien développée dans les roches intrusives du Filon-couche d’Esturgeon.

La fabrique planaire Sn dans les roches volcanoclastiques de la Formation de Blondeau est généralement très nette. Elle se présente comme une foliation diffuse qui se matérialise en affleurement par l’aplatissement des fragments lithiques (lapillis et blocs), ainsi que des grains et des amydules de quartz, lorsque présents. En revanche, les cristaux de plagioclase semblent rarement déformés. Ils sont néanmoins légèrement aplatis et réorientés par endroits. La fabrique Sn s’exprime aussi localement par une schistosité bien développée, dont l’espacement entre les plans est de l’ordre du millimètre.

Les roches sédimentaires détritiques de la Formation de Blondeau (nAbl4a et nAbl4b) montrent une fabrique Sn variablement développée, mais généralement assez discrète. Les faciès gréseux et conglomératiques les plus déformés présentent également des grains de quartz et des fragments lithiques (cailloux et galets) aplatis. Dans le mudrock, la fabrique Sn est peu évidente, mais elle forme régulièrement une schistosité aux plans finement espacés le long desquels la stratification de la roche est généralement transposée.

Seuls quelques affleurements de roches volcaniques mafiques associées à la Formation de Bruneau ont été observés durant le levé géologique de Beaudette et Daoudene (2022). Il existe donc peu d’information quant à la nature de la fabrique Sn dans cette unité. Cette fabrique semble malgré tout s’exprimer localement par un rubanement métamorphique qui présente une alternance de niveaux millimétriques à centimétriques plus ou moins riches en minéraux ferromagnésiens.

Dans le Filon-couche d’Esturgeon, la fabrique Sn est variablement développée d’un affleurement à l’autre. Les roches ultramafiques de l’unité nAest1 apparaissent massives ou affectées par une foliation diffuse faiblement développée. Les gabbros des unités nAest2a et nAest2b montrent une déformation plus hétérogène. Ils sont massifs ou présentent une fabrique Sn faiblement à fortement développée. En affleurement, la fabrique Sn est matérialisée par une foliation diffuse marquée par l’orientation préférentielle des minéraux ferromagnésiens.

Au microscope, la majorité des échantillons prélevés dans la Formation de Blondeau lors du levé géologique de la région du ruisseau aux Alouettes (Beaudette et Daoudene, 2022) révèle une fabrique planaire Sn bien développée. Parmi ces échantillons, beaucoup présentent une structure C-S. La foliation Sn et les bandes de cisaillement, le cas échéant, sont couramment soulignées par l’orientation préférentielle des feuillets de micas et de chlorite. Plus localement, la foliation Sn est aussi marquée par les feuillets de biotite, mais aussi par l’aplatissement des cristaux de calcite dans les roches les plus altérées. Les cristaux ou les amygdules de quartz exhibent aussi un aplatissement plus ou moins prononcé perpendiculaire à Sn, alors que l’allongement des porphyroclastes de plagioclase est communément subparallèle à la foliation dans les faciès les plus déformés. Dans les roches mafiques de la Formation de Bruneau, Sn est matérialisée par l’orientation préférentielle très régulière des cristaux d’amphibole et des feuillets de biotite.

La fabrique Sn porte une linéation Ln qui a été rarement observée ou mesurée. Cette linéation est soulignée par l’étirement des fragments lithiques dans les roches volcanoclastiques de la Formation de Blondeau ou encore l’alignement préférentiel des cristaux d’amphiboles dans les roches intrusives du Filon-couche d’Esturgeon.

 

Compilation des mesures

La projection stéréographique de 88 mesures de la fabrique Sn (voir tableau ci-dessous) issues de la partie du domaine cartographiée lors du levé de la région aux Alouettes (Beaudette et Daoudene, 2022) montre une orientation régulière E-W. La direction moyenne des mesures (269°) est cohérente avec l’orientation générale du domaine. Toutefois, le pendage moyen à 15° vers le nord ne reflète pas les observations et n’a pas de signification réelle. En effet, les mesures planaires se répartissent nettement en deux groupes opposés à pendages abrupts. Le groupe dominant possède des pendages généralement supérieurs à 70° vers le nord; l’autre groupe, minoritaire, présente des pendages également supérieurs à 70°, mais vers le sud.

Les 13 mesures de linéation minérale et d’étirement Ln sont pratiquement toutes regroupées dans le quart NW de la projection stéréographique (voir tableau ci-dessous) et leur plongement est fort. Cette attitude semble indiquer que la phase de déformation Dn est associée à un mouvement à forte composante verticale.

 

Fabrique principaleType de fabriqueDirection (°)Pendage (°)Nombre de mesuresCommentaires
Foliation SnSchistosité, foliation minérale secondaire (tectonométamorphique) et, localement, foliation ou rubanement mylonitique2691588Mesures issues du levé géologique de la région du ruisseau aux Alouettes (feuillet 32G13; Beaudette et Daoudene, 2022). La direction moyenne est représentative à l’échelle du domaine, mais pas le pendage, puisque le jeu de données est clairement divisé en deux groupes à pendages abrupts et opposés.
Linéation LnLinéation minérale secondaire (tectonométamorphique) et linéation d’étirement686913Mesures issues du levé géologique de la région du ruisseau aux Alouettes (feuillet 32G13; Beaudette et Daoudene, 2022)

 

❯ Autres fabriques

En plus des fabriques décrites précédemment, les roches du Domaine structural aux Alouettes exposent couramment des structures primaires telle la stratification S0, ou secondaires, telles qu’une fabrique planaire Sn+1 et une linéation minérale et d’étirement Ln+1.

 

S0

 

 

Les évidences de stratification S0 abondent dans le Domaine structural aux Alouettes. Elles sont principalement observables dans les roches sédimentaires détritiques de la Formation de Blondeau (unité nAbl4a). La S0 s’exprime par l’alternance en proportions variables de bancs gréseux centimétriques à métriques et de lits centimétriques à décimétriques de mudrock plus ou moins laminé et de siltstone. Comme le montre la projection stéréographique des données issues du levé de Beaudette et Daoudene (2022), la S0 est grossièrement orientée E-W à l’échelle du domaine et son pendage est généralement abrupt vers le nord. Néanmoins, quelques mesures ont un pendage fort vers le sud. Le plan moyen de S0 (285°/79°) semble représentatif de l’ensemble des données.

Même si les évidences de stratification sont courantes dans le domaine, rares sont celles accompagnées d’indicateurs de polarité. Les lithologies principalement affleurantes (roches volcanoclastiques intermédiaires) et la taille des affleurements se prêtent mal à l’identification de tels indicateurs. De plus, les roches ont généralement subi un fort aplatissement, ce qui rend ardue la reconnaissance des structures primaires. Malgré tout, plusieurs affleurements de roches métasédimentaires détritiques fournissent des informations locales sur la polarité. D’une part, de nombreux bancs de grès décimétriques montrent un granoclassement normal et, d’autre part, quelques séquences sédimentaires exhibent un enchainement de niveaux typiques d’une séquence de Bouma (1962). Ces critères permettent d’identifier le sommet stratigraphique à l’échelle de l’affleurement. À l’échelle du domaine, les sommets stratigraphiques au sein de la Formation de Blondeau sont très majoritairement dirigés vers le nord. Certaines de ces polarités sont toutefois inclinées vers le sud, ce qui indique la présence de plis dans les roches de la Formation de Blondeau situées au sein du Domaine structural aux Alouettes (voir la section « Plis »).

 

Sn+1 = S3

 

Toutes les unités du Domaine structural aux Alouettes sont coupées par des zones de cisaillement rectilignes d’épaisseur centimétrique à décamétrique. Ces zones d’intense déformation sont plus nombreuses dans la partie occidentale du domaine, autour du Filon-couche d’Esturgeon qu’elles ont localement segmenté. Elles sont globalement orientées NW-SE à E-W (voir la section « Relation de recoupement ») et, à l’échelle de l’affleurement, elles sont plus ou moins parallèles et forment un réseau de bandes anastomosées dans lesquelles la foliation Sn+1 est généralement mylonitique.

 

Même si les zones de déformation sont nombreuses, la fabrique Sn+1 a rarement été mesurée, probablement parce qu’elle apparaît couramment confondue avec Sn. Quelques affleurements montrent cependant une relation angulaire entre les deux fabriques; Sn+1 constitue alors une schistosité aux plans nets, espacés de quelques millimètres. Au microscope, certains échantillons de gabbro du Filon-couche d’Esturgeon exhibent aussi la schistosité Sn+1. Celle-ci est marquée par des minéraux de bas grade métamorphique comme la chlorite et l’épidote qui crénulent la foliation antérieure Sn.

 

Une linéation minérale et d’étirement Ln+1, rarement observée et mesurée, est localement très bien développée aux alentours du Filon-couche d’Esturgeon, le long duquel se concentrent les corridors d’intense déformation. Cette linéation est soulignée par l’alignement préférentiel d’amas chloriteux allongés dans les roches volcaniques de la Formation de Blondeau et par l’étirement des minéraux ferromagnésiens dans les roches intrusives du filon-couche. La projection stéréographique des mesures issues du levé de Beaudette et Daoudene (2022) montre des plongements faibles, la plupart étant dirigés vers le NW. La linéation moyenne calculée à partir de ces mesures est de 290°/11°.

 

 

❯ Plis

Les données de terrains et les observations microscopiques indiquent que les roches du Domaine structural aux Alouettes sont affectées par des plis associés à au moins deux familles (Beaudette et Daoudene, 2022).

Les plis de la première famille montrent des traces de plans axiaux suivant approximativement la forme du domaine. Les traces sont orientées WNW-ESE dans la partie occidentale et ENE-WSW dans la partie orientale. Les plans paraissent majoritairement pentés vers le nord, ce qui indique des plis déversés vers le sud. À l’échelle du domaine, le patron des plis forme un enchainement d’antiformes anticlinales et de synformes anticlinales aux axes faiblement plongeants. Les crêtes et les creux sont espacés de plusieurs centaines de mètres à un peu plus d’un kilomètre. Les plis sont déduits des changements d’orientation de la polarité dans l’unité nAbl4a de la Formation de Blondeau (voir la section « Autres fabriques ») et de la forme en carte des unités volcaniques et sédimentaires. La foliation Sn étant subparallèle aux plans axiaux, le développement de plis est probablement associé à la phase de déformation Dn.

La deuxième famille s’observe par l’allure du Filon-couche d’Esturgeon dans la partie centrale du domaine. Le filon-couche dessine ici un pli en « Z » segmenté par des zones de cisaillement Dn+1 dont la composante décrochante semble nettement prédominante. Les plans axiaux de ce pli paraissent droits et les axes sont probablement verticaux. Ces caractéristiques sont compatibles avec une phase de déformation en composante principale décrochante dextre le long d’une direction NW-SE. Les zones de cisaillement qui coupent le filon-couches sont subparallèles aux plans axiaux et auraient accommodé une partie du cisaillement. Ce pli serait alors associé à la phase de déformation Dn+1.

 

Paramètres géométriques des plis régionaux : 

Plis ou famille de plisType (anticlinal, synclinal ou indéterminé)Forme (antiforme ou synforme)Attitude (déversé ou droit)Plan axialAxe de pliPosition (certaine ou probable)Phase de déformation
DirectionPendageDirectionPlongement
WNW-ESE à ENE-WSWAnticlinal et synclinalAntiforme et synformeMajoritairement déversés vers le sudWNW-ESE et ENE-WSWFortFaibleProbableDn
WNW-ESEDroitWNW-ESEFortFortProbableDn+1

 

❯ Relations de recoupement

Le tableau ci-dessous résume les paramètres géométriques des principales zones de cisaillement, des familles de zones de cisaillement et des failles qui bordent ou coupent le Domaine structural aux Alouettes.

Le Domaine structural aux Alouettes est délimité, au nord, par les zones de cisaillement de Kreighoff et de Kapunapotagen, et au sud, par la Zone de cisaillement de Society. Ces zones de cisaillement présentent des fabriques planaires compatibles avec la phase Dn du domaine.

Le domaine est aussi coupé par une série de zones cisaillement majoritairement orientées NW-SE à E-W de longueur kilométrique. Ces zones de cisaillement qui ont été principalement tracées à l’aide de l’imagerie magnétique (Keating et d’Amours, 2010) sont associées à la phase de déformation Dn+1 (voir la section « Autres fabriques »). Le mouvement le long de ces zones de cisaillement est à composante essentiellement décrochante et majoritairement dextre. Dans la partie occidentale du domaine, ces zones de déformation sont regroupées autour du Filon-couche d’Esturgeon. 

Au voisinage de la rivière Chibougamau, le domaine est coupé par des failles kilométriques décrochantes senestres orientées NE-SW qui ont été déduites à partir de l’imagerie magnétique (Keating et d’Amours, 2010). Cette famille de failles très localisée est vraisemblablement associée à la Zone de cisaillement de Lamarck (voir Leclerc et Daoudene, 2021), qu’elle prolonge vers le SW.

 

Paramètres géométriques des failles régionales coupant le Domaine structural aux Alouettes :

Faille ou Famille de faillesTypeDirection (°) (moy)Pendage (°) (moy)Plongée de la linéation dans le plan de la failleLargeur estimée (m)Longueur estimée (km)Mouvement apparentPositionCommentaires
Zone de cisaillement de KapunapotagenCisaillement régional97°76°Direction : 66° à 143°120 à 1400130Inverse-dextrePosition certaine

Les caractéristiques sont établies à partir de Daigneault (1996) et Beaudette et Daoudene (2022).

La composante verticale du mouvement est dominante selon Daigneault (1996).

Un mouvement inverse du sud vers le nord est proposé par Daigneault (1996).

Zone de cisaillement de KreighoffCisaillement régionalE-WFort vers le nordn.d.50 à 14017InversePosition certaine

Les caractéristiques sont établies Beaudette et Daoudene (2022).

La composante verticale du mouvement semble dominante.

Un mouvement inverse du nord vers le sud est proposé par Beaudette et Daoudene (2022).

 

Zone de cisaillement de SocietyCisaillement régionalE-W à NE-SWFort vers le nord ou vers le sudn.d.120 à 45040InversePosition certaine

Les caractéristiques sont établies à partir de Beaudette et Daoudene (2022).

La composante verticale du mouvement semble dominante.

Un mouvement inverse du sud vers le nord est proposé par Beaudette et Daoudene (2022).

Famille de zones de cisaillement NW-SE à E-WCisaillement régionalNW-SE à E-WSubverticalsubhorizontaln.d.3 à 7Dextre ou senestrePosition probable

Cette famille est associée à la phase de déformation Dn+1.

Les zones de cisaillement sont déduites des données magnétiques (Keating et D’Amours, 2010), mais aussi d’observations ponctuelles de terrain (voir la section « Autres fabriques »).

Certaines zones de cisaillement ont accomodé une partie du plissement du Filon-couche d’Esturgon.

Famille de failles NE-SWFaille régionaleNE-SWSubverticaln.d.n.d.2,5 à 12SenestrePosition probable

Les failles sont regroupées au voisinage de la rivière Chibougamau. Elles ont été déduites à partir des données magnétiques (Keating et D’Amours, 2010).

Elles sont vraisemblablement associées à la Zone de cisaillement de Lamarck qu’elles prolongent vers le SW (voir Leclerc et Daoudene, 2021).

 

❯ Cinématique

Ne s’applique pas.

 

Style de la déformation

Le Domaine structural aux Alouettes présente une déformation polyphasée qui peut être résumée en au moins deux épisodes.

Pendant la phase de déformation Dn, le domaine a été affecté par une contrainte ~N-S qui a entrainé le développement de la fabrique planaire Sn diffuse et le plissement des unités de la Formation de Blondeau selon des plans axiaux E-W et des axes à faible plongée. Les caractéristiques géométriques des plis sont cohérentes avec un mouvement principalement vertical durant Dn, ce qu’appuie aussi la linéation minérale et d’étirement Ln+1. Lors de cet épisode de déformation, les roches du domaine ont enregistré un épisode métamorphique régional au faciès inférieur à moyen des schistes verts, à l’exception de la bordure sud qui montre plutôt des conditions pouvant atteindre localement le faciès inférieur des amphibolites (voir la section « Caractéristiques métamorphiques »).

Le domaine, plus particulièrement la partie occidentale, a ensuite subi un épisode de déformation Dn+1 décrochant. Ce dernier se traduit par la présence de zones de cisaillement principalement localisées autour du Filon-couche d’Esturgeon. Ensemble, elles constitueraient la terminaison SE de la Zone de cisaillement de Nottaway (Beaudette et Daoudene, 2022), qui s’entend au NW du domaine sur ~270 km (voir Daigneault, 1996; Daoudene et al., 2014, 2016, 2022; Bandyayera et Daoudene, 2017, Leclerc et Caron-Côté, 2017). Durant cet épisode de déformation, le Filon-couche d’Esturgeon aurait été localement affecté par un pli en Z dont les caractéristiques géométriques sont compatibles avec un mouvement cisaillant principalement décrochant dextre. Avec l’intensité croissante du cisaillement, des zones de déformation Dn+1 auraient progressivement segmenté le filon-couche durant son plissement.

Caractéristiques métamorphiques

Dans les secteurs centre et nord du domaine, les roches volcaniques intermédiaires à felsique de la Formation de Blondeau présentent des assemblages de minéraux indicateurs généralement à chlorite-séricite-calcite ± épidote impliquant des températures typiques du faciès inférieur des schistes verts (300 à 400 °C, Beaudette et Daoudene, 2022). Les feuillets de chlorite et les paillettes de séricite soulignent la fabrique Sn. Cette dernière est aussi marquée dans les roches les plus déformées par l’aplatissement des cristaux de calcite, couramment disséminés dans la matrice des roches volcaniques les plus altérées. La présence sporadique de biotite brunâtre, en faible proportion, laisse penser que des températures associées au faciès moyen des schistes verts (~400 °C) ont été localement atteintes.

Les cristaux et les amygdules de quartz dans les roches volcaniques sont couramment aplatis et montrent de la recristallisation dynamique par bourgeonnement ou par rotation de sous-grains. Parallèlement, les cristaux de plagioclase dans les roches volcanoclastiques les plus déformées sont communément cassés. Ces caractéristiques confirment que les fabriques associées à la déformations Dn ont été globalement acquises à basse température (<350 °C).

En progressant vers la Zone de cisaillement de Society au sud, les roches ont enregistré des conditions métamorphiques plus élevées (Beaudette et Daoudene, 2022). La biotite est plus courante ici qu’ailleurs dans le domaine et forme de petits feuillets préférentiellement orientés selon la foliation Sn. Elle présente une couleur marron-orange foncé caractéristique des biotites métamorphiques associées au faciès des amphibolites. L’amphibole est également abondante dans cette région. Elle se compose communément d’un mélange d’actinote et de hornblende; la seconde étant en proportion plus importante que la première. Quelques affleurements de roches intermédiaires ou mafiques montrent aussi du grenat. Celui-ci est généralement en faible proportion et couramment très altéré. La présence de ce minéral indiquerait l’atteinte de conditions de température supérieures à 400-450 °C. Ainsi, la présence d’assemblages de minéraux indicateurs à actinote/hornblende-biotite ± grenat dans les roches de la bordure sud du Domaine structural aux Alouettes indiquerait un métamorphisme à la transition schistes verts-amphibolites ou au faciès inférieur des amphibolites.

Altérations

Les roches du Domaine structural aux Alouettes montrent globalement une altération pervasive, variablement exprimée d’un affleurement à l’autre. Cette altération se caractérise principalement par la présence de calcite, en proportion variable, soit en cristaux disséminés dans la roche ou en veinules. Parallèlement, les cristaux de plagioclase dans les roches volcanoclastiques de la Formation de Blondeau sont régulièrement saussuritisés de façon intense.

Caractéristiques géophysiques

Les caractéristiques géophysiques sont décrites en utilisant la nomenclature de Lavoie (2017). Le Domaine structural aux Alouettes présente un patron magnétique hétérogène avec un aspect rubané et une susceptibilité contrastée (Keating et D’Amours, 2010). Les unités du Filon-couche d’Esturgeon forment des bandes très magnétiques orientées WNW-ESE à ENE-WSW et semblent masquer le signal des unités volcaniques adjacentes de la Formation de Blondeau. En revanche, les unités de roches métasédimentaires de cette dernière présentent une faible intensité magnétique.

Repères chronologiques

À ce jour, aucun âge absolu ne permet de préciser la chronologie des déformations qui ont affecté le Domaine structural aux Alouettes. Cependant, des hypothèses peuvent être avancées à partir des données géochronologiques disponibles ailleurs dans la région de Chapais-Waswanipi.

L’âge maximal de sédimentation d’une arénite arkosique implique que la mise en place des unités de la Formation de Blondeau et, par conséquent, la déformation Dn, soient plus jeunes que 2721 ±3 Ma (Leclerc et al., 2012).

Si la déformation Dn+1 du domaine était associée au fonctionnement de la Zone de cisaillement de Nottaway, alors elle pourrait être très tardive dans l’histoire tectonique de la région. En effet, l’analyse 40Ar/39Ar d’un mica fish de muscovite issue d’une rhyolite mylonitisée de la région du lac Maicasagi (feuillet 32K01) semble indiquer que la Zone de cisaillement de Nottaway a été active sur une assez longue période, possiblement jusqu’à 2,5 Ga (Daoudene et al., 2014, 2016, 2022).

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y., 2017. Géologie de la région du lac Rodayer (SNRC 32K13-32K14-32N03 ET 32N04-SE). MERN; RG 2017-01, 60 pages, 2 plans.

BEAUDETTE, M., DAOUDENE, Y., 2022. Géologie de la région du ruisseau aux Alouettes, Sous-province de l’Abitibi, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2023-05, 1 plan.

DAIGNEAULT, R., 1996. COULOIRS DE DÉFORMATION DE LA SOUS-PROVINCE DE L’ABITIBI. MRN; MB 96-33, 140 pages.

DAOUDENE, Y., TREMBLAY, A., RUFFET, G., LECLERC, F., 2014. Étude structurale et métamorphique de la bordure nord-est de la ceinture de roches vertes de l’Abitibi, Québec, Canada : apport de la thermochronologie 40Ar/39Ar et implications tectoniques. UQAM, UNIVERSITÉ DE RENNES 1, MERN; MB 2014-04, 57 pages.

DAOUDENE, Y., LECLERC, F., TREMBLAY, A., 2016. Une histoire tectonométamorphique commune et de longue durée pour les sous-provinces d’Abitibi et d’Opatica, province du Supérieur, Québec, Canada. MERN, UQAM; MB MB 2016-01, 43 pages.

KEATING, P., D’AMOURS, I., 2010. Réédition des données numériques en format Géosoft (profils) des levés aéroportés de l’Abitibi, au Québec. MRNF, COMMISSION GÉOLOGIQUE DU CANADA; DP 2010-09, 6 pages.

LECLERC, F., CARON-CÔTÉ, E. 2017. Levé géologique dans la sous-province d’Opatica au nord-est de Matagami (région du lac Amisquioumisca). MERN; BG 2017-01.

LECLERC, F., DAOUDENE, Y., 2021. Géologie de la région du lac des Deux Orignaux, à l’ouest de Chapais, Sous-Province de l’Abitibi, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2021-04, 1 plan.

 

Autres publications

BOUMA, A.H., 1962. Sedimentology of some flysch deposits. A graphic approach to facies interpretation. Elsevier Pub. Co., Amsterdam168.

DAOUDENE, Y., TREMBLAY, A., RUFFET, G., LECLERC, F., 2022. The Abitibi-Opatica transition, Superior Province, Quebec, Canada: Structural analysis, 40Ar/39Ar thermochronology and implications for Archean tectonics. Precambrian Research, volume 379. https://doi.org/10.1016/j.precamres.2022.106803

LAVOIE, J., 2017. Sous-province d’Opatica : nouveau territoire pour l’exploration minérale. CONSOREM; projet 2016-01, 85 pages.

LECLERC, F., HARRIS, L.B., BÉDARD, J.H., VAN BREEMEN, O., GOULET, N., 2012. Structural and stratigraphic controls on magmatic, volcanogenic and syn-tectonic mineralization in the Chapais-Chibougamau mining camp, northeastern Abitibi, Canada. Economic Geology; volume 107, pages 963-989. dx.doi.org/10.2113/econgeo.107.5.963

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Domaine structural aux Alouettes. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/domaine-strcutural-aux-alouettes [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Yannick Daoudene, géo., Ph. D. yannick.daoudene@mrnf.gouv.qc.ca; Mélanie Beaudette, géo, M. Sc. (rédaction)

Ghyslain Roy, géo. (coordination); François Leclerc, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M Sc. (révision linguistique).

 
4 octobre 2023