Historique et méthodologie

Le Domaine structural de La Ribourde a été défini à la suite d’un levé de cartographie géologique mené par le Ministère à l’été 2022 dans la région du ruisseau aux Alouettes (demie sud du feuillet SNRC 32G13; Beaudette et Daoudene, 2022).

Le nom du domaine provient du canton La Ribourde, qui correspond au quart SE du feuillet 32G13.

 

Limites et morphologie

Unités stratigraphiques concernées

Les unités stratigraphiques comprises dans le Domaine structural aux Alouettes sont :

• la Formation de Blondeau (nAbl2, nAbl2a, nAbl2d, nAbl2e, nAbl2f, nAbl3, nAbl4a et nAbl4b);
• le Pluton de La Ribourde (nAlri).

 

Caractéristiques structurales

Les fabriques du Domaine structural de La Ribourde, qui ont été observées et mesurées lors du levé géologique de la région du ruisseau aux Alouettes, sont associées à une phase de déformation D_n régionalement attribuée à D₂ (Beaudette et Daoudene, 2022).

 

❯ Fabriques principales

La fabrique S_n affecte toutes les unités volcaniques de la Formation de Blondeau. En affleurement, elle se présente principalement comme une foliation diffuse bien développée, marquée par l’aplatissement et l’orientation préférentielle très régulière des éléments de la roche (fragments lithiques, cristaux de feldspath et amas de minéraux ferromagnésiens).

Le Pluton de La Ribourde montre une foliation faiblement développée et diffuse, marquée par un léger aplatissement des grains de quartz. En carte, la trajectoire de la foliation dans le pluton semble épouser le contour de l’intrusion.

Au microscope, la foliation S_n dans les roches volcaniques de la Formation de Blondeau est généralement matérialisée par l’orientation préférentielle des prismes xénomorphes d’amphibole, l’aplatissement des amas de minéraux ferromagnésiens dominés par l’actinote et par les feuillets de chlorite et de biotite.

La foliation S_n porte une linéation minérale et d’étirement qui a été peu mesurée. Les mesures disponibles montrent toutefois des plongements faibles ou modérés généralement dirigés vers l’ouest.

 

Compilation des mesures

La projection stéréographique de 11 mesures de la fabrique S_n (voir tableau ci-dessous) issues du levé de la région aux Alouettes (Beaudette et Daoudene, 2022) montre des pendages forts et une orientation variable, mais qui sont couramment E-W. Cette variabilité des mesures pourrait être le résultat de la mise en place tardive du Pluton de La Ribourde. En effet, la trajectoire de la foliation semble épouser la forme du pluton à proximité. Ailleurs, les pôles des plans mesurés se répartissent grossièrement le long d’un grand cercle (18°/21°), ce qui implique le plissement de la fabrique S_n à l’échelle du domaine selon un axe de pli plongeant fortement vers le WNW (288°/69°).

 

❯ Autres fabriques

Non observé.

 

❯ Plis

La distribution des pôles des mesures de la fabrique S_n semble indiquer que les unités de la Formation de Blondeau sont plissées. En effet, les mesures sont réparties grossièrement le long d’un grand cercle dont le pôle représenterait l’axe du pli ou l’axe moyen des plis. Celui-ci plongerait fortement vers le WNW-ESE. Cette phase de plissement serait alors compatible avec une déformation principalement décrochante D_n+1 attribuée régionalement à D₄ (Beaudette et Daoudene, 2022). Le plissement des roches de la Formation de Blondeau est corroboré par la présence probable d’un pli de trace axial approximativement E-W dans la partie NE du domaine, lequel a été déduit du levé de Beaudette et Daoudene (2022). En revanche, aucune fabrique planaire S_n+1 de plan axial au plissement n’a été observée pour le moment.

 

Paramètres géométriques des plis régionaux : 

 

❯ Relations de recoupement

Le tableau ci-dessous résume les paramètres géométriques des principales zones de cisaillement, des familles de zones de cisaillement et des failles qui bordent ou coupent le Domaine structural de La Ribourde.

Le Domaine structural de La Ribourde est délimité au nord par la Zone de cisaillement de Kapunapotagen, et au sud par la Zone de cisaillement de Kreighoff. Ces zones de cisaillement présentent des fabriques planaires qui sont compatibles avec la phase D_n du domaine.

Une famille de failles N-S, de longueur kilométrique, coupe le domaine à l’est du Pluton de La Ribourde. Les failles tracées à partir de l’imagerie magnétique (Keating et D’Amours, 2022) montrent un jeu apparent dextre qui pourrait avoir décalé les unités de la Formation de Blondeau de plusieurs dizaines à quelques centaines de mètres.

Paramètres géométriques des failles régionales limitant ou coupant le Domaine structural de La Ribourde :

❯ Cinématique

Ne s’applique pas.

Style de la déformation

Le Domaine structural de La Ribourde est caractérisé par une déformation polyphasée comprenant au moins deux phases. La première D_n s’illustre avec la fabrique planaire S_n diffuse, globalement E-W et à pendage fort. Elle implique un épisode de raccourcissement horizontal N-S. La seconde phase D_n+1 semble se traduire par le plissement de S_n à la faveur d’un épisode tectonique dominé par un mouvement décrochant dextre (Beaudette et Daoudene, 2022) selon une orientation approximativement WNW-ESE. La forme sigmoïdale du domaine résulterait de ce deuxième épisode, lequel serait lié à l’évolution de la Zone de cisaillement de Nottaway située à proximité. En effet, celle-ci débute à quelques kilomètres au NW du domaine et s’étend sur ~270 km vers le NW (voir Daigneault, 1996; Daoudene et al., 2014, 2016, 2022; Bandyayera et Daoudene, 2017; Leclerc et Caron-Côté, 2017).

Caractéristiques métamorphiques

Les roches volcaniques intermédiaires et mafiques de la Formation de Blondeau dans le Domaine structural de La Ribourde contiennent des minéraux indicateurs de conditions métamorphiques spécifiques. Les principaux assemblages sont ceux à amphibole-biotite-épidote-chlorite ± séricite ± calcite (Beaudette et Daoudene, 2022). L’amphibole prend la forme d’un mélange en proportions variables d’actinote et de hornblende ou de trémolite; l’actinote est cependant l’amphibole dominante. Les amphiboles, la biotite et la chlorite soulignent la fabrique S_n. La biotite se présente en feuillets vert-brun et est présente dans toute l’étendue du domaine. Cette observation indique que des températures supérieures à ~400 °C ont été atteintes partout. Par ailleurs, la faible abondance de la hornblende laisse supposer que les conditions associées à la transition schistes verts-amphibolites n’ont généralement pas été atteintes. Ainsi, les caractéristiques pétrologiques des roches volcaniques du domaine sont cohérentes avec le faciès moyen ou supérieur des schistes verts. Par endroits, la présence de hornblende, et plus localement encore de porphyroblastes de grenat laissent penser que certains secteurs restreints du domaine ont enregistré des températures associées minimalement à la transition schistes verts-amphibolites. Selon, Charbonneau et al. (1991), le Pluton de La Ribourde est entouré d’une auréole métamorphique dont l’épaisseur maximale atteint un peu plus d’un kilomètre. Cependant, aucun détail n’est donné quant à la façon dont s’exprime cette auréole.

Altérations

Les roches volcaniques de la Formation de Blondeau présentent couramment une altération en calcite diffuse en proportion variable, soit en grains disséminés dans les roches ou en veinules. Aussi, les cristaux de plagioclase dans les roches volcanoclastiques sont communément saussuritisés de façon variable.

Caractéristiques géophysiques

Les caractéristiques géophysiques sont décrites en utilisant la nomenclature de Lavoie (2017). Le Domaine structural de La Ribourde montre un patron magnétique hétérogène d’aspect rubané. Les rubans (crêtes et creux magnétiques) sont orientés E-W et possèdent une susceptibilité contrastée, modérée à forte (Keating et D’Amours, 2010). L’une des crêtes se superpose à l’unité d’andésite coussinée avec des niveaux de sulfures semi-massifs (nAbl2b) de la Formation de Blondeau. Au centre du domaine, le patron magnétique est masqué par une anomalie circulaire fortement positive qui correspond au Pluton de La Ribourde.

Repères chronologiques

Aucun âge absolu ne permet de préciser l’âge de la déformation D_n. Cependant, l’âge maximal de la sédimentation d’une arénite arkosique implique que la mise en place des unités de la Formation de Blondeau, et par conséquent celui de la déformation D_n soient plus jeunes que 2721 ±3 Ma (Leclerc et al., 2012).

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

Autres publications

Citation suggérée

 

Collaborateurs

Première publication

Yannick Daoudene, géo., Ph. D. yannick.daoudene@mrnf.gouv.qc.ca; Mélanie Beaudette, géo., M. Sc. melanie.beaudette@mrnf.gouv.qc.ca (rédaction) Ghyslain Roy, géo. (coordination); François Leclerc, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique).