Historique et méthodologie

Le Domaine structural de la Truite (DStrt) a été défini par Bandyayera et al. (2022) dans le cadre de leur synthèse de la Sous-province de Nemiscau. Ces auteurs se sont basés sur le levé aéromagnétique régional (D’Amours, 2011) ainsi que sur les travaux de Remick et Ahmedali (1974) et de Bandyayera et Daoudene (2018) pour tracer les limites du domaine et définir son style structural.

Ce domaine tire son nom de la rivière à la Truite, dont le cours est orienté ENE-WSW (feuillets SNRC 32M09 et 32M10).

Limites et morphologie

Unités stratigraphiques concernées

Les unités stratigraphiques qui composent le Domaine structural de la Truite sont :

• La Suite de Rivière au Mouton (nAirn1 et nAirn3);
• Le Complexe de Jolicoeur (nAjlc1, nAjlc2f, nAjlc3 et nAjlc5);
• la Suite de Coignan (nAcog);
• les Dykes du Lac Esprit (pPesp);
• les Dykes de Senneterre (pPsen);
• l’Essaim de dykes de Matachewan (pPmaw).

Caractéristiques structurales

Les fabriques structurales du Domaine de la Truite peuvent être associées minimalement à deux phases de déformation. La plus précoce et la principale, D_n, est régionalement attribuée à D₂, alors que la plus tardive, D_n+1, est associée à D₃ (Bandyayera et al., 2021).

❯ Fabriques principales

Les unités affectées par la fabrique planaire principale S_n sont la Suite de Rivière au Mouton et le Complexe de Jolicoeur.

Dans le Complexe de Jolicoeur, la fabrique S_n s’exprime par le rubanement migmatitique des paragneiss et le rubanement compositionnel des amphibolites. Dans les paragneiss, le rubanement migmatitique se caractérise par l’alternance de niveaux centimétriques à décimétriques de mobilisat granitique séparés par des schlierens de biotite d’épaisseur millimétrique et par des niveaux décimétriques de paléosome. L’alternance de ces niveaux confère à la roche une structure stromatique. Dans l’amphibolite, le rubanement est marqué par des lamines millimétriques de matériel felsique blanchâtre. À l’échelle macroscopique, la foliation S_n est généralement soulignée par l’orientation préférentielle des feuillets de biotite et des grains de hornblende.

Dans la Suite de Rivière au Mouton, la fabrique S_n se matérialise aussi par la foliation tectonométamorphique des tonalites et granodiorites (nAirn1). Les nombreuses injections granitiques concordantes à la foliation confèrent à la roche un aspect gneissique.

La projection stéréographique de 133 mesures de la fabrique S_n collectées à travers la majeure partie du Domaine structural de la Truite montre des données majoritairement orientées WNW-ESE à ENE-WSW et des pendages généralement modérés à abrupts. La direction moyenne des mesures (81°) est cohérente avec celles de la majorité des données. En revanche, le pendage moyen vers le sud (75°) ne reflète pas les observations, puisque celles-ci se répartissent en deux groupes. L’un montre des pendages dirigés vers le sud, alors que l’autre présente des pendages vers le nord, le premier étant celui qui domine. Toutefois, quelques mesures de S_n montrent une orientation plus variable et des pendages dirigés vers l’est. Les pôles de ces mesures s’alignent grossièrement le long d’un grand cercle qui laisse supposer l’existence de plis P_n+1 réguliers. C’est aussi ce que montre la trajectoire de la fabrique S_n en carte (voir la section « Plis »).

❯ Autres fabriques

S₀

Un litage sédimentaire relictuel S₀ est localement présent dans les niveaux de paléosome des paragneiss du Complexe de Jolicoeur. Peu de données sont disponibles sur ce litage, mais il semble être couramment confondu avec la fabrique S_n.

Une foliation ou une schistosité de plan axial S_n+1 devrait accompagner les plis P_n+1 (voir la section « Plis »). Toutefois, celle-ci n’a pas encore été identifiée. Une des raisons à ce manquement est vraisemblablement liée à la forme serrée à isoclinale des plis P_n+1. Dans un tel contexte, les fabriques S_n et S_n+1 doivent être couramment confondues, en particulier dans les flancs de plis constituant les zones structurales prédominantes du domaine. Une meilleure analyse structurale dans les charnières devrait permettre de distinguer les deux fabriques.

❯ Plis

La projection stéréographique des pôles de la fabrique S_n montre une répartition grossière le long d’un grand cercle (100°/49°) impliquant l’existence de plis P_n+1, dont les plans axiaux ont une orientation et un pendage réguliers. En carte, la trajectoire de la fabrique S_n et des linéaments magnétiques dessinent effectivement une succession de plis synformes et antiformes, en particulier dans les parties sud et centre-est du domaine. Ces plis sont globalement serrés. Cette caractéristique explique la distribution en deux groupes principaux des pôles de la fabrique S_n sur le stéréogramme. Les plis P_n+1 sont orientés E-W à ENE-WSW et l’estimation du plan moyen de la fabrique S_n (81°/75°) laisse penser qu’ils sont globalement déjetés vers le nord. Le pôle du grand cercle fournit aussi une estimation de l’orientation moyenne des axes de plis P_n+1. L’axe moyen (100°/49°) plonge modérément vers l’est.

Les affleurements où des plis ont été observés montrent que ces derniers sont serrés à isoclinaux et présentent une amplitude et une longueur d’onde approximatives de l’ordre de la dizaine de centimètres.

Paramètres géométriques des plis régionaux : 

❯ Relations de recoupement

Le Domaine structural de la Truite est coupé par la Zone de cisaillement de Causabiscau dans son coin SE (feuillets 32N12 et 32M08). Cette zone de cisaillement a été interprétée par Bandyayera et al. (2022) à l’aide de la carte du champ magnétique résiduel. Elle est orientée NE-SW et l’entraînement du rubanement magnétique indique que cette zone de cisaillement a une composante décrochante senestre.

❯ Cinématique

Ne s’applique pas.

Style de la déformation

Le Domaine structural de la Truite présente globalement une structure plissée. En affleurement, les roches montrent généralement une déformation modérée. Les plis P_n+1 serrés, aux plans axiaux E-W à ENE-WSW et à fort pendage, ainsi que l’orientation régulière WNW-ESE à ENE-WSW de la fabrique principale S_n, indiquent que les roches du domaine ont enregistré un raccourcissement important N-S durant la phase de déformation D_n+1.

Caractéristiques métamorphiques

La présence de diatexite du Complexe de Jolicoeur indique que les conditions métamorphiques ont minimalement atteint le faciès supérieur des amphibolites.

Altérations

Non observé.

Caractéristiques géophysiques

Les caractéristiques géophysiques sont décrites en utilisant la nomenclature de Lavoie (2017). La description des textures magnétiques est faite à partir de la carte du gradient vertical du champ magnétique résiduel (D’Amours, 2011).

Le Domaine structural de la Truite présente deux types de zones aux caractéristiques magnétiques distinctes. Le premier type de zone montre une texture lobée et regroupe trois masses de formes circulaires à elliptiques de ~25 km de diamètre. Le rubanement est dense et courbe et est associé à un très fort contraste de susceptibilité magnétique entre les crêtes et les creux. Les trois masses correspondent approximativement aux zones où sont cartographiées la diatexite du Complexe de Jolicoeur (nAjlc5) et la tonalite et granodiorite de la Suite de Rivière au Mouton (nAirn1). Le second type de zone montre une texture isotrope lisse. Le rubanement est généralement rectiligne à localement courbe et est associé à un faible contraste de susceptibilité magnétique entre les crêtes et les creux. Les régions associées à ce second type de zone se répartissent autour des masses elliptiques précédemment décrites et sont localement parsemées de petites masses arrondies de 1 à 3 km de diamètre et fortement magnétiques. Cette seconde texture magnétique se superpose aux zones où sont cartographiées les roches métasédimentairess les moins migmatitisées du Complexe de Jolicoeur (nAjlc2f et nAjlc3) et les roches intrusives des suites de Coignan et de Mirabelli.

Sur la carte du champ magnétique résiduel, les secteurs à texture lobée montrent des valeurs magnétiques modérées à élevées, alors que ceux à texture isotrope lisse présentent des valeurs faibles à modérées.

Repères chronologiques

À la limite orientale du Domaine structural de la Truite, un échantillon de diatexite dérivée de paragneiss du Complexe de Jolicoeur (éch. 2016-YD-2147A) a été daté par la méthode U/Pb sur zircon à 2697 ±6 Ma (David, 2018). Cet âge, interprété comme celui de la fusion partielle, date la phase de déformation régionale D_n entre ~2690 et 2700 Ma.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

Autres publications

LAVOIE, J. 2017. Sous-province d’Opatica : nouveau territoire pour l’exploration minérale. Rapport, Projet CONSOREM 2016-01. CONSOREM; 85 pages.

Citation suggérée

Collaborateurs