Longley (1937) et Auger et Longley (1939) effectuent les premiers travaux de cartographie régionale couvrant notamment la région du lac Quévillon (feuillet SNRC 32F02). Ces auteurs y décrivent des roches vertes désignées sous l’appellation générale de « Keewatin » constituées de laves porphyriques, massives ou coussinées et de tuf de composition principalement intermédiaire. Une cartographie régionale distinguant les principales unités intrusives, sédimentaires et volcaniques de la région de Turgeon-Matagami est ensuite réalisée par Remick (1964). Les roches vertes de la région du lac Quévillon sont alors incluses dans une unité lithologique générale de roches volcaniques métamorphisées. Lahusen (1969) et Van de Walle (1970) cartographient respectivement les quarts SE et SW du canton de Verneuil (parties des feuillets SQRC 32F02-200-0101 et 32F02-200-0102) et distinguent plusieurs unités de roches volcaniques intermédiaires à felsique et de tuf (voir tableau ci-dessous). Quelques années plus tard, Simard, 1997 (a-d) réalise la cartographie de la région de Lebel-sur-Quévillon (feuillets 32F02-200-0101 et 32F02-200-0102). Au cours de ses travaux, il décrit une séquence de laves andésitiques porphyriques et amygdalaires, d’affinité calco-alcaline, occupant le cœur d’une grande structure synclinale dans la partie centrale de la région. Simard (1997a-d) assigne cette séquence de composition andésitique à une nouvelle unité informelle, la formation de Lebel, en référence à la ville de Lebel-sur-Quévillon, et la situe dans la partie supérieure du Groupe de Quévillon (Labbé, 1997; Labbé et Dion, 1997). Le nom de Formation de Lebel est formalisé dans le cadre de la rédaction de la présente fiche stratigraphique.

La Formation de Lebel se compose principalement de laves andésitiques d’affinité calcoalcaline, généralement porphyriques à phénocristaux de plagioclase et communément amygdalaires, coussinées, bréchiques ou massives. Elle comprend également des niveaux de tuf à lapillis et à blocs, une proportion mineure de rhyolite et quelques filons-couches de gabbro et de diorite (Simard, 1997a-d). Les laves calco-alcalines de la Formation de Lebel n’ont pas d’équivalents dans la région au nord du lac Quévillon (Labbé, 1997; Labbé et Dion, 1997). La Formation de Lebel comprend trois unités informelles :

• andésite porphyrique à mégacoussins (nAle1) ;
• brèche andésitique et tuf à lapillis et à blocs de composition intermédiaire; proportion mineure de lave andésitique porphyrique (nAle2) ;
• roche volcanique felsique, tuf felsique (nAle3).

Les roches de la Formation de Lebel sont métamorphisées au faciès des schistes verts, sauf autour des plutons syntectoniques où elles atteignent le faciès des amphibolites (Simard, 1997d). D’après Simard (1997d), la Formation de Lebel pourrait correspondre à un volcanisme calco-alcalin restreint essentiellement à la région de Level-sur-Quévillon (feuillet 32F02-200-0101).
 

Formation de Lebel non subdivisée (nAle) : Andésite porphyrique et amygdalaire, coussinée, bréchique ou massive; niveaux de tuf à lapillis et à blocs; proportion mineure de rhyolite; quelques filons-couches de gabbro et de diorite

Cette unité se compose principalement d’une séquence de lave andésitique porphyrique à phénocristaux de plagioclase, amygdalaire et d’affinité calco-alcaline (Simard, 1997c-d). Les phénocristaux de plagioclase possèdent une taille de 1 à 5 mm et constituent 5 à 20 % du volume de la roche. Les amygdules sont habituellement remplies de quartz ou de chlorite, rarement de calcite, et forment <10 % du volume de la roche. Les amygdules de chlorite donnent un aspect tacheté à la roche (Van de Walle, 1970). Les laves andésitiques sont coussinées, bréchiques ou massives. Les coussins ont une taille de 0,3 à 1 m avec une bordure de 1 à 4 cm d’épaisseur. Ceux-ci sont généralement étirés dans le sens de la schistosité régionale et montrent rarement des polarités stratigraphiques (Simard, 1997c-d). L’unité contient également quelques niveaux lenticulaires de tuf à lapillis et à blocs de composition intermédiaire à felsique auxquels sont localement associés de minces niveaux de rhyolite. Quelques filons-couches de gabbro et de diorite sont également observés (Simard, 1997d).

Formation de Lebel 1 (nAle1) : Andésite porphyrique à mégacoussins

L’unité nAle1 est constituée d’andésite coussinée, porphyrique et communément amygdalaire, semblable aux laves andésitiques indifférenciées (nAle). L’andésite de l’unité nAle1 est principalement caractérisée par la présence commune de mégacoussins (Simard, 1997d). Ces derniers ont une longueur de 1 à 4 m et possèdent une bordure de refroidissement très foncée de 3 à 10 cm d’épaisseur. L’unité nAle1 forme des bandes kilométriques intercalées avec les laves andésitiques indifférenciées (unité nAle). Une première bande est localisée au sud du Pluton de Kamichigama, sur la rive sud du lac Quévillon. Dans cette bande, l’unité est bien exposée le long de la ligne de transmission électrique. À cet endroit, les mégacoussins sont entourés d’une matrice formée de matériel bréchique. Du matériel tufacé laminé est également observé par endroits entre les mégacoussins. Une seconde bande se trouve ~2 km plus au SE et affleure en bordure d’un petit chemin. En affleurement, Simard (1997d) décrit une séquence de tufs laminés renfermant quelques coussins isolés passant à une séquence d’andésite aphanitique et d’andésite porphyrique contenant des mégacoussins. Ces derniers sont entourés de matériel tufacé laminé qui, d’après Simard (1997d), témoignerait d’une activité explosive synchrone à l’écoulement des laves. Les tufs comportent quelques structures sédimentaires indiquant une polarité stratigraphique vers le sud.

Formation de Lebel 2 (nAle2) : Brèche andésitique et tuf à lapillis et à blocs de composition intermédiaire; proportion mineure de lave andésitique porphyrique

L’unité nAle2 se compose principalement de brèche andésitique (brèche de coulée, brèche de coussins) et de tuf à lapillis et à blocs de composition intermédiaire. Ces roches sont habituellement difficiles à distinguer en affleurement (Simard, 1997d). Elles sont généralement porphyriques à phénocristaux de plagioclase et contiennent 10 à 70 % de fragments subanguleux à subarrondis de 2 à 30 cm de longueur (8 cm en moyenne). Les fragments sont communément très porphyriques et de composition semblable à celle de la matrice. Ils sont généralement plus pâles que cette dernière. Ces roches étaient décrites par Van de Walle (1970) comme des agglomérats étroitement associés aux laves andésitiques (unités nAle et nAle1) en raison de leur ressemblance pétrologique, de leurs éléments constituants et de leur association spatiale. 

Dans cette unité, Simard (1997d) reconnait deux bandes étroites entre les plutons de Kamichigama et de Quéver. Elles sont formées de roches fragmentaires semblables à celles décrites ci-haut, mais se distinguent par des fragments contenant 5 à 40 % de petits yeux de quartz de 0,1 à 2 cm de diamètre. L’origine de ces derniers n’est pas déterminée. D’après Simard (1997d), la présence de ces yeux de quartz pourrait être liée à une altération associée aux plutons situés à proximité. Il mentionne également que plusieurs roches situées entre ces plutons ont subi un métamorphisme de contact et présentent un aspect de cornéenne.

L’unité nAle2 comprend, en quantité moindre, des coulées massives ou coussinées de lave andésitique porphyrique (Simard, 1997d).