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La barytine (BaSO4) est une substance non métallique appartenant au groupe des sulfates. Ces minéraux revêtent une importance économique pour certains secteurs clés de l’économie (forage pétrolier et gazier, domaine médical, charge minérale, béton dense).
La barytine est le principal minéral de baryum (Ba). Il s’agit d’une substance minérale caractérisée par une forte densité qui est utilisée principalement comme agent alourdissant dans les boues de forage. L’industrie du forage pétrolier et gazier représentait, en 2019, environ 90 % de la consommation mondiale de barytine.
Le marché mondial de la barytine était évalué à 1,4 milliard de dollars en 2019 et devrait atteindre 2,4 milliards de dollars d’ici 2027. En effet, l’augmentation des activités de forage pétrolier et gazier en mer et la hausse de l’investissement des grandes sociétés pétrolières dans l’exploration en mer profonde devraient faire augmenter la demande en barytine jusqu’en 2027 (USGS, 2018).
La production mondiale de barytine a été de 8,87 Mt (million de tonnes) en 2019 (USGS, 2021). Les principaux pays producteurs de barytine sont la Chine, l’Inde, le Maroc et le Kazakhstan. En 2019, la Chine avec une production de 2,8 Mt représentait 32 % du marché mondial, suivie de l’Inde (22 % avec 2 Mt), le Maroc (12 % avec 1,1 Mt) et le Kazakhstan (7 % avec 597 000 tonnes). Ces quatre pays ont produit 73 % de la production mondiale de barytine.
Usages
La barytine est utilisée dans différents secteurs pour ses propriétés particulières, notamment sa densité élevée, sa neutralité chimique, sa blancheur ou son absence de propriété abrasive.
La barytine est utilisée principalement dans l’industrie pétrolière et gazière (90 %) pour augmenter la densité des boues de forage, ce qui permet d’éviter les fuites de gaz sous pression dans les trous de forage. La barytine sert également comme charge minérale dans une grande variété de produits, comme la peinture, le papier, le verre, le caoutchouc, le plastique, les matériaux de friction, ainsi que les barrières de protection contre les rayonnements ionisants.
Quelques exemples sont présentés ci-dessous avec divers liens et des photos représentant différents domaines d’usages :
- industrie chimique : par exemple, la barytine sert à la fabrication de dérivés de baryum, tels les carbonates, chlorures, oxydes, hydroxydes, peroxydes, nitrates et sulfates de baryum;
- application médicale : la barytine est utilisée pour les lavements barytés;
- industrie métallurgique : l’oxyde de baryum permet d’améliorer le rendement des fours électriques. Le chlorure de baryum est utilisé comme durcisseur d’acier et de fondant de soudure;
- industrie automobile : la barytine est employée comme charge inerte dans les matériaux de friction, tels que les plaquettes et les disques de frein;
- industrie de la construction : la barytine entre dans la fabrication de bétons denses utilisés pour la construction de ports ou de terminaux pétroliers. Ce type de béton est également employé comme contrepoids de ponts, stabilisateur de conduits sous-marins, ballast de bateaux et barrière de protection contre d’éventuelles radiations. Il sert aussi dans la construction de laboratoires, de centrales nucléaires et d’installations militaires atomiques.
Source et contexte géologique des minéralisations
On distingue trois types de sources de minéralisation de barytine :
- les zones minéralisées filoniennes et de remplissage de cavité;
- les zones minéralisées stratiformes de couverture sédimentaire et celles d’origine exhalative;
- les zones minéralisées résiduelles.
Zones minéralisées filoniennes et de remplissage de cavité
Le baryum est transporté dans les fluides hydrothermaux et déposé sous forme de barytine dans les failles, les fractures, les joints, les cavités ou les plans de stratification ainsi que dans toute autre ouverture existante au moment de la formation de la zone minéralisée (Albouy et Rousseau, 1993).
Zones minéralisées stratiformes de couverture sédimentaire et celles d’origine exhalative
Les zones minéralisées stratiformes de couverture sédimentaire sont associées à des fractures d’extension régionale qui affectent le socle et sa couverture. La barytine se trouve en concentration stratiforme (couche) ou stratoïde (niveaux à nodules et géodes) dans des environnements sédimentaires évaporitiques, lagunaires ou lacustres.
Les zones minéralisées stratiformes d’origine exhalative (couches et amas) sont parfois associées aux sulfures massifs d’origine volcanique. L’origine de cette minéralisation est liée à des sources hydrothermales sous-marines en relation avec une activité volcanique. Les plus importantes zones minéralisées de barytine au monde appartiennent à cette catégorie.
Dans ces zones minéralisées, la barytine est généralement associée à d’autres minéraux tels que la fluorite, la célestite, le quartz et les sulfures de plomb-cuivre-zinc (Albouy et Rousseau, 1993).
Les zones minéralisées résiduelles
La barytine peut aussi être issue de la destruction des zones minéralisées préexistantes qui sont généralement encaissées dans des dolomies (Albouy et Rousseau, 1993).
Exploration au Québec
Quelques zones minéralisées en barytine ont été identifiées au Québec. Ces zones sont localisées dans les provinces géologiques des Appalaches et de Grenville. On les trouve en Montérégie, dans le Bas-Saint-Laurent et en Outaouais.
Les deux plus importantes zones minéralisées de barytine au Québec sont notamment celles d’Upton (Robex) en Estrie et de Saint-Fabien, au Bas-Saint-Laurent.
La zone minéralisée d’Upton (Robex) (Paradis et al., 1990; Williams-Jones et al., 1992) est d’âge cambro-ordovicien et fait partie de la Province des Appalaches. La zone minéralisée stratiforme est d’origine hydrothermale-exhalative et est encaissée dans des calcaires. Elle renferme également de faibles proportions de zinc, de plomb, de cuivre, de cadmium et d’argent.
La zone minéralisée de Saint-Fabien (Beaudoin, 1987; Beaudoin et al., 1989) est d’âge ordovicien et fait partie de la Province des Appalaches. Cette minéralisation de barytine-plomb-zinc est de type filonien et de remplissage de cavité. Elle est formée de veines ou de lentilles de barytine qui coupent une unité de conglomérat calcaire interstratifiée de grès arkosique.
Exploitation au Québec
Aucune production de barytine n’est effectuée actuellement au Québec.
Vers 1900, dans la région de l’Outaouais, une faible quantité (2150 tonnes) de barytine a été produite, dans la zone minéralisée Foley à partir d’une veine de barytine coupant une unité de marbre calcitique. Cette veine de barytine massive mesurait 0,9 à 1,2 m de largeur sur 10,5 m de longueur (Tiphane, 1972). Mise à part cette exploitation, il n’y a eu aucune autre exploitation de barytine rapportée au Québec.
Liens utiles
Balado découverte : https://baladodecouverte.com/circuits/324/poi/2854/mine-de-barytine-de-saint-fabien
L’Encyclopédie canadienne : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/barytine
USGS : https://www.usgs.gov/centers/national-minerals-information-center/barite-statistics-and-information
USGS : https://pubs.usgs.gov/periodicals/mcs2021/mcs2021-barite.pdf
USGS : https://pubs.usgs.gov/myb/vol1/2018/myb1-2018-barite.pdf
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Barytine
Références
ALBOUY, L., ROUSSEAU, C.,1993. Mémento roches et minéraux industriels, La barytine, BRGM. Source.
BEAUDOIN, G., 1987. La mine Roy-Ross, St-Fabien, QUEBEC : Structure, pétrographie, terres rares et isotopie du plomb de la minéralisation à barite-galène-sphalérite. TH 1320, 133 pages, 3 plans.
BEAUDOIN, G., SCHRIJVER, K., MARCOUX, E., CALVEZ, J-Y. 1989. A vein and disseminated Ba-Pb-Zn deposit in the Appalachian thrust belt, St.-Fabien, Quebec. Economic Geology; volume 84, pages 799–816. https://doi.org/10.2113/gsecongeo.84.4.799
PARADIS, S., BIRKETT, T. C. et GODUE, R., 1990. Preliminary investigations of the Upton sediment-hosted barite deposit, southern Québec Appalachians, In Current research part B. Geological Survey of Canada, Paper 90-1B, pages 1-8.
TIPHANE, M., 1972. La barytine et la fluorine au Québec, ministère des Ressources naturelles du Québec, ES 013, 42 pages.
WILLIAMS-JONES, A. E., SCHRIJVER, K., DOIG, R., SANGSTER, D. F., 1992. A model for epigenetic Ba-Pb-Zn mineralization in the Appalachian Trust Belt Québec: evidence from fluid inclusions and isotopes. Economic Geology; volume 87, pages 154-174.