Zone de cisaillement de Dussault
Étiquette structurale : ZCdus
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Auteur(s) Charbonneau et al., 1991
Méthodologie Définie à partir d’un levé géologique 
Subdivision(s) géologique(s) Province du Supérieur/Sous-province de l’Abitibi
Mouvement principal Inverse
Style de déformation Indéterminé
Faciès métamorphique (faciès moyen lié à la déformation principale) Schistes verts inférieur

Historique et méthodologie

La Faille de Dussault a initialement été définie par Charbonneau et al. (1991) pour expliquer « […] l’interruption vers l’ouest de la Formation de la Trêve au niveau du lac Inconnu, et son absence aussi à l’ouest de ce lac. Dans les cantons de Lamarck et Guettard [feuillet 32G14], elle est justifiée par le fait que les roches de la Formation de Haüy, à sommets nord, sont en contact au nord, avec des roches relativement plus vieilles des formations de la Trêve et de Daubrée, dont les sommets sont généralement vers le sud []. » En carte, cette faille coupait uniquement le Groupe d’Opémisca, sauf au NW du lac Inconnu, où elle marque la limite sud du Groupe de Roy.

Cependant, Charbonneau et al. (1991) précisent que « [] dans la portion sud du lac la Trêve, et entre ce dernier et le lac Inconnu [feuillet 32G13], le tracé de la faille est imprécis et incertain. Dans ce secteur, les roches de la Formation de Daubrée dans le toit de la faille montrent des sommets sud-est, tout comme celles de la Formation de Daubrée dans le mur. »

À la suite de leur levé géologique, Daoudene et Beaudette (2022) ont redéfini le tracé de cette faille au niveau du lac la Trêve (quart NE du feuillet 32G13) et l’ont rebaptisée Zone de cisaillement de Dussault. Dans cette portion de son tracé, la zone de cisaillement délimite le Groupe de Roy, au nord, du Groupe d’Opémisca, au sud. Ce nouveau tracé ne rejoint pas celui de Charbonneau et al. (1991) et de Leclerc et Daoudene (2021) dans le feuillet 32G14, où la zone de cisaillement est cantonnée au sein de l’Opémisca.

Le nom de la zone de cisaillement provient de la baie Dussault qui forme la portion NE du lac la Trêve (feuillet 32G14).

 

Limites et morphologie

Largeur (km) ~70 m à ~250 m
Longueur (km) ~56 km
Orientation ENE-WSW

 

La Zone de cisaillement de Dussault s’étend dans les feuillets 32G13 et 32G14 (Charbonneau et al., 1991) sur ~56 km dans une direction ENE-WSW, du NW du lac Inconnu, à l’ouest, au NW du lac de la Chaleur, à l’est. À l’ouest, elle est limitée par la Zone de cisaillement de Nottaway (Daigneault, 1996; Daoudene et al., 2014; 2016), alors qu’elle est coupée, à l’est, par la Zone de cisaillement de Lamarck (Charbonneau, 1981; Leclerc et Daoudene, 2021).

Dans le quart NE du feuillet 32G13, la Zone de cisaillement de Dussault sépare le Domaine structural de Gilbert, au nord, du Domaine structural de Daine, au sud (Daoudene et Beaudette, 2022). Dans cette région, elle possède une largeur comprise entre ~70 m et 250 m.

 

Unités stratigraphiques concernées

En carte, les unités stratigraphiques qui sont affectées par la Zone de cisaillement de Dussault sont :

Caractéristiques structurales

Bien qu’elle s’étende sur une grande distance, la Zone de cisaillement de Dussault est peu exposée. Les affleurements sont peu nombreux, de petite taille, et communément recouverts d’un épais tapis de mousse. Ainsi, rares sont les affleurements qui permettent de décrire précisément les structures associées à la déformation.

Étant donné que le tracé de la zone de cisaillement ne se prolonge plus vraiment entre les feuillets 32G13 et 32G14 (voir la partie « Historique et méthodologie »), la description qui suit repose uniquement sur les affleurements décrits lors du dernier levé géologique de Daoudene et Beaudette (2022) autour du lac la Trêve, les auteurs de cette fiche. De plus, pratiquement tous les affleurements observés le long du tracé sont interprétés comme appartenant à la Formation de Blondeau; aucun n’a été observé dans la Formation de la Trêve.

 

❯ Fabriques principales

Sn = S2

La Zone de cisaillement de Dussault montre une déformation hétérogène. Même si la plupart des affleurements localisés le long de son tracé sont généralement marqués par la présence d’une foliation tectonométamorphique Sn bien développée, certains sont moins déformés. Là où elle est le mieux exprimée, Sn est rectiligne et mylonitique. En effet, les roches volcanoclastiques de la Formation de Blondeau montrent une forte réduction de la taille des grains et de leurs éléments (cristaux libres et lapilis).

 

Au microscope, les roches volcanoclastiques déformées montrent une texture porphyroclastique. Les phénocristaux de plagioclase sont communément cassés et étirés et quelques-uns montrent une extinction ondulante. Les fragments sont aussi fortement aplatis. Ils sont entourés d’une matrice riche en plagioclase et en quartz, mais qui comprend aussi de la biotite brun-vert et de la séricite, le tout étant très finement cristallisé. La foliation Sn est soulignée par l’orientation préférentielle des porphyroclastes de plagioclase et par celle des feuillets de biotite et de séricite. Localement, certains porphyroclastes présentent des ombres de pression asymétriques comblées par de la chlorite. La réduction de la taille des grains est généralement importante. D’origine mécanique, avec la fracturation des porphyroclastes de plagioclase, elle s’exprime aussi avec la recristallisation dynamique par le bourgeonnement (bulging) de nouveaux grains de quartz et de plagioclase dans la matrice.

 

La foliation mylonitique est localement coupée par des bandes centimétriques à décimétriques de cataclasites (voir affleurements 21-YD-2082 et 21-YD-2115). Les fragments sont anguleux et mal triés et leur couleur rosâtre semble indiquer une forte hématitisation. Ils sont entourés d’une matrice verdâtre très finement cristallisée, riche en chlorite et épidote

Dans le quart NE du feuillet 32G13, la foliation Sn est très régulière, d’orientation NE-SW et de pendage modéré vers le NW. La foliation moyenne est à 245°/50°.

La foliation Sn porte une linéation minérale et d’étirement Ln bien exprimée, mais rarement observée en raison de la piètre qualité des affleurements. La linéation plonge généralement à ~40° vers le NW et de direction 285° et 315° (voir les affleurements 21-YD-2082, 21-YD 2115 et 21-YD-2116).

 

Fabrique principale Type de fabrique Direction (°) Pendage (°) Nombre de mesures Commentaires
Foliation Sn Foliation minérale secondaire tectonométamorphique et schistosité 245° 50° 8 Mesures issues uniquement du levé géologique de Daoudene et Beaudette (2022) autour du lac la Trêve (quart NE du feuillet 32G13)

 

❯ Autres fabriques

Non observé.

 

❯ Plis

Ne s’applique pas.

 

❯ Relations de recoupement

La Zone de cisaillement de Dussault est limitée par la Zone de cisaillement de Nottaway (Daigneault, 1996; Daoudene et al., 2014; 2016), à l’ouest, et par la Zone de cisaillement de Lamarck (Charbonneau, 1981; Leclerc et Daoudene, 2021), à l’est.

Paramètres géométriques des failles régionales coupant la Zone de cisaillement de Dussault :

Faille ou famille de failles Type Direction (°) (moy) Pendage (°) (moy) Plongée de la linéation dans le plan de la faille Largeur estimée (m) Longueur estimée (km) Mouvement apparent Position Commentaires
Zone de cisaillement de Nottaway Cisaillement régional 289° 84° 09° 1600 >100 Dextre Certaine Daigneault, 1996; Daoudene et al., 2014; 2016
Zone de Cisaillement de Lamarck Cisaillement régional NE-SW vers le SE ~240 Senestre normal Certaine Leclerc et Daoudene, 2021

❯ Cinématique

Aucun indicateur de mouvement n’a été observé dans la Zone de cisaillement de Dussault.

 

Style de la déformation

Bien qu’aucun indicateur cinématique n’ait été identifié dans la Zone de cisaillement de Dussault, la cinématique de la zone de déformation durant la phase de déformation Dn peut être déduite de plusieurs observations.

La foliation Sn observée dans la Zone de cisaillement de Dussault présente un pendage modéré, principalement vers le NE. Bien que rarement observée, la linéation minérale et d’étirement Ln montre une composante verticale significative. De plus, la zone de cisaillement sépare des domaines structuraux dont les ensembles lithologiques correspondent à différents niveaux de l’empilement volcano-sédimentaire régional. Au nord, le Domaine structural de Gilbert se compose de l’ensemble volcanique du Groupe de Roy, la section inférieure de l’empilement. Du côté sud, en revanche, le Domaine structural de Daine comprend le Groupe d’Opémisca qui correspond au sommet de l’empilement.

Ainsi, la différence de niveau stratigraphique entre les domaines structuraux voisins et les caractéristiques géométriques des fabriques de la Zone de cisaillement de Dussault sont compatibles avec un mouvement inverse durant la phase de déformation Dn. Selon cette interprétation, le mouvement le long de la zone de cisaillement aurait entraîné l’enfouissement des roches du Domaine structural de Daine par rapport à celle du Domaine structural de Gilbert.

 

Caractéristiques métamorphiques

Les roches volcanoclastiques déformées de la Formation de Blondeau montrent des assemblages minéralogiques à plagioclase-quartz-biotite-séricite ± chlorite ± épidote. La biotite et la séricite soulignent la foliation Sn. La chlorite, observée en certains endroits, comble des ombres de pression autour de porphyroclastes de plagioclase. Parallèlement, les roches montrent une recristallisation mécanique avec la fracturation des porphyroclastes, ainsi que de la recristallisation dynamique par bourgeonnement (bulging) de nouveaux grains de quartz et de plagioclase dans la matrice. Ainsi, les caractéristiques minéralogiques et texturales semblent indiquer que la déformation Dn est associée à des conditions métamorphiques du faciès inférieur des schistes verts (entre ~300 °C et ~400 °C). La présence locale de cataclasite coupant la foliation Sn laisse penser que la déformation Dn se poursuit dans le domaine fragile.

 

Altérations

Les bandes de cataclasite qui coupent la foliation Sn de la Zone de cisaillement de Dussault montrent une forte altération. Les fragments de roche sont généralement très hématitisés et contenus dans une matrice sombre riche en chlorite et épidote. 

 

Caractéristiques géophysiques

Sur la carte du gradient vertical du champ magnétique (Keating et D’Amours, 2010), la Zone de cisaillement de Dussault sépare un domaine au sud, caractérisé par un patron globalement monotone et accompagné d’une susceptibilité modérée, d’un domaine au nord présentant un aspect plutôt rubané. Cependant, la zone de cisaillement comme telle ne semble pas correspondre à un marqueur magnétique particulier.

 

Repères chronologiques

Aucune donnée géochronologique ne permet de préciser l’âge de la Zone de cisaillement de Dussault.

 

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

CHARBONNEAU, J.-M., 1981. Cartes préliminaires de la géologie du quart sud-est du feuillet du lac Inconnu (32G/13) et du quart sud-ouest du feuillet du lac Lamarck (32G/14), comté d’Abitibi-Est. MRN; DP 853, 2 plans.

CHARBONNEAU, J. M., PICARD, C., DUPUIS-HEBERT, L., 1991. SYNTHESE GEOLOGIQUE DE LA REGION DE CHAPAIS-BRANSSAT (ABITIBI). MRN; MM 88-01, 202 pages, 13 plans.

DAIGNEAULT, R., 1996. Couloirs de déformation de la Sous-province de l’Abitibi. MRN; MB 96-33, 140 pages.

DAOUDENE, Y., TREMBLAY, A., RUFFET, G., LECLERC, F., 2014. Étude structurale et métamorphique de la bordure nord-est de la ceinture de roches vertes de l’Abitibi, Québec, Canada : apport de la thermochronologie 40Ar/39Ar et implications tectoniques. UQAM, UNIVERSITE DE RENNES 1, MERN; MB 2014-04, 57 pages.

DAOUDENE, Y., LECLERC, F., TREMBLAY, A., 2016. Une histoire tectonométamorphique commune et de longue durée pour les sous provinces d’Abitibi et d’Opatica, province du Supérieur, Québec, Canada. MERN, UQAM; MB MB 2016-01, 43 pages.

DAOUDENE, Y., BEAUDETTE, M., 2022. Géologie de la région du lac La Trêve, Sous-province d’Abitibi, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2022-04, 1 plan.

KEATING, P., D’AMOURS, I., 2010. Réédition des données numériques en format Géosoft (profils) des levés aéroportés de l’Abitibi, au Québec. MRNF, COMMISSION GEOLOGIQUE DU CANADA; DP 2010-09, 6 pages.

LECLERC, F., DAOUDENE, Y., 2021. Géologie de la région du lac des Deux Orignaux, à l’ouest de Chapais, Sous-Province de l’Abitibi, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada. MERN; BG 2021-04, 1 plan.

 

Autres publications

NORTH AMERICAN COMMISSION ON STRATIGRAPHIC NOMENCLATURE (NACSN), 1983. North American Stratigraphic Code. American Association of Petroleum Geologists Bulletin; volume 67, pages 841-875.

NORTH AMERICAN COMMISSION ON STRATIGRAPHIC NOMENCLATURE (NACSN), 2005. North American Stratigraphic Code. American Association of Petroleum Geologists Bulletin; volume 89, pages 1547-1591. dx.doi.org/10.1306/07050504129

PALME, H., O’NEILL, H.S.C., 2014. Cosmochemical estimates of mantle composition. In: Treatise on Geochemistry, 2nd edition. Edited by H.D. Holland and K.K. Turekian, Elsevier Science, pages 1-39. dx.doi.org/10.1016/B978-0-08-095975-7.00201-1

ROSS, P.-S., BÉDARD, J.H., 2009. Magmatic affinity of modern and ancient subalkaline volcanic rocks determined from trace-element discriminant diagrams. Canadian Journal of Earth Sciences; volume 46, pages 823-839. dx.doi.org/10.1139/E09-054

WINCHESTER, J.A., FLOYD, P.A., 1977. Geochemical discrimination of different magma series and their differentiation products using immobile elements. Chemical Geology; volume 20, pages 325-343. dx.doi.org/10.1016/0009-2541(77)90057-2

 

 

Citation suggérée

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Zone de cisaillement de Dussault. Lexique structural du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-structural/zone-de-cisaillement-de-dussault [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Yannick Daoudene, géo., Ph. D., yannick.daoudene@mern.gouv.qc.ca; Mélanie Beaudette, géo., M. Sc., melanie.beaudette@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Ghyslain Roy, géo. (coordination); Pierre Pilote, géo., M. Sc. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML)

 

 

12 octobre 2022