Historique

Dans leur synthèse géologique et métallogénique de la région de la rivière du Sable (jonction entre les feuillets 23J13, 23J14, 23O03 et 23O04), basée sur les travaux de cartographie de Lapointe (1986, 1989) et de Chevé et Brouillette (1988, 1992a, 1992b), Chevé et Brouillette (1995) avaient défini des unités de diatexites hétérogènes (15 et 16) et de transition métatexites-diatexites hétérogènes (17 et 18) qu’ils avaient assignée au Complexe de Rivière du Sable. La Suite d’Opiscotéo a par la suite été nommée par Leclair et al. (1998) pour décrire les diatexites de la région du lac Bermen (feuillet 23F). Ces auteurs ont décrit ces diatexites comme des roches intrusives à orthopyroxène-biotite ± grenat, homogènes (<25 % d’enclaves de paragneiss ou, plus localement, de roches mafiques) ou hétérogènes (25 à 50 % d’enclaves), selon les critères proposés par Percival (1987, 1993). Selon ces critères, Leclair et al. (1998) ont subdivisé la Suite d’Opiscotéo en six unités : 1) diatexite hétérogène à grenat (Aopi1); 2) diatexite hétérogène sans grenat (Aopi2); 3) diatexite hétérogène à enclaves mafiques (Aopi3); 4) diatexite homogène à grenat (Aopi4); 5) diatexite homogène sans grenat (Aopi5); et 6) diatexite homogène à enclaves mafiques (Aopi6). La Suite d’Opiscotéo a subséquemment été reconnue dans les régions du lac Vallard (feuillet 23C; Lamothe et al., 1998), du lac Nitchequon (feuillet 23E; Lamothe et al., 2000), du lac Gayot (feuillet 23M; Gosselin et Simard, 2000), du lac Hurault (feuillet 23L; Thériault et Chevé, 2001), de la rivière Sérigny (feuillets 23N et 24C; Simard et al., 2009a) et du réservoir Caniapiscau (feuillets 23K et 23N; Simard et al., 2009b) dans lesquelles les subdivisions de Leclair et  al. (1998) ont généralement été respectées (voir le tableau des correspondances ci-dessous). Dans les régions de la rivière Sérigny et du réservoir de Caniapiscau, Simard et al. (2009a) et Simard et al. (2009b) ont défini une nouvelle unité de diatexite qui ne contient pas d’orthopyroxène (Aopi7). Enfin, dans une synthèse géologique et métallogénique de l’Ashuanipi, Simard et al. (2015) ont uniformisé ces sept unités informelles de la Suite d’Opiscotéo à l’ensemble de la Sous-province d’Ashuanipi, incluant les unités assignées au Complexe de Rivière du Sable par Chevé et Brouillette (1995).

Note : AASH = Domaine d’Ashuanipi; Asab = Complexe de Rivière du Sable; ApPGAG = Terrane de Gagnon

Description

Suite d’Opiscotéo 1 (nAopi1) : Diatexite hétérogène à biotite-orthopyroxène-grenat

L’unité nAopi1 est représentée par une diatexite hétérogène de composition principalement granodioritique dans laquelle le grenat est le minéral ferromagnésien dominant (Percival, 1993) et qui contient de nombreux schlierens de biotite et de nombreuses enclaves de paragneiss fortement absorbées (25 à 50 %). Elle a été observée dans l’extrémité est de la Suite d’Opiscotéo.

Suite d’Opiscotéo 2 (nAopi2) : Diatexite hétérogène à biotite-orthopyroxène ± grenat

La diatexite de l’unité nAopi2 est gris légèrement verdâtre en surface fraiche et gris brunâtre ou gris jaunâtre en surface altérée (Lamothe et al., 2000; Thériault et Chevé, 2001; Simard et al., 2009a). Sa composition est granitique ou granodioritique, plus localement tonalitique. C’est une roche faiblement magnétique, massive à foliée et hétérogranulaire. Elle est hétérogène et contient de nombreux schlierens de biotite et de nombreuses enclaves décimétriques à métriques de paragneiss et de métatonalite fortement absorbées (25 à 50 %). Le grenat a été observé à plusieurs endroits, mais sa distribution est irrégulière. En lame mince, on observe un début de recristallisation marquée par la présence d’une matrice granoblastique microgrenue qui s’est partiellement développée entre les cristaux plus grossiers. Les minéraux ferromagnésiens (8 à 25 %) consistent généralement en biotite et orthopyroxène (partiellement altéré) en proportions similaires, avec localement du clinopyroxène et de la hornblende. L’orthopyroxène se trouve à la fois dans la diatexite et à l’intérieur de leucosomes constitués principalement de plagioclase, de quartz, de feldspath potassique et d’orthopyroxène. La biotite se présente en bâtonnets brun foncé à rouges qui contiennent de nombreuses inclusions de zircon. Les microstructures myrmékitiques, perthitiques et antiperthitiques sont communes et bien développées. L’épidote, l’apatite, le sphène et, localement, la magnétite, l’allanite et le zircon constituent les minéraux accessoires.

Épaisseur et distribution

La Suite d’Opiscotéo est formée de grandes masses irrégulières, hectométriques à kilométriques, et d’injections métriques à hectométriques de diatexite qui coupent les unités volcano-sédimentaires et tonalitiques anciennes de la Sous-province d’Ashuanipi (Leclair et al., 1998; Simard et al., 2015).

Datation

Des datations ont été réalisées sur plusieurs échantillons de diatexite provenant de la Suite d’Opiscotéo. Quatre d’entre eux ont donné des âges de mise en place compris entre 2682 et 2675 Ma (Percival et al., 1992; Parent, 1998). Trois ont donné des âges de cristallisation compris entre 2667 et 2660 Ma (Percival et al., 1992; Parent, 1998; David et al., 2010). Quatre de ces échantillons ont également livré des âges métamorphiques compris dans un intervalle similaire, soit entre 2668 et 2662 Ma (Percival et al., 1992). De plus, deux échantillons de leucosome associés à la Suite d’Opiscotéo ont donné des âges de 2668 ±1,2 Ma et 2660 ±1 Ma (Percival et al., 1992), suggérant que ces leucosomes sont contemporains à la mise en place des diatexites. Des âges secondaires de 2645, 2642 et 2633 Ma pourraient correspondre à des épisodes thermiques reliés à la mise en place de suites intrusives plus jeunes. Enfin, un âge plus vieux (2710,3 ±5,5 Ma) obtenu sur un xénocristal de zircon représente un âge d’héritage mineur (Percival et al., 1992). Tous ces résultats nous permettent d’établir que l’événement de fusion responsable de la formation des diatexites s’est déroulé entre 2680 et 2660 Ma (Simard et al., 2015).

Relations stratigraphiques

La Suite d’Opiscotéo est encaissée dans les paragneiss des complexes de Hublet (Leclair et al., 1998; Lamothe et al., 1998; Lamothe et al., 2000) et de Grosbois (Gosselin et Simard, 2000; Thériault et Chevé, 2001; Simard et al., 2009a;  Simard et al., 2009b), ainsi que dans les roches tonalitiques des suites de Desliens (Leclair et al., 1998; Lamothe et al., 1998), de Joubert (Lamothe et al., 2000) et de Beausac (Thériault et Chevé, 2001), et elle contient des enclaves des roches de ces unités. La diatexite de la Suite d’Opiscotéo forme communément des zones hybrides avec le paragneiss encaissant où la proportion de mobilisat augmente graduellement (Leclair et al., 1998; Thériault et Chevé, 2001). De plus, la minéralogie et la composition de la diatexite sont comparables à celles du paragneiss suggérant que la fusion partielle d’un protolite d’origine sédimentaire semblable à celui du paragneiss pourrait être à l’origine de la diatexite (Percival, 1991). Toutefois, les diatexites sont intrusives dans les unités de paragneiss et de tonalites anciennes, indiquant qu’elles ne sont pas le produit d’une migmatitisation in situ progressive de la roche encaissante (Leclair et al., 1998). Par ailleurs, la structure gneissique des enclaves de migmatite est discordante par rapport à la foliation observée dans la diatexite, ce qui indique que le métamorphisme régional a précédé la mise en place de la diatexite (Leclair et al., 1998). Les relations de terrain et la géochimie suggèrent plutôt que les diatexites proviendraient d’une fusion des paragneiss qui s’est produite à un niveau structural plus profond que le niveau d’érosion actuel (James, 1997). Les diatexites se sont mises en place sous forme d’intrusions coupant les unités de paragneiss et de tonalites migmatitisés.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Autres publications

Citation suggérée

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