Historique

La Suite de Kakiattuq a été introduite dans la région du Lac Vernon (feuillet 34J; Parent et al., 2002, 2003), puis prolongée dans les régions des lacs Anuc (feuillet 34O; Berclaz et al., 2003, 2005) et Minto (feuillet 34G; Simard et al., 2005). Dans la région du lac Anuc, quelques intrusions tonalitiques de la Suite de Kakiattuq ont été réassignées à la Suite de Rochefort (Simard et al., 2008).

Description

Suite de Kakiattuq non subdivisée (nAkkk) : Leucotonalite à biotite

L’unité indifférenciée est constituée en majeure partie de tonalite à biotite et d’une proportion mineure de tonalite à hornblende (Parent et al., 2002, 2003; Berclaz et al., 2003, 2005; Simard et al., 2005; Simard et al., 2008; Simard, 2008, MRNF, 2010a-d).

Suite de Kakiattuq 1 (nAkkk1) : tonalite à biotite-hornblende homogène

L’unité nAkkk1 est constituée de tonalite homogène. Les travaux de terrain ont permis d’observer deux assemblages minéralogiques distincts à l’intérieur de ces tonalites homogènes : l’un à biotite et l’autre à biotite-hornblende. Toutefois, à l’échelle 1/250 000, ces différentes phases ne constituent pas des unités cartographiables. L’unité nAkkk 1 englobe donc les deux faciès minéralogiques. La tonalite homogène gris pâle en cassure fraîche, gris blanchâtre en patine d’altération et de granulométrie fine à moyenne. Elle est leucocrate et contient 5 à 15 % de biotite, de hornblende et d’épidote. La roche présente une foliation faiblement à moyennement prononcée, définie principalement par l’alignement de la biotite. Une gneissosité peut se développer en bordure de zones de déformation ductile. Elle contient de rares enclaves de gneiss mafique et est coupée par des plutons et des dykes de granite.

En lame mince, la tonalite contient des proportions à peu près égales de quartz et de plagioclase, en plus de <10 % de feldspath potassique. Ces derniers sont communément interstitiels et se présentent localement sous forme de phénocristaux isolés. Les minéraux ferromagnésiens sont constitués de biotite verdâtre, d’épidote, de titanite et, plus localement, de hornblende. La biotite peut prendre la forme de cristaux pœcilitiques avec des globules vermiculaires de quartz. Certains échantillons contiennent de la muscovite secondaire qui se présente en association avec la biotite ou localement sur les cristaux de plagioclase. L’épidote forme des cristaux automorphes à subautomorphes qui se superposent au plagioclase, à la biotite, à la hornblende et à la muscovite. Elle peut contenir des inclusions de biotite et de quartz, ainsi que de l’allanite en son cœur. Les minéraux accessoires sont l’allanite, l’apatite, la magnétite et le zircon.

Les microfabriques observées reflètent une déformation d’intensité variable. Les roches moins déformées montrent une orientation préférentielle des micas, qui contournent de gros cristaux de plagioclase, ainsi qu’un étirement des grains de quartz. Par endroits, la déformation plus intense a permis le développement de rubans de quartz monocristallin et polycristallin ainsi qu’une structure granoblastique localisée en bordure des grains de plagioclase, dont les macles peuvent être tordues et brisées. La présence de biotite verte et d’épidote implique que les tonalites ont été affectées par des conditions métamorphiques au faciès des amphibolites inférieures. Par ailleurs, plusieurs lames minces exhibent également des assemblages rétrogrades de chlorite-biotite vert pâle (seconde génération)-muscovite-épidote ainsi que la séricitisation et la saussuritisation du plagioclase.

Suite de Kakiattuq 2 (nAkkk2) : tonalite à biotite-hornblende granitisée

La tonalite de la Suite de Kakiattuq renferme une phase de composition granodioritique à granitique (10 à 50 %) qui se présente sous forme de rubans, de lentilles ou d’amas en contact graduel et diffus avec la phase tonalitique. Cet important phénomène de « granitisation » se manifeste également par la distribution irrégulière du feldspath potassique à l’intérieur des tonalites. La majorité du feldspath potassique est interprété comme des cristaux secondaires. Les caractéristiques structurales, minéralogiques et compositionnelles des tonalites granitisées (nAkkk2, excluant le matériel granitique) sont similaires à celle des tonalites homogènes (nAkkk1). Par conséquent, il est possible que le protolite des tonalites granitisées soit l’unité nAkkk1. Il est difficile de déterminer à quel moment le feldspath potassique a été incorporé dans la tonalite. À certains endroits, on observe des injections fragmentées et diffuses de granite rose dans la tonalite. Le développement de ces injections est interprété comme étant synchrone à la mise en place de la tonalite et suggère donc une déformation synmagmatique. À d’autres endroits, la granitisation génère des phénocristaux centimétriques et isolés de microcline et des petits cristaux de feldspath potassique interstitiels qui englobent les cristaux de quartz et de plagioclase. Dans ce dernier cas, la granitisation est nettement secondaire et pourrait être reliée soit aux importantes zones de cisaillement qui bordent les tonalites, soit à la mise en place d’intrusions granitiques plus jeunes.

Suite de Kakiattuq 3 (nAkkk3) : tonalite à biotite-hornblende hétérogène à enclaves hétérogènes

L’unité nAkkk3 est constituée de roches très hétérogènes dotées d’une remarquable complexité lithologique et structurale à l’échelle de l’affleurement. De composition majoritairement tonalitique, elle est fortement injectée ou interstratifiée avec du matériel de composition granodioritique et granitique. Ce matériel contient une proportion importante (20 à 50 %) d’enclaves de com­position variée : paragneiss, amphibolite, gneiss mafique à intermédiaire, gabbronorite, roche ultramafique et formation de fer. Les principaux minéraux ferromagnésiens qui composent la tonalite et la granodiorite sont la biotite, la hornblende, la magnétite et, localement, le clinopyroxène. La foliation est généralement bien définie par l’alignement de la biotite, des phases granitiques ainsi que des enclaves. À certains endroits, par contre, la foliation est ondulante et plus ou moins bien développée.

Les phases granodioritiques et granitiques peuvent contenir 10 à 20 % de phénocristaux de feldspath potassique. Localement, des phases dioritiques sont intercalées avec la tonalite. Les enclaves de composition intermédiaire possèdent un rubanement compositionnel similaire à celui observé dans les roches supracrustales. Ce rubanement est marqué par l’alternance de niveaux centimétriques composés, d’une part, de hornblende et de plagioclase et, d’autre part, de hornblende, de clinopyroxène et de plagioclase. Par endroits, les enclaves sont partiellement assimilées, donnant lieu à des schlierens de biotite-hornblende-magnétite. L’alternance de schlierens noirs et de phases granodioritiques gris-rose, granitiques roses et dioritiques gris foncé à l’intérieur de la tonalite gris pâle confère aux affleurements une structure hétérogène.