Pluton de Valentin
Étiquette stratigraphique : [narc]val
Symbole cartographique : nAval
 

Première publication :  
Dernière modification : 

 

 

 

 

 

 

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
 Aucune
 
Auteur(s) :
Bell, 1936
Âge :
Néoarchéen 
Stratotype :
Aucun
Région type :
Région de Val-d’Or (feuillet SNRC 32C04)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Sous-province de l’Abitibi
Lithologie :Diorite, monzodiorite quartzifère, granodiorite
Catégorie :
Lithodémique
Rang :
Lithodème
Statut :Formel
Usage :Actif

 

 

 

 

 

 

 

Historique

Ce pluton a d’abord été évoqué en 1936 dans un rapport de L.V. Bell (1936b) à la suite de travaux de cartographie effectués au nord du canton de Dubuisson (feuillet SNRC 32C04).  Il décrit l’intrusion comme un massif granitique avec certains faciès basiques montrant une plongée vers le NE. Un second rapport de Bell (1936a), plus étoffé, décrit ce pluton comme un granite à albite, une diorite et une hornblendite. Il suggère que ces différents types de roches feraient tous partie d’une seule et même masse intrusive et représenteraient différentes phases de celle-ci. Selon lui, la variation en composition, notamment visible près du contact entre le pluton et les laves de la Formation de Jacola (nommée « Keewatin » à l’époque) près de son contact nord, serait due à une absorption et assimilation de la lave plus basique par la masse intrusive.

La forme de ce pluton rappelle grossièrement celle d’un cœur (Latulippe, 1958), une forme possiblement à l’origine du nom qui lui a été donné, soit le Pluton de Valentin. Une autre hypothèse, plus probable et réaliste, semblerait suggérer que cette appellation soit tirée du nom « Valentine Group ». En effet, sur la carte de Bell (1936a), on trouve les contours des propriétés minières de l’époque, dont celles de la société Teck-Hughes, détenteur des claims où se trouve ce pluton. Sur cette carte, la propriété est nommée « Valentine Group ».

Norman (1948) est le premier à indiquer cette masse plutonique sur sa carte préliminaire du canton de Cadillac, à l’ouest au canton de Bourlamaque. En 1952, Ingham publie une carte détaillée du NE du canton de Dubuisson où l’on peut observer une forme mieux définie pour ce pluton. Cette forme est comparable à celle qui est représentée sur les cartes actuelles. La composition principale indiquée varie de la granodiorite à la diorite. 

En 1984, une compilation géologique plus détaillée du feuillet 32C04 a été publiée par le Ministère de l’Énergie et des Ressources où l’on peut notamment observer la géologie du secteur, les contours d’affleurements, les nombreux trous de forages effectués, en plus des résultats significatifs et, finalement, les structures régionales interprétées (voir Lavoie et al., 1977). Également en 1984, Sauvé écrit un rapport sur la propriété de la mine Jacola. Il fait la description détaillée du pluton, étant donné sa proximité avec la mine étudiée. En 1986, Sauvé et al. l’interprètent comme une monzonite quartzifère dans la carte qui accompagne leur compilation des gîtes d’or du camp de Val-d’Or. Ce pluton porte l’appellation de Pluton de Valentin sur la carte de Pilote et Lacoste (2017).

Les premiers travaux d’exploration publiés sur la propriété correspondent à une série de sondages effectués par Teck Hughes Gold Mines en 1935 et 1936. Ils ont été complétés et leurs données publiées en 1945 (Wilson, 1945). Au total, 13 forages ont été foncés le long du contact nord de l’intrusion, pour une longueur totale de près de 1500 m. En 1945, East Sullivan Mines Ltd a effectué de nouveaux forages ainsi que l’approfondissement de certains trous des campagnes précédentes (Cooper et Dumont, 1945). Par la suite, quelques autres compagnies d’exploration ont pris le relais, dont Valdemaques Mines LTD ou Nordore, mais en général, les campagnes d’exploration ont été non concluantes (Latulippe, 1958). Seules quelques valeurs, dont 24,4 et 70 g/t Au sur 0,9 et 0,3 m respectivement, ont été interceptées par Melrose Exploration Ltd en 1980 dans des zones riches en veinules de quartz avec pyrite et chalcopyrite mises en place dans une portion cisaillée du pluton (Ingham, 1980; Lavoie et al., 1984). Ces résultats tendent à démontrer que ce pluton semblerait majoritairement stérile et ne susciterait pas l’intérêt des compagnies d’exploration minière. 

 

Description

Le Pluton de Valentin, dont la bordure est constituée de diorite, possède une composition plus potassique en son centre. Cette intrusion felsique est de teinte gris-blanc. Elle est composée essentiellement de feldspath (~70 %), de quartz et de minéraux ferromagnésiens, notamment de la biotite et de faibles proportions de hornblende (Bell, 1936a). La roche a un aspect bien préservé, de granulométrie fine à généralement moyenne (2-3 mm) et montre une texture équigranulaire. Une légère foliation est présente en bordure du pluton (Sauvé, 1984; Guay, 1988). Des enclaves mafiques généralement de petite dimension et riches en biotite (Sauvé et al., 1986) sont communément abondantes.

Ce pluton est nettement plus potassique que le Batholite de Bourlamaque (Sauvé, 1984; Sauvé et al., 1986; Sauvé et al., 1993). Malgré sa forte proximité avec ce dernier, le Pluton de Valentin se distingue notamment par sa texture plus finement grenue. De plus, les cristaux de plagioclase sont plus translucides que ceux du Batholite de Bourlamaque. Le Pluton de Valentin est marqué par la présence inégale de microcline et par l’abondance de biotite (Sauvé, 1984; Sauvé et al., 1986; Sauvé et al., 1993). Peu d’intrusifs du secteur de Val-d’Or contiennent de la microcline, mis à part les plutons d’East Sullivan et de Valentin. Dans le secteur de Malartic, du microcline a également été identifié dans le Pluton de Camflo.

En lame mince, la roche présente une texture granitique bien préservée et une très légère altération (Bell, 1936a). On observe >50 % de plagioclase, 5 à 20 % de microcline, jusqu’à 20 % de quartz et 5 % de biotite verte. Les grains de plagioclase sont essentiellement constitués d’albite hypidiomorphe et d’oligoclase sodique de 2 mm d’épaisseur, lesquels contiennent des cristaux de biotite verte et de séricite. La répartition uniforme de la biotite suggère que le plagioclase a été altéré (Sauvé, 1984; Sauvé et al., 1986; Sauvé et al., 1993). Le microcline est interstitiel avec une répartition irrégulière. Les grains montrent une texture pœcilitique, englobant de petits cristaux de plagioclase. Le quartz est également interstitiel. La biotite est visible en grains distincts de ~2 mm. Finalement, on observe également jusqu’à 5 % de biotite, muscovite, épidote, sphène, apatite, carbonate, chlorite en amas et quelques grains de zircon. Bell (1936a) note que la composition de la roche varie peu d’un endroit à l’autre, et remarque une plus forte proportion de biotite associée à une diminution dans l’abondance de quartz.

En général, la roche est plutôt fraîche. Cependant, on observe ponctuellement une faible altération en épidote, chlorite et carbonates. Une faible hématitisation très locale est également visible dans certaines veines de quartz (Guay, 1988). Selon Sauvé (1984), Sauvé et al. (1986) et Sauvé et al. (1993), la schistosité observée dans une lame mince provenant de zones cataclasées du faciès altéré est définie par l’orientation préférentielle de la séricite et de la biotite. Le quartz est alors lenticulaire et non interstitiel, comparativement aux zones fraîches. Le microcline est présent en plus grande proportion pour former des intercroissances irrégulières d’albite, possiblement en remplacement. La proportion variable des minéraux riches en potassium en lame mince souligne bien la mobilité de cet élément. Sauvé (1984) observe également un léger cisaillement en bordure de veinules de quartz aurifères. 

Certaines cartes plus anciennes, provenant des travaux de Bell (1936a) ou d’Ingham (1952), mentionnent une composition plus dioritique pour la partie NE de ce pluton. Selon Bell (1936b), cette diorite serait constituée de 60 % de hornblende en plus des mêmes composants que le reste de la masse intrusive, soit de la biotite, de l’albite et possiblement du quartz. Des zones également plus riches en hornblende apparaissent en dykes ou en intrusions dans les niveaux de basalte directement adjacents de la Formation de Jacola.

Les minéralisations en sulfures apparaissent généralement en faibles proportions (variant de traces à <1 %), autant en lame mince qu’à l’œil nu. On observe de la pyrite et pyrrhotine interstitielles à grains aphanitiques, des traces de galène (Guay, 1988) ainsi que des veines de quartz associées à de la pyrite et, localement, de la chalcopyrite, notamment dans les zones plus cisaillées situées au sud du pluton.

 

 

Épaisseur et distribution

Le Pluton de Valentin se situe à la limite ouest de la ville de Val-d’Or, dans le canton de Dubuisson (feuillet SNRC 32C04). Il se trouve 1,5 km au sud de la mine Stabell (Sauvé, 1984; Sauvé et al., 1986; Sauvé et al., 1993), soit 4 km au nord de la Faille de Cadillac et ~1 km au sud du contact avec le Batholite de Bourlamaque. Sa forme de cœur a un diamètre de ~1,5 km du nord au sud par 1 km d’est en ouest (Latulippe, 1958). 

Datation

Aucune.

Relation(s) stratigraphique(s)

Le Pluton de Valentin est une intrusion interprétée d’âge tardicinématique à postcinématique qui coupe les roches volcaniques et intrusives ultramafiques de la Formation de Jacola (Pilote et Lacoste, 2017). Quelques enclaves plutôt mafiques sont aussi observées. En bordure du pluton, des dykes et apophyses à texture porphyrique, dont la composition est comparable à sa composition générale, se trouvent injecté dans les volcanites encaissantes (Bell, 1936b). Certaines campagnes de cartographie suggèrent que ce pluton serait coupé par des zones de cisaillement de faible envergure, notamment au sud (Ingham, 1952; Ingham, 1974; Ingham, 1980). Selon Stephens (2010), le Pluton de Valentin serait bordé à l’est par une zone de cisaillement orientée NNE qui s’étendrait de la Faille de Cadillac jusqu’à la zone de faille située dans l’axe du lac Blouin.

Paléontologie

Ne s’applique pas.

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

BELL, L. V., 1936a. RAPPORT PRÉLIMINAIRE DE LA PARTIE NORD DU CANTON DE DUBUISSON, COMTE D’ABITIBI. MRN; RP 102, 13 pages.

BELL, L. V., 1936b. PARTIE NORD DE LA RÉGION DE DUBUISSON, COMTÉ D’ABITIBI. MRN; RASM 1935-B1, 71 pages, 7 plans.

COOPER, M., DUMONT, G. H., 1945. DIAMOND DRILL RECORD. EAST SULLIVAN MINES LTD, SULLIVAN CONSOLID MINES LTD, QUEBEC MINING EXPLORERS LTD, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 01843-B, 66 pages.

GUAY, P., 1988. RAPPORT DE CARTOGRAPHIE, PROPRIÉTÉ DUBUISSON, BLOC SUD. RESSOURCES STABELL INC, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 48391, 31 pages, 1 plan.

IMREH, L., 1984. SILLON DE LA MOTTE-VASSAN ET SON AVANT-PAYS MÉRIDIONAL: SYNTHÈSE VOLCANOLOGIQUE, LITHOSTRATIGRAPHIQUE ET GÎTOLOGIQUE. MRN; MM 82-04, 85 pages, 3 plans.

INGHAM, W. N., 1952. QUART NORD-EST DU CANTON DE DUBUISSON, COMTÉ D’ABITIBI-EST. MRN; DUBUISSON NE, 1 plan.

INGHAM, W. N., 1974. GEOLOGY AND MINING POTENTIAL, GOLD PROPERTY. NORDORE MINING CO LTD, CLAIMS INGHAM, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 30612, 9 pages, 2 plans.

INGHAM, W. N., 1980. DIAMOND DRILL RECORD, MELROSE EXPLORATIONS PROPERTY. MELROSE EXPLS LTD, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 36996, 36 pages, 1 plan.

LAVOIE, C., LAROUCHE, G., MASTERMAN, P.C., 1977. Carte de compilation géoscientifique – 032C/04-104. Dans: MER, 1984. CARTE DE COMPILATION GÉOSCIENTIFIQUE – 032C/04. CG 032C/04, 16 plans.

LATULIPPE, M., 1958. INFORMATION REPORT. VALDEMAQUE MINES LTD, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 06416-B, 3 pages.

PILOTE, P., LACOSTE, P., 2017. COMPILATION GÉOLOGIQUE – VAL-D’OR. MERN; CG-2016-11, 2 plans.

SAUVÉ, P., 1984. GÉOLOGIE DE LA MINE D’OR JACOLA OU GREENE-STABELL, VAL-D’OR, QUEBEC. I R E M; MB 85-15, 44 pages.

SAUVÉ, P., PERRAULT, G., TRUDEL, P., 1986. COMPILATION ET DONNÉES NOUVELLES SUR LES GÎTES D’OR DU CAMP MINIER DE VAL-D’OR. MRN; MB 86-24, 131 pages, 1 plan.

SAUVÉ, P., IMREH, L., TRUDEL, P., 1993. DESCRIPTION DES GÎTES D’OR DE LA RÉGION DE VAL-D’OR. MRN; MM 91-03, 198 pages, 1 plan.

STEPHENS, J., 2010. FINAL REPORT ON ACTIVITIES, 2008-2009, PROJECT LAC BLOUIN. SOCIÉTÉ MINIÈRE RIVIÈRE HARRICANA INC, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 65178, 1022 pages, 30 plans.

WILSON, H. S., 1945. DIAMOND DRILL RECORD, VALENTINE GROUP. TECK-HUGHES GOLD MINES LTD, rapport statutaire soumis au gouvernement du Québec; GM 01054, 12 pages.

 

Citation suggérée

Ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Pluton de Valentin. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/pluton-de-valentin [cité le jour mois année].

 

Collaborateurs

Première publication

Christine Vézina, géo. stag., M. Sc. christine.vezina@mrnf.gouv.qc.ca; Pierre Pilote, ing. M.Sc.A. (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D.; Céline Dupuis, géo., Ph. D. (coordination); James Morrhead, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 

 

 

15 mars 2024