Le Pluton de la Baie Dunlop, du nom d’une baie du lac Matagami (feuillet SQRC 32F13-200-0102), est identifié par Auger (1942) et Longley (1943); ce dernier lui a originellement donné le nom de « Massif d’intrusion Dunlop ». Beaudry et Gaucher (1986) introduisent le nom officiel de Pluton de la Baie Dunlop et décrivent des roches de composition intermédiaire à felsique, équigranulaires, non foliées et xénolitiques par endroits (voir le tableau ci-dessous). L’intrusion est associée à des veines de quartz minéralisées en Au-Ag-Cu-Mo-Bi (feuillet 32F13-200-0102; Hawley, 1993). Dans leurs travaux de compilation du feuillet 32F13-200-0102, Grant et Martel (2000) subdivisent le Pluton de la Baie Dunlop en six unités informelles sur la base des lithologies identifiées par Beaudry et Gaucher (1986) (voir le tableau ci-dessous). Quelques années plus tard, la portion orientale du pluton (feuillet 32F14-200-0101) est décrite uniquement comme de la diorite (Goutier et al.,2004; Goutier et Ouellet, 2004). Dans leur révision de la géologie de la région de Matagami, Pilote et al. (2022) définissent deux lithologies principales associées à trois unités informelles : de la tonalite à hornblende (nAbdu1), de la tonalite à hornblende et biotite (nAbdu2) ainsi que de la diorite et de la diorite quartzifère (nAbdu3). Suite à des observations en forage (Bernard et Des Rivières, 1982; Schmitt, 2007), une composition syénitique locale est ajoutée à l’unité nAbdu3 dans le cadre de la rédaction de cette fiche stratigraphique.

Le Pluton de la Baie Dunlop est multiphasé, les roches en bordure étant plus mafiques que celles plus près du centre de l’intrusion (Beaudry et Gaucher, 1986; Pilote et al., 2022). Le pluton est ainsi divisé en trois unités principales (Pilote et al., 2022). L’unité nAbdu2, située au cœur du pluton, est constituée de tonalite à hornblende et biotite. L’unité nAbdu1, formée de tonalite à hornblende, entoure cette phase centrale. La phase nAbdu3 se situe en périphérie du pluton et comprend de la diorite et de la diorite quartzifère. De la syénite est observée en forage dans cette dernière phase (nAbdu3). L’intrusion est peu déformée (Beaudry et Gaucher, 1986; Goutier et al., 2004; Pilote et al., 2022) et les roches qui la composent sont équigranulaires et montrent des textures ignées bien développées, dont du litage magmatique (Beaudry et Gaucher, 1986). Les lithologies constituantes sont communément peu altérées, l’altération se limitant à la saussuritisation du plagioclase et à la chloritisation de la biotite, aux endroits où elle est présente (Beaudry et Gaucher, 1986).

Pluton de la Baie Dunlop 1 (nAbdu1) : Tonalite à hornblende

La tonalite à hornblende (nAbdu1) est blanche à gris clair en surface fraiche et grise à gris rosé en surface altérée (Genest, 1989). La granulométrie est moyenne à grossière au contact de l’unité nAbdu2, et devient plus fine vers le centre de l’unité. La tonalite comprend du plagioclase saussuritisé, du quartz fumé et des minéraux ferromagnésiens chloritisés. La roche est foliée et coupée par des veines millimétriques de quartz, chlorite, carbonate et épidote. La pyrite et la pyrrhotite se situent essentiellement dans les veines, en plus d’être localement disséminées ou en amas. La chalcopyrite est disséminée et en traces

Pluton de la Baie Dunlop 2 (nAbdu2) : Tonalite à hornblende et biotite

La tonalite à hornblende et biotite (nAbdu2) est massive et de granulométrie moyenne à grossière (Borduas, 1989). La couleur est variable : grise à blanche en l’absence d’altération, elle prend une teinte rose à rouge sur les affleurements hématitisés, verdâtre en présence d’épidotisation et grisâtre dans les roches carbonatées. La tonalite est composée de plagioclase, de hornblende, de quartz, d’épidote, de magnétite et de pyrite. Elle est coupée par des veinules millimétriques de quartz-carbonate-chlorite ± tourmaline et est affectée par une minéralisation de pyrite et de chalcopyrite disséminées ainsi que des veinules millimétriques d’épidote, de quartz-hématite, de chlorite et de fluorine. La tonalite contient des enclaves centimétriques de diorite porphyroïde avec une matrice à grain fin à moyen.

Pluton de la Baie Dunlop 3 (nAbdu3) : Diorite et diorite quartzifère, localement syénite

La diorite vert foncé présente une granulométrie moyenne à grossière avec quelques zones pegmatitiques sur quelques centimètres d’épaisseur (Consolidated Virginia Mining Corporation, 1965; Schmitt, 2007). Elle contient des phénocristaux de feldspath rosé et montre une faible altération en chlorite. La diorite comprend une minéralisation de pyrite, pyrrhotite et chalcopyrite sous forme disséminée et dans des veines de quartz d’épaisseur centimétrique (1 à 2 cm). Des dykes tonalitiques (nAbdu1 ou nAbdu2), composés à 90 % de plagioclase et de quartz et à 10 % de minéraux ferromagnésiens, coupent la phase dioritique.

La diorite quartzifère comprend 5 % de quartz sous forme de cristaux xénomorphes (≤3 mm), 40 % de plagioclase verdâtre (5 mm) et 55 % de minéraux ferromagnésiens chloritisés (Bernard et Des Rivières, 1982). La calcite et la pyrite sont observées en traces.

La syénite, décrite uniquement en forage (N.A.-82-1 et ID-06-06), est gris-blanc à gris rosé et à grain grossier (Bernard et Des Rivières, 1982; Schmitt, 2007). Elle est composée de 70 à 80 % de feldspaths subautomorphes (1 à 4 mm), 20 à 30 % de minéraux ferromagnésiens et ≤3 % de leucoxène. Elle présente une faible altération en hématite, ainsi que quelques zones séricitisées, silicifiées ou encore caractérisées par des altérations à épidote, chlorite et carbonates. La syénite est coupée par des veinules millimétriques de quartz-carbonate ou d’épidote avec une minéralisation de pyrite disséminée. Cette phase comprend des enclaves de basalte de 1 à 30 cm provenant de l’encaissant.