Groupe de Colomb-Chaboullié  
Étiquette stratigraphique : [narc]cch
Symbole cartographique : nAcch
 

Première publication : 31 octobre 2022
Dernière modification : 

 

 

 

 

Subdivision(s) informelle(s)
La numérotation ne reflète pas nécessairement la position stratigraphique.
 
nAcch8 Conglomérat polygénique
nAcch7 Paragneiss à biotite-hornblende ± grenat
nAcch6 Formation de fer et quartzite rubanés
nAcch5 Péridotite et pyroxénite
nAcch4 Gabbro et gabbronorite
nAcch3 Roche volcanoclastique felsique et intermédiaire (andésite, dacite, rhyodacite et ryholite)
nAcch2 Roche volcanique intermédiaire porphyrique
nAcch2a Andésite coussinée, localement porphyrique; niveaux de tuf intermédiaire à felsique
nAcch1 Basalte et basalte andésitique amphibolitisés
 
Auteur(s) :
Bandyayera et Daoudene, 2017
Âge :
Néoarchéen
Stratotype :
Affleurement de référence 2015-YD-2133
Région type :
Secteur situé au NW du lac Chaboullié, qui s’étend jusqu’au lac Lavau, en passant par le lac Colomb (feuillets SNRC 32K13, 32N03 et 32N04)
Province géologique :
Subdivision géologique :
Lithologie : Roches volcano-sédimentaires
Catégorie :
Lithostratigraphique
Rang :
Groupe
Statut : Formel
Usage : Actif

 

 

Historique

Le Groupe de Colomb-Chaboullié a été introduit au début des années 2000 lors des travaux de compilation des sous-provinces de Nemiscau et de La Grande, pour décrire une bande de roches volcano-sédimentaires (Ceinture de Colomb-Chaboullié) qui marque le contact entre les roches métasédimentaires migmatitisées de la Sous-province de Nemiscau au nord, et l’ensemble intrusif de la Sous-province d’Opatica au sud. Il a été cartographié pour la première fois au début des années 1960 à l’ouest du lac Colomb et au NW du lac Chaboullié (feuillets 32K13 et 32N04; Remick, 1963), et au sud de la rivière Broadback, dans la région du lac Naquiperdu (feuillet 32N03; Gillain, 1964 et 1965). Récemment, l’unité a été cartographiée à l’échelle 1/50 000 par Bandyayera et Daoudene (2017) dans la région située entre les lacs Chaboullié et Lavau (feuillets 32K13, 32N03 et 32N04).

Description

Le Groupe de Colomb-Chaboullié est constitué de roches volcaniques et volcanoclastiques à la base, comprenant des filons-couches mafiques et ultramafiques, surmontées de roches sédimentaires au sommet. Cet ensemble correspond à la Ceinture de roches vertes de Colomb-Chaboullié et se distingue des roches environnantes par une texture magnétique rubanée sur les cartes aéromagnétiques (Lavoie, 2017). Ce groupe est affecté par plusieurs corridors de déformation orientés NE-SW à E-W, au sein desquels le basalte et le basalte andésitique sont transformés en amphibolite, localement rubanée, caractérisée par des alternances de bandes vert foncé ou noires plus riches en hornblende, d’une part, et de bandes grisâtres plus riches en plagioclase, d’autre part. Par endroits, les roches rubanées représentent des roches volcanoclastiques litées fortement déformées, dont la composition varie d’intermédiaire à felsique.

Des études ciblées ont été réalisées sur les roches volcaniques (Galloway et al., 2018 et 2019) et les filons-couches mafiques et ultramafiques (Tague, 2019) dans le cadre de projets de maîtrise. Les subdivisions et les descriptions du Groupe de Colomb-Chaboullié sont basées sur les travaux de Remick (1963), de Gillain (1964 et 1965), de Bandyayera et Daoudene (2017), de Galloway et al. (2019) et de Tague (2019). Le Groupe de Colomb-Chaboullié est subdivisé en huit unités informelles :1) basalte et basalte andésitique amphibolitisés; 2) roche volcanique intermédiaire porphyrique; 3) roche volcanoclastique felsique et intermédiaire; 4) gabbro; 5) péridotite et pyroxénite; 6) formation de fer et quartzite rubanés; 7) paragneiss à biotite et hornblende; 8) conglomérat polygénique.

Groupe de Colomb-Chaboullié 1 (nAcch1) : basalte et basalte andésitique amphibolitisés

L’unité de basalte et de basalte andésitique amphibolitisés représente 80 % des roches du Groupe de Colomb-Chaboullié. Les affleurements représentatifs sont localisés au nord du lac Chaboullié, au nord et au NW du lac Colomb, et au sud de la rivière Broadback (p. ex. affleurements 2015-YD-2133 et 2016-SG-3536). La roche est finement grenue, gris verdâtre en cassure fraiche et à patine d’altération vert foncé à noire, localement gris beige. Cette unité comprend des laves coussinées et massives, et des brèches de coulées par endroits. Dans certains secteurs, on retrouve une alternance de coulées métriques de basalte et de basalte andésitique coussinés en alternance avec des laves massives. Les coussins sont couramment allongés et aplatis, et montrent des bordures hyaloclastiques bien préservées de couleur noire. Par endroits, les bordures de laves ou de coussins sont altérées et lessivées, donnant à la roche une patine gris blanchâtre. Les laves massives peu déformées contiennent localement des fentes de refroidissement discontinues, généralement en relief positif et plus ou moins épidotitisées. Les bordures de coussins ou de coulées peuvent contenir de 5 à 10 % de grenat, 5 % de biotite et jusqu’à 15 % de sulfures disséminés à localement massifs. Des minéralisations aurifères et polymétalliques synvolcaniques sont observées au sein de ces roches volcaniques basaltiques, dont la plus importante est la zone minéralisée du Lac Marcaut.

Les affleurements de basalte coussiné bien préservés observés dans la partie NE de la région sont communément caractérisés par la présence de structures vésiculaires et amygdalaires, concentrées localement au sommet des coussins. Par endroits, les vésicules et les amygdules sont bien préservées; elles sont généralement peu aplaties ou étirées. Les vésicules au sommet des coussins et les pédoncules à leur base ont permis de déterminer que le sommet stratigraphique de la séquence volcanique est orienté vers le sud. Cette polarité avait été également observée par Gillain (1963) dans la région du lac Naquiperdu (demie nord du feuillet 32N03). Un pli régional synclinal déversé vers le sud, dont le cœur se compose de l’unité de conglomérat polygénique (nAcch8), est interprété au milieu de l’unité nAcch1.

En lame mince, les roches de l’unité nAcch1 montrent une granulométrie fine à très fine et une structure généralement nématoblastique à granonématoblastique. Elles sont essentiellement composées d’amphiboles (hornblende, actinote ou trémolite), qui représentent plus 50 % de la roche, et de plagioclase (40 %). Dans les faciès de bas à moyen grade métamorphique, la chlorite et l’épidote sont courantes. Le quartz et la biotite constituent des minéraux secondaires dans ces roches mafiques qui ont atteint le faciès métamorphique des schistes verts supérieur à celui des amphibolites. Des minéraux accessoires ou d’altération tels que la séricite, la calcite, la titanite et les sulfures sont également observés.

L’unité nAcch1 est d’affinité tholéiitique à transitionnelle.

Groupe de Colomb-Chaboullié 2 (nAcch2) : roche volcanique intermédiaire porphyrique

L’unité nAcch2 est formée de bandes de roches volcaniques porphyriques ou massives, intermédiaires (andésite à basalte andésitique) et d’affinité calco-alcaline à localement transitionnelle. L’unité nAcch2 est localisée au sommet des basaltes amphibolitisés (nAcch1), ou localement interstratifiée avec ces derniers. La roche est caractérisée par la présence de 10 à 30 % de phénocristaux automorphes à subautomorphes de plagioclase, disséminés dans une matrice massive et finement à moyennement grenue, de couleur grisâtre et à patine d’altération beige. Ces phénocristaux sont localement zonés et leur taille varie de 1 à 5 mm, et peut atteindre par endroits 1 cm. On observe également des amas arrondis gloméroporphyriques formés de plagioclase et d’épidote. Par endroits, l’alignement de phénocristaux de plagioclase dans une lave andésitique peu déformée donne à la roche une structure trachytique. L’unité contient localement des glomérophénocristaux de hornblende (5 à 8 %; 5 mm). L’étude en lame mince montre la présence d’amphibole, de plagioclase, de chlorite, de biotite, d’épidote, de quartz, de zircon et d’oxydes de fer. La matrice est formée d’un mélange très finement cristallisé de plagioclase et de quartz. Les phénocristaux de plagioclase sont communément recristallisés et altérés en séricite et variablement corrodés.

Groupe de Colomb-Chaboullié 2a (nAcch2a) : andésite coussinée, localement porphyrique; niveaux de tuf intermédiaire à felsique

La sous-unité Acch2a regroupe un ensemble de roches volcaniques coussinées de composition andésitique et d’affinité calco-alcaline. Contrairement à l’unité nAcch2, la sous-unité nAcch2a est caractérisée par des laves andésitiques coussinées avec <10 % de phénocristaux de plagioclase et par l’absence de glomérophénocristaux de hornblende. La matrice est finement recristallisée, foliée et composée d’amphibole ± biotite ± chlorite. Les coussins, dont la taille peut atteindre un mètre, sont jointifs et allongés.

On observe également des niveaux métriques à décamétriques de tuf à cendres et à cristaux, lité et de composition intermédiaire à felsique, qui sont décrits par endroits dans la littérature sous le nom de microgneiss d’origine sédimentaire (Gillain, 1964). Ces tufs lités sont caractérisés par l’alternance de lits millimétriques à centimétriques de roche volcanoclastique généralement intermédiaire, localement felsique.

Groupe de Colomb-Chaboullié 3 (nAcch3) : roche volcanoclastique felsique et intermédiaire (andésite, dacite, rhyodacite et ryholite)

L’unité nAcch3 forme des lentilles ou horizons concordants kilométriques et interstratifiés avec la séquence basaltique (nAcch1); elle contient par endroits des enclaves métriques de basalte amphibolitisé, massif ou coussiné. L’ensemble volcanoclastique est constitué de tufs à lapillis et à blocs, de tufs à cristaux et de tufs fins de composition felsique à intermédiaire (andésite, rhyodacite, dacite et localement rhyolite), d’affinité calco-alcaline, et qui proviendraient d’une source profonde (Galloway et al., 2018).

Le tuf felsique est blanchâtre ou gris blanchâtre en surface altérée et gris verdâtre à vert foncé en cassure fraiche, et localement porphyrique. La matrice est séricitisée, chloritisée, riche en plagioclase et localement grenatifère. Cette roche volcanoclastique est généralement finement laminée à rubanée. Le rubanement est mis en évidence par une altération différentielle qui montre en relief positif des rubans centimétriques leucocrates riches en plagioclase, en alternance avec des rubans sombres en relief négatif et riches en minéraux ferromagnésiens. Le tuf à grain fin est typiquement finement laminé et montre une cassure conchoïdale. Le tuf à cristaux contient jusqu’à 15 % de phénocristaux arrondis de quartz gris foncé. Certains niveaux de tuf felsique sont caractérisés par la présence de phénocristaux corrodés de quartz et de feldspath dans une matrice principalement feldspathique, altérée en séricite.

Le tuf à lapillis et à blocs est plus hétérogène; la composition des fragments varie de felsique à intermédiaire. Ces fragments forment 20 à 40 % de la roche et sont généralement étirés et alignés parallèlement à la foliation régionale. Le tuf intermédiaire est caractérisé par une matrice de composition intermédiaire, chloritisée et amphibolitisée. Les blocs et les lapillis sont de composition intermédiaire à felsique. Les fragments felsiques constituent jusqu’à 40 % de la roche. Par endroits, la matrice et les fragments sont fortement altérés en grenat (jusqu’à 20 % de la roche), ce qui suggère une forte altération hydrothermale et alumineuse. Ces grenats sont localement déformés et étirés.

En lame mince, le tuf intermédiaire à felsique est granoblastique, principalement composé de quartz, de plagioclase et de biotite, et dans de moindres proportions, d’amphibole (hornblende, actinote ou les deux), de chlorite, de biotite et de muscovite. Cette unité contient localement d’importantes proportions de grenat (20 %), qui se présente sous la forme de larges grains pœciloblastiques. L’épidote, l’apatite, la titanite et les sulfures sont des minéraux accessoires communément observés.

Groupe de Colomb-Chaboullié 4 (nAcch4) : gabbro et gabbronorite

Le Groupe de Colomb-Chaboullié contient des intrusions de gabbro qui sont regroupées dans l’unité nAcch4, et qui sont associées à des anomalies aéromagnétiques positives orientées NE à EW (D’Amours, 2011). Ces intrusions mafiques forment des corps allongés, lenticulaires et concordants au milieu ou à la base de l’unité de basalte (nAcch1), ce qui semble indiquer que plusieurs d’entre elles représentent des filons-couches synvolcaniques. Elles s’étendent sur une longueur de 2 km à 26 km et une largeur de 200 m à 3 km. Ces intrusions mafiques abritent plusieurs teneurs anomales et minéralisations magmatiques et hydrothermales en Ni-Cu-EGP, dont certaines sont à EGP dominants (±Cr ± Au ± Ni ± Cu) (p. ex. zones minéralisées de Horden et de Lac Davreau ouest).

À première vue, les roches mafiques sont massives et homogènes. Un examen plus poussé montre cependant un degré de déformation plus ou moins intense. Au contact avec les roches plutoniques de la Sous-province d’Opatica, le long de la Zone de cisaillement de Colomb, les roches sont fortement déformées et cisaillées. Au cœur de ces intrusions, on observe un alignement primaire de minéraux et, par endroits, un litage magmatique caractérisé par une alternance de niveaux centimétriques de péridotite, de pyroxénite, de gabbro et de gabbronorite. L’unité nAcch4 comprend également un ensemble de roches mafiques amphibolitisées, de composition généralement gabbronoritique, vert grisâtre à vert foncé en surface altérée et noir verdâtre ou gris foncé en cassure fraiche. Elles sont moyennement à grossièrement grenues, localement pegmatitiques et foliées. Les minéraux ferromagnésiens (pyroxène amphibolitisé) constituent 40 à 60 % de la roche et sont généralement en relief positif, ce qui rend la patine d’altération très rugueuse et vert foncé. Les roches de l’unité nAcch4 montrent généralement une structure granonématoblastique à grain grossier et à tendance porphyroblastique. Cependant, certaines phases, en particulier celles qui sont les moins déformées, montrent des reliques d’une structure ophitique ou subophitique. Par endroits, on observe un gabbro pegmatitique contenant des cristaux squelettiques de hornblende pouvant atteindre 5 cm de longueur, dont l’agencement perpendiculaire au litage donne à la roche une structure de type crescumulat.

En lame mince, on observe du plagioclase, de l’amphibole et de la chlorite. L’amphibole est soit de variété hornblende, soit actinote-trémolite, ou un mélange des deux. Celle-ci est issue de la pseudomorphose de l’orthopyroxène et du clinopyroxène, lesquels sont rarement préservés. La biotite est couramment observée, tandis que l’épidote, la titanite et les sulfures représentent les minéraux accessoires les plus courants.

Groupe de Colomb-Chaboullié 5 (nAcch5) :  péridotite et pyroxénite

Le Groupe de Colomb-Chaboullié contient des roches intrusives ultramafiques (péridotite et pyroxénite, harzburgite, lherzolite, webstérite à olivine, webstérite) regroupées dans l’unité nAcch5 et associées à des anomalies aéromagnétiques positives orientées NE à EW. Ces dernières sont étroitement associées spatialement aux intrusions mafiques de l’unité nAcch4. La minéralogie normative montre qu’elles sont formées de harzburgite, de lherzolite, de webstérite à olivine et de webstérite. Ces intrusions ultramafiques forment des corps allongés, lenticulaires et concordants au milieu ou à la base de l’unité de basalte (nAcch1), ce qui semble indiquer que plusieurs d’entre elles représentent des filons-couches synvolcaniques. Elles s’étendent sur 200 m à 3 km de largeur et 2 km à 12 km de longueur.

L’unité nAcch5 abrite plusieurs teneurs anomales et minéralisations magmatiques et hydrothermales de Ni-Cu dominants (± Co ± EGP), dont le plus important est le gîte de Ni-Cu-EGP de Horden.

Les roches ultramafiques de l’unité Acch5 sont généralement magnétiques. Elles sont caractérisées par une patine d’altération brun orangé et une cassure fraiche vert foncé à noire. La surface brunâtre des affleurements est parcourue de fractures de refroidissement organisées selon des motifs losangiques ou formant des joints polygonaux. Ces fractures en relief négatif renferment de la serpentine, du talc, de la trémolite et de la magnétite. Des veinules de magnétite et de serpentine sont couramment observées dans la phase péridotitique. Par endroits, on observe également des stockwerks de veines et de veinules à magnétite et serpentine, dont les relations de recoupement montrent qu’ils appartiennent à au moins trois générations. Les veines précoces sont zonées, avec de la magnétite au centre et des épontes centimétriques de serpentine et d’hématite.

En lame mince, on observe des agrégats d’amphibole, de serpentine, de chlorite, de biotite et d’épidote. Le quartz et la séricite représentent des minéraux accessoires. La forme de ces agrégats laisse deviner des pseudomorphoses de pyroxène, lesquelles ont été presque complètement oblitérées. Le plagioclase ne dépasse pas 20 % du total des minéraux de la roche.

Les observations détaillées en affleurement montrent qu’une partie des péridotites possèdent des caractéristiques typiques d’une coulée de komatiite (Tague, 2019). Dans la partie NE du Groupe Colomb-Chaboullié, on note la présence de spinifex sous la forme de lamelles plates et aciculaires d’olivine et de clinopyroxène, celles-ci étant plus ou moins parallèles entre-elles et orientées perpendiculairement à la direction d’écoulement de la lave. Par endroits, la disposition de fractures de refroidissement selon un réseau jointif laisse supposer la mise en place de plusieurs coulées (métriques à décamétriques) en forme de tubes, avec un aspect de coulée komatitiique bréchifiée. Ces tubes forment des lentilles d’aspect bombé montrant des terminaisons latérales qui s’amincissent fortement en pointes.

En lame mince, les komatiites ont en grande partie un assemblage minéralogique secondaire. Il reste quelques reliques de minéraux primaires (olivine légèrement brunâtre) dont les structures originelles sont rarement conservées. On note principalement cinq phases dont les proportions sont exprimées en pourcentage modal : l’olivine (5 à 15 %), la serpentine (20 à 40 %), la chlorite (20 à 30 %), l’amphibole (25 à 45 %) et les minéraux opaques (5 à 10 %).

Groupe de Colomb-Chaboullié 6 (nAcch6) : formation de fer et quartzite rubanés

L’unité nAcch6 comprend des niveaux de formation de fer et de quartzite rubanés, typiquement à patine d’altération rouille, qui sont généralement interstratifiés avec les roches volcaniques et volcanoclastiques ainsi que les paragneiss du Groupe de Colomb-Chaboullié. Le niveau le plus important est localisé au nord des lacs des Pointes et Chaboullié et correspond à une forte anomalie rectiligne rubanée.

L’unité nAcch6 est formée de deux unités distinctes de quartzite et de roches riches en quartz et magnétite, interstratifiées et non cartographiables séparément à l’échelle régionale. La formation de fer, massive à rubanée, est généralement à oxydes et localement à sulfures. Le faciès rubané consiste en alternances de fines lamines ou rubans de magnétite avec des rubans de quartzite. Par endroits, la magnétite est massive et forme des horizons d’épaisseur métrique. Les rubans de magnétite contiennent par endroits des niveaux riches en minéraux ferromagnésiens (amphibole verte). La formation de fer à sulfures contient jusqu’à 35 % de sulfures, essentiellement de la pyrrhotite massive dans une matrice de grunérite, et forme des niveaux métriques au sein de la formation de fer rubanée. Des lits riches en minéraux ferromagnésiens, ainsi que des roches métasédimentaires très riches en chlorite, sont également observés au sein de la formation fer. Ces lits contiennent couramment des détritus finement grenus de roche volcanoclastique.

Le quartzite blanchâtre tacheté de rouille se présente sous la forme de lentilles décamétriques interlitées avec la formation de fer. La roche est moyennement grenue, généralement rubanée et à cassure conchoïdale. Elle se compose à 90 % de cristaux de quartz recristallisés, avec de la chlorite, de la séricite, de la biotite et de l’actinote. Le rubanement montre une alternance de rubans gris foncé riches en quartz et de rubans de roches métasédimentaires riches en chlorite et amphibole. Le quartzite renferme également de la pyrite et de la pyrrhotite (2 à 10 %) disséminées ou en veinules, ainsi que de la magnétite (2 %).

Groupe de Colomb-Chaboullié 7 (nAcch7) : paragneiss à biotite-hornblende ± grenat

L’unité nAcch7 est formée de paragneiss à biotite-hornblende dérivé de grès ferrifère, et localement de paragneiss à biotite-grenat, gris à gris brunâtre en surface altérée et gris moyen en cassure fraiche, finement à moyennement grenu, lépidoblastique et peu déformé. Le paragneiss montre par endroits des structures primaires de laminations parallèles, caractérisées par une alternance de rubans centimétriques à décimétriques, à biotite et à biotite et hornblende. Contrairement à la majorité des paragneiss du Nemiscau, les paragneiss du Groupe de Colomb-Chaboullié ne présentent aucune évidence de fusion partielle. La roche est injectée localement par du granite blanc à biotite, muscovite et tourmaline, qui contient des enclaves de paragneiss. L’examen microscopique montre que les paragneiss sont riches en biotite (15 à 20 %), en hornblende (5 à 15 %), et ils peuvent renfermer un peu de muscovite. Ils contiennent généralement plus de plagioclase que de quartz. Il est commun d’observer de la cordiérite dans l’unité nAcch7, qui se présente sous la forme de larges pœciloblastes aplatis parallèlement à la foliation de la roche. Un échantillon de paragneiss a également révélé la présence d’andalousite, disposée en fragments le long des plans de la foliation. La tourmaline, l’apatite et le zircon sont des minéraux accessoires communément observés dans ces paragneiss.

La bande de l’unité Acch7 localisée dans la partie SW du Groupe de Colomb-Chaboullié, au NW du lac Chaboullié (feuillet 32K13), contient des paragneiss à biotite et grenat fortement déformés. Le grenat (5 %), de couleur rose ou rouge, se présente sous la forme de pœciloblastes millimétriques à centimétriques craquelés et à inclusions de biotite et de quartz. Le paragneiss est coupé par des injections concordantes de granite pegmatitique à schlierens de biotite, en plus de montrer une structure graphique et de renfermer des enclaves de paragneiss. La roche au contact entre le paragneiss et les injections de granite est très irrégulière, hétérogranulaire et enrichie en minéraux ferromagnésiens.

Groupe de Colomb-Chaboullié 8 (nAcch8) : conglomérat polygénique

Le conglomérat polygénique forme une mince bande allongée de 400 m sur 5 km au milieu de la séquence volcanique du Groupe de Colomb-Chaboullié, dans la partie centrale de la région du lac Ouasouagami (feuillet 32N03). Les polarités observées dans les basaltes coussinés de ce secteur indiquent que le conglomérat occupe le cœur d’une structure synclinale située au milieu de la séquence volcano-sédimentaire. L’unité de conglomérat polygénique (nAcch8) est caractérisée par la prédominance de fragments flottants, par endroits jointifs, mal triés, arrondis ou subarrondis, dans une matrice de paragneiss à biotite fortement déformée et schisteuse. Les fragments se composent à 50 % à 80 % de granitoïdes finement à moyennement grenus, 1 % à 10 % de roches mafiques finement grenues et 1 % de chert. Parmi ces fragments, on retrouve des clastes centimétriques de granitoïdes déformés contenant des veines de quartz, probablement dérivés de l’érosion des unités intrusives déformées de la Sous-province d’Opatica. Certains fragments felsiques sont finement grenus et pourraient provenir de roche volcanique felsique. Le diamètre des fragments varie de quelques dizaines de centimètres à 30 cm. Le conglomérat étant généralement déformé, la foliation se moule autour des clastes felsiques, tandis que les clastes mafiques sont fortement aplatis et suivent une foliation E-W.

Épaisseur et distribution

Le Groupe de Colomb-Chabouillé s’étend en direction NE et E-W sur une longueur de 81,5 km et une largeur de 7 km, depuis l’ouest du lac Chaboullié au SW (feuillet 32K13), jusqu’au NE du lac Giffard (feuillet 32N02). Il est à noter que le secteur de la rivière Ouasouagami (feuillet 32N03) ne montre aucun affleurement rocheux sur une étendue de 2 km sur 12 km. L’extension du Groupe de Colomb-Chaboullié dans ce secteur a donc été interprétée à partir de la signature magnétique.

Datation

Deux échantillons provenant des roches volcanoclastiques felsiques, de composition rhyodacitique, ont été datés. Les zircons les plus jeunes ont donné des âges de 2756,8 ±4,4 Ma et de 2760,3 ±6,4 Ma, interprétés comme l’âge de l’épisode volcanique du Groupe de Colomb-Chaboullié. Des âges d’héritage qui varient de 2780 Ma à 3120 Ma laissent supposer que le Groupe de Colomb-Chaboullié se serait déposé sur un socle archéen représenté par le Pluton du Lac Rodayer (2820 Ma; Davis et al., 1994).

Unité Numéro d’échantillon Système isotopique Minéral Âge de cristallisation (Ma) (+) (-) Âge d’héritage (Ma) (+) (-) Référence(s)
nAcch3 2015-RP-6107A U-Pb Zircon 2756,8 4,4 4,4 2790 5 4 David, 2018
2015-SB-4157A U-Pb Zircon 2760,3 6,4 6,4 2780    
      2820    
      3010    
      3120    

Relations stratigraphiques

Le Groupe de Colomb-Chaboullié est localisé à la limite sud de la sous-province métasédimentaire de Nemiscau, au contact avec le socle tonalitique constitué du Pluton du Lac Rodayer (2830-2820 Ma, Davis et al., 1994; Davis et al., 1995) et avec le Complexe de Théodat (Brisson et al., 1998a et 1998b) de la Sous-province d’Opatica. Le contact entre ces deux sous-provinces est marqué par la Zone de cisaillement de Colomb, décrite comme une zone de déformation ductile orientée NE-SW à E-W et fortement inclinée vers le sud (Bandyayera et Daoudene, 2017).

Paléontologie

 Ne s’applique pas. 

Références

Publications accessibles dans SIGÉOM Examine

BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y., 2017. Géologie de la région du lac Rodayer (SNRC 32K13-32K14-32N03 et 32N04-SE). MERN; RG 2017-01, 60 pages, 2 plans.

D’AMOURS, I., 2011. Synthèse des levés magnétiques de la Baie-James. MRNF; DP 2011-08, 5 pages, 2 plans.

DAVID, J., 2018. Datation U-Pb dans la Province du Supérieur effectuées au GEOTOP en 2015-2016. MERN, GEOTOP; MB 2018-16, 24 pages.

GALLOWAY, S., ROSS, P.-S., BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y., 2018. Chimico-stratigraphie volcanique et minéralisation volcanogène de la Ceinture archéenne de Colomb-Chaboullié, Baie James. INRS, MERN; MB 2018-06, 37 pages.

GILLAIN, P.R., 1964. Rapport géologique sur la région du lac Naquiperdu, territoires de Mistassini et d’Abitibi. MRN; DP 178, 40 pages, 1 plan.

GILLAIN, P.R., 1965. Géologie de la région du lac Naquiperdu, territoires de Mistassini et d’Abitibi. MRN; RP 525, 15 pages, 1 plan.

REMICK, J.H., 1963. Géologie de la région de Colomb-Chaboullié-Fabulet, territoire d’Abitibi. MRN; RP 514, 32 pages, 3 plans.

Autres publications

DAVIS, W.J., GARIÉPY, C., SAWYER, E.W., 1994. Pre-2.8 Ga crust in the Opatica gneiss belt:A potential source of detrital zircons in the Abitibi and Pontiac subprovinces, Superior Province, Canada. Geology, volume 22, pages 1111–1114. doi.org/10.1130/0091-7613(1994)022%3C1111:PGCITO%3E2.3.CO;2

GALLOWAY, S., ROSS, P.-S., BANDYAYERA, D., DAOUDENE, Y., 2019. Contemporaneously erupted tholeiitic and calc-alkaline magmas in the Archean Colomb-Chaboullié greenstone belt, James Bay, Quebec: Petrologic implications. Precambrian Research, volume 311, pages 1-18. doi.org/10.1016/j.precamres.2019.105363

LAVOIE, J. 2017. Sous-province de l’Opatica: nouveau territoire pour l’exploration minérale. Projet CONSOREM 2016-01, 85 pages. https://consorem2.uqac.ca/production_scientifique/2016_01/Rapport_2016-01.pdf

TAGUE, P.D., 2019. Caractérisation pétrologique et géochimique des roches mafiques et ultramafiques de la ceinture de Colomb-Chaboullié (Baie-James). Mémoire de maîtrise présentée à l’Université du Québec à Chicoutimi. constellation.uqac.ca/5224

Citation suggérée

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Groupe de Colomb-Chaboullié. Lexique stratigraphique du Québec. https://gq.mines.gouv.qc.ca/lexique-stratigraphique/province-du-superieur/groupe-de-colomb-chaboullie [cité le jour mois année].

Collaborateurs

Première publication

Daniel Bandyayera, géo., Ph. D. daniel.bandyayera@mern.gouv.qc.ca (rédaction)

Mehdi A. Guemache, géo., Ph. D. (coordination); Abdelali Moukhsil, géo., Ph. D. (lecture critique); Simon Auclair, géo., M. Sc. (révision linguistique); André Tremblay (montage HTML).

 
9 septembre 2020